"Marc et Jésus-Christ, Tam et le violoniste, ils sont quatre comme le tétragramme. le fou et son opposé : l'un tient un pinceau et l'autre un couteau sacrificiel. Puis celui qui parle, qui croit sauver le monde par des mots. Puis celui qui en a trop vu et qui ferme les yeux et ne regarde que son violon."
C'est la troisième série signée
Joann Sfar que je lis, et je finis par me dire que ce type est vraiment capable du meilleur comme du pire. Et que c'est seulement à condition d'accepter le "fouillis" qui le caractérise, qu'on peut - ou non - l'apprécier.
Ce second tome est plus réussi que le premier. On sent bien le travail de recherches que l'auteur a dû fournir pour mettre en scène et expliquer les pogroms, par exemple.
Toutefois la dimension historique est assez anecdotique dans ce tome.
Cette fois la curieuse troupe de personnage décide de monter un théâtre yiddish, avec comme acteurs : des cosaques et des prostituées ! (oui, humour made in
Sfar oblige) Ce qui à l'auteur donne l'occasion d'amuser son public avec des scènes grotesque (de guerre ou de sexe) dont lui seul a le secret.
Dans ce tome, les personnages nous livrent - plus ou moins malgré eux - une réflexion sur le rôle de l'art pour un individu (Marc Chagall) et pour une communauté. Alors oui, les artistes ont une sensibilité qui leur est propre et ils vivent un peu (beaucoup!) dans leur monde, mais qui n'aime pas se bercer d'illusions de temps en temps pour adoucir le quotidien ?
Malgré l'humour,
Sfar met bien en évidence, avec un constat doux-amer le sort des communautés ashkénazes dont Marc Chagall a fait partie.