Roman noir à rebondissements, lecture passionnante.
En plus d'un meurtre, enfin d'une série de crimes, ce roman décrit également des inégalités sociales, qui sont toujours d'actualité.
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Les hommes de la cour formaient une lie qui leur était inconnue. Des rejetés, des fous, des infirmes, des gâteux, des écorchés, des mutilés, des séniles, des alcooliques, des demeurés, des pauvres, des analphabètes, des mendiants, des estropiés abandonnés à leur sort. Des neveux, des grands-pères, des pères et des oncles oubliés dans un sanatorium ou à l’hôpital, chassés de chez eux ou recueillis sous des porches, sous des ponts, dans des culs-de-sac ou des décharges, sur des places, dans des jardins, sur des trottoirs, au bord des routes d’un pays qui s’industrialisait, se modernisait, touchait au gigantisme.
Les ténèbres ou la lumière. Nous devons choisir. Toutes les religions le disent. Le libre arbitre. Nous l’avons tous à la naissance. Riches ou pauvres, Noirs ou Blancs, hommes et femmes. Tout être humain est libre de choisir. Il y a des femmes qui choisissent de se vouer à leur famille, d’être loyales envers l’homme qui les protège, qui leur donne des enfants, un toit et son nom. Ces femmes-là nous aident à bâtir un monde meilleur. Elles donnent de la dignité à leur rôle social
Le Russe, le cosmonaute, il a vu ça d’en haut, ce matin, comme aucun homme ne l’avait vu avant lui. Et il a dit : bleue. La Terre est bleue. Donc ce qu’on nous a appris jusqu’ici en cours de géo est faux. Comme étaient fausses les cartes d’avant Christophe Colomb. On disait à l’époque que la Terre était plate et donnait sur un abîme, non ? Qu’est-ce qu’il y a d’autre dans ce qu’on nous apprend aujourd’hui qui fera bien rire les gens d’ici cinq cents ans ? Est-ce qu’ils se diront qu’on ne savait pas grand-chose des planètes et de l’univers, comme les gens de l’Ancien Monde avant l’arrivée de Pedro Álvares Cabral au Brésil ? Cabral s’est aidé des cartes des navigateurs phéniciens, qui ont accosté ici bien avant 1500.
...tous les gens du dehors ont l’air riches pour une enfant de l’orphelinat. Bien élevés. Bien habillés. Tous. Sûrs d’eux. Sûrs de leur place dans le monde. Tous. Mieux préparés. Plus dignes. Plus méritants. Plus beaux, plus sains, plus heureux. Bref, ils lui paraissent… meilleurs, fit-elle en lui rendant son verre avec un sourire sans joie. Face au monde du dehors, elle n’a que deux solutions. La première est de sortir d’ici. De rejoindre une société qui la ravit et l’effraie. En s’en remettant à l’une de ces personnes meilleures qu’elle. Capable de la protéger. De l’accueillir. De prendre soin d’elle. De la transformer. De lui ouvrir les portes de ce monde si riche en plaisirs et en possibilités.
— Qu’est-ce que ça change ? Quand on est pauvre, on est pauvre. C’est pareil pour tout le monde.
— Ah non, Eduardo! C’est nettement pire si la fille est noire. Une petite Blanche a des chances de se faire adopter, de grandir dans une famille, d’aller à l’école et le reste. La Noire, elle, est sûre de crever à l’orphelinat.
Autour d'un verre avec Edney Silvestre .Invité au Salon du livre parmi les auteurs brésiliens, Edney Silvestre est une jeune voix de la littérature brésilienne. le Bonheur est facile (Belfond), son deuxième roman mêle suspens et humanisme dans une société violente et désenchantée. Il livre ses secrets d'auteur sur lecteurs.com.