Un si joli nulle part

Un si joli nulle part est un roman à suspense, qui traite de la mort mystérieuse et non élucidée d'une jeune adolescente américaine, Alison, décédée alors qu'elle profitait pleinement de ses vacances aux Caraïbes. Des années plus tard, ses parents ont abandonné les recherches, alors que sa cadette, Claire, est encore hantée par sa disparition. Qu'a-t-il bien pu arriver à Alison ? Alors qu'elle a refait sa vie à New York, grande ville animée, mais solitaire, Claire tombe nez à nez avec un chauffeur de taxi qui lui est familier. Il s'agit de Clive Richardson, ancien employé de l'hôtel « Indigo Bay », accusé à l'époque d'avoir participé à la mort d'Alison, qui semble avoir refait sa vie aux États-Unis. Pour quelle raison a-t-il fui son île natale ? La culpabilité était-elle trop forte ? Insidieusement, Claire va tenter de s'immiscer dans sa vie pour avoir les réponses qu'elle a toujours vainement cherchées.

Le récit idyllique raconté au début vire rapidement au cauchemar. Les plages infinies de sable blanc, les lagons bleu turquoise, les cocktails pris sur les transats, les pieds en éventail… tout ça ne signifie plus rien pour Claire, bien au contraire, c'est synonyme de souffrance et d'angoisse. Sa vie est devenue vide sans sa soeur, qui était comme son ange gardien, toujours là pour l'épauler, la protéger et la guider à travers le monde. Des années après, elle se retrouve confrontée à la solitude de la mégalopole new-yorkaise, à errer sans but, cherchant un sens à sa vie. Alison aura éternellement dix-huit ans, mais Claire n'arrive pas à s'y faire.

À bien y regarder, il ne se passe pas grand chose dans ce roman, tout n'est que suggestions, dimension psychologique. Néanmoins, Alexis Schaitkin arrive à nous captiver, en dosant avec justesse suspense, mystère et émotions. Outre la disparition d'Alison qui emplie le devant de la scène, les thématiques sous-jacentes sont nombreuses : le racisme, les différences de classes sociales, la solitude, le processus de deuil, la reconstruction, la folie… Les premiers sujets énoncés font référence aux différences de traitements qu'il existe entre les personnes blanches et les noires. On en a un exemple concret dans ce livre, avec Clive et Edwin, les deux noirs qui travaillent à l'Indigo Bay, qui sont les larbins des personnes blanches, venues profiter du soleil des Caraïbes et exhiber leur réussite sociale et leur argent aux yeux de tous. Une différence qui exaspère Alison, qui exècre ce mode de vie et l'argent de ses parents – sans toutefois se plaindre de profiter des avantages liés à cette condition sociale. Sa période d'adolescente rebelle bien entamée, elle n'hésite pas à contrer les apparences et la décence lié à son statut et séduit ouvertement les hommes de couleur noire.

L'histoire est bien construite, les chapitres défilent avec originalité – nous suivons le point de vue de Claire, puis le chapitre suivant est consacré à un personnage secondaire du roman, puis nous revenons à Claire, etc. Les sauts dans le passé sont sporadiques, mais les événements qui se sont déroulées des années avant continuent à influer sur le présent. Pris dans la tourmente de l'histoire, on attend avec fermeté et impatience le dénouement : Claire va-t-elle finalement mettre la lumière sur le décès de sa soeur ? Rien n'est moins sûr, mais les efforts pour y parvenir son louables… elle se jette corps et âmes dans son enquête personnelle, quitte à délaisser tout ce qui comptait jusqu'alors dans sa morne existence. Un dévouement qui prouve la force de l'amour fraternel, au-delà du monde vivant.

Un roman à suspense qui tient ses promesses, tout en nous faisant réfléchir à des questions sur le racisme et les différences de classes sociales. Un bon premier livre, très prometteur !
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Ce joli nulle part, quelque part sur une île de Jamaïque, ce sont des vacances au soleil pour la famille Thomas, famille blanche issue de la classe moyenne supérieure américaine. Ils sont des privilégiés de bonne volonté et ils n'oublient jamais , avec cette condescendance bien pensante de demander aux plagistes noirs comment ils se portent, et de leur octroyer de généreux pourboires.
Mais derrière la carte postale, il y a les noirs pauvres de l'île, ceux qui servent les touristes et qui aussi parfois s'en servent.
Alison, la fille adolescente, est en quête d'expériences, de frissons. Elle veut savoir jusqu'où elle peut aller, elle refuse de suivre un chemin tout tracé même si, parfois, ce chemin la rassure.
Le jour, elle séduit les jeunes gens de l'hôtel et, à la nuit tombée, elle rejoint les deux plagistes.
La dernière nuit, elle ne rentre pas et elle est retrouvée morte le lendemain.

Alexis Schaitkin entreprend d'explorer le genre des filles disparues, genre si commun dans le récit policier pour en proposer un éclairage nouveau.
C'est Claire, la petite soeur, hantée par le fantôme de sa soeur qui va mener l'enquête. Mais une enquête qui n'est pas policière et qui la consume toute entière. Une enquête psychologique qui va bousculer l'image idéalisée de sa soeur et ses préjugés, qui va lui permettre de se confronter à sa propre identité.
Elle s'était construit un personnage : celui de la petite fille riche qui joue à être pauvre, celui de la petite soeur qui s'efface devant la splendeur de l'aînée, celui d'une fille frappée par un drame intime.
Mais lorsqu'elle rencontre par hasard Clive, le plagiste impliqué dans le meurtre de sa soeur, devenu chauffeur de taxi à New-York, sa quête de vérité devient obsessionnelle. Elle abandonne tout pour se consacrer à sa recherche et s'implique dans la vie de Clive, elle se plonge dans le passé de la famille jusqu'à l'asphyxie.

Alexis Schaitkin nous livre ce drame psychologique à travers plusieurs chronologies et perspectives, elle introduit dans ce roman à la première personne des points de vue extérieurs qui nous entraînent sur de fausses pistes ou nous révèlent des vérités cachées. le tout est habilement construit et nous emmène tranquillement vers une forme de résolution.

« Un si joli nulle part » est une histoire tout à fait particulière. On y découvre, tout d'abord, une famille de la classe supérieure américaine : « le père », « la mère » (volontairement anonymisés dans la première partie du livre) et deux soeurs, Alison et Claire, la première étant aussi belle et populaire que la seconde est pâle, timide et effacée ; comme si toutes les couleurs avaient été distribuées à Alison et qu'il n'en restait plus assez dans la machine pour Claire.
Cette famille à qui tout semble réussir est un archétype de la famille aisée vivant dans une banlieue américaine cossue proche d'une grande ville, une vie de papier glacé.

Ils se rendent chaque hiver au soleil pour les fêtes de fin d'année et les îles des Caraïbes, qui servent de décor paradisiaque à leur vacances, finissent toutes par se confondre dans leurs souvenirs. Cette année c'est sur l'île de Saint-X, non loin de la Jamaïque, que la petite famille séjourne. Plus exactement dans le resort hôtelier « Indigo Bay ». Là, tout est fait pour que les clients vivent une expérience inoubliable. La plage privée est nettoyée aux aurores, le sable blanchi, les transats et parasols blancs déployés en croissant ouvert sur les eaux turquoises de la mer des Caraïbes. Jus glacés de Papa's Mango et punchs sont servis à volonté aux hôtes. Les parties de voley beach, durant lesquelles tous s'observent et se jugent à demi-mot, s'enchaînent sur le sable chaud avant que ne sonne l'heure de déguster homards et langoustines sur les transats. Ces vacances de luxe sont bien sûr réservées à une certaine catégorie de la population et il n'est pas rare d'y retrouver collègues ou camarades de promo.

C'est cet étalage de réussite sociale, cette indifférence pour les locaux et, plus généralement, cette vie qui semble toute tracée qui exaspèrent Alison. La jeune femme, en pleine remise en question, rejette ce mode de vie sans aspérité visible et ce que dégagent ses propres parents. Alison est, en effet, à cet âge critique où « une jeune fille se coupe sur les échardes de son reflet et observe, tant décontenancée que fascinée, le sang qui se met à couler ».
Partagée entre ce qu'elle voudrait être et le confort auquel elle aspire, Alison poursuit une quête identitaire, cherchant « quelque chose de plus », sans savoir quoi. Elle désire s'émanciper de sa famille en attirant le regard d'hommes différents de ceux qu'elle rencontre habituellement dans sa banlieue chic ou sur les bancs de la prestigieuse université de Princeton. Elle se tourne, alors, vers les locaux.

Expérience de jeune bourgeoise qui veut se faire « un frisson » le temps des vacances ou véritable passion ? C'est en tout cas ce que tout le monde va se demander lorsque Alison disparaît mystérieusement la veille de son départ. Son corps sera retrouvé quelques jours plus tard sur la petite île de Faraway Cay que les habitants disent, superstitieusement, maudite.

A défaut de machine judiciaire, c'est la machine à cash qui se met en branle : visites guidées de l'île sur laquelle on a retrouvé le corps sans vie de la jeune femme, émissions de télé et livres « true crime ». Tout semble être déformé, réapproprié par d'autres dans une étrange fascination morbide.

On retrouve Claire, la petite soeur d'Alison, des années plus tard à New York. Elle a appris à vivre avec cette disparition mystérieuse qui lui a d'ailleurs permis de se façonner une autre personnalité, une aura tragique. Sa vie va également prendre un tout autre tournant lorsqu'elle tombe, par hasard, sur l'un des principaux suspects dans l'enquête sur la mort de sa soeur. Elle va alors tout faire pour se rapprocher de cet homme afin d'en savoir plus. Obsession qui va s'avérer risquée, la vérité n'étant pas toujours ce que l'on croit (ou espère)…

Alexis Schaitkin donne, de façon très crédible, voix à plusieurs personnages. La dimension psychologique est extrêmement présente dans ce roman et tant les protagonistes principaux que les personnages secondaires, affectés d'une façon ou d'une autre par la mort d'Alison, sont très travaillés, tout en nuances, ce qui est appréciable. On ne tombe pas en pâmoison devant Alison, contrairement à ses contemporains. C'est même plutôt l'inverse car Alison s'avère parfois insupportable, imbue d'elle-même et très (trop) critique envers ses parents. Puis, on se souvient qu'en dépit de cette mystification que lui procure une mort tragique, elle n'est qu'une adolescente en pleine pseudo crise existentielle (on se rappelle alors nos propres journaux intimes adolescents lorsque tout nous semblait si intense et profond).

Alexis Schaitkin aborde plusieurs thématiques dans ce livre dont celle des différences de classes, du privilège blanc et de la vie sur ces îles Caraïbéennes façonnées autour de la manne financière du tourisme, au détriment des habitants qui, pour la plupart, vivent dans des conditions précaires. Des îles dont on évoque le nom sur les affiches publicitaires lorsqu'il est question de vacances mais dont on ne parle pourtant jamais aux informations…
Naturellement, le deuil et la reconstruction constituent une autre toile de fond à cette histoire. le tout étant amené de façon subtile, ce qui est plutôt remarquable pour un premier roman.

Il est assez difficile d'en dire davantage sans dévoyer l'intrigue psychologique (parfois à la limite du thriller comme il est dit sur la quatrième de couverture) de ce roman. Je peux, en revanche, vous dire qu'il s'agit d'un réel coup de coeur. Je vous recommande donc vivement de découvrir ce livre qui sort des sentiers battus. Alexis Schaitkin est assurément une autrice à suivre…
Lien : https://thecosmicsam.com

Un livre qui démarre comme le paradis sur terre : une famille: deux adultes, une ado, une petite fille en vacances au soleil sur la plage ; un séjour idéal … cette impression de paradis disparaît au profit d'une atmosphère beaucoup plus pesante quand la jeune Alison ne réapparaît plus. Sa famille inquiète fait appel à la police … Les jours se suivent et l'enquête s'enlise jusqu'au jour où on retrouve son corps. Que s'est il produit ? C'est des années plus tard que sa jeune soeur devenue adulte relancera l'enquête en faisant une rencontre la propulsant dans le passé…c'est un roman peu traditionnel, très psychologique qui relève davantage du ressenti des personnages que de l'enquête pure … c'est bien écrit …. Quelques longueurs toutefois ! Un bon point pour cette jolie couverture si colorée … merci aux éditions les Escales et à NetGalley pour le prêt de ce roman original.

La famille Thomas passe quelques jours de vacances dans un hôtel de luxe « l'Indigo Bay » sur l'île de Saint-X dans les Caraïbes. Alors que les parents profitent de la plage et se reposent, l'aînée des deux enfants, Alison, 18 ans attire les regards. Elle se met à fréquenter deux plagistes de l'hôtel et sort le soir en cachette pour les rejoindre. Lorsque le séjour touche à sa fin, Claire,7 ans qui partage la chambre avec sa soeur se rend compte que cette dernière a disparu. Très rapidement, la police met en place des recherches et retrouve le corps sans vie d'Alison sur un îlot proche de l'hôtel. Les deux plagistes Clive et Edwin sont arrêtés et après un interrogatoire, sont relâchés faute de preuve.
Plusieurs années ont passé, Claire est maintenant adulte. Elle va faire une rencontre fortuite qui va l'obliger à se plonger dans le passé. Elle se remémore la période avant le meurtre de sa soeur et s'interroge : Qu'est-ce qui a bien pu arriver à Alison ? Les deux plagistes sont-ils coupables ? L'enquête a-t-elle été bâclée pour ne pas faire fuir les touristes qui font vivre l'île ? Et qui était sa soeur ? La connaissait -elle réellement ?

J'ai beaucoup apprécié ce roman psychologique. Ce n'est pas tant la résolution de l'enquête qui est au coeur de ce récit mais plutôt les ressentis des différents personnages qui ont pu croiser Alison. L'assemblage des divers témoignages permet au lecteur de se faire une idée sur la personnalité de cette jeune adolescente et de tenter de comprendre ce qui a pu se passer.
A travers ce roman, plusieurs sujets sont abordés comme la solitude, la construction identitaire mais aussi les inégalités sociales et les privilèges de classe : les touristes fortunés qui partent dans les Caraïbes pour les plages et les cocotiers sans s'intéresser aux habitants et à l'histoire du lieu et qui, une fois rentrés chez eux, ne se rappellent même plus du nom de l'endroit où ils sont partis.
J'ai trouvé le personnage d'Alison intéressant et plus complexe que le lecteur pourrait penser au premier abord. Cette jeune adolescente irritante et provocante, pleine de contradictions est en pleine recherche identitaire. Elle commence à se rendre compte des privilèges de son milieu social et le rejette. J'ai aimé le personnage de Claire, qui est plus touchante et sensible que son aînée.

« Un si joli nulle part » est un roman captivant dont j'ai apprécié la qualité de l'écriture et la construction narrative. Cela faisait longtemps que je n'avais pas dévoré un roman avec autant de plaisir et d'intérêt. « Saint-X » dans sa version originale sera d'ailleurs adapté en mini-série de huit épisodes pour la plateforme Hulu.