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sur 2037 notes
4ème de couverture: "Lorsque j'étais une oeuvre d'art est un livre sans équivalent dans l'histoire de la littérature, même si c'est un roman contemporain sur le contemporain.
Il raconte le calvaire d'un homme qui devient son propre corps, un corps refaçonné en oeuvre d'art au mépris de tout respect pour son humanité. Malléable, transformable, il n'est plus qu'un corps sans âme entre les mains d'un esprit diabolique dont le génie tient avant tout à son manque de scrupule".

Torturé par le manque de reconnaissance et la solitude, Tazio tente de se suicider. Au moment où il va se jeter dans le vide, Zeus Peter Lama, artiste mégalo et milliardaire, lui propose de devenir une oeuvre d'art originale, unique, la première sculpture vivante, d'être reconnu et admiré dans le monde entier! Tazio accepte... Il est alors réduit au statut d'oeuvre d'art et perd son statut d'être humain, et avec lui sa liberté. Jusqu'au jour où il rencontre Hannibal et Fiona...

Mon opinion: très bien. Ce roman est vraiment troublant. A l'aide d'une intrigue originale, Eric Emmanuel nous amène à nous interroger sur l'art, le culte de la beauté, la société de consommation, l'importance du paraître. Jusqu'où doit on aller au nom du beau, de l'art et surtout de l'argent? le corps d'une personne peut il devenir la propriété de quelqu'un à l'instar de Tazio ou plutôt Adam bis (son nom d'oeuvre) qui appartient tour à tour à Zeus Peter Lama, son créateur, puis à un riche milliardaire et enfin ...à l'Etat!

Grâce à une histoire loufoque et une plume cinglante qui fait mouche, Eric Emmanuel Schmitt nous livre une fable contemporaine agréable, drôle, qui fait froid dans le dos mais qui pose de véritables questions.

A lire!!
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Un court roman qui se lit vite et qui a pour thème les dérives de l'art contemporain. On a connu mieux ( bien mieux) de la part de cet auteur talentueux qui parait s'être amusé dans une écriture rapide, parfois ironique, à trousser une histoire dénuée de profondeur tant les personnages sont caricaturaux plus proches d'archétypes qu'autre chose et sans ancrage géographique précis.
Peut être est-ce voulu car l'intérêt de ce conte moral est la critique sans concession d'une certaine forme d'art polluée par le snobisme et la marchandisation. Puisque tout a déjà été fait et que les grand maîtres du passé sont incontournables, pour qu'un artiste puisse se faire connaître , il faut du choquant, du provoquant, de l'inattendu . le bien nommé artiste Zeus qui brille au firmament de la cote artistique, s'empare du corps d'un jeune garçon paumé pour le "retravailler" et faire de lui une oeuvre vivante qu'il exposera puis vendra pour son plus grand profit. L"oeuvre" dont l'auteur ne donne aucune description et c'est bien dommage, finira par se rebeller et aspirer à une vie individuelle épanouie , échappant à son diabolique créateur et aux institution étatiques qui tirent profit de la curiosité malsaine d'un public propre à s'extasier sur du grand n'importe quoi à partir du moment où on lui murmure à l'oreille que c'est de l'art, donc qu'il faut obligatoirement apprécier!
Au cours de cette lecture je n'ai pas pu faire autrement qu'évoquer Cindy Schermann qui met en scène son corps grimé et aussi Sophie Calle qui livre complaisamment son intimité au spectateur. Et pourquoi pas Damian Hirst auquel les porcs ne doivent pas rendre hommage...Il y a tant d'exemples de dévoiement de la notion même d'art qu'il serait fastidieux de les mentionner tous (pourtant je me fais plaisir : un étage entier d'un prestigieux musée munichois consacré à Cy Twonbly !!!!)
La plume de Houellebecq dans "la carte et le territoire" était autrement plus drôle et acérée.
Bref heureusement que le roman de Schmitt est court sinon je ne suis pas certaine d'avoir souhaité en connaître la fin qui en plus brille par son manque d'originalité .
Quel dommage !

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Le narrateur de cette histoire a 20 ans. Il commence par le récit d'une tentative de suicide. Aucun romantisme, pas d'envolées lyriques face au vide de la falaise, juste une certitude absolue : c'est le seul moyen qu'il a de fuir une vie ennuyeuse, insensée. Vingt ans, l'âge de l'absolu. Se sentant mal-aimé par ses parents au détriment de jumeaux plus âgés beaux et célèbres, il a compris à onze ans que toute lutte était vaine. Il est raté, un loupé, une erreur, il traîne depuis sa morne existence comme un boulet.
Et va y mettre un terme.
Surgit un inconnu qui va lui tendre la main et lui proposer un marché : si dans 24h il ne l'a pas fait changer d'avis, son chauffeur le reconduira sur la falaise pour qu'il saute. Pas par bonté, ni altruisme, d'ailleurs le narrateur le sent de suite. Mais il a besoin, désespérément, que quelqu'un ait besoin de lui, alors il acceptera de devenir... la créature de Zeus, bien entendu.
Zeus est un artiste hyper tendance, célébrissime, richissime, qui veut être le père de l'oeuvre ultime : l'être humain vivant comme matériau de son géni.
Le narrateur se donne tout entier. Il va devenir objet modulable, malléable. Souffrir, renoncer à son individualité, son humanité, son libre arbitre. Un objet n'a le droit ni de parler, ni de penser, ni de désirer. Il n'existe que parce qu'il est vu et utilisé.
Je n'ai pu m'empêcher de penser aux personnes victimes de violences conjugales, aux enfants maltraités : la certitude de rien valoir hors du regard dominant, qui donne vie, protège, mais également torture. Souffrir est déjà ressentir, être utilisé remplace être aimé.
Lorsque j'étais une oeuvre d'art se lit très vite, parce qu'on veut le dénouement le plus tôt possible et sans respirer pour ne pas être contaminé par la cruauté. J'ai lu quelques retours très contradictoires sur ce roman. Certains adorent, d'autres détestent. Moi, il m'a beaucoup plu. le style est simple, concis, brutal parfois. le coté schématique et caricatural ne m'a pas ennuyé, je l'ai perçu comme un jeu et cela m'a fait penser à Amélie Nothomb avec ses personnages outrés affublés de noms originaux. J'ai beaucoup aimé deux personnages que le narrateur croise plus tard, un peintre et sa fille, qui seront la lumière dans sa vie et dans son esprit.
Je crois qu'il faut le voir comme une réflexion sans prétention sur la façon dont on peut prendre sa vie en main, se prendre soi-même en main, et affronter les conflits, les non dits. Mais c'est avant tout un conte de fées, avec un jeune naïf, un diable déguisé en dieu, une fée et un magicien, pas mal de nymphes déglinguées et de trolls décérébrés, avec des joies et de la souffrance, du sexe et de l'amour , la laideur et la beauté, de l'espoir ... La vie, quoi !
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Un homme d'une grande laideur et qui a eu la malchance d'être le cadet de deux jumeaux magnifiques devenus mannequins à succès, est sauvé du suicide par un artiste à scandale, qui lui demande de passer un pacte faustien avec lui. Cédant sans condition son corps et sa liberté au bon vouloir de l'artiste, puis fait passé pour mort dans une mise en scène parfaite, un destin extraordinaire l'attend : devenir le nouvel Adam, Adam-Bis ou l'oeuvre d'art ultime sortie du cerveau machiavélique d'un artiste et de quelques bistouris zélés. Ainsi maints opérations chirurgicales plus tard, son corps devenu méconnaissable, agrémenté de gadgets et fantaisies diverses, le voilà devenu l'objet de tous les regards, pièce maitresse des collections d'art et clou d'un spectacle médiatique savamment orchestré par l'artiste mégalomane. Mais … < … la suite de cette critique se trouve sur mon site personnel >
Lien : http://antoastu.com/lorsque-..
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Schmitt a ingénieusement abordé la question de l'Art et son rapport avec les médias, "Sa carrière, il ne la fait pas dans son atelier, il la fait dans les médias ; ses pigments, ce sont les journalistes, et là, il est, sinon un grand artiste, un grand manipulateur." ; d'autres sujets cruciales sont abordés tels que la liberté, la cupidité, la célébrité, l'importance accordée au physique et aux apparences dans nos sociétés modernes, et dans quelle mesure tout cela peut entraîner la déshumanisation de l'homme, "Notre société est organisée de telle sorte qu'il vaut mieux être une chose qu'une conscience."..
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Ceux qui me connaissent savent que je suis fan de l'auteur de Odette toulemonde et de "l'évangile selon Pilate". Tellement fan que je les lis petit à petit pour en profiter pleinement.

J'ai été surprise par celui-ci. On est bien loin de l'univers habituel de l'auteur.

C'est surprenant, original ... J'ai eu l'impression qu'il avait tiré le fil d'une idée, d'un "et si ..." et qu'il avait essayé de comprendre qu'elles en seraient les conséquences, de voir jusqu'où irait son héros.

Je ne peux dire que la réflexion sur la liberté individuelle de chacun m'ait transcendée, ni que la critique du marché de l'art m'ait semblé sortir des sentiers battus.

Mais l'originalité de l'histoire et l'incorrigible optimisme d'Eric-Emmanuel Schmitt en font un roman tout à fait plaisant à lire.
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En lisant ce livre je pensais aux femmes-objets, à toutes celles qui ne vivent que par le regard des autres et qui font subir à leur corps mille tortures pour qu'ils correspondent aux canons de la mode ou juste pour devenir une poupée Barbie vivante.

Un jeune homme désespéré conclut un pacte avec un Artiste excentrique : il accepte de n'être plus qu'un objet et de lui appartenir. Adam bis perd ainsi toute humanité. Presque toute son humanité. Car, en fait, il conserve ses yeux et ca conscience.

Une rencontre imprévue va bouleverser Adam bis et perturber les projets de Zeus-Peter Lama. Adam bis comprend alors que la vie vaut la peine d'être vécue et il n'a plus qu'un désir se défaire de ce statut d'objet, même si c'est une oeuvre d'Art !

Histoire loufoque, au premier abord, qui permet d'aborder un sujet sérieux avec beaucoup d'humour, de drôlerie.
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Voilà un sujet et un héros de roman particulièrement originaux. Un jeune homme suicidaire accepte de renoncer à son humanité pour devenir un objet, une oeuvre d'art et la propriété au célèbre, excentrique et mégalomane Zeux-Peter-Lama, un artiste contemporain mélange de Salvatore Dali, Marcel Duchamp et ORLAN, pionnière dans le body art.

Raconté du point de vue de l'homme-objet, le roman est une méditation sur la beauté, la célébrité, l'art et l'âme ! Au passage, Éric-Emmanuel Schmitt en profite pour faire la peau à notre société de consommation et au culte de l'image. Il épingle aussi le snobisme et le marché de l'art contemporain.
Le propos est donc intelligent dans son fond, bien structuré et pensé, mais la forme m'a déçu comme si, une fois sa réflexion poussée à son terme, le philosophe éclairé et le conteur raffiné qu'il y a en lui s'étaient transformés en écrivain paresseux et pressé d'en finir…

L'histoire est surprenante et m'a tenu en haleine jusqu'au bout. J'étais admiratif devant tant d'inventivité. Mais j'étais aussi agacé par la simplicité de la langue frisant parfois le roman de gare. Éric-Emmanuel Schmitt a-t-il ainsi souhaité que sa pensée s'adresse à un maximum de lecteurs ? On peut aussi voir ce style rudimentaire comme une tentative d'épurer son écriture de tout effet superficiel afin d'aller à l'essentiel tel Hergé et sa ligne claire… Oui, il y a un côté bande dessinée dans ce court roman farfelu, parcouru de petites invraisemblances. C'est un roman qu'il faut accepter de lire comme un conte pour en sucer la moelle. D'ailleurs la dernière histoire, restée inachevée à la mort de Hergé, a de lointains échos avec « Lorsque j'étais une oeuvre d'art » : la dernière case de « Tintin et l'Alph-Art », esquissée par le maître de la BD belge, nous montre en effet Tintin prêt à être transformé en sculpture par son ennemi juré Rastapopoulos. L'escroc éternel a trouvé dans le marché de l'art une nouvelle source de profits !!! L'un des personnages du roman se nomme d'ailleurs le Juge Alpha… Un hommage caché ?
Malgré tout, si l'on se laisse porter par cette fable, on fait un beau voyage et l'on découvre un récit plus profond que les apparences ne nous le laissent d'abord croire ! Ce roman ferait d'ailleurs un excellent support de discussion pour des lycéens en cours de philosophie…
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J'ai bien aimé cette lecture, elle fût distrayante pour ma part.
L'auteur peint une caricature plutôt crédible de la société de profit, la société d'apparence dans laquelle nous vivons (petite aparté :aucune obligation d'y adhérer ;-) ).
L'idée de transformer le héro principal en oeuvre d'art est très originale. Avec humour et simplicité, EES distille des sujets de réflexions intéressants comme le culte de la beauté, de l'eugénisme, le matérialisme, la soif d'argent et de pouvoir, la liberté de l'Homme, l'art contemporain, le pouvoir de l'image.
J'ai trouvé la fin trop mielleuse, trop moralisatrice, pas assez épicée à mon goût.





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Ce fut un plaisir de lire Eric-Emmanuel Schmitt, comme d'habitude !
J'y ai retrouvé de bonnes réflexions philosophiques sur l'art et l'artiste, sur la différence entre le sujet et l'objet, donc sur l'être et la conscience, et enfin sur la relation d'amour...
Très accessible et distrayant, ce roman n'en garde pas moins une bonne profondeur.
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