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Frontier est une BD de science-fiction un peu unique en son genre. Au début, j'ai été assez dérouté par la bonhomie des personnages qu'on dirait sortie d'un Minecraft avec leur aspect qui fait très playmobil. On croirait d'ailleurs des figurines pop dans l'espace !

Pour autant, le propos n'est guère enfantin puisque la conquête de l'espace n'est plus un doux rêve mais une réalité gangrenée par les multinationales qui exploitent abondement les ressources en laissant derrière eux pollution et paupérisation de la population des travailleurs. Bref, c'est un univers froid et hostile où le capitalisme règne en maître.

On va suivre le parcours de trois personnages. Tout d'abord Ji-Soo qui est une ingénieure désabusée qui n'arrête pas de se plaindre sur son sort depuis que son entreprise a été rachetée. Puis, elle fait la rencontre d'Alex, un ouvrier né dans l'espace, et qui a toujours connu que l'exploitation en dehors de toute planète. Enfin, il y aura Camina qui est une ex-mercenaire assez fougueuse qui donne un nouveau but à sa vie.

C'est assez intéressant de les suivre car il y a une réelle psychologie des personnages au service d'un récit qui va nous transporter d'un monde à l'autre. le thème sera celui d'une humanité totalement déconnectée de son berceau à savoir la Terre.

Ce titre bénéficie d'une bonne critique de manière générale qui incite à le découvrir. Ce n'est pas la meilleure science-fiction que j'ai pu lire en raison de ce graphisme aux têtes disproportionnées mais il n'en demeure pas moins intéressant sur le fond. Certes, la forme laisse un peu à désirer dans ses contradictions.

Au final, voici un titre qui traite de la colonisation de l'espace sur un mode assez désenchanté.
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Ben voilà! C'est Noël, je me suis fait un petit plaisir. Ayant acheté cette BD pour l'offrir, je l'ai lue rapidement avant que le vieux barbu me la chipe pour la mettre sous le sapin., ou dans des chaussettes ou des bas...
Eh ben, j'ai beaucoup aimé! mais vraiment beaucoup, beaucoup!
Au départ, je partais avec une légère appréhension, car c'est un gros pavé, une BD de près de 200 pages, ce n'est pas rien! Mais finalement, je ne regrette pas.

Un sacré bon récit : Frontier, C'est de la SF pur jus mais avec plein de clins d'oeil à ce que nous vivons aujourd'hui sur notre bonne vieille planète de laquelle nous avons encore un peu de mal à nous décrocher,
faute de vaisseaux adéquats et de sources d'énergie qui nous permettraient d'aller vadrouiller un petit peu plus loin que la Lune ou même Vénus :

Resssources pillées par de gros conglomérats souvent au prix d'une énorme pollution des terrains exploités, privatisation de tout ce qui peut l'être, forces de sécurité privées pour la répression, armée privatisée avec mercenaires, laboratoires privés pour d'étranges recherches autour de virus mutants, réfugiés économiques, planétaires et sociaux... ça vous rappelle quelque-chose tout ça?
Le récit rourne autour de trois personnages clés:
- Ji-Soo, Scientifique spécialisée dans l'archéologie spatiale, à la recherche des origines de l'univers.
- Alex, ouvrier spationaute spécialisé dans le touche à tout, mais un peu caractériel et à fleur de peau lorsqu'on lui parle d'expérimentation sur les animaux. Alex va adopter un de ces animaux, un petit singe, Gokü, qui le suivra partout dans son périple dans l'espace.
- Camina, une petite nana mercenaire qui va se recycler comme redresseuse de torts pour lutter contre l'injustice et pour la sauvegarde de l'humanité à la suite d'une mission qui va mal tourner pour elle et au cours de laquelle elle va perdre son bras et donc changer de perspectives pour faire bénéficier de ses talents de super soldate de l'espace.

Mais tout n'est pas noir, il y a aussi beaucoup d'espoir dans cet univers hyper pollué, et dont on ne donnerait pas un kopek sur son avenir!
D'abord, il y a nos trois "héros" dans leur quête qui s'avérera juste et pacifique, on y croise aussi des personnages qui luttent pour offrir des alternatives, des mondes où partage et solidarité sont les principaux axes de développement, des créateurs de super vaisseaux ZAD, bref, Non, tout n'est pas complètement sans espoir!

J'ai eu beaucoup de plaisir à lire cette superbe BD, bourrée d'inventions géniales, d'envie d'utopies, et complétée à la fin d'un petit bonus : Guillaume Singelin, auteur de cette super Bd, nous offre l'évolution de son projet à partir des ses crobards d'archives, ses envies, ses désirs depuis 2013, date à laquelle il a commencé à avoir des idées dingues sur cet univers SF qui verra enfin le journ en 2023!
Pour moi, c'est littéralement un coup de coeur! 💓
Allez Père Noël, faites leur plaisir! 😉
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Club N°53 : BD sélectionnée ❤️
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un vrai coup de coeur !

L'histoire est intéressante et originale à la fois satire sociale et fable écologique.

Elle prend le temps de construire les personnages.

Mention spéciale au dessin et particulièrement au décors mélangeant le végétal aux environnements plus classiques d'un space opéra.

Sam
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Un très bel "space opéra" : le dessin est vraiment réussi, les couleurs sont douces.

L'histoire est bien menée !

Et quelle réflexion sur le capitalisme et ses conséquences désastreuses.

Barbara
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Un space opera sympathique avec trois personnages centraux qui se retrouvent réunis par le hasard, une scientifique stellaire, un mécano de l'espace et une mercenaire en zéro-gravite.

L'attachement aux planètes pour les uns, à l'espace pour les autres et une recherche de solace pour tous.

Le dessin de Benoit Singelin est vraiment sympathique surtout pour les représentations spatiales et les environnements ultra-détaillés, mais le scenario manque un peu de profondeur.

On pense en lisant Frontier, à des oeuvres comme Shangri-La de Mathieu Bablet ou Soon de Cadene et Adam, mais qui offrent une écriture bien plus intéressante et poussée.

Reste une BD fort sympathique qui plaira à tous les âges dans un beau format, Label 619 oblige.

Greg
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Après The Grocery, Guillaume Singelin est toujours aussi efficace pour nous mettre le nez dans ce qui déraille dans notre société.

Cette fois il se risque à la S.F mais c'est toujours aussi efficace pour faire passer son message.

Graphiquement je suis fan, le fourmillement de détails est incroyable, les couleurs et les ambiances des différents lieux sont très sympa.

Son style "petits bonhommes rondouillards" fonctionne bien.

Mon seul regret est que tout cela manque d'aventure.

Gilles
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Énorme coup de coeur !

Super graphisme et scénario très intelligent, c'est un vrai bonheur de suivre ces aventures spatiales.

Après Carbone & Silicium, une nouvelle oeuvre majeure de la S.F proposé par Label 619.

Clément
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A travers ce récit de science-fiction (Planet et Space opera) se cache une sévère satire sociale de notre monde actuel comme le capitalisme à outrance, les différents problèmes d'écologie, les migrations climatiques, la surconsommation…

Au niveau du dessin, cette BD donne envie de rejouer au playmobil® :), ce qui pour moi est le but recherché par Guillaume Singelin afin de nous faire comprendre que ces personnages ne sont que des jouets au service de cette société.

C'est justement le déclencheur de cette histoire où deux de ces playmobil® ne veulent plus rester dans ce système.

Aaricia
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Une BD qui prend son temps et se lit avec plaisir.

De la science-fiction intelligente !

David
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Graphisme, scénario, univers : une belle réussite !

Xel
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Formidable ! un vrai coup de coeur !
Guillaume Singelin frappe un grand coup.

Des petits personnages, inspirés de mangas jeunesse, avec de tout petits pieds, des bouilles rondes, évoluent dans une univers de science-fiction particulièrement bien élaboré, avec une rigueur scientifique poussée, crédible et complexe, dans le genre de ce qui se fait actuellement dans la littérature de science-fiction de qualité. le graphisme est poussé dans les détails, les endroits clos de stations spatiales sont soigneusement travaillés. Les couleurs sont posées avec beaucoup de délicatesse, les couleurs pastels dominent mais les éclats de couleurs ne sont pas absents pour autant, les illustrations en ou hors atmosphère sont rendues avec efficacité, et on s'y croirait presque alors que les personnages ont des aspect tout doux de littérature enfantine. J'adore ce contraste, dureté et douceur se mélangent pour une immersion profonde dans l'univers qu'il nous propose. C'est beau, c'est intense, c'est imaginatif, c'est riche, c'est parfait.

La thématique aussi est très réussie, la recherche spatiale est phagocytée par les grandes sociétés privées qui voient leur enrichissement avant tout. Nos trois personnages principaux évoluent en porte-à-faux dans ce monde extraterrestre outrageusement capitaliste et sans souci d'éthique, la recherche du profit s'en passe très bien, tout ce qui n'est pas interdit est permis. Il y a du space opéra (avec le personnage qui retape de vieux vaisseaux sur une planète perdue et la flibuste est revue à la mode du futur), du hard SF, de l'intrigue sociale, le tout débouche sur une réflexion sur nos modes d'évolution, sur l'humanité, sur les choix de vie, les orientations économiques, écologiques et sociétales. Les personnages aussi sont particulièrement bien campés, avec leurs doutes et leurs lâchetés, leurs faiblesses et leurs forces. le tout parait même très crédible, pas d'entité supérieure, de supers pouvoirs, et autres artifices et facilités scénaristiques, c'est au contraire très réaliste malgré la magie de la vie dans l'espace.

On retrouve un lien de parenté avec Shangri-la de Mathieu Bablet, mais on pourrait aussi trouver des liens avec le roman de science-fiction actuel, c'est le genre d'histoire que j'aime découvrir, j'y ai trouvé tout ce que j'attends d'un récit de science fiction : de l'imagination, de la réflexion, de l'émotion, de l'intelligence. Et pour couronner le tout, il y a aussi tout ce que j'attends d'un roman graphique, de la richesse graphique, du grand spectacle, de l'invention, du rythme et de la densité.

C'est de la science-fiction qui offre de la réflexion, un récit envoûtant, plein de rebondissements, superbement construit avec des personnages formidables et c'est aussi un livre magnifique.
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Une bande dessinée originale dans un univers habituellement marqué par les explosions de couleur et la débauche d'effets spatiaux (assez content de moi...)
Ici, pas du tout, c'est un space opera intimiste, un concerto pour trois héros plus attachants les uns que les autres.
Une longue promenade dans un univers graphique au début assez surprenant mais tellement travaillé qu'il force le respect.
Et puis, soyons honnêtes, c'est résolument optimiste et de nos jours, on en a bien besoin.
Comme vous le voyez, les presque deux cent pages sont passées sans problème et constituent une proposition des plus recommandable.
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Une bande dessinée de science-fiction cyberpunk, lumineuse et absolument magnifique avec des mégacorpos qui exploitent personnes et terres sans retenue, des voyages interplanétaires et des personnages hauts en couleur. Frontier est assurément une BD coup de coeur !

Dans un futur plus ou moins lointain, Ji-Soo est une exo-archéologue qui travaille sur la sonde spatiale la plus avancée de son temps. Malheureusement, avant qu'elle n'ait le temps de le lancer, son laboratoire est racheté par Energy Solution, une mégacorporation qui ne songe qu'à utiliser la sonde pour trouver des astéroïdes à exploiter (tiens, le monde n'a pas tant que ça changé).

Ji-Soo est vite mise au placard, vlam, envoyée de planète en planète pour finir sur une station spatiale où elle fait la rencontre d'Alex et de Goku, un adorable petit singe. Après avoir découvert certains secrets d'Energy Solution, ils s'échappent avec fracas et s'écrasent sur la planète Minerve, où évolue notre troisième larronne, Camina. Cette dernière est une ex-militaire, ex-mercenaire, reconvertie en recycleuse de déchets spatiaux.

Les problèmes de nos héros sont très terre à terre : si le laboratoire de Ji-Soo se vend à ce conglomérat, c'est parce qu'il a voulu être indépendant et finalement manque d'argent ; si Energy Solution rachète le projet de sonde, ce n'est pas pour la science ou la recherche, c'est affiché, c'est pour l'argent ; dans les stations, on est confronté aux problèmes d'accès à l'eau, de renouvellement de l'air, d'autosuffisance et de pérennité du projet humain dans l'espace.

N'ayant que peu de connaissances de l'art du dessin, je vais utiliser une terminologie très profane : c'est super beau. Chaque case est un concentré d'émotion, de beauté, de d'action. le mouvement des vaisseaux et des stations dans l'espace sont bien dessinés. On arrive à sonder les sentiments et les doutes des personnages. Et cocasse pour une bande dessinée de science-fiction : les paysages terrestres sont superbes. Les lumières chatoyantes comme les couleurs souvent pastels, parfois profondes, rendent service à une histoire plutôt classique.
Les scientifiques révoltés que leur technologie soit dévoyée par l'argent, le petit être faible qu'on doit défendre contre des agresseurs trop forts quoiqu'il en coûte (profitons, il paraît que c'est bientôt fini), l'ex-soldat qui suit sa quête de rédemption. le tout est néanmoins servi avec de subtiles personnages, idéalistes mais réalistes et nuancés.

Ravissante découverte !
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Sympathique dessin, surtout les personnages, et de belles planches sans texte. Un avenir possible avec l'Homme toujours en quête d'argent et de destruction. Après la Terre, l'espace, où tout est permis car aucune loi n'y est en vigueur : exploitation de ressources à l'extrême, mercenaires, agences de sécurité privées et quelques résistants tout de même...
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L'un de mes albums préférés du concours Alice et Clochette 2024.
On y parle d'exploration et de conquête spatiale, de profits, de luttes d'influence, d'épidémies et de communautés où on tente de reconstruire des modèles de microsociétés pour le coup rebelles et bien plus humanistes et écologiques que la norme ; un trio de l'étrange formé de Vi-Soo, une scientifique frustrée et désabusée, d'Alex, un ouvrier idéaliste et de Camina, une ex-mercenaire en quête de sens, va chercher et trouver des ressources afin de sauver un petit singe des griffes d'un laboratoire pharmaceutique et - au fond - donner une nouvelle orientation à leurs vies.

J'ai voyagé avec plaisir dans cet univers cyber-punk où les personnages très attachants ont des proportions si particulières. Mais le dessin, à la fois simple et très riche d'informations confère à cette ambiance technologique un petit quelque chose de captivant ; j'aime beaucoup les extérieurs qui sont très réussis ainsi que les ambiances dans les vaisseaux plutôt sales et où tout traine de partout ; mal rangés, éprouvés et usés, sans doute nauséabonds, on y perçoit facilement des relents résiduels de poussière, des odeurs de pieds ou d'aisselles mal nettoyés. Les auteurs ne cherchent pas à nous vendre du rêve, bien au contraire ; on se réveille à la porte de ce monde comme à la suite d'une longue convalescence un peu sonnés et flageolants.

Et l'Homme dans tout ça ? Pouvait-il devenir différent ?
Non. Les corporations sont toujours aussi avides de pouvoir et toutes en concurrence les unes avec les autres pour piller sur chaque nouvelle planète investie les ressources minières au détriment de l'écologie, des plantes, des bêtes et des êtres humains utilisés comme ouvriers, sinon comme esclaves.
Comme au vingtième siècle – et au vingt-et-unième – l'exploitation de masse entraîne la pollution des sols et de l'air respirable et le capitalisme sauvage est devenu la norme. Cette ultime ruée vers l'or a tôt fait d'anéantir toutes les actions de protections des zones vivables et des relations sociales.

Heureusement, un espoir subsiste.
Et le DOLPHIN type 619 et son équipage sont là pour le faire renaître !
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L'espace d'une déception

Je ne lis plus qu'occasionnellement des bd, uniquement quand la rumeur m'en convainc, non par manque d'intérêt mais plutôt parce que je suis convaincu qu'il y a tellement de choses assez intéressantes que je pourrais y consacrer tout mon temps... et finalement le perdre.

Donc j'espère des chefs d'oeuvre ou, tout au moins, des propositions assez radicales pour se distinguer du lot. La rumeur me promettait les deux pour Frontier.

C'est pour moi une déception même si l'album et d'un niveau très honorable. Les dessins sont très beaux mais j'ai trouvé le récit assez banal, dans un avenir spatial où les personnages se trouvent en quête de communs dans un univers de prédation capitaliste. Mouais, impression de déjà vu / lu...

Le côté radical de la proposition, c'est le graphisme, très beau. Mais il fait évoluer dans des décors très fouillés, d'apparence réalistes, des personnages campés en homoncules (des pets shop) asexués, petits pieds et grosses têtes qui ne m'ont pas convaincu.
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Décidément plus je découvre le Label 619 chez Rue de Sèvres, plus je trouve de titres qui me correspondent. Ici avec une histoire complète en un volume signée entièrement de la main de Guillaume Singelin, j'ai retrouvé une SF futuriste et humaine, contemplative et réflexive, comme j'en trouve rarement, avec en prime un univers graphique des plus séduisant et apaisant.

La SF et moi, c'est une longue histoire d'amour, je crois que mes chroniques ici en témoignent. J'aime à peu près tous les genres qu'on peut y trouver et je l'expérimente aussi sous toutes ses formes : films, séries, romans, mangas, albums, documentaires, BDs. Beaucoup me poussent à réfléchir sur différents aspects de notre futur et de notre présent mais peu ont vraiment ce sentiment de réalisme que j'ai trouvé ici et peu ont un univers graphique aussi doux et apaisant tout en me grattant là où ça fait mal. C'est simple, je n'avais pas retrouvé cette ambiance depuis le superbe Cité Saturne d'Hisae Iwaoka et les textes de Becky Chambers.

Guillaume Singelin signe ici une oeuvre complète qu'il a laissé maturé pendant plus de 10 ans avant de nous la livrer ici sous cette forme. Il nous en livre d'ailleurs une partie des coulisses dans les cahiers de croquis qui clôturent le tome et nous montre les orientations auxquelles il a pensé au fil du temps, les conservant ou les abandonnant. Cette oeuvre est donc quelque chose de très important pour lui et cela s'en ressent à la lecture.

Nous allons suivre pendant près de 200 pages, une scientifique Ji-soo frustrée de ce que les grandes sociétés vont faire de ses inventions et recherches, qui va donc se laisser porter d'un poste à l'autre tout en contestant à chaque fois l'ordre établi et lui mettant des bâtons dans les roues, mais avec une certaine résignation. Dans cette atmosphère un peu lénifiante et pleine d'apathie, quelque chose va tout de même naître au fil des rencontres de celle-ci avec d'autres êtres qui eux aussi ont quelque chose à dire contre l'ordre établi.

Frontier c'est une vaste aventure humaine qui nous amène loin dans l'espace. Aux côtés de Ji-soo nous allons voyager, réfléchir et aimer, car si réflexions il y a sur notre mode de vie, mode d'exploitation, mode de raisonnement, il y a aussi beaucoup d'amour et de sentiments dans cet album. On le ressent dès les premières pages à travers le trait fort singulier de l'auteur et son rapport aux couleurs. Il nous livre en effet, des propos souvent très durs sur l'évolution de notre société mais sous un trait tout rond et tout mignon qui interpelle. Il nous montre ce que l'humanité peut faire de pire par désir de conquête et d'enrichissement personnel et pourtant il capture cela dans une palette lumineuse et rayonnante, rappelant les rêves de barbe-à-papa qu'on fait enfant. C'est très singulier.

Mais on prend vraiment plaisir à accompagner Jin-soo au cours de ce chemin de vie qu'elle entreprend pour réaliser ce qui compte avant tout pour elle. C'est d'une grande douceur qui contraste avec la brutalité de la société autour d'elle et cette dichotomie va nous accompagner tout du long. le rythme est lent et presque contemplatif et pourtant les scènes sont d'une rare violence. On passe d'un projet volé à sa créatrice, à une expulsion de la Terre, puis une vie très frugale en apesanteur et surtout très anxiogène quand on voit le taux de mortalité. Les conflits sont légion pour s'approprier telles ou telles ressources et les humains semblent n'être que des pions. Malgré tout, l'héroïne survit et fait des rencontres. Celles-ci sont ce qui animera cette lecture, que ce soit le réparateur Alex, le petit singe trop mignon Goku, la forte tête Camina, une mercenaire, ou les équipages des vaisseaux sur lesquels ils vont passer et vivre. Chacun apportera sa pierre à l'édifice de la réflexion intérieure spontanée de l'héroïne.

J'ai beaucoup aimé le côté fort réaliste du cadre spatial de ce space opera. L'auteur nous croque une vie en station orbitale, puis en navette, vaisseau ou sur une planète en partie hostile, plus vraie que nature. C'est à la fois banal et palpitant. On suit à la fois leur quotidien et leurs aventures. On découvre par le menu la vie à bord, avec les couchettes, les douches, les réfectoires, les "jardins", les lieux de détente, les locaux pour travailler. On discute aussi des idéologies de chacun en ce qui concerne la vie dans l'espace et ce qu'on en attend en matière d'humanité et de rapport à la nature. On voit combien c'est dur pour chacun de s'habituer à un nouvel environnement pour qui est né sur Terre ou qui est né dans l'espace. Toutes ces petites choses qui font que nous sommes dans un univers riche, pensé et cohérent, qui l'air de rien a quelque chose à raconter.

J'ai beaucoup aimé pour ma part ce tranche de vie spatial aventureux et philosophique où la vie dans toutes son altérité et sa variété à son importance. J'ai aimé que l'auteur prenne son temps et nous prenne par la main pour nous accompagner et nous amener à cheminer avec son héroïne. J'ai été touchée par les interactions qui se sont nouées notamment entre Alex, Jin-Soo et Goku, le singe. J'ai surtout été totalement charmé par l'ambiance hors du temps des dessins, leur rondeur et la beauté de leur mise en couleur avec ses couleurs si merveilleuses. Alors oui, parfois les planches sont un peu denses ce qui freine la fluidité de lecture et rend même graphiquement l'ensemble surchargé, mais ça correspond bien aussi à cette vie dans l'espace où chaque espace compte et à l'esprit de l'homme qui n'a pas encore appris à faire le tri pour ne garder que l'essentiel, ce qui allégerait l'espace. Il est encore en transition comme nous.

Frontier fut donc une expérience des plus singulière qui m'a fascinée, charmée, touchée et fait réfléchir à l'image de son héroïne aux côtés de qui ont grandi également au fil de ses aventures et rencontres pour finir par atteindre une certaine sérénité dans ce monde fou qui l'entoure et qu'on connaît si bien, pas qu'elle soit sans combat, mais elle a compris qu'il y a peut-être une autre voie que l'agitation pour lutter. Frontier se révèle donc comme les textes de Becky Chambers et le manga d'Hisae Iwaoka une SF apaisante et positive qui fait extrêmement de bien.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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