Paru vingt ans après le chef d'oeuvre de l'auteur, City (
Demain les chiens en français), À chacun ses dieux en reprend les thèmes majeurs, avec une ampleur et une réussite moindres.
Le moins que l'on puisse dire est que
Simak n'a pas froid aux yeux puisqu'en moins de 200 pages sont décrits : les conséquences de la disparition soudaine et inexpliquée de 99,9% de la population humaine sur ceux laissés "en arrière", Américains occidentaux, Indiens et robots (chacun ayant évolué séparément après la disparition) sur une durée de 5000 ans; la renaissance du sentiment religieux chez un groupe de robots mystiques; la visite sur Terre d'individus extra-terrestres;
la découverte d'une super-intelligence au centre de la Voie Lactée; le retour des hommes disparus sur Terre plusieurs millénaires après leur disparition.
Ce copieux menu sert les propos métaphysiques de
Simak, dont les considérations sur la société moderne, la nature humaine, le rapport à la technologie et à la religion, bien qu'en partie datées aujourd'hui, font toujours mouche.
Malheureusement, ces réflexions prennent le pas sur l'intrigue à laquelle
Simak (par désintérêt sans doute) ne laisse pas le temps de se développer. Tout reste ainsi à l'état d'ersatz narratif et on traverse le monde et l'histoire comme on traverserait un pays peuplé de fantômes et de voix lointaines : dans une brume relative et, pour peu que l'on ait envie de faire connaissance avec les locaux, en restant un peu sur sa faim.