Renaud berce une mélancolie d'une jeunesse perdue dans un passé que je n'oublie pas, celle de ces cassettes que l'on écoute avec des potes dans une chambre, résonne cette musique dont l'écho ne s'efface toujours pas, cette chanson Près des auto-tamponneuses, « Et c'est encore un militaire qui gagne un filet garni avec un bazooka » aura toujours cette saveur particulière et indélébile de ces années 80, celle de mon adolescence,
Renaud fera toujours partie de moi. Lorsque Babelio dans sa masse critique, apporte dans la hotte du père Noël,
Renaud : abécédaire d'enfer ! , je n'ai pas le choix de cocher la case pour le recevoir et attendre la réponse, et comme le miracle de Noël reste magique dans les yeux des enfants, j'ai eu cette chance d'être choisit pour le lire et donner une critique. Ce n'est pas le premier livre, mais dernier que son frère ainé de trois ans
Thierry Séchan, consacra à son frère
Renaud, décédant au cours de l'année 2019,
Renaud lui erre comme un fantôme, son Hexagone le pleure, Manu ne comprends plus ces mots, Mistral gagnant restera un hymne immuable à ce génie de la chanson française, mais aussi En cloque, poésie émouvante, Morgan de toi d'une douceur à fleur de peau et cette Miss Maggie regrettant la verve de
Renaud devenu Mr renard. Allons pénétrons cette Biographie morcelée par son frère ainé et
Stéphane Loisy dans cet Abécédaire d'enfer, cette plongée en apnée dans la vie tumultueuse de
Renaud dans ce hasard de l'alphabet, offrant aux lecteurs des moments de vie, à travers un mot, sous la langue assez acerbe et juste de son grand frère, aidé de
Stéphane Loisy. Cette édition 2020 est une réédition de celle de 2003, actualisée par des notes inédites, des photos personnelles, avec une musicalité de ce cher regretté
Thierry Séchan, ce frère ainé qui depuis Amoureux de Paname son premier album en 1975 et
Renaud les mômes et les enfants d'abord en 2019 suit ces 40 années de carrière et nous offre 26 lettres, celles de l'alphabet pour redécouvrir son Frère dans loterie de galerie de portraits de ce chanteur à la parole éternelle dans ces chansons.
Le livre débute par une citation de M.
Ciorande L'inconvénient d'être né, sorti en 1973 « L'unique confession sincère est celle que nous faisons-indirectement-en parlant des autres. » Ce murmure d'outre-tombe de
Thierry Séchan s'invite à nous dans cet abécédaire renaldien ou dictionnaire comme le dit
Stéphane Loisy dans son avant-propos. Il y a 93 mots pour compartimenter la vie de notre artiste Parisien, tous ces mots ont une petite histoire et de ce puzzle nous allons traverser la vie de
Renaud avec un kaléidoscope de photos intimes surprenantes. La vie en soi de
Renaud n'a pas de nouveauté dans ce livre, c'est la façon dont
Thierry Séchan la morcèle, d'une écriture ciselée et acerbe avec cette culture qui le caractérise, dont personnellement que je ne connaissais pas.
Dans la première édition la citation d'
Amélie Nothomb « La mort n'est pas la cession de l'amour » fut une finalité du livre de l'édition précédente sous la plume de
Thierry Séchan, comme dans cette édition 2020, cet écho en devient un hymne à la mémoire de notre écrivain et de son frére aimé. L'humour glaçant inonde ce livre comme cette petite pépite sur le mot Admirateur et ce passage qui me fait sourire encore, « Sans admirateurs, l'artiste ne serait rien. Ou
Gérard Lenorman », dans Chance, il égratigne encore une nouvelle fois
Amélie Nothomb, avec cet adjectif « horrible » et de la supériorité de
Françoise Sagan ! L'entartré est d'une sublimité d'ironie face à ce BHL arrogant, entartré dans sa culture de dandy bobo bohème clivante et méchante pour une postérité illusoire et désolante, avec cette chanson de
Renaud de douze quatrains de huit pieds.
Poète dans l'âme
Renaud erre dans cette modernité, fragile avec ce Pastis son vieil compagnon, mais plutôt Ricard et les fameux « 102 » de Gainsbourg, comme le dit son grand frère ,
Renaud s'est servi de l'alcool pendant dix ans comme antidépresseur, et il n'a jamais bu chez lui, toujours à l'extérieur, c'est un alcoolique « d'occasion » pas « constitutif », les fantômes qui bercent
Renaud se sont ces amis déjà vite partis comme Gainsbourg,
Coluche, il sait qu'ils se comptent sur les doigts d'une main et que les noms vont et viennent sur les doigts de l'amitié, ces mots
Thierry Séchan le sait aussi pour les avoir écrit dans cet Abécédaire, hors
Renaud lui aussi avait écrit son propre abécédaire qu'il a nommé Dictionnaire énervant, programme rédigé lors de son troisième passage au Zénith de paris en 1988, avec cette anecdote sur la lettre H, oubliant HLM, pour le roman de Jean Giono L'Homme qui plantait des arbres, le plus joli des livres que
Renaud aura lu. Mais ce qui m'a le plus touché dans ce livre, c'est la famille Séchan, cette tribu d'artiste, la ville de Paris et son Titi
Renaud puis
San-Antonio et son auteur
Frédéric Dard, avec cette tendresse pour le « super champion », « le poète le plus poétisant de cette époque d'archimerde… », livre d'un San-A,
Bacchanale chez la mère Tatzï, Ils vont se rencontrer puis
Frédéric Dard fera le préface du recueil de chanson illustré de
Renaud, Mistral gagnant, chansons et dessins.
Renaud a fait aussi une chronique dans
Charlie Hebdo de septembre 1992 à novembre 1993, et aussi de janvier 1195 à juillet 1996, nommé le « very meilleur » elles seront regroupées dans deux ouvrages distincts,
Renaud bille en tête et Envoyé spécial chez moi, et son frère résume bien sa plume par cette phrase « Il fait bien son boulot de chroniqueur énervant, il énerve, mais aussi il s'énerve. »
Renaud est un Xénophile, comme moi, ce mot peut prêter à confusion, je ne le connaissais pas, et ce terme est une caresse délicieuse de la gentillesse de
Renaud, la curiosité des autres, et son amour du prochain, dans des temps comme le nôtre où tout est disserté, la moindre parole est passée à la moulinette des médias pour l'essorer de son sens premier et lui donner une polémique absurde,
Renaud reste toujours debout, Sa tournée Phénix tour de 2016,
Renaud sera dans l'éternel , ces chansons sont des larmes de poésies, des sourires de tendresses, des cris de révoltes, de l'amour en perfusion, de la colère maladroite,
Renaud sera la stèle d'une poésie moderne, un écho d'une Société qu'il chantera, amoureux des mots, fils spirituel de
Georges Brassens, le chanteur laissera sa vie le prendre , son amour de toujours Dominique hante ces chansons, sa fille Lolita sera la déesse d'une prénom d'enfant d'une génération, tout
Renaud illumine son HLM, et même s'il est Fatigué, si son Manu déconne, et les souvenirs des Mistral gagnant le berce d'une mélancolie à fleur de peau, En cloque sommeille la vie qu'une femme donnera et je peux continuer ainsi, je n'oublie un été où une jeune femme, dans un Karaoké estivale fredonne en ch'timi, un air de Tomate , celle de
Renaud, une chanson que je ne connaissais pas, drôle et amusante, nous pouvons dire que
Renaud aime les êtres humains, sauf peut-être
Margaret Thatcher.
Renaud n'est qu'amour et révolte entre un verre de Pastis….
Merci
Renaud, les français t'aiment, sauf peut-être …lire l'anecdote de
San Antonio.