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"Auparavant le phénomène était connu sous le nom de perception extra-sensorielle. Puis on l'avait appelé faculté "psi". Mais tout au début, c'était de la magie."

Encore une fois, le titre français ne me plaît pas. "Time is the simplest thing" et là oui, c'est vraiment le roman. le pêcheur... j'ai toujours pas compris. Comme la pêche à la ligne ? Pour le côté religieux ?... je ne sais pas.

De quoi parle-t-il ? "Un jour, pensait-il, le monde regarderait en arrière et s'étonnerait de la folie de cette époque - de son aveuglement, de son intolérance." de tolérance. Sous couvert de science-fiction, Simak regarde le monde et constate comme son héros, que : "La modération n'était pas une vertu en honneur dans l'humanité, pensait Blaine. Qui n'est pas avec moi est contre moi. Telle était la devise la plus répandue, qui laissait dort peu de place au juste milieu." Ecrit en 1961, je le trouve toujours d'actualité. Déprimant.

Blaine est un PK. Ce n'est pas une chance pour beaucoup de PK : "PK, initiales de parakinésie, qui était trop long à prononcer. Et ceux qui étaient pourvus de ce don, on les appelait également des PK et on les mettait sous les verrous, lorsqu'on ne leur faisait pas subir des sévices encore plus graves." Mais Blaine a eu la chance d'intégrer l'Hameçon (oui.. la pêche). Une grande entreprise qui utilise certains PK pour leurs capacités à s'évader de la terre par l'esprit pour visiter la galaxie, et rapporter des informations, des remèdes ou des secrets. Sauf que Blaine, après une de ses missions, ne revient pas seul, mais avec une entité qui partage son cerveau dorénavant. Blaine sait que c'est dangereux pour lui, L'Hameçon pouvant le mettre à l'isolement pour un avenir très incertain. Il décide alors de s'enfuir avec son compagnon de voyage caché dans la plafond (certains ont une araignée, d'autres un bubble gum rose fluo). Il doit absorber la multitude de connaissance de cette entité qui ne raisonne pas avec les repères terrestres."Il chercha de nouveau l'entité étrangère, et ne la trouva pas ; elle ne se révélait pas, mais il était certain de sa présence. Elle était toujours là, avec son tohu-bohu de souvenirs incohérents, avec ses facultés inattendues, avec sa logique insensée et ses valeurs paradoxales." Dans sa fuite, il s'aperçoit qu'il n'est pas seul. Une journaliste l'aide et il découvre que des PK sont en dangers. La lutte commence pour les sauver et tenter de rétablir un équilibre entre les communautés.

"S'il avait engagé la lutte, c'était (...) peut-être aussi pour une raison indéfinissable, à cause d'un instinct obscur dont il n'avait même pas conscience - une sorte d'idéalisme absurde, un sens profond de la justice, une aversion fondamentale pour les persécuteurs, les bigots et les réformateurs fanatiques."

J'ai beaucoup apprécié ce roman. C'est une histoire prenante, et le personnage principal est intriguant. Je n'avais qu'une envie connaître la fin. C'est bien écrit, ça fait réfléchir et j'ai bien aimé les petits moments "nature" de Simak, les rivières, les saules pleureurs... Ça cadrait bien.
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Clifford Simak est un auteur régulier dans les atmosphères rendues de ses romans. Et outre la science-fiction, lire un livre de Simak équivaut à une excursion en pleine campagne, en rase-motte dans les champs verts et ça sent bon la nature, les fleurs, les arbres, la terre… Une sérénité bucolique nous assaillit aux lectures et on s'y sent bien.

J'ai lu quelques livres de Simak et à part demain les chiens, les différents ouvrages se confondent un peu dans mon esprit. Une certaine odeur, chaines de l'avenir, au carrefour des étoiles … j'ai un peu oublié les thématiques.
Ici j'avoue que le pêcheur est un roman différent des autres. Un très bon roman d'aventures. On suit la fuite d'un agent travaillant pour l'Hameçon, multinationale qui envoie des hommes dans l'espace jusqu'à des planètes situées à des milliers d'années lumière, non pas à bord d'une fusée mais juste leur esprit (forcément, les distances spatiales sont si immenses, les fusées sont si lente, et il y a tant de radiations aussi). Seuls ceux qui présentent des facultés télékinésiques peuvent faire le voyage.
Et un jour, Shepherd Blaine échange malencontreusement son esprit pour celui d'un extra-terrestre. Retour sur Terre, fuite pour sa vie, sa survie…

La télékinésie dans le récit est très bien rendue, lire dans les pensées des uns, envoyer des images dans l'esprit des autres, un coup de maître.

Le livre sent bon la terre, la bonne terre. Comme les livres de Marcel Aymé, la France d'avant, rurale. Paradoxal pour un livre de science-fiction ? Et oui, ou oh non pas du tout. C'est la magie de Simak, nous narrer des histoires d'ailleurs, d'un autre temps, avec une technologie future mais sans jamais renoncer à ses amours, celui de la terre, celui de la tolérance.
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Il y a des auteurs dont je ne me lasse jamais. Clifford Donald Simak en fait parti. D'ailleurs, rares sont les personnes qui ne l'apprécient guère.

Imaginons que l'être humain n'ait jamais réussi à envoyer des engins dans l'espace. Imaginons que cet échec lui ait permis toutefois de voyager à travers la Voie Lactée. Ces expéditions lui permettent de découvrir une multitude d'exoplanètes.
Aussi puissante qu'une union entre la NSA et la NASA, l'Hameçon est une entreprise très influente spécialisée dans tout ce qui touche à l'extraterrestre. Par ses visites, elles ramènent des artefacts qu'elle revend à la populace par le biais de “comptoirs”.
Que se passera-t-il maintenant si un de ses employés revient sur Terre avec une créature – une entité millénaire – dont la sagesse et les connaissances dépassent de loin la compréhension humaine ?

J'ai adoré le début du roman où le personnage principal – du nom de Sheperd Blaine – s'enfuit. On suit une chasse à l'homme, une traque pour retrouver ce fugitif. Chose rare, l'auteur nous glisse quelques scènes d'action savoureuse.
J'ai bien aimé aussi cette “chasse aux sorcières” moderne où les êtres évolués dites Parakinésie (alias les PK – rien à voir avec le Potassium).

Malheureusement, le récit prend une tournure chère à l'auteur, pour se contenter sur une morale les différences. le tout prend une trop grande part sur l'histoire et étouffe l'intrigue. À cela on pourrait ajouter des longueurs assommantes et des répétitions.

J'aime beaucoup la plume de Clifford Donald Simak, très tendre, humaine et profondément sentimentale. Il est à la fois optimiste et réaliste sur les rapports qu'ont les êtres humains entre-eux. « Le pêcheur » (« Time is the simplest thing » – 1961) est un savoureux mélange de Science-Fiction et Fantastique (puisque l'on y décèle des pouvoirs psychiques), malgré une moralisation omniprésente et un récit qui traîne en longueur.
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Un autre roman de Clifford D. Simak. Cette fois, c'est une relecture d'un roman que j'avais découvert à l'adolescence.
J'en avais conservé d'excellents souvenirs, des souvenirs que je confirme aujourd'hui avec plaisir.
Le sujet ?

L'humanité a renoncé à la conquête spatiale traditionnelle.
Fusées, stations, capsules, bases… tout cela appartient désormais au passé.
Trop de vide, trop d'espace…
Cependant, l'humanité ne baisse pas les bras. Elle trouve une autre voie.
Au sein du formidable centre de l'Hameçon, les explorateurs, dotés de pouvoirs psychiques, partent en esprit explorer d'autres mondes.
Ils en rapportent des idées, des idées fabuleuses qui transforment la vie sur Terre.
Shepherd Baine travaille à l'Hameçon,
jusqu'au jour où, dans son esprit, il ramène une autre entité.

Le roman

C'est un récit à la structure simple : Shepherd Baine est en fuite.
L'Hameçon, devenu un vaste conglomérat, n'apprécie guère l'idée d'un de ses membres “légèrement” modifié en liberté.
Baine va découvrir que, hors de l'Hameçon, ceux qui possèdent des talents psychiques sont méprisés, persécutés et relégués dans des communautés à part.
Les “normaux”, remplis de peurs dans un monde qui leur échappe, peuvent basculer dans la violence à tout moment.

Baine apprend qu'il n'est pas le seul à avoir quitté l'Hameçon.
Un autre fugitif nourrit une haine profonde pour ceux dotés de pouvoirs psychiques.
Une confrontation se prépare.

La fuite de Baine à travers le pays, la nature sauvage, les communautés, ne manque pas de rythme.
Pas de peinture idyllique ici.
Les gens vivent dans la terreur, la haine de l'autre, de celui qui est différent.

Le rythme est soutenu. La traque est prenante.
Bien sûr, on se doute que la clé de l'histoire est l'entité ramenée par Baine.
Les rebondissements sont parfois prévisibles, mais la trame reste captivante.

Baine fait des rencontres significatives,
illustrant la tentation du repli, de l'obscurantisme, de la haine - des tentations tristement contemporaines.
D'autres rencontres insufflent de l'espoir.

Un espoir typique des oeuvres de Clifford Simak.
Je divulgâche un peu ses romans…
Dans “Les visiteurs”, il s'agissait de l'espoir de partager un foyer.
Dans “Au carrefour des étoiles”, de l'espoir d'accueillir l'étranger, de partager un moment au coin du feu dans un esprit de compréhension et de communauté universelle.
Dans “Dans le torrent des siècles”, c'était l'espoir d'embrasser la communauté universelle de la vie.
Ici, à travers les distances infinies, c'est l'espoir d'échanger, main dans la main ou esprit avec esprit, avec l'autre.
Un autre bienveillant, riche en connaissances, empreint de tendresse pour l'univers.
Et le rêve un peu fou de s'installer à ses côtés pour écouter ses récits sur la diversité de la vie.
En conclusion

Même si la trame est prévisible, c'est un vrai plaisir de (re)lecture.
Il me reste maintenant à relire “Demain les chiens”, récemment retraduit.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Dans mon programme de relecture je reviens à ce roman de 1961 avec un sentiment mitigé : le thème est excellent ,la mise en récit problématique . L'humanité ne pouvant conquérir l'espace par la technique , y parvient par les pouvoirs de l'esprit . Les personnes qui en sont doués (les PK) explorent l'espace , rentrent en contact avec des entités extraterrestres et en ramènent produits , techniques . Un organisme , l'Hameçon, exploite (au sens capitaliste du terme ) ces découvertes . Dans le reste de la population se développe haine et persécution des PK sous l'influence de prédicateurs fanatiques. le héros ,Sheperd Blaine , ex-de l'Hameçon, a fusionné lors d'un de ses voyages mentaux avec une entité ET dont l'esprit quasi omniscient va l'aider . Mais que le récit est confus, lourd , encombré de longueurs inutiles et d'incohérences ! Dommage !
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Je ne crois pas que Simak soit capable d'écrire un roman que je n'aimerai pas. du moins, je ne suis pas encore tombé sur une déception.

Le pêcheur est l'histoire de Shepherd Blaine, un homme capable de voyager dans les étoiles en projetant son esprit, grâce à sa condition de parkinésiste. Rapidement, le récit se transformera en chasse à l'homme et ensuite en combat contre l'intolérance et la mentalité moyenâgeuse (et pourtant encore bien présente) eux/nous.

Le début de l'histoire m'a particulièrement plu. Simak fait honneur à cette bonne idée qu'est la parakinésie, et le voyage de Blaine le mettant en contact avec une entité extraterrestre est très bien rendu. S'ensuit alors une course poursuite qui nous mène à la seconde partie du roman. du souper chez Charline au camion de Riley, en passant par la prison et une tentative de pendaison, Blaine subit toutes les péripéties possibles. Cette moitié de roman m'a beaucoup rappelé À la poursuite des slans, de van Vogt, un contemporain de Simak ayant écrit des romans similaires à ceux de Simak, avec quelques neurones en moins. Il suffit de changer l'atmosphère rurale par une ville futuriste lambda et un peux plus de télépathie et nous voici dans le fameux roman de van Vogt. Néanmoins, et contrairement à son confrère, Simak utilise cette chasse à l'homme pour justifier la dernière moitié du roman, se concentrant sur l'oppression et la différence dans un angle un peu trop moraliste à mon gout. Malgré tout, la finale avec la ville d'Hamilton et le départ des PK est tout de même bien trouvée, même si le chemin pris pour s'y rendre est parfois ennuyant.

Ponctuée de l'ambiance rurale si chère à l'auteur, le roman demeure une bonne lecture, tant plaisante par son action et ses artifices de l'âge d'or que par l'optimisme que dégage Simak, comme dans toutes ses histoires. Comme Simak en a l'habitude, n'oublions pas aussi d'ajouter un brin de théologie par l'entremise du père Flanagan, dans une sous-intrigue très secondaire, mais tout de même enrichissante et plaisante.

Somme toute, j'ai bien apprécié ce roman, malgré une morale trop “morale”, à l'origine de quelques longueurs dans la deuxième moitié du livre. Si vous aimez Simak, vous apprécierez sans doute ce roman.
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4eme roman de Simak lu et toujours aussi bon! Certes un ton en dessous de demain les chiens, chaine autour du soleil et dans le torrent des siecles mais c'est toujours le style et les thèmes chères à Simak. Une tolérance et une imagination remarquable.
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Il y a des livres comme celui-ci où on se demande quelle mouche a piqué le traducteur pour sortir un titre pareil. Parce que du pêcheur, ou du poisson, on n'en voit même pas la queue. Aucun rapport. Mais passons…
La science a échoué dans la conquête de l'espace, les humains ne l'apprécient plus à sa juste valeur. À sa place, pour explorer les étoiles lointaines, les hommes se sont tournés vers la télékinésie. Sorcellerie pour certains, capacité humaine évoluée pour d'autres, les TK ne font pas l'unanimité.
L'Hameçon, une entreprise qui a pris à son compte le monopole de l'exploitation des découvertes spatiales avec cette nouvelle technique, n'a d'autre intérêt que ses propres finances.
Le jour où Shep, un explorateur de l'Hameçon, revient « infecté » de l'esprit d'un extraterrestre, il fuit, pour garder sa liberté, ou pour rester en vie…
On assiste à la course poursuite. Il trouve heureusement quelques solides alliés chez des PK. On découvre avec lui le clivage qui se creuse entre les gens normaux et paranormaux, et parmi ces derniers, il y a ceux embauchés par l'Hameçon et les autres, ignorés de la société. On y découvre aussi des rivalités entre PK. Qui sont les bons, qui sont les méchants « sorciers » ?
En fait, sous le prétexte de télékinésie, l'auteur revisite le comportement égoïste et raciste des gens et de leur peur irraisonnée de l'inconnu. le quidam fait davantage confiance aux prédicateurs apocalyptiques qu'aux résultats scientifiques, faute de connaissances…
En conclusion, sur la forme, ce roman bien rythmé se lit facilement, mais n'est pas des plus inventifs, hormis l'être difforme rose en guise d'extraterrestre. Les prouesses de télékinésie, digne de la fantasy, ne m'ont pas convaincu non plus, trop irréalistes pour des humains contemporains. En revanche, sur le fond, il pousse à la réflexion, et ça, j'aime.
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J'avais entendu du bien de l'auteur, surtout d'un autre de ses titres Demain les chiens, bon, moi je n'ai trouvé que celui-ci alors je ne savais pas trop à quoi m'attendre.

J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans le roman et même à le finir, c'est de la SF qui a mal vieillie selon moi. L'idée de base est bonne, un explorateur avec des pouvoirs télékinésiques qui se fait envahir l'esprit par un extra-terrestre, il y a de l'idée, ça peu mener à des conflits, échanges, de quoi faire une histoire intrigante. Il y a un peu d'action mais à aucun moment j'en ai eu quoi que ce soit à faire du destin de Blaine ou de l'alien, à aucun moment on me décrit leurs vies, pourtant l'auteur le fait très bien sur l'environnement et les décors. Tout ça me semblait d'autant plus long que les chapitres sont longs et je n'avais qu'une envie c'était d'enfin pouvoir faire une pause.
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A la base du roman, un prétexte technique déjà dépassé (ou sur le point de l'être) lors de sa parution en 1961 : nous savons à présent que les ceintures de van Allen n'empêchent pas les vols spatiaux habités. Peu importe — toutes sortes de raisons physiques ou économiques pourraient mener à un futur comme celui que Simak envisage, où l'espèce humaine, au rebours des plans élaborés par la SF, est bloquée sur Terre. L'originalité ici est que la parapsychologie vient au secours de l'exploration interstellaire : le projet Hameçon a rassemblé des gens capables de projeter leur esprit sur d'autres planètes, et même de téléporter de petits objets. Banni par les USA, qui entretiennent une peur superstitieuse des talents parapsychologiques, le Hameçon, installé au Mexique, est devenu un acteur majeur de l'économie mondiale. Ses innovations technologiques se vendent dans des comptoirs installés un peu partout, et approvisionnés par téléportation.
Shepherd Blaine est un des explorateurs télépathiques du Hameçon. Lors d'une rencontre avec un extraterrestre, il hérite d'une copie complète de l'esprit de celui-ci — et, dès lors, se considère (avec raison) comme un homme traqué, car le Hameçon fait disparaître ceux de ses employés considérés comme contaminés. Dès la dixième page, Blaine est donc en fuite, bénéficiant d'une série de coups de main trop opportuns pour être fortuits.
Simak replonge ainsi dans sa ruralité de prédilection, et l'essentiel du livre est une sorte de road movie, si on prend le road movie, dévoué qu'il est à l'exploration des paysages de l'Ouest américains (et de ses habitants les plus primitifs), pour la forme contemporaine du western. Western auquel Simak emprunte plus que des lieux : du vocabulaire (dans le texte original), des personnages comme le shérif ou le prêtre et des épisodes comme l'attaque de la diligence (un camion) par des Indiens (ce sont des jeunes télékinètes, ne pinaillons pas) ou le lynchage d'un prisonnier défendu plus ou moins mollement par le shérif. Blaine, certes, a acquis des pouvoirs extraterrestres sur le déroulement du temps, mais il ne s'en sert que de façon parcimonieuse, un coup chacun, histoire de réserver des surprises au lecteur.
le pêcheur est une illustration classique du thème des mutants ; comparés à diverses minorités défavorisées (Amérindiens, mais aussi Noirs ou, explicitement, Juifs), ceux qui détiennent des pouvoirs parapsychologiques sont victimes d'un racisme américain qui nuit aussi à la prospérité même de ceux qui en sont coupables. C'est un livre daté — les voitures circulent sur coussin d'air, sont munies d'ailerons tout droit copiés sur les Cadillac de 1958, et, quand il faut communiquer d'une ville à l'autre, on décroche le téléphone et on demande un numéro à l'opérateur... Quant à la manière dont le Hameçon traite ses agents mentalement contaminés par l'étranger, elle sort tout droit des fantasmes de la guerre froide et des romans d'espionnage (y compris la station balnéaire où les agents “grillés” habitent une cage invisible). C'est aussi un livre généreux, prêchant la tolérance envers la différence, et plus qu'agacé par le comportement du monde des affaires.
On ne prétendra pas que ce soit un roman majeur, ni magistralement exécuté au niveau de l'intrigue (tous les fils ne sont pas recousus) ou des sentiments (parfois tissés de clichés). Il fournit un cas d'école du fonctionnement de la SF de cette époque, qui s'affranchissait du bon goût littéraire, en négligeant les aspects prosaïques du vécu quotidien ou de l'affectivité pour coudre à la va-vite des pans entiers de mythologies populaires existantes (western, espionnage) et tirer de cet assemblage de fortune sa propre mythologie (les mutants, la sagesse venue des étoiles).
A la différence de bien des auteurs, Simak introduit des ingrédients religieux dans son cocktail mythique. Les pouvoirs psi sont vus autant sous l'angle du miracle que celui de la science ; le contempteur des télépathes, Finn, est présenté comme un prêcheur itinérant, tandis que le Père Flanagan (catholique, à noter) fournit à Blaine une aide qui est (la seconde fois) telle coïncidence qu'elle relève de la Divine Providence ; enfin les efforts de Blaine pour sauver une communauté de mutants incrédules envers le péril, et son départ découragé de la ville, suivent le canevas du récit de Lot. A cela près que Sodome, ici, n'est pas une cité pécheresse — Simak était trop gentil pour endosser un concept pareil.

Pascal J. THOMAS
dans Bifrost 22
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