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EAN : 9782490700035
480 pages
Projets Sillex (22/03/2020)
3.91/5   79 notes
Résumé :
Gésill ne dort plus depuis qu’il est mort.
Assassiné puis ramené à la vie par les Funestrelles, des brigands sans scrupules qui voudraient le voir reprendre son trône, l’ancien roi Gésill n’a plus goût à rien.
Son sang vert, autrefois seule source de végétation de la Rocaille, s’est tari. Il pourrit. Seul un représentant des Magistres, ces êtres mythiques exterminés par les ancêtres de Gésill, pourrait y remédier.
Aussi, lorsque les Funestrell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 79 notes
Ouvrage offert grâce à Amanda lors d'un concours, il me tardait de découvrir « Rocaille » en lecture commune avec celle grâce à qui je l'avais acquis ! le synopsis éveillait notre curiosité et nous trouvions la démarche du Projet Sillex très intéressante (il s'agit d'une maison d'édition et une plate-forme de financement participatif dédiées aux littératures de l'imaginaire qui passe par un circuit court, rémunérant à hauteur de 30% du montant du livre !). Or, nous avions vu passer de très bons avis sur la toile, ce qui nous a donné encore plus envie de plonger sur les terres maudites et arides de la Rocaille. Finalement, nous sommes ressorties satisfaites, mais relativement partagées par l'intrigue. Contrairement à beaucoup de lecteurs pour qui ce fut un coup de coeur, nous avons surtout jugé la mise en place longue, le rythme trop calme et avons ressenti quelques incohérences (ex : actions du Roi avec son frère)…

L'intrigue tourne autour d'un complot politique à la Cour : le Roi Gésill a été assassiné. Ayant assisté à la scène, son frère Nastrell est devenu fou et s'est vu contraint de vivre dans une cellule en attendant de, peut-être, retrouver ses esprits un jour. Désirant faire revenir son aîné sur le trône, la princesse Sénielle a mandaté les Funestrelles, un groupe de mercenaires criminels, de ressusciter le seigneur et de retrouver le dernier magistre/mage sur terre. J'ai beaucoup aimé le fait que Pauline Sidre revisite le mythe du zombie. En effet, Gésill va revenir d'entre les morts et va disposer d'une certaine quantité de vies. Malheureusement pour lui, son existence est difficile : il n'a goût à rien, ne ressent ni douleur ni sommeil, pue la charogne et garde systématiquement les séquelles de ses morts. Ce Roi putréfié m'a intéressée, car je me demandais quel serait son futur, notamment face à ses sujets. Verraient-ils la supercherie ? Comment réagiraient-ils ? Et, surtout, que ferait le meurtrier face à son ancienne victime plus ou moins vivante ? Gésill est un protagoniste auquel on ne s'attache pas vraiment, mais que l'on prend plaisir à suivre. Il en va de même pour le fameux dernier magistre, Véclan, un adolescent ayant un passé bien compliqué en raison de son don divin… Il fut très plaisant de découvrir tout le passé du jeune homme ainsi que son apprentissage. Son tempérament est complexe et bien construit.

La place des Femmes est particulière et m'a malheureusement laissée dubitative. Pourtant, la princesse Sénielle m'a rapidement fait forte impression : elle a rapidement fait preuve d'un fort caractère, montrant qu'elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et qu'elle n'est pas qu'un ventre servant à assurer le futur héritier. Hélas, si elle était très présente au début du roman, elle a vite disparu, jusqu'à apparaître vers les cent dernières pages… Pour ensuite se faire vite oublier ! C'est dommage, car j'avais l'impression que c'était une femme avec du potentiel ! La belle et impétueuse Iliane m'a également donné cette sensation. En effet, au départ, elle est présentée comme une sous-cheffe puissante, rusée, courageuse, mystérieuse, parfois mauvaise et très badass. Hélas, elle a rapidement changé de personnalité, devenant alors une femme amoureuse, passive, craintive et assouvie. Dans les bras de son amant, elle devenait la fille romantique se laissant guider par ses émotions et oubliant tout le reste. Puis, face à son véritable promis, elle n'était plus l'ombre d'elle-même. J'ai été sacrément déçue par son évolution au fil des chapitres. du côté des regrets, on notera aussi quelques personnages masculins à potentiel, mais disparaissant trop rapidement à mon goût (ex : Bathesme, Asdène)… Finalement, le seul individu auquel je me suis attachée fut Fauchon, le simplet de la famille des Funestrelles. C'est un garçon sensible, attentif, puissant et loyal.

Comme dit précédemment, le rythme est ce qui m'a fait le plus défaut dans ce roman Fantasy. L'univers était pourtant original avec son idée de sang vert (magie royale permettant de faire pousser des vivres pour la Cour ou la populace). On distinguait également des spectres, ce qui laissait à penser qu'un bestiaire pouvait potentiellement fleurir au fil des pages. Hélas, cette aventure s'est révélée trop calme à mes yeux, me faisant presque oublier toute la construction autour de la magie ! Dommage, car la plume de l'auteure est agréable, travaillée et fluide ! Certes, le plan des Funestrelles évoluait progressivement toutefois, il me manquait des rebondissements, des révélations ou de la tension. Ces derniers sont finalement arrivés dans les cent dernières pages, ce qui est plutôt regrettable. Il aurait fallu plus d'action ou creuser d'autres relations que celles de Sénielle. J'attendais, par exemple, un peu plus de Gésill – Véclan, notamment au départ/vers le milieu du livre…

À y réfléchir, je crois qu'après avoir lu des chroniques enthousiastes et unanimes annonçant de nombreux coups de coeur, je m'attendais à plus de surprises tout au long du récit. En outre, je pensais que certaines idées ou protagonistes seraient davantage approfondis. Inconsciemment, j'ai mis la barre trop haut car, malgré mes regrets, cela reste un bon premier roman. L'auteure a vraiment du potentiel ! Je guetterai ses prochains écrits avec curiosité et, cette fois, j'essayerai de ne pas lire trop de ressentis sur la toile, afin de ne pas être influencée.
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Rocaille était le roman des cinq sélectionnés du PLIB 2021 qui me tentait le moins malgré une très belle, quoique plutôt effrayante couverture. Si j'ai adoré les premières pages et la plume des plus évocatrices de l'autrice, j'ai fini par ressentir un certain ennui en cours de lecture. La faute principalement à un rythme inégal et à des personnages qui, à l'exception de l'un d'entre eux, m'ont semblé manquer de profondeur, voire parfois de cohérence. J'ai ainsi eu le sentiment de ne pas avoir les informations nécessaires pour m'attacher à eux et comprendre leurs réactions, ce qu'ils ressentent et traversent…

Cela ne m'a néanmoins pas dérangée pour Gésill, un roi ramené d'entre les morts pour reprendre son trône et trouver l'identité de son assassin. On ne peut, en effet, guère attendre d'un homme en décomposition, qui perd ses sens à mesure que l'on tourne les pages, et dont la mémoire est défaillante, d'être cohérent du début à la fin. Certaines de ses réactions sont plutôt déstabilisantes, mais elles ont le mérité de nous prouver que sous sa carcasse qui pue la mort, reste un brin d'humanité. Notre zombie ou mort-vivant, qui n'a plus besoin de dormir ni de se sustenter, reste d'ailleurs capable de ressentir cette violence des sentiments, qui conduit certaines personnes à avoir des réactions disproportionnées et irrationnelles. J'ai toutefois regretté qu'il reste assez en retrait de l'action. Car même s'il a des élans propres à un souverain, même déchu, il est bien souvent traité comme un pantin par les mercenaires qui l'ont ressuscité en échange d'une petite fortune et de la promesse de privilèges.

La plongée dans l'antre de ce repère de brigands et de mercenaires complètement dégénérés fut une expérience intéressante, bien que parfois éprouvante. Si on ne s'appesantit pas dessus, et que seul un personnage semble s'en émouvoir, et encore parce que ça contrarie ses histoires de coeur, attendez-vous d'ailleurs à de l'inceste et à une culture du viol conjugal banalisé. Parmi nos brigands, un homme se révèle néanmoins attachant, bien que son rôle reste minime : un être simple et un peu lent maltraité par les siens, mais doté d'une grande gentillesse et d'une touchante naïveté et spontanéité. Seule sa soeur, Iliane, veille sur lui et tente de le protéger, autant qu'il est possible de le faire dans un monde où la loi du plus fort domine.

Avec Iliane, l'autrice nous propose au départ un personnage fort, une sorte de criminelle badass avec du répondant, qui sait se faire respecter et qui n'hésite pas à sortir le couteau pour se faire comprendre. Malheureusement, au fil du roman, tout ce qui faisait le charme du personnage est abandonné au profit de ses sentiments pour l'un des personnages. Je n'ai pas compris cette évolution peu subtile, avec à la clé des passages qui m'ont fait lever les yeux au ciel, et des scènes décalées par rapport à l'intrigue et à sa dureté. Toutefois, Iliane, de par ce qu'elle vit au sein de son propre groupe, permet d'évoquer les relations toxiques et la difficulté pour les victimes de s'en sortir.

Le développement de la soeur et du frère du roi m'a également laissée sur ma faim, me donnant le sentiment que le roman aurait gagné à être étoffé pour laisser de la place à chacun. C'est assez frustrant de voir à quel point des personnages avec du potentiel sont laissés sur le côté, même si je comprends bien que l'autrice ait dû opérer des choix. Un personnage m'a heureusement semblé bien plus convaincant dans sa construction, son développement et sa complexité : Luèlde. Ce caméléon humain qui a eu autant de prénoms que de vies est supposé être le dernier magistre vivant, un sorcier aux pouvoirs immenses et particulièrement puissants. Des pouvoirs dont il ne connaît pas vraiment l'étendue, et qui ont été pour lui, jusqu'à présent, une source constante de rejet, de convoitise, de violence… Ainsi, on le déteste pour ce qu'il est, mais on l'exploite pour ce qu'il peut faire ! C'est toutefois grâce à sa nature si particulière, dont il doute constamment à la plus grande irritation des lecteurs, ou du moins de la mienne, qu'il croisera la route de notre roi.

Un roi en décomposition puant la charogne associé à un sorcier qui refuse de croire en ses capacités qu'il ne maitrise pas au demeurant, soutenus par une bande de criminels et de coupe-gorge en campagne pour le trône… Que peut-il bien arriver de fâcheux ? Pour le découvrir, il vous faudra lire ce roman, mais je peux néanmoins vous dire que vous pouvez vous attendre à des complots, du sang et à un voyage sur les traces des magistres décimés par un roi qui, en voulant nourrir son peuple, a fini par l'affamer. Pour ma part, j'ai apprécié de découvrir toute la mythologie autour des magistres, leur organisation, leurs pouvoirs, mais également leur terrible chute. Des découvertes qui ne seront pas sans conséquence sur Luèlde et son avenir, le jeune magistre ne pouvant ignorer l'horreur vécue par ses ancêtres ! La présence de fantômes, la manière dont on est parfois plongés dans les souvenirs de personnages décédés, et les voyages entre le monde des vivants et des morts apportent, en outre, un plus indéniable à l'intrigue, et offrent une sorte de parenthèse dans laquelle tout semble pouvoir vaciller…

Mais ce qui fait toute l'originalité et la force de ce roman est son univers stérile, soumis aux caprices d'un climat épouvantable et changeant, faisant porter sur la lignée des Rois verts, seule capable de faire pousser plantes, légumes et fruits, une lourde tâche : nourrir le peuple. Mais trois individus, deux maintenant que le roi Grésill a perdu son pouvoir de floraison, semblent bien insuffisants pour pallier une nature quasi inexistante… J'ai apprécié cette idée d'individus possédant, de par les exactions de leur illustre ancêtre, un lien aussi étroit avec la nature, même si j'aurais peut-être apprécié que ce côté soit un peu plus développé. À l'inverse, l‘autrice fait preuve d'une maîtrise absolue de l'atmosphère rude, aride et brutale de son roman, nous faisant ressentir jusque dans nos os les variations du climat, et ce sentiment de désolation omniprésent. Seul Luèlde arrivera à détecter le potentiel derrière la Rocaille et à se concentrer sur ce qu'il y a et pourrait y avoir, plutôt que sur ce qui fait cruellement défaut…

En conclusion, roman de fantasy à l'univers original et particulièrement soigné, Rocaille fut néanmoins pour moi une lecture en demi-teinte, bien que je lui reconnaisse des qualités indéniables. Ainsi, si les personnages m'ont semblé manquer de profondeur, à l'exception d'un sorcier dont on prend plaisir à découvrir les capacités, et que l'intrigue n'a pas su me captiver sur la longueur, je ne peux nier avoir été saisie par la plume de l'autrice. Une plume fluide, imagée et immersive qui vous plonge avec brutalité et sans concession au coeur d'une aventure mouvementée, dont il est bien difficile de deviner tous les tenants et aboutissants avant d'en avoir tourné la dernière page.

Je remercie les éditions Projets Sillex d'avoir mis l'ebook du roman à disposition des membres du jury.
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Rocaille est un roman de fantasy faisant partie des cinq finalistes du PLIB 2021. Après avoir vu de nombreuses chroniques élogieuses à son sujet, je voulais évidemment me faire mon propre avis.

De prime abord, j'ai été séduite par l'univers dépeint par Pauline Sidre. La population doit survivre au sein d'un décor hostile où la végétation ne pousse pas, rendant la possibilité de cultiver la terre ou d'élever des bêtes pratiquement impossible. Pour parfaire ce joli tableau, la météo se montre absolument idéale ! Pas de soleil à l'horizon, seulement une alternance, jour après jour, des temps les plus catastrophiques selon un schéma précis. Avec une ambiance aussi sombre, j'étais sincèrement enthousiaste quant à la suite de ma lecture.

De plus, la plume de Pauline Sidre est vraiment très belle et sert à merveille son imagination débordante. Les passages que j'ai préféré sont ceux où l'on assiste à l'utilisation de la magie, touche de couleur dans ce paysage si terne.

Par ailleurs, j'ai trouvé le choix des personnages mis en avant très audacieux. Nous suivons Gésill, un roi vert assassiné puis ressuscité. Sa mort l'a privé de sa magie, mais aussi de la plupart de ses émotions ou de ce qui faisait de lui un humain. Pour l'accompagner, nous suivons les Funestrelles, une bande de brigands avec à sa tête Ardan, un chef tyrannique. Ce dernier se montre un peu plus tard, nous suivons donc principalement Bathesme, Iliane et Fauchon qui gèrent le camp en l'absence d'Ardan. Enfin, Luèlde, un jeune homme au passé tumultueux, dernier représentant d'un peuple disparu, vient s'ajouter à cette équipe atypique.

Au départ, la mise en place des différentes intrigues et la présentation des protagonistes titillaient grandement ma curiosité. J'avais envie de savoir qui était vraiment Luèlde, ce qu'il avait vécu. Je voulais trouver l'assassin de Gésill et comprendre les raisons de son meurtre. Je me demandais s'il allait récupérer son trône etc.

Malheureusement, mon envie d'obtenir les différentes réponses à mes questions s'est étiolée petit à petit, tout simplement car je n'arrivais pas à m'attacher aux personnages. de par son statut si particulier, ma surprise autour de Gésill a laissé place à une certaine indifférence. de plus, je n'ai pas aimé son évolution globale, ni son caractère du temps de son vivant. Je l'ai trouvé plutôt égoïste et je n'ai vraiment pas apprécié le contrôle qu'il exerçait sur Luèlde. Concernant Bathesme ou d'Ardan, je pense que les explications ne sont pas nécessaires pour les définir comme abjects, surtout le second. Iliane est beaucoup plus difficile à cerner selon moi. Rusée et espiègle, j'ai aimé l'amour qu'elle porte à son petit frère Fauchon et son envie de le protéger. En quelques lignes, elle est capable de surprendre le lecteur, de l'agacer puis d'attirer sa sympathie. Enfin, même si Luèlde possède un bon fond, je n'ai pas réussi à ressentir d'émotions fortes vis à vis de son sort bien que son passé m'ait émue à plusieurs reprises. Fauchon et Natrell, le frère de Gésill, sont les deux seuls personnages dont l'avenir m'intéressait réellement, mais ils n'occupent qu'une place secondaire.

Malgré ceci, j'ai souhaité aller au bout de ma lecture. Je dois avouer qu'à partir du moment où Ardan est revenu chez lui, l'histoire a connu un second souffle et pris une tournure très appréciable. le rythme s'est accéléré, la tension est montée. Ardan réveille de nouvelles émotions chez Gésill, trouble les relations entre les différents protagonistes etc. Cette partie a relancé mon plaisir de lecture et j'ai pu terminer ce roman d'une seule traite. En refermant ce livre, j'étais assez triste de ne pas l'avoir autant apprécié que prévu. La fin va de surprise en surprise et connait plusieurs rebondissements. L'autrice joue avec notre coeur et nous fait douter de tout à chaque instant. Je me posais tellement de questions, je suis passée par plusieurs émotions. J'avais alors retrouvé cette frénésie que j'aime tant quand je lis et qui m'empêche de lâcher un bouquin.

En bref, même si j'ai beaucoup aimé le début et adoré la fin de ce récit, je n'ai pas totalement apprécié ma lecture. J'aurais aimé m'attacher davantage aux personnages. Toutefois, certains éléments m'ont suffisamment conquise pour j'ai envie de continuer à suivre Pauline Sidre dans ses aventures.
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Rocaille, de Pauline Sidre, est un roman en un seul volume de fantasy, je dirais même de dark fantasy, publié grâce à Projets Sillex, une maison d'édition et une plate-forme de financement participatif dédiées aux littératures de l'imaginaire qui permet une rémunération plus équitable des auteurs (pour plus d'infos, rendez-vous sur projets-sillex.com). Si ce roman s'est retrouvé dans ma liste, c'est parce qu'il fait partie de la sélection du PLIB 2021. Mais c'est surtout sa couverture, magnifique, qui m'a grandement attirée, et le résumé a fini de me convaincre de me lancer dans cette lecture.

Un roi mort ressuscité, de la magie, des bandits, un trône à récupérer, des intrigues de cour... Je me suis dit que ça allait être un récit vraiment prenant. Et bien j'ai été plutôt déçue. L'intrigue est intéressante, mais c'est la manière dont tout cela a été traité qui m'a déplu.

J'ai beaucoup aimé l'univers dans lequel se déroule l'histoire. La Rocaille est un pays dont la terre est maudite : aucune verdure ne parvient à y pousser, les arbres naissent déjà morts, il est impossible d'y cultiver quoique ce soit. Les habitants se nourrissent de la sève des arbres ou des rares racines qu'ils parviennent à trouver.
Les seuls fruits et légumes qu'ils peuvent obtenir viennent du château, où vit cloîtrée la famille royale dont les membres possèdent une sorte de "magie verte" qui leur permet de produire toutes sortes de plantes. Ce pouvoir est à la fois une bénédiction et une malédiction, car cela les empêche de sortir de l'enceinte du château, et nous en découvrons la véritable raison vers la fin du récit.

Gésill est un roi vert, nom donné aux souverains possédant cette magie fertile, que possèdent également son frère et sa soeur. Avant sa mort, Gésill ne portait aucun intérêt à la politique, qu'il laissait volontiers à ses conseillers, se contentant d'être là, sans véritablement régner, tel le roi fainéant dont il a la réputation. Sa mort va changer sa manière de voir les choses, notamment parce qu'il va découvrir, une fois ressuscité, comment est réellement la vie à l'extérieur : à quel point la terre est désolée et à quel point les habitants ont faim car la quantité de végétaux que sa famille fournit est insuffisante pour nourrir tout le monde. J'ai bien aimé cet aspect-là de son périple, ainsi que de le voir découvrir les différences entre ce qu'on lui a enseigné et comment cela se passe dans la vraie vie. Par exemple, l'escrime de cours est quasiment inutile dans un vrai combat, bien plus brutal et désordonné, sans véritable règle. Toutes ces constatations qu'il va faire au fil de son aventure vont ainsi le conduire à prendre de nouvelles résolutions.
Le sort utilisé par les bandits pour le ramener d'entre les morts lui octroie plusieurs vies, nous aurons donc l'occasion de le voir mourir à plusieurs reprises au cours de ses aventures. Malheureusement cette résurrection ne va pas sans complications : la mémoire de Gésill est défaillante, aussi est-il incapable de dire qui l'a assassiné, il ne possède plus le pouvoir de sa lignée et, le pire de tous ses problèmes, il pourrit. En fait, Gésill n'est plus qu'un mort qui marche et parle, incapable de ressentir quoique soit, qu'il s'agisse de sensations physiques ou d'émotions. Dans un sens, c'est intéressant de créer un tel anti-héros, mais le problème est que, du coup, j'ai vraiment eu du mal à m'attacher à ce personnage, que j'ai trouvé particulièrement mou, au caractère fort peu prononcé et beaucoup trop passif. Aussi n'ai-je pas du tout compris son soudain changement de comportement : à partir d'un certain moment de l'histoire, Gésill se met à devenir très possessif vis-à-vis du Magistre et jaloux envers quiconque s'approche de lui, au point d'en devenir particulièrement violent. Je ne dis pas qu'il n'y a aucune logique à cela, mais c'est la manière, totalement abrupte, dont ce comportement survient (puis disparaît) qui manque cruellement de crédibilité. Et ce d'autant plus que la relation entre Gésill et le Magistre est très peu développée.

Luelde a été détesté par sa famille dès sa naissance à cause de ce que sa peau constamment lumineuse signifiait : il est un Magistre. Les Magistres sont des personnes pourvues de dons qui leur permirent autrefois de rendre fertile une partie de la terre, où ils s'installèrent, régnant ainsi sur la Rocaille. Aujourd'hui les Magistres ont disparu, exterminés par le premier membre de la famille royale à laquelle appartient Gésill, dans le but de partager la "magie verte" avec le peuple, les Magistres étant accusés de garder les bénéfices de leurs dons pour eux seuls.
Luelde est donc le descendant de ce peuple. Détesté par certains, convoité par d'autres, sa vie a été une succession d'expériences diverses, parfois esclave, parfois homme-libre, souvent exploité, parfois respecté. Son don, qu'il a dû apprendre à maîtriser seul, est ainsi pour lui une malédiction, surtout qu'il ne peut cacher son identité à cause de sa peau, source de lumière à elle seule. C'est persuadé qu'il n'est qu'un piètre Magistre (si tant est qu'il en soit vraiment un), qu'il fait la rencontre de Gésill. Doutant de pouvoir l'aider, il n'aura cependant pas le choix car forcé d'obéir aux Funestrelles qui l'ont capturé. Ce périple ne lui sera cependant pas inutile, car cela lui permettra de découvrir des choses importantes sur ses ancêtres et sur sa magie.
Luelde est un personnage intéressant, de par son vécu et ses doutes quant à son utilité. Mais là encore, il y a quelques contradictions : d'un côté, il refuse d'être de nouveau soumis, d'un autre il se laisse aisément porter, un peu comme Gésill, parfois tout aussi passif. J'ai bien aimé les chapitres flash-back où l'on découvre la vie passée du jeune Magistre, ses différentes rencontres, ainsi que ceux qui permettent de comprendre ce qu'il s'est réellement passé autrefois, du temps où les Magistres régnaient sur la Rocaille et où ils se firent exterminer.
[...]

En bref...
Rocaille est un one-shot de fantasy qui semblait prometteur mais se révèle finalement très moyen. L'histoire est certes fort intéressante, tout comme l'univers dans lequel elle se déroule, mais, malgré tous les rebondissements, les révélations, les intrigues (politiques et autres), la manière dont cela a été traité n'est pas à la hauteur des idées mises en place. Tout est trop peu développé, que ce soient les relations entre les personnages ou les aventures qu'ils vivent, certains comportements ou événements manquent parfois de cohérence, donc de crédibilité. Et le style trop peu marqué, un peu plat bien qu'assez fluide, de l'autrice n'aide pas à faire passer ces défauts. Cela reste quand même une histoire qui se lit plutôt facilement.
Mais c'est vraiment dommage, car les idées étaient vraiment bonnes, j'ai trouvé beaucoup d'éléments intéressants, et j'ai aimé la fin bien qu'un peu trop vite expédiée à mon goût. Malheureusement, si la manière de raconter n'est pas la bonne, ça ne passe pas. Enfin, s'agissant là de son premier roman, l'autrice peut toujours s'améliorer. Je la garde donc à l'oeil.
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--- Il m'arrive d'être chanceuse… ---

L'an dernier, j'ai participé à un concours organisé par les Projets Sillex, une maison d'édition qui revisite le circuit traditionnel afin d'offrir aux auteurs une juste rémunération. Je vous invite à consulter leur site si vous souhaitez obtenir davantage d'informations à ce sujet.

Comme vous pouvez le deviner, j'ai remporté ce concours. Toutefois, en plus de m'envoyer un exemplaire de Rocaille, les Projets Sillex l'ont également offert à ma binôme de toujours, Saiwhisper. C'est donc tout naturellement que nous avons réalisé une lecture commune.

Dans l'ensemble, nos avis se rejoignent (retrouvez celui de Saiwhisper ici), mais vont à contre-courant des chroniques élogieuses que nous avons pu lire sur la toile. Pour nous, il s'agit d'un premier roman prometteur, mais qui n'est pas exempt de défauts…

--- La pourriture comme malédiction ---

Imaginez un monde dans lequel les sols ne produisent plus aucun fruit. Un monde dans lequel les membres de la famille royale sont seuls détenteurs du pouvoir d'offrir la vie à la terre. Dans leur entourage, les nobles profitent de maints privilèges. Mais la population, elle, meurt presque de faim… Voilà donc l'univers développé par Pauline Sidre dans ce roman et je salue sans retenue son originalité sur ce point.

Je n'avais donc qu'une seule hâte en débutant Rocaille : découvrir les secrets de cette magie inédite, comprendre les conséquences d'un tel pouvoir réservé à l'élite et, surtout, voir le héros mettre un terme à ces inégalités !

Toutefois, bien que ces éléments soient présents, ils ne sont pas suffisamment exploités par l'auteure selon moi. En effet, celle-ci a préféré se concentrer sur les aventures de Gésill qui, il faut bien l'admettre, avait tout pour me plaire…

--- Un roi mort en guise de héros ---

Ce n'est pas banal, d'autant plus que Gésill continue de dépérir. Mais alors qu'il tente d'appréhender les répercussions de cette non-vie, il ressent pour la première fois l'envie de régner avec sagesse. Il ne lui reste donc qu'une seule chose à faire : reprendre son trône !

Encore une fois, j'étais plus qu'enthousiaste à l'idée de l'accompagner dans cette quête. le hic, c'est que celle-ci prend plus de temps que prévu. En fait, et même si ce n'est pas un défaut en soi, j'ai trouvé le rythme de l'histoire assez tranquille. Résultat : elle manque un peu de piquant, si l'on excepte les chapitres dédiés aux membres survivants de la famille royale. Qu'ils étaient passionnants, mais bien trop peu nombreux à mon goût !

Mais soit ! J'étais bien décidée à patienter le temps que l'histoire décolle vraiment…

--- Une absence de rebondissements qui finit par se faire ressentir ---

Pour atteindre son objectif, Gésill n'a d'autre choix que de recourir aux services d'un magistre. Or, selon la rumeur, il n'en resterait plus qu'un dans la région. Qu'à cela ne tienne, il part à sa recherche en compagnie des Funestrelles, une bande de brigands grassement payés pour l'aider à retrouver sa position d'antan.

Ainsi, si l'intrigue semblait aborder un tournant intéressant, je me suis ennuyée à plusieurs reprises. En effet, l'auteure opère plusieurs détours, et pas toujours les plus cohérents. En outre, Gésill subit les plans des Funestrelles plus qu'il n'y prend part, ce qui est bien dommage pour un monarque décidé à réparer ses erreurs passées !

Enfin, les brigands ont peu à peu perdu en crédibilité à mes yeux. Alors qu'elle est censée contrôler la région, l'organisation semble réunir de nombreux bras cassés qui n'en font qu'à leur tête, y compris leur chef suprême.

--- Les Funestrelles, parlons-en ! ---

Au début de l'histoire, c'est Iliane – favorite du chef – qui prend en charge la résurrection de Gésill. Pauline Sidre la présente alors comme une femme forte, bien décidée à conserver sa place de choix. Cependant, ce personnage m'a rapidement déçue. Tandis que les sentiments font leur apparition dans son coeur, elle perd subitement sa force et ses capacités de réflexion.

En revanche, j'ai beaucoup apprécié le magistre, presque victime de sa condition. Les chapitres qui lui sont consacrés lui confèrent de la profondeur, ce qui manque cruellement aux Funestrelles.

Enfin, Gésill perd son rôle de héros pendant la moitié de l'histoire, ce qui m'a beaucoup chagrinée. Et lorsqu'il revient au premier plan, dans le dernier quart du livre, il fait pâle figure aux côtés de ses camarades hauts en couleur. de plus, il fait des choix que je ne m'explique pas et se montre inutilement possessif envers son magistre. L'auteure tente de justifier ce dernier point par l'amitié qui les lie, mais celle-ci aurait mérité davantage d'approfondissement.

--- Un final précipité ---

Si j'ai débuté Rocaille avec ravissement, j'avoue l'avoir refermé à moitié convaincue, exactement comme ma binôme. En effet, les décisions prises par le roi nous ont toutes deux laissées perplexes.

En parallèle, la résolution de l'intrigue tient en quelques pages seulement, après avoir tiré en longueur tout le livre durant. Ce déséquilibre m'a perturbée, même si, il est vrai, le dénouement a le mérite d'être riche en surprises.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La grêle carillonnait avec une violence redoublée sur son visage, lui bleuissant les pommettes de froid et d’hématomes. Qu’importe ! Contrairement au commun des mortels, elle avait un faible pour le temps abominable de son pays. Elle adorait le grondement de l’orage, la pluie lui dégoulinant dans les yeux, les frimas givrant ses cheveux, elle saisissait la neige à pleines mains pour la goûter du bout de la langue. Elle était une Funestrelle aguerrie, fille du froid et de la glaise, attachée comme jamais à la Rocaille.
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La Rocaille. L'immense plaine nue qui courait tout autour du château, étendue de roche et de terre à peine troublée par quelques arbres rachitiques et quelques cabanes vacillantes. Le vent aplanissait cet espace sans vie, la pluie et les grêlons le creusaient jour après jour. Aucune plate, aucune fleur, aucune herbe n'y poussait. Aucune tache de couleur qui rompait la monotonie grise.
Au loin, dans l'aurore sale, Gésill devinait les contreforts de son pays : la Sdière, les montagnes où s'étaient autrefois retranchés les derniers magistres. Une roche tailladée, fissurée, plus ancienne que le reste du monde, barrage naturel à un horizon dont on ignore tout.
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Ironique, songea Gésill, que les Funestrelles viennent secourir un roi. Groupe criminel, dissident, voleur et meurtrier, tourment de la royauté et destructeur de noblesse. La plus infâme lignée de la Rocaille avait ressuscité son souverain et s'échinait à le replacer sur le trône.
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– C’est bien lui ? demanda-t-il sèchement à Iliane. Il est beaucoup moins impressionnant que ce à quoi je m’attendais.
– Il vient de se prendre une saucée du tonnerre, Bathesme, répliqua la jeune femme. Tu as vu notre allure, quand nous sommes rentrés ? Il sera plus présentable quand nous l’aurons récuré et rhabillé.
– Je suis là, leur rappela Gésill.
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Brume jour de poix
Ventée jour de souffle
Ore jour d’orage
Grésil jour de grêle
Nive jour de neige
Gelée jour de glace
Fonte jour de pluie
Et silence de nuit
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