Le prieuré de l'Oranger (The priory of the orange tree) de
Samantha Shannon a été publié en anglais en Février 2019, et été plutôt bien reçu: Il n'y a qu'à voir le 9,8/10 sur fantasybookreview, ou même le 4,18/5 sur goodreads.
De même en France, 7,5/10 sur Elbakin, ou 4,13/5 sur Babelio au moment ou j'écris ce texte.
Carrément comparé par certains à
Tolkien,
Robin Hobb et George R. R. Martin, ou encore présenté comme le meilleur roman fantasy de l'année 2019.
Le roman a bénéficié lors de sa traduction d'une formidable promotion par la petite maison d'édition de Saxus.
Les chapitres sont découpés en Est, Ouest ou Sud selon la région concernée. En effet, nous allons suivre plusieurs protagonistes à différents endroits du monde proposé par
Samantha Shannon.
A l'Est nous suivrons Tané, jeune apprentie dragonnière, mais aussi Niclays, vieil Alchimiste exilé.
A l'Ouest, nous suivrons surtout la Reine Sabran, et Ead Duryan, servante (mais pas seulement...) , ainsi que d'autres personnages importants de la cour du royaume d'Inys.
Nous irons parfois au Sud du côté du fameux « Prieuré de l'Oranger » qui donne son nom à l'Ouvrage, ou encore voguer sur des Navires pirates.
Le pitch est tout ce qu'il y a de plus classique en Fantasy: un ennemi maléfique (en l'Occurence un dragon) a été contraint il y a un millier d'année par le courage de Femmes exceptionnelles de l'Ancien Monde , mais menace de refaire surface…
Un univers médiéval fantasy, avec de la magie, des dragons, des intrigues royales, des expéditions, un ennemi maléfique commun…oui nous sommes en terrain connu.
Pourtant, le roman m'a personnellement beaucoup déçu. Et je crois que cela tient au véritable public de l'ouvrage: un public adolescent/jeune adulte, en particulier féminin.
En effet, ici les personnages « forts » sont surtout féminins, ce qui est très bien, et jeunes (20-28 ans); parfait pour jouer sur les tableaux Young Adult et Adultes en même temps.
La promesse de ce roman pour moi, c'était celle du « One shot », avec un roman dense et fouillé. D'ailleurs sur ce point on peut féliciter l'éditeur Français de Saxus qui a osé ne pas le découper…
Une autre promesse évidente pour beaucoup, c'est celle des dragons.
Et bien, en fait deux raisons d'être déçu.
Le « One shot » est difficile, surtout quand on veux explorer un univers riche, et ici on souffre d'un manque total d'équilibre entre Est et Ouest. Si comme moi, la partie que vous préférez est l'Est avec Tané et les Dragons, et bien dommage, car c'est clairement l'Ouest et les intrigues à la Cour de la reine qui occupent le plus de papier…
D'ailleurs, comme certains l'ont fait remarquer, les dragons interviendront très peu sur ces 1000 pages.
Certaines intrigues sont clairement sous-développées, devenant malheureusement inutiles.
L'écriture, loin d'être brillante ou soignée, est tout de même agréable, mais les rebondissements multiples déroulés au fur et à mesure, sont très classiques, manquant d'originalité et donc totalement prévisibles.
Les passages épiques du roman pêchent beaucoup par leur manque d'intensité, en particulier, malheureusement, la fin du roman…
Enfin , le thème du Féminisme , omniprésent, et qui pourrait être réellement intéressant, n'est finalement pas très finement présenté.
En somme , si l'on cherche un roman Fantasy one shot sans prétention, explorant des personnages féminins, pour un public plutôt jeune probablement, ce roman peut tout à fait convenir.
Si vous êtes plutôt friand d'une Fantasy plus adulte, à l'écriture soignée et aux intrigues travaillées, ce n'est pas pour vous.