Oiseau des tempêtes, rêveur des tempêtes par J.G Ballard
A l'aube, les corps des grands oiseaux luisaient dans la lumière brumeuse du maraIs, leur plumage gris flottant sur les eaux tranquilles comme des nuages affalés. Chaque matin, lorsque Crispin sortait sur le pont de la vedette, il pouvait voir les oiseaux gisant dans les criques où ils étaient morts deux mois plus tôt, leurs plaies maintenant nettoyées par le faible courant, et il regardait la femme aux cheveux blancs qui habitait la maison vide, au bas de la falaise, tandis qu'elle longeait la rivière. Sur toute la longueur de la plage étroite, les énormes oiseaux, plus grands que des condors, étaient étendus à ses pieds. Et pendant que Crispin la suivait des yeux depuis la passerelle de la vedette, elle avançait parmi les cadavres, se baissant de temps en temps pour arracher une plume d'une aile déployée. Quand elle avait terminé sa promenade, elle retournait jusqu'à la maison vide en traversant le pré humide, les bras chargés de longues pennes blanches.