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sur 5343 notes
Hum, voilà un livre qui dérange, par le sujet, le regard qu'il nous pousse à porter, la révélation qu'il apporte. Je l'ai acheté quand il est sorti en poche, je l'ai commencé, mais à l'époque j'étais trop jeune et rigide pour accepter de suivre Schmitt, j'ai refermé le livre au bout de 100 pages pour ne le redécouvrir qu'aujourd'hui.

Oh n'imaginez pas qu'aujourd'hui j'ai plus de sagesse pour lire un écrit tel que celui là mais surement plus de maturité et de détachement.

C'est un travail osé, écrire sur Hitler c'est prendre le risque d'être associé à ce terrible nom, c'est se tirer une balle dans le pied professionnellement. Et bien non, Eric Emmanuel Schmitt s'est sorti de cet exercice de manière prodigieuse !

Il a l'idée surprenante d'écrire sur deux Hitler, l'un le réel, qu'il nomme Hitler et l'autre l'imaginaire : Adolf H. Il débute deux histoires, deux chemins de vie, que nous découvrons en alternance de paragraphe en paragraphe en partant de la réussite(Adolf H.) ou non (Hitler)au concours de l'école des beaux arts.

Ce n'est pas tant cet événement qui va tout déterminer, mais comment dans une vie, la manière d'appréhender, la capacité à se relever, à exister dans une société peut nous pousser à vivre une autre vie. Eric Emmanuel Schmitt nous proposer d'analyser et de comprendre.
Comment souhaiter comprendre l'horreur ? Ce n'est pas de cela dont il s'agit, il souhaite nous amener à réaliser qu'Hitler n'est rien d'autre qu'un être humain qui pour exister, pour devenir quelqu'un va petit à petit se transformer en cet être sans affect pour les autres, qui ne prend plaisir que lorsqu'il convainc les foules et se fait aimer d'elle, pour cela il ira jusqu'à devenir antisémite (au départ, il ne l'est pas).
Hitler, dans sa névrose, explique de nombreuses choses grâce à la pensée magique, il va se croire invincible puisqu'il échappe plusieurs fois à la mort, il va déterminer le peuple juif comme étant les responsables de perte de la première guerre : il a besoin de tout rationaliser.
Nous comprenons comment un manque conséquent d'estime de soi peut conduire à un besoin d'accomplissement au prix de l'horreur, comment chacun d'entre nous peut basculer dans sa part mortifère dans le seul but d'exister, de ne plus se dégouter et d'être enfin reconnu.
En présentant son double, Adolf H., l'auteur nous brosse le portrait de celui qui fait face, qui prend les devants, qui essaye de comprendre. Il nous facilite le travail de discernement, renvoie au contraire, à un autre chemin possible de vie, à la résilience.
Est-ce que le fait d'avoir été rejeté et battu par un père peut conduire à devenir un être malfaisant, ou est-il aussi acteur de sa vie en décidant de travailler sur lui, de souhaiter devenir meilleur en reconnaissant avoir des problèmes ?

Voilà un roman psychologique même si l'auteur s'en défend, une analyse d'une existence et un énorme travail historique. Il m'a amené à me poser des questions que je souhaitais éviter. Avant ce livre, Hitler n'était qu'un personnage infâme, explication simpliste me protégeant et ne permettant aucune comparaison avec celle que je suis. Aujourd'hui, j'ai conscience que cet être abject peut éclore en chacun de nous, que nous avons tous une part d'inhumanité et que nous avons le pouvoir de nous poser des questions sur nos vérités, sur les raisons de penser telle ou telle chose, de remettre en question le fondement de chaque opinion.

Alors, oui, lire ce livre n'est pas aisé, il faut savoir se détacher du personnage, il faut accepter de rentrer en lui, de suivre ses chemins de pensées aussi monstrueux soient ils, en ayant à l'esprit qu'en comprenant nous éviterons de revivre la même chose.
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J'ai été littéralement happé par cette lecture.
Eric-Emmanuel Schmitt nous offre là un véritable bijou ! Déjà écrire un roman avec Hitler comme personnage principal il fallait oser. Mais le faire d'une façon aussi audacieuse c'est absolument génial.

De paragraphe en paragraphe nous passons de Hitler, qui a raté son admission aux beaux arts, et à Adolf H. qui lui a réussi. Et sur ce fait seul, change tout. Comment un homme devient le pire exemple de monstruosité, à cause de frustrations, d'égo démesuré, de haine accumulée, alors que son alter ego, développant son coté artistique, découvrant l'amour et reconnaissant ses propres limites vit une vie riche et heureuse.

Le lecteur passe de l'un à l'autre et c'est éprouvant autant que fascinant parce que cela nous renvoie à notre propre personne. Qui serions nous devenu? Qu'aurions nous accompli si notre début dans la vie avait été différent?

Ce livre, certainement pas facile à écrire tellement le personnage principal a marqué les esprits est une totale réussite, et c'est un livre qu'une fois lu, on est pas prêt d'oublier.
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Quelle imagination! Proposer une version du monde où Hitler n'aurait été qu'un peintre amateur, un père épanoui, un mari satisfait... Il fallait le talent de Schmitt pour oser ce roman - d'ailleurs sa postface relate les oppositions de principe qu'il a pu rencontrer dès l'émergence de cette idée.
Les paragraphes alternent le roman imaginaire et L Histoire, comme pour ne jamais faire perdre de vue au lecteur l'atroce réalité, qu'il ne se laisse pas emporter par cet Adolf H. (le roman) et ainsi oublier Hitler (L'Histoire).
Avec cette hypothèse de réussite ou pas au concours d'entrée aux Beaux Arts, ce livre questionne intelligemment sur l'inné et l'acquis.
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La part de l'autre fut mon premier Schmitt. J'étais très intriguée par l'angle utilisé par l'auteur sur "l'autre" et quel autre ! Hitler ! Vaste programme que de rendre son humanité à un tel personnage ! Sceptique, j'ai commencé ce livre et finalement, je l'ai dévoré. En imaginant pour la même personne, un schéma de vie différent, l'auteur nous montre combien l'humain dans son imperfection est capable de tout et de son contraire. Pensez-vous possible de vous imaginer en double maléfique de vous-même ? Quel défi ! Et finalement la vie ne serait-elle pas faite que d'opportunités d'être meilleur ou pas ? Schmitt avec son regard sur le monde si particulier ne cesse de nous enrichir
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A quel moment tout a basculé ?
Voilà en résumé la question cruciale que nous fait nous poser cette formidable uchronie.
Ce roman est double. Il vous fait suivre la vie réelle et obscure de Adolf Hitler, et sa vie imaginée.
Et si Hitler n'avait pas été recalé à l'école des Beaux Arts ?
Et si sa folie n'avait pas embrasé le monde ?
Et si il avait fait d'autres rencontres ? Pris d'autres chemins.

Où l'on se pose du coup les mêmes questions concernant nos propres choix et ceux vers lesquels on tente de mener nos enfants.

Le sujet est épineux, délicat, casse-gueule même. Si si. Mais l'auteur réussi en virtuose à dérouler les histoires parallèles sans discordance, sans couac majeur.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Grand moment de lecture. Et vous savez à qui il m'a fait penser Hitler l'artiste dans ce roman ? A Claude Lantier dans l'Oeuvre d'Emile Zola.
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Livre assez fascinant, étrange et troublant que ce livre d'Eric-Emmanuel Schmitt « La part de l'autre ». Livre basé sur le fait qu'un évènement même minime, une fraction de seconde différente dans une vie, pourrait, peut changer tout le cours de cette même vie et quand il s'agit de celle d'Adolf Hitler, changer l'histoire du monde.
Le récit est basé sur le fait que si Adolf Hitler n'avait pas été recalé à son entrée à l'Académie des beaux-arts de Vienne mais avait été admis et était devenu comme il le désirait tant, un peintre, toute sa vie, sa perception des choses, des hommes, de la vie en aurait été bouleversée et changée. Il ne serait sans doute pas devenu cet être abject, cruel et l'un des dictateurs assassins le plus criminel du 20e siècle.
Le récit alterne les 2 vies à partir de ce 8 octobre 1908, date du résultat à l'entrée à l'école des beaux-arts. On suit en alternance la vie d'Hitler et celle d'Adolf H. Très vite leurs vies vont s'éloigner…. Tandis que l'un s'enfonce dans le ressentiment, l'oisiveté, le mensonge, le culte imaginaire de lui-même et de sa destinée… l'autre se confronte à ses problèmes, va se faire soigner de son enfance chez le Docteur Freud, apprend son art, découvre les femmes, l'amour….
Bien sûr la vie d'Adolf H. n'est que fiction, mais elle aurait pu être… Celle d'Hitler est basée sur des faits réels. Je ne connaissais pas, j'avoue, la vie d'Hitler avant son ascension au pouvoir et l'horreur de la suite…. J'ai donc vérifié ce qu'Eric-Emmanuel Schmitt nous raconte, bien sûr avec sa part d'écrivain… et c'est bien cela. Un être oisif, vagabond, clochard, sans destin et sans volonté avant de connaître la guerre qui visiblement forge son destin. La défaite et la haine qui en résulte auront été son moteur pour sa destinée de meneur d'hommes.
C'est très troublant qu'un tel être puisse accéder au pouvoir et galvaniser les foules.
Il est intéressant de lire à la fin du livre, le journal de l'auteur qui raconte pourquoi ce livre, ses doutes, les tensions auxquelles il a dû faire face pour l'écrire. Il est étonnant de découvrir combien ce sujet reste tabou. Nombreux de ses amis n'ont pas compris pourquoi il écrivait sur Hitler, ont cherché à l'en dissuader.
Je trouve ce livre important et sa lecture nécessaire. La psychologie des deux hommes est bien exposée. de plus, surtout grâce à Adolf H, la vie de cette période est très bien décrite, surtout la vie artistique. L'écriture est agréable, jamais pesante.
A découvrir.
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Un sujet casse-gueule, mais Eric-Emmanuel Schmitt s'en sort plutôt bien.

Le point de départ est une question, simple dans la forme, terriblement perturbante dans le fond : que serait devenu Adolf Hitler, le bourreau absolu, chef de l'Allemagne nazie de 1933 à 1945 - et quel aurait été par conséquent le destin du monde – si, au mois d'octobre 1908, l'école des Beaux-Arts de Vienne n'avait pas recalé celui qui ambitionnait alors d'être un artiste peintre ?

Trouver des défauts à cette Part de l'autre n'est pas difficile, d'autant plus si l'on s'arme d'un peu de mauvaise foi. Mais rien de dangereux ni de scandaleux tout au long des presque 500 pages du roman. On peut certes s'interroger sur l'intention réelle de l'auteur : un tel sujet, un peu amoral, n'a-t-il pas été choisi pour capter l'admiration du petit monde littéraire et créer un événement éditorial ? On peut aussi émettre des réserves sur le procédé stylistique : un récit binaire et alterné, est-ce bien original ?

Mais Schmitt est un bon artisan du livre. La simplicité du style s'accorde avec le thème : ce n'était pas le lieu pour s'adonner à un exercice de style de virtuose. C'est la sophistication qui aurait été douteuse. L'écriture fluide et rythmée ne nous divertit pourtant jamais vraiment, vu la délicatesse du postulat de départ. Il y a même un petit quelque chose d'écoeurant qui saupoudre la lecture, au fur et à mesure que l'on progresse ; le roman se révèle efficace à nous déranger. Tant mieux. On tient à le terminer malgré tout parce qu'il y a cette part d'utopiste en soi qui veut savoir ce qu'aurait pu devenir le monde sans… si…
Cela ne rend pas moins amer.
C'est un livre qu'on ne relit pas.

Un petit mot sur l'évolution en parallèle des deux destins – l'un totalement imaginé, l'autre basé sur les faits historiques. Ils se coupent et recoupent, on passe de l'un à l'autre très vite, sans transition, et cette facilité bouscule nos certitudes, et nous trouble.
Ainsi, Hitler aurait pu être un homme « normal » (et peut-être en était-il un, fondamentalement… Fameuse « banalité du mal »), des millions de vies auraient été épargnées, et le monde aurait fait l'économie d'un tel traumatisme ?
Là, on peut légitimement tiquer : tout ça est un peu manichéen. le pendant du dictateur Hitler est un certain Adolf H, type ouvert, équilibré et réfléchi, artiste progressiste adepte du surréalisme, féministe et cosmopolite… Difficile de faire plus fréquentable. Difficile aussi de croire qu'un simple refus d'admission universitaire puisse être à l'origine d'un renversement si net dans une personnalité dont on sait les dégâts qu'elle a causés. La haine anti-juive d'Hitler et son projet génocidaire seraient nés de cette frustration de ne pas poursuivre des études artistiques ? Il est surprenant que, dans son parcours, le personnage Adolf H. ne montre pas plus de fractures intérieures malgré sa réussite sociale et artistique, et ne soit en butte notamment à une forme, même larvée, d'antisémitisme.
Un « non » traumatique à l'origine de tout ? Trop simple, bien sûr, mais c'est la liberté de l'écrivain : Schmitt décrit deux vies radicalement opposées, donnant l'impression d'insister sur la dichotomie bien/mal qui réside en l'individu. En chaque individu, devrais-je préciser.

C'est en cela que ce livre devient à mon sens intéressant. Tout est affaire de construction (ou de déconstruction, c'est selon). Hitler n'est pas né monstre, il l'est devenu. Même si la journée du 8 octobre 1908 n'a pas porté évidemment en elle toutes les potentialités d'horreur que l'on sait. L'hitlérisme s'est forgé dans la défaite allemande de 1918, l'humiliation du traité de Versailles, la situation économique des années 20, aggravée par la crise qui submerge l'Allemagne dès 1930… La nazification de la société allemande ne s'est pas faite en un discours cinglant du Führer qui aurait emporté l'adhésion de millions de personnes en quelques heures. Construction encore, par la propagande quotidienne, le culte intensif de la personnalité, l'embrigadement, la terreur.
Construction bien visible dans le récit quand Schmitt évoque un Führer qui, tous les matins, avant ses discours ou ses entrevues avec ses collaborateurs, « fabrique du Hitler » devant sa glace. La chair flasque d'un pauvre type est remodelée par des mimiques, le corps est redressé par des postures étudiées, caché par les oripeaux du chef. La barbarie ne vient pas d'une force néfaste supra-humaine, elle naît dans l'humain même et se structure avec lui et avec son entourage.

Il me semble que la tentative de Schmitt va dans le sens d'une vision plus fonctionnaliste de l'histoire ; tout s'imagine, se construit et s'organise ici-bas. Les malheurs n'ont pas d'origine extra-terrestre ou pseudo-divine : ils germent dans des esprits humains, se développent dans des sociétés humaines. L'un des pires criminels de l'Histoire se trouve ainsi ramené à l'Humanité – l'idée poil-à-gratte, convenons-en –, une humanité à laquelle nous aurions préféré, philosophiquement et moralement, le tenir solidement écarté. Comment un « véritable » être humain aurait-il pu imaginer et mettre en oeuvre « ça »… ? le livre incite à penser qu'Hitler ne peut pas être simplement vu comme un immonde bourreau, vociférant et hargneux, sorte d'Alien à moustache tombé par hasard et par malchance pour l'homo sapiens sur Terre dans la première moitié du XXe siècle. Je me souviens que le film d'Oliver Hirschbiegel, La Chute, avait essuyé des critiques sur le fait qu'Hitler (joué par Bruno Ganz) y était montré attentionné et bienveillant avec ses secrétaires. Attaques absurdes. Adolf Hitler n'est pas « hors » de l'humanité, et le nazisme n'est pas un accident de parcours de l'Histoire, épouvantable cataclysme explicable seulement par le fait que les gens de cette époque eussent été de surcroît plus idiots que nous et tellement moins civilisés. L'école a eu quelque peu tendance à relayer cette vision des choses : Hitler, psychopathe absolu mais échappant à l'analyse psychologique, à la tête d'un Reich pyramidal tout entier dans sa main, fou furieux qui aurait contaminé son époque par sa seule volonté, inhumaine et surhumaine. Vision très fataliste : l'humanité n'a pas eu de chance et il lui reste jusqu'à la fin des temps pour pleurer ses morts et maudire le monstre.

Il n'est pas faux de penser que ce livre réclame au préalable chez le lecteur un minimum de connaissances historiques et une bonne charpente mentale, nécessaires à cette prise de recul qui ne fera pas d'Hitler une victime de la société de son temps. C'est vrai. Même s'il faut prendre en compte l'ensemble de son parcours, Hitler n'est certainement pas une victime, et à aucun moment ce livre ne sous-entend une telle absurdité, mais il nous faut bien admettre qu'il est né parmi nous, qu'il fut enfant, pensant, ressentant… C'est dérangeant, salement dérangeant, d'autant que cela suggère que le cas de ce personnage n'est pas unique et clos dans l'Histoire.

D'une certaine façon, le livre de Schmitt, simpliste et apparemment peu nuancé dans son postulat de départ, oblige à admettre la complexité de l'Histoire, qui est toujours faite par les humains.
Constat un peu glaçant d'un livre sincère, mais pas forcément pessimiste : on sort de ce livre avec une vigilance renforcée.







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Excellent ! Époustouflant ! Schmitt me fascine de plus en plus.. "Adolphe Hitler recalé" la phrase qui a changé le cours de l'histoire mondiale! Que serait-il passé si Hitler avait été accepté à l'École des Beaux-Arts? Schmitt nous trace un chemin fictif parallèle de la vie d'Hitler basé sur cette hypothèse là.
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Si les rêves d'artiste peintre d'Adolf Hitler n'avaient pas été avortés par l'Ecole des Beaux-Arts de Vienne, quelle aurait été la vie de cet autrichien et quel aurait été le monde de la première moitié du XXe siècle ? C'est cette question que s'est posée Eric-Emmanuel Schmitt au travers de ce roman.

Adolf Hitler, Adolf H. Deux personnalités différentes, un seul homme. Dans "La part de l'autre", le livre alterne les paragraphes racontant la vraie histoire d'Hitler, depuis 1908 jusqu'à sa mort, et ceux imaginant la vie qu'aurait été la sienne s'il avait été accepté aux Beaux-Arts.
Entre roman historique basé sur des documents d'archives et histoire romancé, le lecteur s'ouvre à un sujet tabou : comprendre les horreurs commises par Hitler en essayant de décrypter comment les péripéties de sa jeunesse l'ont conduit à devenir le monstre qui a commis l'un des plus grands génocides du XXe siècle.

Premier problème de conscience qui survient : oui, le jeune Hitler m'est sympathique. A cette époque, il n'est pas encore le furieux dictateur, simplement un adolescent qui n'accepte pas que l'on nie sa qualité de peintre. Il ne se remet pas en cause, il est seul. Ce qui va le transformer, c'est la Première Guerre mondiale. Il va se révélé à lui-même dans ce conflit puisque l'armée le fait exister et le reconnaît. Et surtout l'échec de l'Allemagne, qui va faire naître son antisémitisme. Eric-Emmanuel Schmitt ne juge pas son personnage. A la fin de l'ouvrage, dans son "Journal" d'écrivain, il raconte qu'il hait Hitler comme la plupart d'entre nous ; mais cela ne se ressent pas dans le récit. Il veut comprendre ; ce qui ne veut pas dire excuser.

Bien sûr on se sentira plus à l'aise avec Adolf H. Lui aussi a ses travers, mais il cherche à se soigner. Ses relations avec les femmes et la sexualité ne lui semblent pas normales ? Il va consulter le Dr Freud sur les conseils de son médecin de famille. Ce que l'Hitler que l'on connaît ne fera jamais. La vie de ce personnage est plutôt banale mais elle prend tout son sens quand on le replace dans le contexte : cette vie aurait pu être celle d'Adolf Hitler.

J'ai trouvé ce roman magnifiquement écrit. du début à la fin, il y a du rythme, de la documentation, des recherches sur la psychologie humaine, sur la façon dont une personnalité se forge. Certains passages contitués de phrases courtes rendent le récit presque musical.
C'est un roman que je conseille vivement car, en plus de nous apprendre des vérités historiques sur la vie d'Hitler que l'on pourrait ignorer, il ne nous laisse pas indemne. On se pose alors une question fondamentale : s'il m'arrivait un évènement X, je pourrais moi aussi laisser émerger "l'autre", cette part de nous qui serait aussi mauvaise que celle d'Hitler. Effrayant oui, mais il est essentiel d'en être conscient.
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En bref :
Coup de coeur pour ce roman.

De quoi ça parle ?
De si Hitler n'avait pas été qui il a été. Mais aussi du dictateur qu'il a été.

Mon avis :
Le récit débute sur le jour où Hitler reçoit les résultats des beaux arts. Et ainsi le récit se découpe en
deux :
Un, Hitler qui est recalé.
Deux, Adolph H. qui est reçu.

De là, l'auteur a imaginé ce qu'aurait pu devenir cet homme s'il n'avait pas eu la frustration de l'échec. Hitler y est décortiqué, tel qu'il a sûrement été : un homme monstrueux, acariâtre, imbus de lui-même, avec un égo démentiel.

Et puis il y a Adolph H. que nous prenons en sympathie, qui est humain, qui se bat pour vivre et réussir là où le véritable Hitler a échoué, à savoir sa relation avec les femmes.
Eric-Emmanuel Schmitt suggère ici qu' Hitler avait un profond dégout pour la femme et pour la sexualité. Je suppose que c'est vrai, du moins je l'imagine. Pour qu'un homme devienne le plus grand monstre que la
terre est connu, je suppose qu'il doit avoir d'énormes défectuosités psychique, ça n'est pas possible autrement... si ?

Et puis il y a le si ?
Et si Hitler avait été reçu aux beaux-arts et avait embrasser une carrière d'artiste, l'histoire aurait-elle changée ? Hitler serait-il devenu ce jeune Adolph H, qui malgré la première guerre mondiale, les pertes et le coeur brisé est et reste un homme profondément bon ?
Une utopie que j'ai aimé lire, pour la partie historique et véritable, mais aussi pour la part de l'autre, celui que le monde aurait pu et dû connaitre.
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