Jules Guérec, riche patron-pêcheur, renverse en voiture un enfant dans les rues de Concarneau. Après s'être enfui du lieu de l'accident, il se trouve progressivement tourmenté par sa conscience et se prend d'amitié pour la famille de sa victime. Il finit par tomber amoureux de la mère de l'enfant, mais la fratrie ne l'entend pas de cette oreille. En particulier, sa soeur Céline va tout faire pour préserver la cellule familiale.
Chez
Simenon, dans ce texte paru en 1934, l'enfer c'est
les autres, peu avant
Sartre dans
Huis-Clos (1943). Et comme souvent chez
Simenon, c'est le premier cercle avant tout qui est la cause de tous les maux: la famille, les très proches. Les soeurs Guérec de Concarneau et leur frère Jules n'échappent pas à la règle. Ce roman va bien au-delà de l'analyse fine des remords d'un homme après son forfait et sa lâcheté.
Simenon décrit avec acidité le quotidien des protagonistes, véritable prison sans barreaux. Ce quotidien détruit, étouffe, tue dans l'oeuf la moindre des initiatives personnelles. Pour Jules Guérec, l'accident malheureux agira comme un révélateur. Au prix d'efforts surhumains pour lui, il tentera d'utiliser cet évènement tragique pour s'extirper de ce quotidien et du carcan imposé par ses soeurs. Il entreverra brièvement une autre existence, une possibilité vers autre chose, une bifurcation dans sa vie monotone…
Mais le quotidien est tenace, et
Simenon n'est pas connu pour son optimisme. Simple, efficace, et beaucoup plus complexe qu'il n'y parait, un bon roman au final, malgré le fait qu'on puisse aussi y voir une certaine forme de misogynie.