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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Mon édition rassemble quatre tragédies du grand William prenant place dans l'Antiquité, toutes traduites par François-Victor Hugo, et dans leur ordre de conception.

Tout d'abord, donc, Titus Andronicus : Réputée comme sa pièce la plus violente, de façon la plus démesurée, jusqu'à ce que cela puisse même en devenir comique, elle a donné lieu à moult spéculations et interprétations. Certains ont longtemps refusé de l'attribuer au maître, tant elle se rapprochait plus de dramaturges comme Marlowe.

Mais il se trouve que la tragédie sanglante était un genre à part entière à l'époque élizabethaine, et, personnellement, je trouve qu'on y décèle certains ingrédients shakespeariens, comme le déguisement de Tamora et ses fils vers la fin. On a aussi mis l'extraordinaire étrangeté de la pièce sur le compte des débuts de Shakespeare, voire de sa propre intention de parodier la tragédie. Des commentateurs voient également dans la pièce des incohérences et des faiblesses d'écriture, et il est vrai que la temporalité est pour le moins loufoque et ne s'embarrasse pas de la moindre cohérence (accouchement soudain de Tamora alors que rien ne l'indiquait enceinte, etc.).

J'ai cependant apprécié la poésie de certaines répliques, toujours en lien avec la nature... À voir également à quel point la pièce a inspiré Victor Hugo, à la fois dans sa violence, et dans les images d'Andronicus se mettant en scène seul au milieu de la tempête (même si on songera bien sûr davantage à Prospéro). Mais la pièce ne se hisse absolument pas dans les sommets shakespeariens. Elle reste, à mes yeux, une curiosité dans son oeuvre. le rôle de Lavinia doit être particulièrement sympathique à interpréter...
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Ces quatre tragédies romaines de William Shakespeare sont assez étonnantes, la première notamment, une véritable pièce gore et sanglante. Titus Andronicus, c'est un peu "Massacre à la tronçonneuse" avant l'heure. On y viole, on y torture, on y mutile et on y tue comme on irait cueillir des pommes. L'hémoglobine coule à flot. Mais ce n'est pas cette avalanche d'atrocités qui m'a dérangé le plus (on a tendance, pour s'en protéger, à devenir insensible à l'horreur). Ce serait plutôt le message très sectaire qui se dégage de cette tragédie. Si je résume, il nous dit ceci: Ne laissez pas des individus étrangers, des barbares, prendre place dans la cité comme des égaux, car, inévitablement, cela se retournera contre elle, leur perfidie la perdra...
Heureusement que l'énergie émotive de la passion amoureuse qui se dégage d'Antoine et Cléopâtre et qui s'y déploie avec fulgurance, redonne foi en Shakespeare.
Enfin, la dernière tragédie, Coriolan, est sans doute celle que je préfère. le pouvoir démocratique y est remis en cause à travers la peinture d'un peuple girouette qui s'emporte, se dédit, se contredit et juge en fonction des yeux et non de la raison. Mais cette critique de la république romaine ne va pas jusqu'à célébrer l'inégalité aristocratique, car le personnage qui en porte les valeurs provoque à la fois la pitié, l'irritation, l'admiration et la révolte. du grand art, signé Shakespeare!
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Les oeuvres de Shakespeare sont unanimement reconnus comme des chefs d'oeuvres dans le répertoire mondial par leur richesse et leurs interprétations qui n'ont pas tari, et des pièces comme Roméo et Juliette, le Roi Lear, le Songe d'une nuit d'été, Othello, Macbeth, Hamlet où encore Richard III. Des pièces que tout le monde révère par leurs beautés et leurs profondeurs et qui malgré les détracteurs qu'elles ont pu trouver, ont toujours été considérées comme magnifiques, digne orfèvre du dramaturge élisabéthain. Mais pour Titus Andronicus, c'est une autre paire de manche si j'ose dire, une affaire toute autre peuchère. Cette pièce rédigée dans sa jeunesse suscite le dégout, l'écoeurement et le mépris à son encontre et fut longtemps considérée comme l'une des plus ignobles jamais écrites, rarement jouée sur la scène anglaise durant trois siècles avant d'être reconsidérée à sa juste valeur au XXeme siècle. Mais pourquoi donc a -t-elle provoquée tant de répugnance et d'effroi ? C'est ce que nous allons voir tout de suite.
Antiquité romaine, sous l'invasion des barbares. L''empereur romain vient de mourir, et on se dispute sa succession, qui est vite calmée par le retour du général notoire Titus Andronicus revenant de sa guerre contre les Goths d'où il a ramené un grand nombre de prisonnier, malgré lesquels la reine des Goth Tamora et ses fils Alarbus, Chiron et Demetrius. Pour remercier les exploits du général, on lui propose d'offrir la couronne impériale et l'un des fils du défunt auguste demande la main de sa fille Lavinia. Titus refuse l'une par humilité mais accorde volontiers le second souhait. Titus honore sa victoire en sacrifiant aux dieux Alarbus, ce qui déclenche la colère immense de Tamora qui compte se venger des romains. Elle va alors orchestrer un plan sordide avec ses fils et son amant Aaron un singulier maure bien sournois pour entraîner dans la déchéance la famille de Titus. Les conséquences en sont horribles : Lavinia est violée et mutilée par les deux fils et devient veuve en même temps, et les deux fils préférés de Titus seront accusés faussement d'un meurtre et exécutés pour cela. Titus et ses proches sont bannis de Rome et perdent tout prestige. Mais à son tour Titus compte se venger... l'engrenage machiavélique est en place alors et va s'huiler de bien de sang...
Déjà le synopsis est quelque peu terrible mais ce n'est rien comparé à ce qui se produit dans toute la pièce, et dont on peut comprendre vite pourquoi elle a été victime de rejet immédiat : toute l'intrigue baigne dans une violence épouvantable qui va jusqu'en une surenchère atroce. Les morts s'enchainent dans une sinistre hécatombe et les tortures sont légion. On assiste à des scènes abominables qui rend nauséeux l'âme la plus sensible qu'il soit : qu'on pense notamment à l'insoutenable passage qui suit après le viol où Lavinia où encore tout ce passage marqué . L'innocence est rarement respectée, presque systématiquement bafouée et les criminels profitent longuement de leur méfait avant de trouver la mort sous de laides façons. La sauvagerie a cours et plus aucune décence semble freiner les acteurs pas même le héros Titus qui verse aussi dans les noires infamies pour redorer son blason. Assurément la monstruosité est prégnante avec un Mal qui triomphe même dans la fin où presque tous ses acteurs y trépassent, ce qui explique pourquoi la pièce qui au temps de Shakespeare était très appréciée pour son coté gore (le siècle élisabéthain n'étant pas frileux sur les représentations sanglantes, entre les oeuvres de Christopher MarloweLa Tragédie Espagnole de Thomas Kyd qui regorgent de boucheries) a par la suite donnée autant de répulsion aux spectateurs et aux bonnes moeurs, ne comprenant pas que l'auteur de ces carnages soit le même poète des tragédies historiques et des romances théâtrales délicates. le style de Shakespeare est précieux, dans sa splendeur total même dans ses jeunes ans et use de métaphores et d'allitérations vibrantes pour aborder les sujets odieux, ce qui rend paradoxalement l'horreur des situations plus frappantes. Les tirades résonnent de vieilles références mythiques et historiques toutes tournant sur la férocité des hommes et l'injuste subi par les innocents, avec le mythe d'Atrée si bien choisie (Atrée qui tua les enfants de son frère Thyeste pour les faire manger en repas en guise de vengeance) où encore de Virginius contraint d'user les pires moyens pour sauver sa fille Virginia du déshonneur général et on se révère souvent sous le dieu Saturne, dieu des plus sombres s'il en est, le tout reprenant le stoïcisme de Sénéque dont les tragédies étaient bien chargées en hécatombes et autres scènes de désespoirs ce dont s'inspire Shakespeare fin connaisseur de la culture antique.
On peut être surpris que les personnages de cette morbide pièce ne soient pour la plupart guère vertueux, ne s'offusquant pas de commettre d'immondes actes pour leur dessein personnel : Tamora la reine des Goth vicieuse jusqu'au bout des ongles, Cersei avant l'heure qui manipule les hommes pour sa revanche, Chiron et Demetrius les deux gredins aux noms tristement ironiques (Chiron le sage centaure et Demetrius un philosophe avisé et réputé calme) doué d'un sadisme élevé, Saturnius le dupé qui est assoiffé de pouvoir... et Titus, ce même valeureux général voulant punir les coupables et qu'anime une juste conviction va dégénérer en froid meurtrier sans culpabilité ressentie. Ils sont bien rares les individus doté d'un coeur pur, et ils finissent souvent immolés sur l'autel de l'indignité : pauvre Lavinia, réduite à son rang d'objet qu'on abuse allégrement, nouvelle Philomèle mythique qui ne retrouvera plus la quiétude qu'elle voulait même aprés que la vengeance soit accomplie, simplet jouet aux mains des hommes. Etonnamment, le plus humain de toute cette clique est pourtant le plus immoral, Aaron l'amant noir de Tamora. Aaron l'être sans scrupule qui n'éprouve aucune compassion pour quiconque, aussi bien de ses victimes que de ses soutiens, se révèle extraordinairement touchant et émouvant . Et c'est à lui que se termine la pièce dans des derniers vers poignant, qui concluent avec joliesse la pièce. Shakespeare réutilisera le motif du maure romanesque dans Othello mais Aaron est déjà un coup de maître, pendant maléfique d'Othello et Iago en peau d'ébène mais qui surprend par des derniers gestes d'humanité inattendues de sa part qui redonnent une lumière dans ces ténèbres, faible cependant, prouvant la valeur mal connue de ce grand antagoniste du théâtre de Shakespeare qui mérite d'être plus nommé en terme de personnalité de méchant romanesque.
Titus Andronicus est bien une pièce de jeunesse cependant et on voit bien les défauts apparents que Shakespeare corrigera à bon escient dans des pièces tardivement : tout d'abord la temporalité quasiment illogique qui est présent dans l'oeuvre (pas historique j'entend, au théâtre élisabéthain ils n'en avaient pas l'intérêt de respecter L Histoire, adaptant les époques à la leur dans les fictions) avec des événements qui surviennent sans qu'ils aient été annoncés , la plupart des personnages il faut le dire sont peu construit et apparaissent comme stupides, quand on voit les imbécilités commises par les fils de l'empereur défunt où même Titus qui la première de la pièce est obnubilé par ses valeurs guerrières oubliant la situation et sa gravité en place et le coté grotesque qu'on peut ressentir devant la cascade d'horrifiques atrocités, qui semblent parfois granguignolesques. Et ce qui rajoute encore plus à sa détestation est que cette pièce se termine sans de réelle morale où du moins sous la pieuse mais insipide maxime des méchants qui chutent toujours dans leurs crimes quoi qu'ils en pensent mais qu'on ressort avec d'amertume et nausée devant cette accumulations d'épouvantes et de saletés humains qui pleuvent.
La pièce est pendant trois siècles quasi honnie par l'avis général : le poète et critique littéraire américain T.S Eliot prix Nobel de la paix en 1948 la traite comme "une des pièces les plus stupides que l'ont ait jamais écrites" dans ses essais au début du XXeme siècle. L'accumulation de brutalité et de forfaits repoussent les érudits et les amateurs du théâtre qui peinent à croire sur le bien-fondé de cet étalage d'excès inhumains sur les maux de l'homme et qu'il soit si prompt à faire du mal à autrui. On ne peut que guère être surpris que Titus Andronicus ait retrouvé ses lettres de noblesse au milieu du XXeme siècle, la Seconde Guerre Mondiale ayant douloureusement démontrée le Mal inhérent chez les hommes avec le génocide, les camps de concentrations, les débarquements, les viols massifs et les largages de bombes atomiques. Monté en scène dans la décennie de 1950, elle est adaptée en film en 1999 avec Anthony Hopkins jouant alors Hannibal Lecter et qui se retrouve dans le rôle-titre, consacrant à jamais la pièce singulière de Shakespeare dans la mémoire collective et prouvant la modernité de cette pièce qui raconte malgré ses faiblesses et l'aspect grotesque des scènes choquantes sur l'absurdité et le désespoir du Mal que provoquent et suscitent les hommes entre eux, un Mal qui semble résolu à ne jamais quitter l'humanité et que le siècle moderne semble avoir tristement prouvé. Titus Andronicus est la pièce la plus noire de Shakespeare, qui gêne, terrifie et rend nauséeux les âmes sensibles et ceux croyant au bien inhérent de l'homme mais doit être lu et vu en scène pour admirer la formation d'un dramaturge tragique qui pointe tout juste sur les turpitudes humaines, thème tout entier chez Shakespeare. Titus Andronicus ne peut que laisser indifférent ceux qui le découvrent mais ce pénible voyage dans les noirceurs de l'homme et du cycle de vengeance est salutaire et méritant pour apprécier la poésie toute jeune d'un futur auteur génial et la part importante des désirs et vengeances qu'éprouve l'homme de toutes les époques.
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Titus Andronicus est une pièce à lire/voir car elle donne une bonne idée de ce qu'était le théâtre élisabéthain et plus particulièrement la tragédie de la vengeance, où la violence était omniprésente et le sang coulait à flots.
Cette pièce brise les clichés sur Shakespeare et permet d'avoir une image plus nuancée et fidèle de son oeuvre.
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