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EAN : 9782262040895
264 pages
Perrin (02/05/2013)
4/5   5 notes
Résumé :
Avant son éviction par Hitler en 1944, le maréchal Erich von Manstein a été au coeur de la plupart des grandes opérations de la Seconde Guerre mondiale, apportant au IIIe Reich une combinaison rare de talents. Ce joueur d'échec impénitent, à la fois fin stratège et habile tacticien, est capable de se mettre dans la peau de ses adversaires et de percer leurs secrets, qu'ils soient Polonais, Français, Britanniques ou Russes. Son génie militaire réside dans l'intégrati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Maréchal von Manstein n'est pas aussi connu des français que les Généraux Guderian, Rommel ou von Choltitz, probablement parce qu'il fut peu visible sur notre territoire, mais l'historien britannique Liddel Hart le considère comme " l'adversaire le plus redoutable des alliés " et le maréchal de l'Armée Rouge Rodion Malinowski écrit «nous considérons le détesté Erich von Manstein comme notre plus dangereux ennemi. (...) La situation serait peut-être devenue mauvaise pour nous si tous les généraux de l'armée allemande avaient été de son envergure.»

Chef adjoint de l'état-major en 1936, puis chef de l'état-major du maréchal von Rundstedt pendant la campagne de Pologne, Manstein suggère à Hitler le « coup de faucille » qui lance en mai 1940 les blindés allemands dans les Ardennes, en évitant la ligne Maginot, et brise en deux notre défense en contraignant les forces britanniques à rembarquer à Dunkerque.

En 1942, Manstein conquiert la Crimée et prend la forteresse de Sébastopol, ce qui lui vaut d'être nommé Maréchal. Puis il tente de dégager la VI° armée encerclée à Stalingrad, brise l'offensive soviétique sur Rostov, échoue à réduire le saillant de Koursk à l'été 1943.

Partisan d'une défense élastique face aux grandes offensives soviétiques en 1944, il est relevé de son commandement en mars 1944.

Informé de l'attentat contre Hitler en juillet 1944, par les comploteurs dont plusieurs avaient été ses subordonnés, il refuse de s'y associer.

En 1949 il est condamné pour crimes de guerre à dix huit ans de prison, et libéré dès 1953.

Conseiller de la nouvelle armée allemande, il décède en 1973 et les honneurs militaires lui sont rendus lors de ses obsèques… privilège unique pour un Maréchal de la Wehrmacht dans l'histoire de la RFA.

L'étude que Pierre SERVENT nous offre dans la collection « Maitres de Guerre » consacrée aux stratèges de la seconde guerre mondiale, est passionnante et revient sur les origines d'Erich von Lewinski von Manstein, neveu du Maréchal Baron von Ludendorff, incarnation de la caste aristocratique prussienne.

Les lecteurs d'Ernst von Salomon retrouvent dans l'éducation du futur Maréchal, l'évocation du rigoureux dressage subi par « Les Cadets », mais à la différence de Salomon, en 1919, Manstein ne rejoignit pas « Les Réprouvés », mais fit partie du corps de quatre mille officiers de la République de Weimar, autorisé par le Traité de Versailles.

Artisan de la reconstruction de l'armée, son ascension dans la hiérarchie est ralentie dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933. le Führer qui détestait les aristocrates favorise les plébéiens comme Rommel. Les talents stratégiques de Manstein, l'originalité de ses conceptions, le sortent de l'ombre et ses victoires lui rendent sa prééminence.

Le Maréchal von Manstein est l'un des plus grands stratèges du conflit mondial. Son respect prussien de l'ordre établi l'a conduit à rester fidèle au troisième Reich jusqu'au bout, contrairement à Rommel… et donc condamné aux yeux de l'histoire.
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critiques presse (1)
Lexpress
15 mai 2013
Erich von Manstein, stratège hors pair du IIIe Reich et piètre politique: un portrait tout en nuances signé Pierre Servent.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le 1er juillet (1942) au soir, toujours installé avec son petit état-major dans sa maison tartare d'Ioutchary Karales, Erich von Manstein prête une oreille à la radio qui égrène un communiqué annonçant fièrement la prise de Sébastopol. La lecture du communiqué est suivie d'un message spécial que Manstein et ses officiers écoutent religieusement :

« Au Generaloberst von Manstein, commandant l’armée de Crimée.
« Pour récompenser vos mérites particuliers lors des combats victorieux de Crimée, qui ont trouvé leur couronnement dans la bataille d'anéantissement de Kertch et la prise de la forteresse de Sébastopol, puissamment fortifiée par la nature et l’art, je vous nomme maréchal. Par cette promotion, et en créant un écusson spécial pour tous les combattants de Crimée, je veux rendre hommage, devant tout le peuple allemand, aux héroïques exploits des troupes placées sous vos ordres.

«Adolf Hitler.»

Le maréchal (Generalfeldmarschall) Erich von Manstein éprouve une grande fierté en entendant ce message. C'est un soulagement au terme d'une campagne qui lui a montré l’extraordinaire capacité de résistance de l’ours russe : « Ce baton de maréchal, écrirat-il, constituait le couronnement de ma carrière militaire, mais je n’oubliais pas à quelle part de chance je le devais. Combien n’ont jamais pu cueillir les lauriers du vainqueur parce qu’ils étaient ou trop jeunes, ou trop vieux ! Au reste, que pèsent les honneurs extérieurs à côté de la responsabilité que porte celui qui dirige une armée qui a la charge de centaines de milliers de vies et aussi, tout au moins partiellement, celle du destin de son pays. »
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Depuis leur arrivée au pouvoir, la haine des Juifs est puissamment attisée, notamment en les accusant d’avoir été les « fourriers en chef de la défaite de 1918 » et d’être des « révolutionnaires » par construction.

Le seul officier supérieur dont on connaisse une protestation officielle est Erich von Manstein. Saisi par un officier qui avait été sous ses ordres à Kolberg, et qui avait été renvoyé de l’armée parce qu’un de ses grands-parents était juif - ce qui faisait de lui, aux termes des lois aryennes, un « métis » -, le colonel von Manstein fait parvenir au chef de l’Etat-Major général Ludwig Beck un manifeste de protestarion quelques semaines après la mise en application des lois aryennes au sein du corps des officiers. Point intéressant, Manstein reçoit l’appui de son supérieur direct, le général Erwin von Witzleben.

Prenant la défense de son ancien subordonné, le lieutenant Schmeling-Diringshofen, le colonel von Manstein ne craint pas de remettre en cause l’application de cette discrimination raciale dans la vie de l’armée : « Si le Reich est prêt à exiger d’un soldat le sacrifice de sa vie à toutes les heures pendant des années, alors il ne peut pas maintenant légalement lui dire : 'Tu n’es plus un véritable Allemand." Celui qui est devenu un soldat de son plein gré, qui est ainsi prêt à sacrifier sa vie à chaque heure pour le peuple allemand, est justement devenu, par sa bonne volonté, un Allemand. Il s'est révélé luimême un Aryen, peu importe si sa grand-mère était aryenne ou non. »

Le colonel von Manstein conclut son texte en rappelant que « l'honneur de ces jeunes soldats d'après guerre est une question d'honneur pour nous tous ».
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Fritz Erich Georg von Lewinski voit le jour à Berlin, le 24 novembre 1887. C'est le dixième enfant du général Eduard von Lewinski et de sa seconde épouse Hélène, née von Sperling. Peu de temps après sa naissance - le jour même de son baptême-, l’enfant est adopté par son oncle, lui aussi officier général. Il a pour nom Georg von Manstein. Son épouse, Hedwig, née von Sperling, n’ayant pu avoir d’enfant, les Manstein ont ainsi recours à une pratique courante dans les familles aristocratiques inégalement servies par la nature : l’adoption consolidée par les liens du sang. Tous les documents militaires officiels du futur maréchal von Manstein porteront donc par la suite le double nom « von Lewinski von Manstein ». Le moins que I’on puisse dire, c’est que c'est que les fées militaires se sont pesamment penchées sur le berceau du jeune Erich.

D'une façon assez singulière, le futur prodige militaire du IIIe Reich a donc eu deux « pères » généraux, son père biologique et son père adoptif. Son grand-père maternel, Oskar von Sperling, est également officier général du cadre de réserve. Les deux familles von Manstein et von Sperling appartiennent à la vieille noblesse militaire prussienne.

Les ancêtres du futur maréchal protégeaient déjà, les armes à la main, les frontières de l’Europe des invasions des hordes venues de l’est, à l'époque des chevaliers Teutoniques. Ces derniers ont subi au XVe siècle une cuisante défaite face aux Polonais à la bataille de Tannenberg. Un nom de bataille qui aura pour le jeune officier Manstein un écho réactualisé durant la Première Guerre mondiale. Au XIXe siècle, les familles Sperling et Manstein ont été récompensées de leurs éminents services de guerre par de solides dotations impériales qui leur ont assuré une aisance financière de bon aloi.

En outre, une autre sœur Sperling - c’est décidément une tradition chez ces sœurs ! - a épousé un officier prussien à l’avenir prometteur : le futur maréchal et président de la République de Weimar, Paul von Beneckendorff und von Hindenburg.
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Pour ses contemporains, le profil du stratège Manstein commence à se dessiner avec précision. Dans les couloirs des états-majors à Berlin, on l’oppose souvent à son ennemi juré, le général Halder, qui a la haute main sur l’état-major de L’armée de terre. Le Prussien contre le Bavarois. Un historien et officier allemand, Karl-Heinz Freiser, campe ainsi le portrait des deux généraux : " Tout différenciait le Bavarois Halder du Prussien Manstein : leur nature mais aussi leurs structures mentales. [...] On a volontiers comparé le général Halder, à cause de sa pensée méthodique et systématique, à un professeur de mathématiques ", une image sans doute alimentée par sa manie de se défendre en faisant des exercices de mathématiques. La logique implacable avec laquelle il traitait les questions opérationnelles était célèbre et redoutée.

La façon de penser de Manstein apparaissait tout autre. C'est seulement dans le domaine de la stratégie ~ contrairement à beaucoup d'autres généraux allemands ~ qu’il faisait preuve d'une clairvoyance étonnante, que sa pensée était d'une logique rectiligne. Dans le domaine opérationnel, au contraire, son esprit l'incitait à agir, constamment et volontairement, de façon non systématique. Il pensait que la solution juste ne se trouvait pas nécessairement dans une solution logique - qu'attendait inévitablement l'ennemi - mais dans une solution apparemment illogique qui jouerait de l'esprit de surprise. »
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Promu au grade supérieur, le général Erich von Manstein doit faire une visite protocolaire à Berlin, comme tous les autres généraux nouvellement honorés. Nommé à la tête d'une division, le Souabe Envin Rommel est également présent à cette cérémonie. L’événement a lieu le 17 février 1940 et il va modifier le visage de la guerre.
(...)
L’occasion est trop belle pour qu'il la laisse passer. Grâce à la complicité de l'un des officiers d'ordonnance d'Hitler, il décroche une audience particulière à l'issue de la réception. Von Manstein joue son va-tout. Il n’est pas un inconnu pour le Fùhrer, qui connaît sa réputation d’officier d’état-major hors pair. Mais l’ancien caporal se méfie du Prussien, de son peu de goût pour le national-socialisme. Penché sur la carte du front ouest, Manstein expose son plan avec le maximum de doigté. Il n’aura pas de seconde chance. Contrairement à son habitude, Adolf Hitler ne l'interrompt pas pour se lancer dans un interminable monologue. Il semble fasciné par ce qu'il entend. Simple estafette durant la Grande
Guerre, sans aucune formation d'état-major, il ne comprend pas tout de la profondeur et des subtilités du plan. Mais il en sent instinctivement les potentialités. L’idée de forcer le destin, de tout miser sur un point, de rebattre complètement les cartes rejoint ses propres intuitions de dictateur. Convaincant, brillant tout en étant respectueux, Erich von Manstein emporte la partie. Le Fùhrer adopte le plan... mais pas le général qui sent le soufre. Il n'est pas impossible que le jaloux Keitel ait rappelé à Hitler les protestations de von Manstein à propos de l'exclusion des « métis juifs » de L’armée.
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