La littérature traduite du bengali réserve de très belles surprises. Ce recueil contient un court roman et deux nouvelles dont " le Salon de musique" que
Satyajit Ray a adapté au cinéma : Bishambhar Ray est le dernier d'une grande famille de "Zamindârs", de grands propriétaires terriens aux comportements princiers; malgré les dettes qui s'accumulent, il n'en continue pas moins d'accueillir des danseuses et des musiciens, dans le salon de musique de sa demeure que bordent les eaux du Gange. Dans son court roman, "Râi Kamal",
Tara Shankar Banerji restitue, avec beaucoup de truculence et de sensualité, la vie rurale du Bengale. Les personnages qu'il choisit d'y mettre en scène appartiennent à la communauté des Vaishnaves, des adorateurs de Krishna (incarnation de Vishnou) que les poètes ont maintes fois célébré en une geste devenue populaire. le culte de Krishna est associé à celui de Râdhâ, une jeune bouvière devenue son amante. Les Vaishnaves vivent en marge de la société des castes, dans de petits ermitages où ils se retrouvent pour chanter et fumer du chanvre, à moins qu'ils ne préfèrent mener une vie errante faite de dévotions et d'aumônes. le personnage de l'autre nouvelle, "La femme et le Serpent", un boiteux dont le visage a été rongé par la maladie et qui sort des briques d'un four, en rappelle un autre, celui qui dans "tonnerres lointains" de
Satyajit Ray a eu le visage brûlé et qui rôde dans la forêt près d'une usine à briques. le boiteux de la nouvelle tombe sur un serpent femelle qu'il capture et emmène dans sa maison...