Arrière petit fils de l'Amiral Antoine Schwerer (1862-1936), l'auteur explore ses archives familiales et nous propose de se mettre «
à l'école de l'Amiral Courbet ».
Né en 1827, Amédée Courbet est admis à l'école polytechnique en 1847, participe à la révolution de 1848 et rejoint la Marine. Instructeur à l'école de canonnage en 1860, il perfectionne les matériels d'artillerie et les méthodes de tir. Commandant en 1874 l'école des torpilles dans l'Ile d'Oléron il se passionne pour cette innovation. En 1880 il est nommé gouverneur de la Nouvelle-Calédonie et promu contre-amiral. En 1883 à la tête de l'escadre des mers de Chine, il conquiert la citadelle de Hué, oblige l'empereur d'Annam à la paix (Traité de Hué, août 1883), bat les Pavillons Noirs et occupe Son-Tay et une partie du delta du Tonkin. Promu vice-amiral en 1884, il attaque les forts de Fou-Tchéou, force les passes de la rivière Min et torpille une partie de la flotte chinoise, puis débarque à Formose et s'empare des îles Pescadores. Il meurt à bord de son navire-amiral, le Bayard, en rade de Makung, le 11 juin 1885, épuisé par la crise du Tonkin et la chute de
Jules Ferry le 30 mars 1885.
Sous ses ordres ont servi Antoine Schwerer,
Julien Viaud (
Pierre Loti) et de nombreux officiers qui s'illustrèrent durant la première guerre mondiale.
Plusieurs biographes ont déjà immortalisé l'Amiral :
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Paul Chack (commandant l'artillerie du croiseur Courbet en 1914) : « Courbet, le vainqueur de Fou-Tchéou »,
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Georges-Gustave Toudouze : «La vie héroïque de l'Amiral Courbet »
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Claude Farrère : « L'amiral Courbet, vainqueur des mers de Chine »
L'essai de
François Schwerer se distingue en se focalisant sur les principes, les valeurs et les règles de vie qui animaient Amédée Courbet et qui peuvent inspirer aujourd'hui tout responsable ayant charge d'âmes, qu'il soit officier, chef d'entreprise, animateur de club sportif ou président d'association 1901. En relisant les témoignages des marins qui ont servi sous ses ordres, des élèves qu'il a formé ou les fiches de notation de ses supérieurs, l'auteur analyse la méthode de celui qui fut ingénieur, officier, gouverneur, commandant d'une division navale et chef de guerre. Il montre en quoi une saine autorité élève une équipe. Il rappelle que le respect de la discipline n'est pas la servilité et que Courbet, homme de foi, officier dans un contexte assez conflictuel entre l'église et la république, sut, comme gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, placer le sabre et le goupillon dans une saine laïcité. La « méthode Courbet » mena son escadre à la victoire, sans trop de pertes humaines.
Intéressant et original, cet ouvrage lu dans le cadre d'une opération Masse Critique (merci aux Editions Temporis et à Babelio), est à la fois une biographie et une réflexion sur « le management ». Au lecteur curieux d'en savoir plus sur la colonisation et le Vietnam je suggère le maitre livre de
Philippe Héduy «
Histoire de l'Indochine. La perle de l'Empire, 1624-1954 ».
PS : ma lecture de Vaincre en mer au XXIe siècle
Lien :
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