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Critique de elea2020


Même si j'ai cessé d'enseigner le français depuis 5 ans, j'avais conservé quelques spécimens que j'avais encore la curiosité de lire. Celui-ci ne m'emballait pas au départ, car je trouvais les choix trop convenus, les textes archi-connus. Malgré tout, cela s'est révélé une bonne surprise, car j'ai redécouvert la plupart des textes, d'une part avec un regard neuf, n'ayant plus la vision utilitaire de l'enseignante, mais la vision d'une simple lectrice ; d'autre part j'ai retrouvé du sens dans certains textes que je connaissais peut-être trop, et qui m'ont de nouveau accrochée, séduite.

Ce court recueil traite du thème "récits d'enfance et d'adolescence" et du genre de l'autobiographie au programme en classe de 3ème. C'est un genre que j'ai souvent estimé peu adapté aux élèves de cet âge, car à mon sens, ils n'avaient pas forcément envie de se projeter dans leur passé, autant que l'adulte dans la maturité éprouve le besoin de reconstituer son parcours, retrouver sa jeunesse, peut-être avec une certaine nostalgie.
L'anthologie s'organise selon cinq axes, comprenant chacun 3 textes, tous des extraits d'oeuvres autobiographiques : écrire ses souvenirs d'enfance - figures maternelles et paternelles - l'enfance déracinée - l'enfance et l'adolescence, champs d'expérience - l'enfance heurtée par l'histoire. le tout est complété par un dossier pédagogique, avec une interview intéressante d'Eric-Emmanuel Schmitt, dont deux textes sont repris dans le recueil (L'Enfant de Noé et Oscar et la dame rose) - c'est également l'auteur qui préface cette présente édition.

Avec combien de plaisir, souvent de rires, ai-je retrouvé certains textes : le bébé immobile ou "Dieu" selon Amélie Nothomb, plus ou moins réduit à un tube digestif dans La Métaphysique des tubes, ou encore l'ironie affectueuse de Romain Gary envers sa mère dans La Promesse de l'aube, parfois des textes plus froids, mais ciselés au mot près, au plus profond du sens des mots et de leurs implicites, comme Annie Ernaux dans La Place, ou Nathalie Sarraute dans Enfance... Ou encore la féroce ironie, l'humour grinçant de Jules Vallès, dans ce texte à la fois si connu et méconnu, parce qu'on ne le cite souvent pas dans son entier, où le narrateur collégien découvre Robinson Crusoé alors qu'il est puni, seul dans l'étude déserte, jusqu'à une heure avancée du soir - et c'est l'enfant battu, maltraité par ses parents qui se révèle. On peut encore vibrer avec des sentiments d'injustice, dans le Bal d'Irène Némirovski, ou compatir envers les enfants raflés à Drancy dans Voyage à Pitchipoï. Bref : bien que cela soit un petit ouvrage scolaire, il rafraîchit agréablement la mémoire des grands classiques, et personnellement il m'a donné envie de relire chacun des livres (sauf 3 d'entre eux, je les avais tous déjà lus).
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