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EAN : 9782207141618
480 pages
Denoël (14/03/2019)
3.76/5   36 notes
Résumé :
De mères en filles est une plongée dans l’histoire du Brésil à travers une lignée de femmes allant d’Inaia, fille d’un guerrier indien née en 1500, jusqu’à Amanda, jeune Carioca des années 2000.
Indigènes, Africaines, Portugaises, Espagnoles, Françaises et un métissage de tout cela, esclaves, libres, sorcières, guérisseuses, amoureuses, meurtrières ou artistes, toutes sont des femmes aux personnalités colorées, complexes et inoubliables. Il y a Guilhermina, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime les sagas familiales, les personnages originaux, les romans mettant en scène des femmes fortes. J'aime aussi les romans où le souffle romanesque est bien présent, et ceux qui nous apprennent beaucoup sur un pays, son histoire, sa construction, son évolution ...
J'avais aussi envie d'évasion les derniers temps !
J'ai donc été touchée et comblée par ce livre, "De mères en filles" qui bien que différent de la saga québécoise du même nom, m'a beaucoup plu.
Ici, nous faisons la connaissance d'une vingtaine de femmes, une lignée matrilinéaire, fort métissée dès le départ. L'histoire déroule aussi la construction du Brésil, la vision de ce pays par les habitants, par les Européens, la vision de l'esclavage, du métissage ... D'un pays relativement sauvage et méconnu en 1500, qui attirait les aventuriers, les marins, et où les Indiens vivaient dans une grande liberté, au pays moderne des années 2000, quelle évolution !
Un vrai souffle romanesque dans ce livre, des femmes bien différentes mais pour la plupart attachantes. En le lisant, vous retrouverez quelques détails de caractère et quelques détails physiques se transmettant entre ces femmes, et une sorte de fil rouge sur un village avec une chapelle et des statues ... avec l'amour de la musique ... A découvrir !
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À travers les portraits d'une lignée de vingt femmes, de mères en filles retrace l'histoire du Brésil entre 1500 et 2003. La première figure de cette généalogie féminine est Inaiá, une Tupiniquim, née la veille de l'arrivée des premiers Portugais. Elle vit une idylle avec Fernão, un jeune moussaillon de Lisbonne, qui décide de déserter pour rester au Brésil. le couple met au monde Tebereté… le récit des destins de ces femmes appartenant à la même famille s'enchaîne jusqu'à Maria Flor, née em 1968, qui vit à Rio de Janeiro .

Les vingt récits de ces destins féminins sont structurés en cinq grandes parties.
Le narrateur ou la narratrice omniscient(e) non identifié(e) s'exprime à la première personne et s'adresse dans un mini-prologe, un mini-épilogue, ainsi qu'à de très rares occasions au fil de la narration, aux jumeaux que Maria Flor attend et qui vont naître le 22 avril 2003 – on ne le comprend qu'à la toute fin. Il/elle intervient une dizaine de fois, sans toutefois jamais entrer en scène, pour livrer des réflexions sur l'attitude des personnages, la mentalité de l'époque dont il est question, ainsi que la construction même du roman. le dispositif reste quelque peu bancal.
Simple et soigné, le style – qui ne présente à cet égard pas de grand défi de traduction – est tantôt élégant, tantôt familier, tantôt explicatif, sans toutefois être ni ennuyant ni pédant.
La profusion des personnages (les vingt femmes, leurs maris et autres personnages), ainsi que l'immense espace-temps dans lequel ils évoluent rendent le texte extrêmement superficiel. le récit chronologique parcourt cinq siècles en présentant une multitude de destins personnels, d'histoires individuelles, tout en brossant à très grands traits l'histoire du Brésil, depuis l'arrivée des Portugais à l'aube du XVIe siècle jusqu'au début des années 2000.
Aucun des personnages féminins et masculins n'est approfondi ; leur description psychologique, ainsi que leurs relations restent sommaires, voire stéréotypées. Les problématiques du machisme, de la place de la femme dans la société et dans la famille ou encore de la maternité sont effleurée de manière très attendue.
Il est tour à tour question de l'exploitation du pau-brasil (l'arbre qui a donné son nom au pays), de la vie des autochtones, des malades apportées par les Européens, des guerres que ces derniers se sont livrés en exploitant les rivalités intertribales pour bénéficier de monopoles commerciaux, de l'esclavage des indigènes et de l'arrivée des esclaves africains, de l'industrie du sucre, de l'indépendance, de la proclamation de la république, de Getúlio Vargas, du coup d'État de 1964, etc. L'auteure s'est sérieusement documentée : bien qu'elle passe rapidement sur chacun des éléments constitutifs de l'histoire du Brésil, les données historiques sont précises. Les problématiques de l'esclavage et du métissage traversent le roman. Si les premières femmes de la famille sont elles-mêmes des esclaves, les autres en deviennent très vite propriétaires, voire trafiquantes.
Cabo Frio, Bahia, Recife, Olinda, São Paulo, Rio de Janeiro… le récit traverse l'immensité du territoire brésilien sur l'immense territoire du Brésil
Outre la superficialité qui empêche toute empathie, plusieurs excès portent préjudice à la narration. En effet, il semble curieux que nombre des femmes de cette famille aient des enfants avec des Européens fraîchement arrivés au Brésil. L'enchaînement des faits, des naissances, des rencontres, des morts et des péripéties diverses et variées s'avère extrêmement répétitif. En outre, tous les destins, romanesques à outrance, sont marqués par de trop nombreux assassinats, accidents, morts violentes et autres tragédies, à l'image de la mythologie grecque. le lecteur ne s'attache à aucun personnage et n'éprouve aucune émotion face à ce catalogue de destins improbables. On peut en outre déplorer certaines longueurs, des répétitions inutiles, ainsi que des passages un peu niais.
Il n'en reste pas moins que le roman, du fait de son style fluide, alerte et moderne, se lit rapidement et présente l'intérêt de permettre au lecteur de parcourir l'histoire sociale et politique du Brésil à travers les destins rocambolesques et saisissants des femmes de cette famille. Celles-ci sont toujours de près ou de loin impliquées dans un des éléments constitutifs de l'histoire du pays. Si le projet de l'auteure semble s'inspirer de Cent ans de solitude, l'articulation entre l'Histoire et les destins de vie n'est ici guère convaincante.
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Je dois bien l'avouer, j'ai emprunté ce livre à ma médiathèque car mon oeil a été attiré par cette si jolie couverture colorée. Et oui, parfois, la raison d'une lecture est bien triviale. Mais comme j'ai bien fait de le prendre, j'ai passé un moment fabuleux en compagnie de ce roman qui ambitionne de nous raconter l'histoire d'une famille, de mère en fille donc, sur plus de cinq siècles, chaque héroïne de chapitre étant la fille de la précédente. Et c'est finalement l'histoire d'un pays entier, le Brésil, qui nous est racontée.

Alors, forcément, j'ai apprécié ces femmes de manières très différentes, en adorant certaines, en en aimant moins d'autres. Mais aucune ne m'a laissée indifférente.

La plume est agréable, remarquable à certains endroits, drôle et caustique par moments. Je profite également pour saluer le travail du traducteur, excellent. Pour un premier roman, c'est un coup de maître pour moi.

Il est difficile, voire impossible d'en dire davantage sur ce livre, et ce serait d'ailleurs totalement inutile. Je n'ai qu'un seul conseil: prenez-le entre vos mains et laissez vous entraîner par le chant et la voix de ces femmes, ordinaires et extraordinaires à la fois.

Lu (et dévoré) en octobre 2021
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Plutôt qu'une saga familiale, c'est un passage de relais de mères en filles, parfois des mères qui ont à peine le temps de l'être, parfois certaines deviennent grand mère, mais alors, elles passent à l'arrière plan : un chapitre, une fille, un amoureux, la fille devient mère et on passe à la fille qui devient mère et a un amoureux … Dix neuf chapitres et un empan temporel qui va de 1500 aux années 2000, alors, on n'a pas le temps de trainer … C'est comme une matriochka, mais brésilienne avec des poupées qui se métissent de plus en plus au gré des conquérants ou des esclaves.

Inaja est l'ancêtre, elle appartient à la tribu des Tupiniquim qui voit arriver les douze navires emplis d'hommes velus. Elle a douze ans quand le mousse portugais Fornao en fait sa première femme et la première mère. Elle a juste le temps de donner naissance à Teberété, avant que le couple ne soit massacré par les Tupinanbas. Inaja avait une tâche de naissance, un triangle sombre à la base de la nuque, le sommet pointant à gauche, et Teberété a hérité de son père ses yeux verts. Ces deux caractéristiques se retrouveront de manière aléatoire chez leurs descendants, marque des origines « sauvages » et marque du premier métissage.

En ces temps confus, la tribu de Teberé est anthropophage, Portugais, Français, Hollandais débutent dans le trafic du bois brésil et l'exploitation des indigènes, dans la mise au rebut de la culture autochtone et des savoirs faire ancestraux … de filles en filles, on suit les étapes de la colonisation, de plus en plus « civilisée », mais pas vraiment en ligne droite parce que le destin malmène ces femmes qui vont du haut en bas de l'échelle sociale en fonction des hommes qui les raptent ou les aiment. Petit à petit, les pirates blancs deviennent des propriétaires de plantations, des aventuriers, des esclavagistes. Souvent bels hommes et beaux parleurs, ils n'ont cependant qu'un rôle secondaire dans le récit, où ils se succèdent en copie conforme les uns des autres. Seul se détache un attendrissant sculpteur de vierges à la blanche chevelure. Les filles ne sont pas non plus toutes angéliques, guérisseuses, artistes, mais aussi enfants gâtées insupportables, neurasthéniques ou suicidaires, propriétaire agricole sans pitié pour les esclaves.

Le récit retrace les étapes de la construction de l'identité brésilienne, l'arrivée des esclaves africains pour pallier les carences des esclaves indigènes, La lumière de Rio de Janeiro, la folie de Brazzaville, la proclamation de la république, sa spoliation par les forces libérales … le principe narratif garantit le rythme de lecture mais en survol frustrant. En tout cas, moi, il m'a manqué des repaires pour m'imprégner de la dimension historique, les différentes guerres et révoltes contre les hollandais et portugais ne sont évoquées que le temps d'une seule fille. Elles se succèdent tellement rapidement que j'ai eu l'impression de voir passer des silhouettes, le fil qui les relie se dissout, la marque de naissance et les yeux verts ne sont pas des liens assez puissants et restent aléatoires et ponctuels, comme des rappels en clin d'oeil …

Le schéma se répétant à chaque chapitre : je vis, j'accouche, je meurs, on frôle assez rapidement la lassitude, malgré l'intérêt pour la toile de fond. En positif, la simplicité du style permet de passer sans effort d'une fille à la suivante. (d'ailleurs,en me relisant, je me demande si c'est vraiment un compliment, ça)
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Tout d'abord, de quoi nous parle « de mères en filles »? En lisant le titre de ce roman, on penserait à une tradition familiale, qui se perpétue de mère en fille faisant écho à la formule « de père en fils » que l'on voit chez les professionnels cordonniers, tanneurs, menuisiers, pâtissiers ou autres métiers requérant un savoir-faire particulier s'enseignant au-delà des livres. Ici, il s'agit d'autre chose.

Nous plongeons dans l'Histoire du Brésil à travers celle d'une lignée de femmes, représentant son métissage, son évolution et ses nombreux combats pour gagner sa liberté. Tout commence en 1500 avec Inaia, fille d'un guerrier indien, qui voit les portugais débarquer sur les plages de Bahia pour nous conduire jusqu'à Amanda, jeune carioca des années 2000.

Des femmes aux vies dissemblables mais reliées par une filiation commune. Indigènes, africaines, portugaises, espagnoles, françaises et un métissage de tout cela, esclaves, libres, sorcières, artistes, guérisseuses, amoureuses, meurtrières, couturières, institutrices ou musiciennes toutes sont des personnalités colorées, complexes et inoubliables. Tebereté, l'indienne cannibale ne vous laissera pas indifférent. Filipa, l'esclave qui se bat pour sa liberté attirera votre compassion. Vous admirerez Jacira Antônia, courageuse et bienveillante envers son prochain et détesterez peut-être Clara Joaquina, l'enfant gâtée et bourgeoise. Vous rencontrerez Guilhermina, une chasseuse de fauves., Ana de Padua, propriétaire d'esclaves et de bétail, Diva Felicia, photographe et voyageuse, ou encore Ligia, activiste politique sous la dictature.

A travers ces portraits, Maria José Silveira fait revivre l'histoire du Brésil et nous le fait découvrir. On tremble, on souffre, on espère, on rage aux côtés de ces héroïnes d'hier face à l'adversité de leur quotidien.

Une saga familiale matrilinéaire car comme le narrateur nous le dit au début, on s'intéresse aux femmes. Une galerie de personnages impressionnante! 22 femmes principales auxquelles s'ajoutent leurs proches, enfants , oncles, beaux-parents, compagnon(s) ou mari(s) n'échappant pas à l'intrigue. Intrigues amoureuses, rivalités, révoltes, duels, folie, dépression, politique, …, tous les sentiments sont brossés et cela ne manque pas d'allant.

Seul bémol, selon moi, l'attrait des personnages s'essouffle malgré tout vers la fin. J'ai adoré les premières pages, l'histoire ressemblait à un conte parfois à la limite du paranormal. J'étais captivée par ces femmes et l'Histoire du Brésil en toile de fond. Puis c'est moins captivant, l'intrigue devient ennuyeuse et cela ressemble plus à la vie amoureuse d'une ado révoltée et cela semble se répéter (la vie est nulle, j'en ai marre). le même tempo. A partir de la page 400 de l'arrivée de Maria Flor, c'était vraiment plus du tout surprenant ni captivant. Trop prévisible. J'ai dû me forcer à aller jusqu'au bout. Dommage!
Lien : https://wordpress.com/block-..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Très bien.

Si vous y tenez vraiment, nous allons nous pencher sur l’histoire des femmes de la famille.
Mais sans précipitation.
Le sujet est délicat, c’est une famille compliquée, et dans cette histoire tout n’est pas joli. Il y a eu bien évidemment des joies et des amours, des luttes et des conquêtes, de grands succès : en définitive, toutes ces femmes ont contribué à bâtir notre pays, à partir de presque rien. Mais il y a eu aussi des folles, des meurtrières, beaucoup de peine et beaucoup de tristesse. De grands et nombreuses douleurs.

Rappelez-vous également que c’est vous qui m’avez demandé de vous raconter, cette fois-ci, la vie de ces femmes. Si, a un passage ou un autre, vous avez le sentiment que je ne m’attarde pas assez sur les hommes, ne venez pas m’accuser de féminisme déplacé. Je vous le dis très clairement, la vie des hommes est aussi intéressante que celle des femmes, et si je ne m’attarde pas assez sr leur cas, c’est uniquement pour répondre au mieux à votre souhait.
Et puisque l’heure approche, commençons par le début.
Avec Inaiá, la petite Tupiniquim, l’origine de tout.
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Et bien que vivant dans une tribu ennemie, son enfance fut identique à celle de sa mère : beaucoup de rires, de jeux dans les rivières, avec les animaux de la forêt, une abondance de fruits à dévorer, d’arbres auxquels grimper, de lianes, de joie, de manioc, de bonnes choses à manger et de farine. Le bonheur était encore possible sur la Terre des Perroquets, et Tebereté en grandissant devint vigoureuse, dodue, avec ses cheveux noirs, lisses et longs, et ses yeux de talisman porte-bonheur.
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Encore toute jeune, Maria comprit qu’il lui manquait quelque chose de très important : la faculté de comprendre ce qui était écrit sur le papier. Forte d’une assurance naturelle, et sachant que tout lui était possible, de question en question elle en vint à trouver un maître chez qui des garçons, rien que des garçons, apprenaient le portugais, le latin et l’arithmétique, et dont l’épouse enseignait de son côté à des filles, rien que des filles, à lire, écrire, compter et cuisiner.
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Mais ce sont ces choses inexplicables qui font de la vie ce qu’elle est, et si la Vieille ne s’était jointe aux chasseurs d’esclaves, ni la première, ni à plus juste titre la deuxième Marie n’auraient survécu. Et si la Vieille malgré tous ses efforts ne put que faire survivre Maria Cafuza, elle arriva avec la seconde Maria à bâtir quelque chose d’unique : toutes deux étaient inséparables, plus encore qu’une mère et sa fille, justement parce qu’elles ne se sentaient pas liées par quelque obligation sociale mais par une nécessité pure, et le plaisir qu’elles avaient d’être près de l’autre et de faire des choses ensemble.
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Vous vous étonnez qu’une femme assume un tel pouvoir à cette époque ? Eh bien vous ne devriez pas. À toutes les époques, partout dans le monde, il y a toujours eu des femmes aussi puissantes que les hommes. Ces femmes ont toujours existé, et il faudrait beaucoup plus que les doigts des deux mains pour les compter. Et à ce moment du récit, tout le monde aura déjà compris que les femmes qui ont conquis ces terres durant les deux ou trois siècles ayant suivi leur découverte par les Européens, qui se sont enfoncées dans le Sertao, qui ont vécu dans la foret primaire de ce pays tout jeune, ne pouvaient se permettre le luxe d’être fragiles et soumises, ainsi que beaucoup aimeraient les dépeindre.
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