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EAN : 9782070407668
148 pages
Gallimard (28/01/1999)
3.97/5   133 notes
Résumé :
Un jour, en revenant de Quimper, Jules Guérec renverse un petit garçon et le tue ; il s'enfuit, paniqué. L'essentiel pour lui est de cacher l'accident à ses deux sœurs, les "demoiselles de Concarneau". Englué dans ses mensonges, il cherche à secouer le joug familial en rencontrant en cachette Marie, la mère du petit garçon. Mais les demoiselles refusent de le laisser les quitter pour une autre femme et décident de se battre pour les "sauver".
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Jules Guérec , 40 ans, célibataire, vit à Concarneau avec ses deux soeurs qui le surveillent de près et le maternent.
La troisième soeur est mariée .
Ils sont propriétaires de deux thoniers et d'un troisième qu'ils font construire.
Jules a acheté une voiture et a son permis depuis peu.
En revenant de Quimper, dans une petite rue de Concarneau il renverse une personne. de peur, il ne s'arrête pas et rentre complètement bouleversé avec un autre souci. Il a dépensé de l'argent avec une dame de petite vertu et ses soeurs surveillent ses dépenses.
L'ambiance devient lourde. Jules essaie de réparer sa faute auprès de la famille de la victime. Jules se garde bien de se dénoncer.
Sa soeur devinera sa faute sans le dénoncer, trouvera une autre solution.
Georges Simenon n'a pas son pareil pour dépeindre l'étouffement que subit Jules Guérec de la part de ses soeurs, sa lâcheté devant une faute aussi et en même temps sa volonté de réparer autrement.
Un roman bien différent de la série des "Maigret", paru chez Gallimard en 1936 alors qu'il avait déjà commencé à écrire et faire paraître les enquêtes du célèbre commissaire en 1931.
On remonte vraiment le temps là !

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Dans ce "roman dur" de 1936, nous retrouvons tout ce qui a fait le talent de romancier de Simenon : économie d'effets, subtile approche de la psychologie des personnages, descriptions précises des lieux en quelques mots.

Le destin de Jules Guérec patron pêcheur entouré, étouffé plutôt, par l'affection égoïste de deux de ses soeurs (les fameuses "demoiselles" du titre) enfermé dans une routine à la fois douillette et sclérosante et, qui croit trouver le bonheur après un drame m'a touché !

Et croyez-moi, il est rare que le sort d'un personnage de fiction me fasse cet effet !

Parlerons-nous de chef-d'oeuvre du roman francophone à propos de ce court roman ?

Pour moi oui, absolument !
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Qui n'a pas aperçu derrière la fenêtre d'une maison bretonne la silhouette d'une maquette de bateau de pêche traditionnel, témoin d'une autre époque où les bateaux étaient en bois ?
Une coque colorée et des voiles cachou, des tangons qui lui donnent une allure d'insecte, caractérisent le dundee thonier. C'est dans le berceau de ces voiliers de travail que nous invite Georges Simenon, pour partager une tranche dramatique de la vie d'un armateur, à Concarneau.

Jules Guérec, armateur de quarante ans, revient de Quimper après une réunion du syndicat des patrons pêcheurs. Son permis fraîchement acquis, il n'est pas très à l'aise pour conduire dans l'obscurité sur cette route tortueuse. Il aurait pu, il aurait dû quitter la ville plus tôt et ses pensées se bousculent, l'empêchant de se concentrer sur la route. S'étant octroyé une petite pause chez une prostituée, il va devoir se justifier, auprès de sa soeur aînée, pour les cinquante francs manquants dans son portefeuille. Arrivé à Concarneau, sursautant à chaque fois que quelque chose passe dans la lumière des phares, il accélère au lieu de freiner lorsqu'une silhouette d'enfant surgit. le choc le fait trembler mais la peur le fait fuir, sans se retourner.
Il imagine un mensonge crédible : la perte de son portefeuille. Ses soeurs semblent accepter l'excuse mais Céline, la plus jeune, perce chez son frère le moindre changement, le scrute et lit en lui comme dans un livre ouvert.
Ils vivent, en effet, tous les trois dans la maison familiale; lui travaillant à l'armement, elles, tenant la maison et tissant le cocon chaleureux dans lequel il est traité comme un coq en pâte.
Mais l'accident va faire basculer ce petit monde, révéler le côté obscur de cette vie confortable, préservée, mais au combien dépourvue de liberté, d'indépendance. Alors qu'ils ont tous trois la quarantaine, les dépenses doivent être justifiées, pas de cigarette, pas d'alcool…
Hanté à l'idée de ce qu'il a commis, il se sent aimanté par la maison où vivait cet enfant avec sa mère et son frère dans une grande pauvreté.

Autour des affres de Jules Guérec, la ville de Concarneau se dessine au fil du texte ciselé de Simenon. Une drague ramenant le sable, le passeur d'eau, les remparts, le port de pêche. On est en novembre. « Il pleuvait toujours, ou plutôt c'était si fin, si régulier si monotone, qu'on n'avait pas l'impression que l'eau tombait du ciel. Elle était en suspension dans l'air, une poussière d'eau froide qui reliait les pavés aux nuages ».
On notera le récit d'une pêche au chalut qui sonne comme un reportage.
Bien sûr la psychologie des personnages est décryptée, tracée, mais sans jugement. On sent que ceux-ci font ce qui est dans leur nature malgré les alertes de leur conscience notamment pour Jules Guérec.
Sur fond de lutte des classes, ce dernier va se frotter à la pauvreté, réaliser par exemple que lorsqu'il a la flemme d'envoyer ses bateaux en pêche, cela se traduit par la famine de son équipage.
Le dilemme sera de choisir entre la préservation de la respectabilité de sa famille et le déshonneur de la situation dans laquelle il va se fourvoyer. Ces gens-là tremblent à l'idée de perdre leur confort alors que les pauvres n'ont rien à quoi se rattacher, ils subissent la vie avec résignation.
Jusqu'où peut-on aller dans le déni pour préserver son image ?

Ce petit roman, comme tous ceux de l'auteur, est un nouveau voyage au coeur de l'humain, d'une époque, d'un lieu précis, tout simplement. C'est à la fois simple et exhaustif.
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Je termine mon petit parcours chez Simenon, et je le termine en beauté. Ces demoiselles de Concarneau sont une belle surprise.

La famille Guérec se compose de trois soeurs et leur frère Jules. Une seule s'est mariée et a quitté le domicile de cette famille de pêcheur. Jules, la quarantaine, se complaît dans sa vie, chouchouté par Céline et Françoise qui, elles, sont protectrices comme une mère l'est avec son petit enfant. La famille Guérec est une des plus riches de Concarneau et pendant que les soeurs s'occupent de la maison, des repas, du budget et des affaires familiales, Jules pêche, accompagné de ses hommes.
Tout le monde se connaît dans le village et un scandale ne serait pas le bienvenu. Aussi, lorsque Jules, au retour d'une virée, écrase un enfant, pourquoi ne s'arrête-t-il pas et invente-t-il une histoire de portefeuille volé en réponse aux questions de Céline qui le voit l'air abattu ?

Je vous laisse découvrir la suite qui n'est pas exempte de surprises. L'auteur donne un beau tableau de la vie de village et ses personnages sont autant revêtus d'authenticité que de leurs costumes traditionnels.

Un très bon roman à découvrir ou à redécouvrir.
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Jules Guérec, riche patron-pêcheur, renverse en voiture un enfant dans les rues de Concarneau. Après s'être enfui du lieu de l'accident, il se trouve progressivement tourmenté par sa conscience et se prend d'amitié pour la famille de sa victime. Il finit par tomber amoureux de la mère de l'enfant, mais la fratrie ne l'entend pas de cette oreille. En particulier, sa soeur Céline va tout faire pour préserver la cellule familiale.

Chez Simenon, dans ce texte paru en 1934, l'enfer c'est les autres, peu avant Sartre dans Huis-Clos (1943). Et comme souvent chez Simenon, c'est le premier cercle avant tout qui est la cause de tous les maux: la famille, les très proches. Les soeurs Guérec de Concarneau et leur frère Jules n'échappent pas à la règle. Ce roman va bien au-delà de l'analyse fine des remords d'un homme après son forfait et sa lâcheté. Simenon décrit avec acidité le quotidien des protagonistes, véritable prison sans barreaux. Ce quotidien détruit, étouffe, tue dans l'oeuf la moindre des initiatives personnelles. Pour Jules Guérec, l'accident malheureux agira comme un révélateur. Au prix d'efforts surhumains pour lui, il tentera d'utiliser cet évènement tragique pour s'extirper de ce quotidien et du carcan imposé par ses soeurs. Il entreverra brièvement une autre existence, une possibilité vers autre chose, une bifurcation dans sa vie monotone…

Mais le quotidien est tenace, et Simenon n'est pas connu pour son optimisme. Simple, efficace, et beaucoup plus complexe qu'il n'y parait, un bon roman au final, malgré le fait qu'on puisse aussi y voir une certaine forme de misogynie.
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critiques presse (1)
OuestFrance
13 décembre 2023
"Les Demoiselles de Concarneau" est en tout cas du grand Georges Simenon, qui nous emmène dans un univers étouffant où rien n’est dit mais seulement suggéré.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - "Tu crois que j'ai été dupe ?"

Il eut peur. Un instant, il fut persuadé qu'elle avait fait un rapprochement entre son état et l'accident.

- "Dupe de quoi ?

- J'ai bien vu comme tu étais embarrassé quand tu as parlé du portefeuille ...

- Ah ! bon ..."

Les chambres étaient basses de plafond, avec une grosse poutre au milieu, que Guérec touchait presque de la tête. Il y avait des broderies partout, et des bibelots, des souvenirs de première communion, des cartes postales envoyées par des camarades en voyage de noces.

- "Si tu avais perdu ton portefeuille au Café Jean, on l'aurait retrouvé ...

- Qu'est-ce que tu en sais ?"

Il se demandait s'il ne valait pas mieux avouer quelque chose pour éviter de dire toute la vérité.

- "J'ai téléphoné ...

- Et alors ?

- J'ai demandé à quelle heure tu étais parti ... On a appelé le garçon et il a été ennuyé ... Il ne savait que répondre ...

- Il ne m'a peut-être pas vu sortir ...

- Mais non, Jules ! Allons, sois franc ... Tu es encore allé avec une femme, n'est-ce pas ?"

Une fois, comme il venait d'accoster une passante dans le genre de celle de l'autre jour, il était tombé soudain nez à nez avec Céline qui était venue à Quimper à l'improviste, en profitant de l'auto du quincaillier. Depuis lors, elle se méfiait.

- "Avoue ! ... Je ne te dirai rien. Tu es un homme, évidemment. Cela ne regarde que ta conscience ..."

Il hésitait encore en fixant la fenêtre glauque.

- "C'est elle qui a volé ton portefeuille, n'est-ce pas ? Il devait rester cent francs dedans ...

- Oui ...

- Tu avoues ?"

Il baissa la tête. Cela valait mieux ainsi. ... [...]
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À trois heures, il sonnait chez Marie Papin, aussi ému qu'un amoureux, se demandant s'il trouverait ses mots, et il souhaitait presque qu'elle ne fût pas là. Il entendit des pas dans le corridor. Elle ouvrit la porte, le regarda en essuyant ses mains mouillées à son tablier.
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[...] ... - "Beaucoup à faire, au commissariat ?"

C'était Guérec qui parlait en regardant la nappe.

- J'ai même failli ne pas venir. Au dernier moment, on est venu nous annoncer un accident, un gosse qui s'est fait renverser. J'ai dit au brigadier de s'en occuper ...

- Un accident de quoi ?" questionna Françoise qui lisait chaque jour le journal de la première à la dernière ligne.

- D'auto ... là-bas, derrière les chantiers, dans la nouvelle rue ... Rue de l'Epargne, je crois ...

- Il est mort ?" fit Jules en tripotant sa serviette.

- "Je ne sais pas. Je suis parti."

Les rayons de lumière se dessinaient comme un à un aux yeux de Guérec et, par contre, les images se déformaient. Il avait de la sueur dans le dos. Il essayait de fixer le tableau qui représentait son second bateau, le Céline, dont la poupe était trop lourde. On n'avait jamais rien pu y faire. Quand on avait la mer derrière, on étalait terriblement à chaque lame. Mais, par temps maniable, c'était quand même un bon bateau, et d'ailleurs on en avait profité pour rabattre cinq mille francs sur le mémoire du constructeur.

Il y avait des chances pour qu'Emile proposât de jouer aux cartes. C'était sa manie. Il leur avait appris à tous à jouer à la belote. C'était lui qui comptait les points, car personne ne s'y entendait, et il le faisait très vite, d'un air négligent, tout en rejetant les cartes sur le tapis. ... [...]

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Cela finissait par faire peur à Guérec, car rien ne lui prouvait que sa chance durerait toute sa vie.Est-ce que ce n'était pas son devoir de faire pardonner son bonheur en en donnant aux autres?
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Les choses s’arrangeaient toujours ! Il n’avait perdu qu’un bateau, quatre ans auparavant, sans que l’on déplorât un seul mort. L’assurance avait même payé un peu plus que ce qu’il fallait pour en faire construire un neuf !
Mais Marie Papin ?…
Il avait peur, car il ne savait pas où il allait. À terre, il ne s’était pas rendu compte qu’il était amoureux, mais maintenant, à bord, il était bien forcé d’admettre qu’il ne pensait qu’à elle.
Elle lui manquait. En mer, on évoque toujours l’endroit ou l’on voulait être. Logiquement, il eût dû évoquer la maison de ses sœurs, qui était propre, confortable, et où tous les objets lui étaient bienveillants et familiers.
Eh bien ! non… Il pensait à la cuisine toujours en désordre où on ne l’invitait même pas à entrer, et où il s’asseyait de lui-même tandis que Marie Papin continuait à travailler sans attacher d’importance à ce qu’il racontait.
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« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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