Première dame

Retourner la Première dame d'une dictature communiste fictive pour lui faire dénoncer les abus de pouvoir et les violations des droits de l'homme perpétrés par son époux, ne va pas être chose simple. Mais c'est pourtant l'entreprise dans laquelle se lance Pavel Estrada, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis à New Delhi. Il voit dans cette mission qu'il se donne envers et contre tous, une façon de prendre sa revanche sur l'échec de son combat militant dans l'humanitaire.

Mais Jul Solri est une femme complexe, moins fragile qu'elle le laisse paraître. Issue d'un milieu populaire et arrachée à sa famille dès son plus jeune âge, elle a été « dressée » pour devenir une épouse modèle et elle soutient avec ferveur le régime dictatorial de son mari Moon Jel-Un. Pourtant, c'est à l'ambassade américaine qu'elle arrive un beau matin.

Entre les Etats-Unis qui tentent de contenir un conflit naissant, l'Inde très militarisée que courtise la dynastie Moon et la chine qui, par idéologie, soutient ce régime totalitaire, Amélie Serberg décortique les enjeux de pouvoir entre pays occidentaux et pays asiatiques et les risques de dérive qu'ils peuvent générer.

Avec ce roman d'espionnage que l'on imagine tutoyer le domaine du possible, l'autrice nous dévoile les ressorts cachés de la diplomatie internationale, mais aussi les terribles exactions des régimes dictatoriaux ainsi que les engagements, souvent idéalistes, de ceux qui tentent de les faire tomber.

Passant du présent au passé et jonglant entre le vrai et le faux d'une façon toujours très habile, Amélie Serberg mène ce premier roman avec beaucoup de maîtrise et nous tient en haleine jusqu'aux dernières pages qui nous réservent encore des surprises.

Ce roman captivant m'a fait froid dans le dos tant il me rappelle de nombreuses réalités historiques et je l'ai lu avec enthousiasme.