AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,28

sur 1471 notes
Elif Shafak est une écrivaine turque que je découvre, à travers ce premier roman.

Deux histoires s'y déroulent, à quelques siècles d'intervalle : une de nos jours, avec Ella, une américaine quadragénaire à la petite vie bien rangée et en apparence parfaite, et une autre au XIII siècle, retraçant la rencontre de Djalâl ad-Dîn Rûmi avec celui qui l'initiera au mysticisme soufi et révèlera en lui les talents de poète que nous lui connaissons. Ce compagnon, c'est Shams de Tabriz, un derviche errant, et qui incarne pour moi l'âme de ce livre.

Shams, qui veut dire soleil en arabe, en fut véritablement un pour Rûmi…

Ce récit est un hymne à l'amour, intemporel, inconditionnel, universel.
Si je devais résumer mon sentiment après cette lecture, je dirais que ce livre est une splendeur.
Il est magnifique, profond, bouleversant, poétique, triste et en même temps plein d'espoir.

Commenter  J’apprécie          220
Le roman se compose de cinq chapitres, sur 400 pages, chaque sous-chapitre portant le nom du narrateur.

Trois narrations, sur trois époques, alternent ainsi : Ella, Northampton, Massachusetts, 2008. Récit de Shams de Tabriz, maître du grand soufi Rûmi, 1242 - 1260. Et les personnages du premier roman de Aziz Z. Zahara, « Doux blasphème », qu'Ella doit lire pour une agence littéraire.

Ella est une mère et une épouse exemplaires. Elle vit avec David, dentiste, dans une belle maison à Northampton. Ils sont aisés, disposent de deux appartements à Boston et d'un à Rhode Island. Ils ont trois enfants : Jeannette, amoureuse de Scott et qui veut se marier avec lui (réticence d'Ella : ils sont très jeunes, il n'est pas juif) ; les jumeaux la fille, Orly, le fils Avi.

Tout semble donc très agréable dans la vie d'Ella. Mais ce n'est qu'un leurre : elle découvre que son mari a sans doute une liaison Elle ne pose aucune question. Et lit attentivement ce roman d'Aziz. Et entreprend avec lui une correspondance amoureuse, jusqu'à ce qu'ils se rencontrent enfin à Boston, lui venu d'Amsterdam, elle de Northampton.
Et leur histoire prend un tour nouveau. Ella découvre le soufisme avec Aziz, derviche d'origine hollandaise, converti à cette voie spirituelle.

Des pages superbes s'articulent autour de plusieurs narrateurs, d'où surgissent de nombreux personnages, évoqués aussi minutieusement que dans des miniatures persanes, avec la même inspiration poétique et raffinée. Un ivrogne, une catin, un lépreux, des jardins, un bouge et une madrasa : on pourrait se croire dans un livre illustré de contes venus d'Orient.

Pénétré ou non de mysticisme et de soif de beauté et d'élévation, on ne peut que se laisser emporter par le charme de cette écriture et de ces images finement dessinées tout au long de ce livre qu'on ne peut qualifier de roman, tant il s'ancre dans l'histoire de personnages et de lieux réels, tant il est animé d'émotions douces ou violentes mais qui se concrétisent toujours par une exhortation à l'amour de l'être humain et est un appel aux vertus les élevées de l'âme humaine : tolérance, bienveillance, fraternité. Philosophie autant que souffle religieux, le soufisme s'incarne dans la sema, cette danse mystique qui fait tourner les derviches sur eux-mêmes, inlassablement, une main tournée vers le ciel, l'autre vers la terre. Exactement comme dans de nombreuses pratiques spirituelles qui replacent l'Homme entre Ciel et Terre, élément modeste mais unique de l'Univers.

Aujourd'hui, il se trouve qu'on parle beaucoup du soufisme, que des femmes s'autorisent à en pratiquer la danse, telle Rana Gorgani , jeune femme franco-iranienne.

Un livre qui offre beaucoup de plaisir à son lecteur, mais qu'il faut prendre le temps de découvrir.
Commenter  J’apprécie          217
De tous les romans turcs que j'ai pu lire jusqu'à présent, Soufi,mon amour est le moins turc d'entre eux (certes je suis loin d'être une spécialiste, cette remarque ne reflète donc que ma modeste expérience). À la lecture des premières pages, on se dit qu'on a à faire à un bon scénario (car l'écriture est très visuelle ici) pour une série américaine agrémenté d'un peu d'exotisme mystique.

Certes, on ne peut pas non plus réduire ce roman à un simple feel good, ce serait vraiment trop réducteur et presque insultant. C'est donc sans déprécier le travail d'Elif Safak que je dis que j'ai retrouvé chaque soir ces personnages attachants, dont certains m'habitaient même pendant la journée. Avec ces personnages plein d'humanité (dans le meilleur comme dans le pire) et de compassion, on peut dire que par moment j' ai été, comme le personnage principale transportée dans les rues de Konya au 13ème siècle écoutant et épiant l'amitié entre Rumi et Shams de Tabriz le derviche.
C'est aussi pour ça que ce roman nous transporte : il parle tout de même d'une femme presque quadra dont la vision de la vie (puis la vie tout court) bascule avec la lecture d'un manuscrit! Quel amoureux de la lecture ne se laisserait pas embarquer dans une telle histoire ?

Ce n'était pas le premier roman d'Elif Safak que je lisais, et ce ne sera peut-être pas le dernier. En dehors de la dernière partie trop convenue et trop cousue de fil blanc à mon goût (au point qu'il a faillit lui coûter sa 4ème étoile !) on ne peut pas nier que j'ai été transportée, touchée et même conquise par plusieurs partie de ce roman qui dénonce les dévots de la religion, les extrêmistes, les érudits devenus intolérants dans leur tour d'ivoire, et le manichéisme (communautaire ou non), mais ce n'est pas celui que je conseillerai s'il fallait n'en garder qu'un.


Multi défis 2020
Défi plumes féminines 2020
Défi Globe trotteurs 2020
Commenter  J’apprécie          210
Les livres sont comme tous les événements ils n'arrivent pas au hasard.
La lecture de ce livre m'a été confiée par une de mes amies, qu'elle en soit ici infiniment remerciée.
J'ai lu le roman qu'elle m'avait conseillé. Et je partage ici un extrait du retour que je lui ai adressé. ...« Oui, c'est un très bon roman. Bon par sa bienfaisance, et l'ouverture qu'il propose.
Un roman à spectre large. Très large, infiniment large, puisqu'il s'agit de l'Amour.
Aux dimensions infinies. Temporelles et à la fois éternelles, pleines de ramifications, et de mouvements. Où tout se lie, se tient, s'emmêle et s'enchaîne, et où tout se relit, s'élève, s'entraide, se libère, et progresse.
Je ne saurais pas vous dire si Dieu existe. Ce dont je suis convaincue c'est de la force qui existe en chacun de nous. La force de vie explique beaucoup de choses. Mais ce n'est qu'une moitié de nous. Il faut la puissance de l'Amour pour que nous nous réalisions pleinement.
Est ce cela la Transcendance ? le dépassement de soi ? La capacité de chacun d'accueillir en soi la totalité de tout ? La nuit comme le jour, la vie et la mort. Rien n'a de prix, mais tout a sa valeur.
Je comprends mieux l'essence du soufisme. Je ne suis pas experte en religions. Mais peut être est ce l'un des meilleurs chemins proposés pour éviter à toutes et tous de nous entre-tuer, nous ignorer, nous saccager.
Ce livre résonne formidablement à travers les temps troubles que nous traversons.
Et il est rassurant, parce que l' Amour par lequel Shams et Rûmi se sont délivrés, et mieux encore , se sont élevés, a existé au XIIIe siècle.
Alors cela a chacune et à chacun une bonne marge d'espoir.
Quand j'ai commencé la lecture, j'ai immédiatement ressenti un poids. Je savais que cela allait appuyer « quelque part » comme on dit. Sur le sternum. J'ai senti le poids d'un verrou. Et je savais que ce livre où qu'il me mènerait, me permettrait de travailler « la dessus », c'est à dire en moi.
Bienfait, pour moi me suis-je dit.
Nous avons tous en nous un peu d'Ella, d'Aziz, de Shams, de Rûmi, et tous sont parmi nous.
C'est notre côté lumineux, d'autres personnages incarnent notre côté sombre, et notre côté entre chien et loup.
Des vies, des instants, des époques comme des phases, avec des avancées, des stagnations, des régressions, et de nouveaux départs.
J'ai aimé ce mélange, la progression sinueuse mais aussi la volonté persistance du cheminement des personnages quoiqu'ils puissent traverser. Je les trouve très humains et supérieurs à nombre de supposés dieux.
Certains diront sans doute qu'il est très simple d'aimer et qu'il est bien triste d'y renoncer. Lui donnant ainsi l'aspect d'une gourmandise, un devoir ou même d'un droit.
On a bien des lois qui nous disent ce qu'ils ne faut pas aimer, tellement de lois,  mais c'est entre lignes peut être que peut apparaitre ce que l'Amour peut éclairer. Les livres nous ressemblent, puisqu'ils sont nos oeuvres, ils ont plusieurs dimensions. A chacun de bien vouloir se déplacer. C'est comme   l'anamorphose végétale de  François Abelanet que j'ai pu voir à l'institut du Monde Arabe. Il a beaucoup à lire dans certains jardins. Beaucoup à apprendre.
C'est à la valeur de l'Amour à laquelle il faudrait penser. Il désarme et pourtant il est chargé de tant de possibles, qu'il faut peut être plusieurs vies pour apprendre à en connaître le bon usage.
Apprendre qu'en fait il n'a aucun usage, puisque ce n'est pas un objet mais le sujet principal qui fait entrer l'esprit dans l'âme, c'est peut être le bon chemin pour espérer pouvoir s'élever.
L'Amour doit être enseigné. On doit apprendre à faire du pain avant de savoir le partager.
Et avant même que de faire le pain, il faut apprendre tellement de choses. La saison, la terre, la graine, les éléments, la patience, l'effort, le travail , la contemplation, le mûrissement, l'abondance, la reconnaissance, la générosité, la précarité, enfin toute ces choses que l'on doit apprendre et faire siennes avant de comprendre toute la valeur que contient une bouchée de pain.
Je ne sais si l'Amour est dans le pré, comme on veut nous le vendre, mais je crois que l'Amour est dans le pain qui nous est donné, et également dans celui que nous gagnons. Cela chasse l'amertume de l'ivraie.
Si nous ne sommes pas transformés par l'Amour, c'est que nous n'avons pas vraiment aimé. C'est tellement vrai.
Il n'y a pas de hasard. A aucun moment, mais on voudrait se voir marcher dans un rêve alors que l'on erre vers sa destinée.
L'Amour et son empreinte nous force à évoluer. Et partant de la nuit nous n'avons que le lumière pour nous diriger. C'est une histoire singulière et à la fois universelle.
Il est question de beaucoup d'histoires dans ce livre.
Parce qu'on a besoin d'histoires et de mémoire.
On écrit des romans, des contes, des légendes, et puis aussi des poèmes. On les transmet. Et particulièrement ceux qui portent une Lumière.
Ceux là sont intemporels, universels.
On ne meurt pas pour le Livre. Même si l'on massacre des peuples et le Livre. Rien ne meurt, parce que l'esprit est dans le Livre comme il est dans un peuple. C'est l'Esprit qui est notre demeure et non le Livre. On peut lire l'esprit de beaucoup de prières, de psaumes, de poèmes dans le cours d'un ruisseau. Il faut apprendre à reconnaître l'esprit avant de pouvoir prononcer la première lettre.
C'est la force de la création contre la stupidité de la récitation. Même si la récitation est bonne pour exercer sa mémoire, elle n'est que répétition. Mais même au théâtre toute bonne création exige quelques répétitions avant que tout soit prêt. Il faudrait que je fasse preuve de plus d'indulgence.
La vision de la poésie dans ce livre est une très belle vision. Celle de sa destinée : celle de servir et d'aider.
Si Dieu se trouve en chaque homme, et qu'il est parfois possible que Dieu se retrouve en nous, la poésie fait partie de Tout. L'un ne va pas sans l'autre.
Servir et aider, rendre Amour.
Je sais que ce n'est pas très coutumier en ce moment. J'ai du mal à trouver la lumière dans certaines poésies contemporaines qui se veulent performantes, et qui font vibrer tant et si fort l'ego de leur géniteur qu'on finit par se demander comment il est possible que les mots soient parfois considérés comme des objets, des accessoires de bonne fortune.
On peut faire de la musique sans être musicien. C'est une phrase que Monsieur de Sainte Colombe prononce dans le livre de Pascal Quignard, dans tous les matins du monde.
Je trouve qu'il y a du soufisme dans la pensée de Quignard.
C'est peut être pour cela que j'aime beaucoup sa pensée. Il est spirituel. Dans le sens noble du terme. Il y a une phrase de lui dans les ombres errantes : «  Souvenez-vous qu'il est heureux de perdre ce qu'il n'est pas permis d'aimer. » . Elle est puissante cette phrase.
Et j'ai trouvé l'esprit de cette pensée dans le livre d'Elif Shafak. Une valeur donnée à l'acception d'événements dont nous comprenons pas la valeur parce que nous sommes mis en furie par le déchaînement d'émotions qu'on ne maîtrise pas. Par manque de calme, de lumière et donc de lucidité.
Entre, alors, la nécessaire confiance.
Pas d'Amour sans désarmement, pas d'Amour sans confiance.
Pas d'Amour sans une prise de risque, non pas aveugle, mais consciente. Un lâcher prise.
Il y aurait tellement à dire, tellement nous avons toutes et tous à vivre, et à nous raconter à travers les pages de ce livre.
Il n''y a jamais de hasard dans les rencontres quelles soient humaines, littéraires, artistiques, spirituelles, tout est lié.
Comme les cercles que dessinent les derviches, comme les boucles d'une écriture, la « spiralité » de nos destinées.
Rien n'est pré destiné à être mais pour autant tout est destiné à devenir.
Je refuse l'immobilisme de l'éternité et je crois à la perpétuité de l'Amour.
L'Amour perdure, quelque soit le temps, il est vivant, l'éternité quant à elle fait,... son temps.
Alors merci à vous de m'avoir confié l'histoire merveilleuse de cet Amour, celui d' Ella et d'Aziz, de Shams et de Rûmi.
Un de mes livres préférés de Duras est le roman le ravissement de Lol.v Stein. C'est là que j'ai rencontré Duras. Avec ce livre là. Les autres je les aime aussi, mais celui là est celui où elle parle de l'Amour. Même si cela peut paraître obscur je crois qu'elle a touché avec ce livre une spiritualité qu'elle même ne soupçonnait pas. C'est peut être le seul livre qu'elle a écrit sans être sous l'emprise de l'alcool.
Lacan, je crois que c'est lui, s'étonnait paraît il du fait que Duras ait pu survivre à ce livre. Elle seule aurait pu nous dire la puissance de ce qu'elle a pu, par ce livre, approcher. Il aurait peut être fallu qu'elle soit l'ami de Rûmi plutôt que l'élève de l'Amant. Qui peut le dire. Elle ne se serait pas détruire comme elle l'a fait.
Vous savez que j'ai rencontré Rembrandt ? Quand je dis ça généralement je vois les gens un peu dépités par l'évidence de ce que j'annonce. Mais c'est vrai j'ai rencontré Rembrandt dans son tableau «  Titus lisant ». Titus était son fils. Et ce qu'à fait Rembrandt avec la lumière est prodigieux. Il a sur le front et sur la main de Titus posé deux baisers. C'est prodigieux d'avoir faire un si bel usage de la lumière. C'est ça le secret de sa lumière. Pour moi peindre c'est ça. Je laisse la technique aux plus instruits que moi. Moi j'y vois l'Amour , et d'autres y voient de la maîtrise.
Je me demande si cela ne s'oppose pas.
Je crois que c'est l'Amour que je recherche dans l'Art. Ses traces, son souffle, sa présence.
C'est ça qui me pousse à aller à la rencontre de ce que je connais pas et qui pourtant semble nous rassembler. Nous ne sommes pas étrangers à l'Art. L'empreinte que nous y déposons est la preuve que l'Amour a toujours existé.
C'est un peu « l'empreinte à Crusoé » de Chamoiseau. Si vous n'avez pas déjà lu ce livre, laissez vous tenter. Mais je crois que « Vendredi ou les limbes du pacifique » de Tournier est encore plus concret. Je sais que parfois je fais des associations pas très évidentes, mais je crois qu'il y a toujours l'espoir d'une vérité.
Je vais terminer mon courrier, je crois . Je pourrai vous écrire des heures. Et vous auriez raison de dire que cela n'a que trop duré.
Excusez la longueur de mon écrit, elle est à la mesure de tout ce que j'aimerais pouvoir vous dire au sujet de ce livre. » ...

Il n'a pas de hasard dans aucune rencontre. Ce livre nous est à toutes et à tous : Destinée.
Astrid Shriqui Garain

Commenter  J’apprécie          215
Il se lit comme un roman initiatique, que pour ma part je ne suis pas parvenue à lâcher. Il nous fait voyager au coeur de la sagesse soufi. En même temps on suit l'histoire de cette héroïne Ella, 40 ans, en pleine crise existentielle de couple, de questionnement de vie et par une lecture on rentre dans la vie de Rumi au 13 e siècle célèbre poète et maître soufi, cette belle tradition de sagesse de l'Islam.
Personnellement, c'est le type de livre qui me nourrit pleinement, parce qu'il se lit facilement et conduit le lecteur dans une quête profonde,
je recommande vivement cette lecture.
Commenter  J’apprécie          212
Le titre ne me laissait augurer qu'une histoire d'amour….. Mais j'avais un challenge à respecter !!!! J'ouvre le livre et…. Je suis happée, prise par la main, impossible de lâcher le livre.

Deux histoires cohabitent dans ce livre.

Nous somme en 2008. Ella habite le Massachussetts, mariée, mère de 3 enfants, vie très pragmatique d'américaine bon ton, devient lectrice pour une maison d'édition. Elle reçoit son premier manuscrit : « Doux blasphème ». Là aussi, le titre me fait frémir… encore un roman à l'eau de rose ? Laissons tomber l'histoire de Ella qui est convenue et sert à introduire les quarante règles de Shams

« Doux blasphème » se déroule en 1242 en Turquie et, telle la danse lancinante des derviches, je suis entraînée et me laisse entraîner.
Kony, Turquie en l'an 1242. Rûmi, célèbre poète turc rencontre Shams de Tabriz, derviche soufi. Nait entre eux, une histoire d'amitié et d'amour si profonde qu'elle va bouleverser leurs vies.

Comme toute quête de l'absolue pureté, élévation, grand amour exclusif, Rûmi va s'isoler du monde sans se soucier du reste. Les dommages collatéraux seront très importants au sein de son entourage sans que cela engendre la moindre culpabilité des deux hommes.

Shams le derviche, rencontre toute une pléiade de personnages qu'il met en scène pour inviter Rûmi à passer les 5 portes tels Suleiman l'ivrogne, le zélote, Rose du désert la catin…..

Chaque partie a pour titre un des éléments : la terre (ce qui est solide, absorbé, immobile), l'eau (ce qui est fluide, changeant et imprévisible), le vent (ce qui bouge, évolue et nous défie) le feu (ce qui abîme, dévaste et détruit), pour arriver à la 5ème : le vide (ce qui est présent à travers son absence).

Shams et Rûmi ont mis 40 jours à discuter autour des 40 règles…. Tiens, cela me rappelle les 40 jours du déluge !!! Il est aussi question d'Abel et Caïn… A cette époque moyenâgeuse, beaucoup de religions cohabitaient. Rûmi, musulman, a épousé Kerra chrétienne, bien qu'Erudit et enseignant l'Islam….

Ce que démontre Shams est plus du domaine de la philosophie que de la religion. Mais voilà, il y a les hommes et leur interprétation de la ou plutôt des religions

J'ai bien aimé ce livre si facile et agréable à lire. J'ai comme une envie de découvrir plus avant la vie de ces 2 personnages. Comme je l'ai emprunté à la bibliothèque, je vais l'acheter pour l'avoir dans ma bibliothèque.

Quel plaisir lorsque Shams discute de la sourate concernant les femmes :

« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs de Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes, et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leur époux, avec la protection de Dieu. Quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de raison contre elles, car Allah est, certes, Haut et Grand !

Voici la traduction de Shams :
« Les hommes sont les soutiens des femmes car Dieu a donné à certains plus de moyens qu'à d'autres, et parce qu'ils dépensent leurs richesse ‘pour subvenir à leurs besoins). Les femmes qui sont vertueuses sont donc obéissantes à Dieu et préservent ce qui est caché, comme Dieu l'a préservé. Quant aux femmes que vous sentez rétives, perlez-leur gentiment, puis laissez-les seules au lit (sans les molester) et venez au lit avec elles (si elles le souhaitent). Si elles s'ouvrent à vous, ne cherchez pas d'excuse pour les blâmer, car Dieu est, certes, Haut et Grand »
Une parole à méditer par tous !

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          210
Un roman qui trouve comme prétexte l'histoire d'une " desperate housewife " américaine pour nous faire découvrir la rencontre de Rûmî et de Shams de Tabriz !
En effet, au XXI°siècle : Ella vit confortablement entourée de ses 3 enfants et d'un mari épisodiquement infidèle : elle va trouver un emploi dans une maison d'édition et va être obligée de chroniquer le livre " Blasphème" d'un auteur soufi qui dévoile au fils des chapitres l'histoire de ces 2 figures de l'Islam au XIII ° siècle.
Rûmî vit à Komya , il est un érudit respecté qui fait des prêches sur des textes de l'Islam traditionnel, il pressent qu'il doit faire évoluer ses connaissances vers plus de spiritualité. Un derviche errant Shams, parti de Samarcande vient le rejoindre et ils vont s'enfermer pendant 40 jours pour lire les 40 règles de Shams ! A noter que le chiffre 40 est important dans le Coran car c'est le chiffre de l'élévation spirituelle, et d'ailleurs, ce chiffre est aussi un symbole utilisé dans la Bible ! Ils vont vivre pendant 16 ans une grande amitié sans équivoque et le derviche va apprendre à Rûmî à se libérer de son égo, de ses certitudes, de ses préjugés mettant ainsi sa réputation et son confort personnel en abîme, il va le conduire sur la voie de l'amour des autres, de soi et de Dieu.
Le livre est composé de 5 parties : la terre, l'eau, le vent, le feu et le 5° élément : le vide, celui qui permet d'atteindre l'extase dans l'amour de Dieu ! En effet, le soufisme est la branche spirituelle de l'Islam et, il n'est qu'amour, tolérance, humanité, humilité, compassion et découverte des autres. Au cours de ces 16 ans Shams va rencontrer de nombreux personnages qui lui fourniront l'occasion d'appliquer ses règles. Il y a Rose du Désert, une ex prostituée, Suleiman l'ivrogne, le zélote et, dans la famille de Rûmî : sa femme Kerra chrétienne convertie à l'Islam, son jeune fils Aladin qui est jaloux de l'amour de son père pour le derviche, le sultan Walad : le fils aîné qui soutient son père dans son évolution et Kimya, sa fille adoptive qui veut épouser Shams.
Mais le derviche a des adversaires comme Bayars et autres qui le trouvent subversifs et lâche !
" dans ce monde d'illusions, tant de gens étaient prêts à se battre sans raison et, tant d'autres trouvaient de bonnes raisons de se battre ".
Elif Shafak nous présente l'histoire véritable de la grande amitié entre Rûmî et Shams et le parcours initiatique de celui qui va devenir le plus grand poète de l'Islam après le départ de celui qui l'a éveillé et conduit à la spiritualité sur la voie de l'amour !
Commenter  J’apprécie          191
La quatrième de couverture de Soufi, mon amour d'Elif Shafak (énorme succès en Turquie) insiste sur la vie d'Ella, américaine BCBG, en fait une "Desperate Housewife", qui va rencontrer l'amour fou à travers un soufi mystérieux et écrivain avec lequel elle correspond par courriels. Ceci n'est que la partie émergée de l'iceberg d'un roman qui se déroule principalement au 13ème siècle, entre Bagdad et Konya (ville sainte d'Anatolie). Une histoire d'amour, platonique et fusionnelle, entre un érudit et un derviche errant, le second convertissant le premier aux 40 règles du soufisme. Ce n'est pas un livre religieux, mais spirituel et mystique, oui, il l'est assurément. Qu'on se rassure, il est lisible par n'importe quel mécréant, pour peu qu'il se laisse prendre à la prose d'Elif Shafak, qui ondule comme une danse du ventre, et envoûte parfois comme une prestation de derviche tourneur. Soufi, mon amour se dévore comme un conte des mille et une nuits, enrichi par la multitude des personnages qui prennent la plume à tour de rôle et donnent leur version des faits : un ivrogne, un assassin, une prostituée, un saint, un poète etc. le livre est aux antipodes de Lait noir et bien loin de la bâtarde d'Istanbul. le talent de conteuse de la romancière turque, lui, est toujours intact.
Commenter  J’apprécie          180
Soufi mon amour , c'est l'histoire d' Ella Rubinstein , mère au foyer parfaite et donc de ce fait pas très épanouie individuellement, elle va trouver ( oh la chanceuse ) un travail de lectrice pour une maison d'édition et va lire ' Doux blasphème ' d'Aziz Zahara .
Aziz Zahara écrit un livre racontant la rencontre de Rumi et de Shams de Tabriz , rencontre qui va bouleverser leur vie .
Une belle découverte du soufisme , un regard différent , positif sur l'islam , l'écriture est fluide , j'ai hésité entre 3 ou 4 étoiles , en me décidant finalement pour 3 étoiles car l'histoire d'amour m'a semblé un peu trop idyllique.
Si j'avais pu noter sur 20 , ma note serait de 15 .
Commenter  J’apprécie          160
C'est une première pour moi, j'ai ralenti ma lecture de soufi mon amour non pas parce qu'elle m'était désagréable mais plutôt l'inverse, je voulais profiter de chaque ligne, de chaque enseignement. le livre de l'Amour vrai et un vrai plaisir de lecture. Une belle entrée en matière pour ceux qui s'intéressent au Soufisme. Lors de ma première lecture je m'étais concentrée sur le récit de Shams de Tabriz, ce rebel m'avait fasciné, Jésus aussi était un rebel en son temps, bizarrement je n'avais pas compris le rôle de d'Ella et d'Aziz, lors de ma deuxième lecture j'ai compris qu'Aziz était devenu sans le vouloir un guide spirituel pour Ella et lui a ouvert le coeur à l'amour avec un grand A et sans abuser de ce statut comme le font certains, celui que nous sommes sensés donner à chaque être humain, sans amour point de salut. Comme dit la Bible, à la fin de notre vie nous serons jugé sur l'amour, l'amour de notre prochain, des proches comme des étrangers. Un livre qui a pris une place considérable dans mon coeur et un livre que j'offre beaucoup, un vrai petit bijou.
Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (3930) Voir plus



Quiz Voir plus

Soufi, mon amour

Comment s'appelle la première femme de Rûmi?

Gevher
Gisha
Gozde
Kerra

10 questions
23 lecteurs ont répondu
Thème : Soufi, mon amour de Elif ShafakCréer un quiz sur ce livre

{* *}