Livre politique sur l'Algérie, couvrant la période 1954-2011.
Mohamed Sifaoui est un journaliste d'investigation algérien, qui n'a plus mis les pieds en Algérie depuis 1999. Il est menacé de mort, en Algérie comme en France, car il accuse le régime algérien.
Cette enquête raconte pour la première fois l'histoire tumultueuse et opaque de la Sécurité Militaire algérienne, devenue en 1990 le DRS, et qui, depuis la guerre d'indépendance, dirige l'Algérie, in fine. Car plus que le président ou les colonnels, c'est la "sécurité" qui dirige le pays dans la terreur et les tortures, les fiches de renseignements sur les personnalités.
De Boussouf qui fonde ce service à Mohamed Médièhe, alias "Toufik" qui le dirige depuis 1990, ce sont eux les vrais dirigeants de l'Algérie.
Le nombre de témoignages, de faits, de description de personnalités algériennes, qui plus est, avec leurs surnoms, ou noms secrets, fait qu'on s'y perd un peu, mais apporte beaucoup quant à la précision !
Ce qui est dénoncé, ce sont les pratiques mafieuses, liées au grand banditisme, assassinats d'opposants, et meme du président algérien Mohamed Boudiaf en 1992 !des moines français de Tibhirine en 1996, de mèche avec le groupe terroriste GIA, parceque les services français les avait doublés. On a aussi les dessous des enjeux Maroc / Algérie pour le Sahara occidental, et c'est encore le DRS qui trafique les élections : mise a l'écart du président Ben Bella placement judicieux du président Boumédiene, mise en place puis assassinat de Boudiaf, utilisation des islamistes (FIS, sacomme un chantage envers les occidentaux, arrêt des élections quand les islamistes allaient l'emporter, Zéroual le mou qui laisse monter la vague islamiste, le tour de passe passe pour que Bouteflika soit élu, puis réelu.
Tous ces faits hors constitution, sont démontrés par maints témoignages, sources que l'auteur protège, étant donnés les enjeux, et surtout les dangers.
Tràs bien écrit, ce livre est vraiment passionnant, en dépit de sa complexité, et j'ai beaucoup appris sur l'Algérie, que les français ne voulaient pas quitter. Au delà de la relation amour-haine entre la France et l'Algérie, ce livre montre toute la complexité de l'Algérie indépendante, panier de crabes qui menace la population et la maintient dans la terreur. La corruption et les aspects carrièristes des dirigeants sont tellement importants que, malgré la richesse due aux puits de pétrole, les pauvres restent pauvres, et la menace islamiste est toujours là, vingt ans et 200.000 morts après leur émergeance.
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L’islamisme et le panarabisme à la mode nassérienne devaient être greffés dans l’esprit des Algériens, au prétexte que leur président avait choisi de faire acte d’allégeance au Caire. La société algérienne, aux racines berbères, de culture méditerranéenne, ayant eu, jusque-là, une approche apaisée de l’islam en optant depuis plusieurs siècles pour le rite malékite ou pour le soufisme, fut soumise, dès l’indépendance, à des doctrines qui lui étaient en vérité totalement étrangères. On a voulu transformer le citoyen algérien en lui insufflant, à travers le « projet de société » mis en place, une personnalité et des comportements qui n’ont jamais été les siens.
Lors de la conférence des pays non-alignés, tenue à Alger en septembre 1973, l'Algérie de Boumediène offre l'image d'un « État révolutionnaire », sensible aux peuples qui souffrent et enclin à soutenir, sans contrepartie, toutes les « mouvements de libération », tout en réclamant un « nouvel ordre mondial » dans les rapports entre pays riches et pays pauvres. Mais c’est là la partie visible de l’iceberg, puisqu’au moment où l’Algérie se bat pour préserver la dignité des populations palestiniennes, latino-américaine ou africaines, elle dénie tout droit aux berbéristes.
Quelques jours après le congrès du Caire, les cinq officiers du CCE (Mahmoud Chérif , Lakhdar Ben Tobbal, Krim Belkacem, Amar Ouamrane et Abdelhafid Boussouf) se réuniront, sans la présence des membres civils de l’instance, et décideront à l’unanimité l’exécution d’Abbane Ramdane. Cette thèse est controversée en Algérie, mais il est évident que malgré son autorité, Boussouf ne pouvait pas prendre seul une telle décision. Il est en effet peu probable qu’en fin calculateur, il ait pu endosser, devant les différents cadres du CCE et notamment face à Krim Belkacem, qui était alors aussi puissant que lui au sein des rouages du FLN, un assassinat politique visant de surcroît l’une des personnalités les plus marquantes de la cause nationale.
La thèse de la collégialité est étayée également par Abdelhamid Mehri, un autre membre de l’instance exécutive qui, en 2009, a affirmé, sans ambages, que l’assassinat d’Abbane Ramdane avait été une décision prise collectivement au sein des institutions de la révolution. On ne peut être plus clair.
Il (Abbane Ramdane) est alors attiré au Maroc par les collaborateurs de Boussouf qui lui font croire qu’il doit être reçu par le roi Mohammed V pour régler une question politique. Sentant le piège, Abbane hésite. Mais finalement, le 27 décembre 1957, il arrive discrètement à Tanger, accompagné des deux colonels Mahmoud Chérif et Krim Belkacem qui, à l’évidence, étaient dans le coup. Boussouf et ses barbouzes attendent les trois membres du CCE et les invitent à monter séparément dans deux voitures. Très vite leur cible est séparée des deux autres « frères d’armes » et dirigé vers une ferme isolée où Abbane est étranglé dès son arrivée. Trois hommes, au moins, ont exécuté la sentence : Boussouf et deux de ses subordonnés qui ne furent jamais formellement identifiés. (...)
Cinq mois après son élimination, le 19 mai 1958, le numéro 24 d’El-Moudjahid, organe de propagande du FLN, annonçait en une : « Abbane Ramdane est mort au champ d’honneur».
Les craintes exprimées de façon très prémonitoire par le colonel Lotfi devaient se confirmer. Il avait, en effet, affirmé à Ferhat Abbas, alors président du GPRA : « Notre Algérie va échouer entre les mains des colonels, autant dire des analphabètes. J’ai observé chez un très grand nombre d’entre eux une tendance aux méthodes fascistes. Ils rêvent tous d’être sultans au pouvoir absolu. Derrière leurs querelles, j’aperçois un grave danger pour l’Algérie indépendante. Ils n’ont aucune notion de la démocratie, de la liberté, de l’égalité entre les citoyens. Ils conserveront du commandement qu’ils exercent le goût du pouvoir et de l’autoritarisme. Que deviendra l’Algérie entre les mains de pareils individus ? »
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