Les demoiselles de Concarneau, non, ce ne sont pas les filles avec qui Jules Guérec a passé un joyeux moment sur Quimper. Non! Ces demoiselles, ce sont ses soeurs, la Françoise et la Céline, deux vieilles filles, à qui aucun homme n'a jamais fait la cour.
Il y a Marthe aussi, mais elle, elle a déjà mis les voiles, certes sur le tard, et pas bien loin, pour cause ; elle s'est mariée avec le cops du village, l'Emile, amateur d'eau de vie et de belote, accessoirement enquêteur aussi, un peu...
Tiens en parlant d'enquête...un gamin s'est fait faucher dans la rue, là-bas, derrière les chantiers...un chauffard...il ne s'est pas arrêté.
Pop,pop,pop!!! Pas de suspense insoutenable, on connait le coupable dès le début. Un indice ?..."Jules n'est pas très bon pilote".
Un accident stupide, des témoins trop vite sur les lieux, et Jules paniqué, ne se dénoncera pas.
Là, entre en scène tout le talent de
Georges Simenon pour nous faire vivre la torture mentale du pauvre Jules, nous faire ressentir : ses peines, ses regrets, sa lâcheté également.
On le voit ensuite s'embringuer dans une histoire d'amour sans queue ni tête..."Vraiment, tu t'enlise mon pauvre Jules !"
Et que dire du combat psychologique qui s'amorce entre lui et ses frangines.
On se régale de l'écriture, d'un réalisme frappant.
Ici, chacun défend sa croûte, sa répute, ses arrières. Lui, ses soeurs, la Marie.
A chacun sa médiocrité.
Puis enfin, les images de Concarneau qu'il nous restaurent un siècle plus tard.
Magnifique Noir et Blanc !
Une carte postale vivante d'une ville dédiée à la pêche, avec ses hommes sabotés, ses femmes coiffées, son port, ses thoniers...
Ayant habité 3 ans Concarneau (à 200m de l'amiral, bar/restau souvent citer dans ce roman), vu nombre de photos anciennes et visité son musée de la pêche, je n'ai eu aucun mal à me transporter dans ce "Konk Kerne" d'une autre époque. J'ai même pris beaucoup de plaisir à me replonger dans ses vieilles rues, au quai de l'Aiguillon, à l'Amiral donc, (Bar toujours en activité), au Cabellou, aux sables blancs et dans sa ville close, bien évidemment. Sans oublier le passeur du p'tit bac, aujourd'hui motorisé.
Un court roman, dans lequel son auteur à su créer une ambiance électrique, sous tension constante, une ambiance pleine de vase, sous un ciel couvert.
Mon premier
Simenon et sûrement pas le dernier.