Le Maréchal von Manstein n'est pas aussi connu des français que les Généraux Guderian,
Rommel ou von Choltitz, probablement parce qu'il fut peu visible sur notre territoire, mais l'historien britannique Liddel Hart le considère comme " l'adversaire le plus redoutable des alliés " et le maréchal de l'Armée Rouge Rodion Malinowski écrit «nous considérons le détesté
Erich von Manstein comme notre plus dangereux ennemi. (...) La situation serait peut-être devenue mauvaise pour nous si tous les généraux de l'armée allemande avaient été de son envergure.»
Chef adjoint de l'état-major en 1936, puis chef de l'état-major du maréchal von Rundstedt pendant la campagne de Pologne, Manstein suggère à Hitler le « coup de faucille » qui lance en mai 1940 les blindés allemands dans les Ardennes, en évitant la ligne Maginot, et brise en deux notre défense en contraignant les forces britanniques à rembarquer à Dunkerque.
En 1942, Manstein conquiert la Crimée et prend la forteresse de Sébastopol, ce qui lui vaut d'être nommé Maréchal. Puis il tente de dégager la VI° armée encerclée à Stalingrad, brise l'offensive soviétique sur Rostov, échoue à réduire le saillant de Koursk à l'été 1943.
Partisan d'une défense élastique face aux grandes offensives soviétiques en 1944, il est relevé de son commandement en mars 1944.
Informé de l'attentat contre Hitler en juillet 1944, par les comploteurs dont plusieurs avaient été ses subordonnés, il refuse de s'y associer.
En 1949 il est condamné pour crimes de guerre à dix huit ans de prison, et libéré dès 1953.
Conseiller de la nouvelle armée allemande, il décède en 1973 et les honneurs militaires lui sont rendus lors de ses obsèques… privilège unique pour un Maréchal de la Wehrmacht dans l'histoire de la RFA.
L'étude que Pierre SERVENT nous offre dans la collection « Maitres de Guerre » consacrée aux stratèges de la seconde guerre mondiale, est passionnante et revient sur les origines d'Erich von Lewinski von Manstein, neveu du Maréchal Baron von Ludendorff, incarnation de la caste aristocratique prussienne.
Les lecteurs d'Ernst von Salomon retrouvent dans l'éducation du futur Maréchal, l'évocation du rigoureux dressage subi par « Les Cadets », mais à la différence de Salomon, en 1919, Manstein ne rejoignit pas « Les Réprouvés », mais fit partie du corps de quatre mille officiers de la République de Weimar, autorisé par le Traité de Versailles.
Artisan de la reconstruction de l'armée, son ascension dans la hiérarchie est ralentie dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933. le Führer qui détestait les aristocrates favorise les plébéiens comme
Rommel. Les talents stratégiques de Manstein, l'originalité de ses conceptions, le sortent de l'ombre et ses victoires lui rendent sa prééminence.
Le Maréchal von Manstein est l'un des plus grands stratèges du conflit mondial. Son respect prussien de l'ordre établi l'a conduit à rester fidèle au troisième Reich jusqu'au bout, contrairement à
Rommel… et donc condamné aux yeux de l'histoire.