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sur 156 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Rwanda, printemps 1994.
Miliciens armés de machettes, de fusils, massacrant, pillant, violant.
« Entre les Hutu et les Tutsi, la déchirure est celle du quotidien, elle est intime. On dénonce ses voisins, on leur en veut, pour des disputes banales de récoltes, de bétail, de parcelles qui viennent s'ajouter au crime d'être tutsi, et le mobile n'en est que plus justifié. On les tue, parfois, par crainte d'être assassiné. On tue sa compagne ou son compagnon parce que son ethnie n'est pas la bonne. On glisse dans l'absurde. Nos mots de journalistes n'ont plus de sens. »

« En trois mois, notre pays s'était suicidé. (...) Des millions de réfugiés, d'assassins, de survivants se mêlaient dans les camps, parcouraient les routes. Certains revenaient chez eux, retrouvaient leur maison ; il était difficile de dire qu'ils retrouvaient un foyer. »

C'est toujours délicat d'émettre un jugement négatif sur un ouvrage qui traite d'un sujet grave, douloureux.
J'ai trop longtemps trouvé le texte froid et les personnages peu convaincants pour prétendre avoir été touchée par ce récit.
J'ai appris, ré-appris des choses sur ce terrible génocide rwandais : la responsabilité de la colonisation, la soudaineté du déclenchement des massacres, leur violence, l'impuissance de l'Onu...

Je retiendrai cette idée, car je me demande comment les reporters de guerre peuvent rester 'spectateurs' : « Quoi qu'elle ait vu, quoi qu'elle ait entendu, elle n'avait jamais posé son carnet. Ni en Afghanistan, ni en Somalie, ni ailleurs. Elle n'était jamais intervenue. Elle n'avait jamais saisi la main d'un enfant. Et elle comprit, quoique leur geste fût spontané, instinctif, irrémédiablement humain, que quelque chose s'était brisé. (...) Lorsque sa main s'était posée sur les yeux de cette enfant, elle était sortie du cadre qu'elle croyait s'être imposé. C'était ce qu'il fallait faire, mais ça changeait tout. »

▪️ Merci à Babelio et à Belfond.
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"C'est en avril 1994 que j'ai demandé à Dieu de divorcer" (p.9) Tels sont les quelques mots sur lesquels s'ouvre ce premier roman de Yoan Smadja. 20 ans ont en effet passé depuis que Sacha, ex-reporter de guerre française, a cessé de croire en Dieu. Désormais devenue critique gastronomique, elle se remémore ce sinistre printemps de 1994 lors duquel elle a assisté aux événements insensés qui se sont déroulés au Rwanda. Elle y rencontrait Daniel, ce médecin Tutsi qui gravait des fleurs dans l'écorce des arbres et y découvrait aussi l'histoire de Rose, sa femme muette qui rêvait de poésie...

Tout comme "Petit pays" de Gaël Faye qui évoque aussi le conflit rwandais, ce 1er roman de Yoan Smadja, bien que fictif, s'inspire de faits réels. de cette tragédie rwandaise, l'auteur a su, grâce à un minutieux travail de documentation et à son talent, donner vie à un récit à la fois onirique et réaliste : un rêve pour le souvenir du riz au lait vanillé de Rose et un véritable enfer pour ce qu'a vraiment été le génocide rwandais. Et ce n'est que lorsqu'on a refermé la dernière page du livre que l'on comprend ce que peut symboliser la résilience et tout l'espoir qu'elle porte en elle... Un premier roman réussi dont le titre "J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi" prend tout son sens à la lecture. A découvrir...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi.
Yoan SMADJA

1994.
Deux femmes qui ne se connaissent pas : Sacha la journaliste française envoyée en Afrique du Sud pour un sujet sur les élections post apartheid et Rose la jeune Tutsi muette qui travaille aux cuisines dans la demeure du consul de France et qui fait sécher de la vanille sur son toit.
Rose communique par écrit avec Daniel son mari souvent absent car il est médecin.
Sacha tombe sur une affaire étrange : des caisses et des caisses de machettes et fusils qu'elle décide de suivre … jusqu'au Rwanda.
Où elle rencontrera Daniel qui s'avérera un bon laisser passer pour elle.
Mais la guerre éclate au Rwanda et les Hutus massacrent les Tutsis à coups de machettes.
Et Sacha assiste à toute cette horreur.
Et Rose doit s'enfuir avec le petit Joseph pour éviter d'être tués.
Et Daniel devient presque fou à force de les chercher sans jamais les retrouver, de graver des roses partout où il cherche.
Seuls les écrits de Sacha et de Rose pourront témoigner de l'horreur de cette folie meurtrière.
Un livre que j'avais depuis de nombreuses années et pour lequel j'avais une véritable attirance quant à la couverture.
L'histoire est bien menée entre la vision professionnelle et européenne de Sacha et la vision personnelle et autochtone de Rose.
Malheureusement un génocide reste un génocide et il est inévitable de décrire les horreurs commises même si je les trouves plutôt « pas trop détaillées » ici contrairement à d'autres lectures sur le sujet.
Pour le devoir de mémoire : à lire !







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Rwanda, avril 1994. Deux journalistes, Sacha et Benjamin, en suivant depuis le Cap la trace de camions remplis d'armes, arrivent à Kigali. Dans la capitale rwandaise, l'atmosphère se plombe de menaces que la presse alimente encore par des appels à l'éradication des "inyenzi". Un mot qui signifie "cafards" et que les Hutu utilisent pour qualifier les Tutsi. Plongés dans le déchaînement effroyable d'une violence qu'aucun mot ne peut exprimer, Sacha et Benjamin font connaissance de Daniel, médecin proche du FPR (Front Patriotique Rwandais). Celui-ci est à la recherche de Rose, sa femme, et de Joseph, leur fils, fuyant les machettes et les fusils hutu des voisins, des anciens amis, des bandes avinées d'adolescents. Muette, Rose écrit des lettres pour Daniel, chaque jour, dans son carnet.
Le récit de ces jours épouvantables se construit ainsi selon deux points de vue : l'un, européen, emprunte le regard de Sacha et Benjamin, rompus aux reportages en zones de conflits, et qui, pour la première fois ne peuvent faire autrement que de dépasser ce rôle de témoin pour intervenir, même s'il faut pour cela "poser son stylo et son carnet". L'autre, rwandais, tutsi, est celui de Rose qui transcrit l'horreur, vécue de l'intérieur, pour garder vivant le lien avec son mari. Cette double narration permet de décrypter le génocide des Tutsi en démontant les mécanismes de l'endoctrinement et en précisant le contexte qui y a conduit. Cette fonction informative est pleinement et clairement assumée par l'histoire de Sacha. le point de vue de Rose, quant à lui, est baigné d'émotions, de sensations. La raison se fracasse à la terreur pure face à ce qui reste inexplicable : cette haine latente des Hutu pour les Tutsi depuis des générations, qui explose dans un déferlement de férocité.
Le génocide des Tutsi au Rwanda demeure du domaine de l'indicible et le roman de Yoan Smadja montre à quel point le langage est impuissant à exprimer ce qui s'est passé en avril 1994 comme à en rendre compte. le mutisme de Rose comme le choix du silence de Sacha sont, de ce point de vue, symboliques de cette parole démunie de ses fonctions essentielles : informer, exprimer, témoigner, relier... Cette incapacité à dire rejoint les interrogations qui furent celles de Primo Levi, de Jorge Semprun et de ceux qui sont revenus des camps d'extermination nazis. "J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi" tire une grande partie de sa force de ce paradoxe implacable : faire le récit de ce qui ne peut être mis en mots.
D'où vient alors que je ne me sente pas complètement convaincue par ce tour de force méritoire ? Comment se fait-il que je sois restée relativement extérieure au récit ? Ma seule hypothèse est que, d'une part, je suis restée trop marquée par ma lecture de "Inyenzi ou les Cafards" de Scholastique Mukasonga (Gallimard - Continents noirs - 2006) et que, d'autre part, entre la fin de ma lecture et l'écriture de ce commentaire, j'ai lu "Tous tes enfants dispersés" de Beata Umubyeyi Mairesse, deux romans qui m'ont intégralement bouleversée-chavirée. Je crois que "J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi", malgré ses qualités indiscutables, a pâti de ces lectures aux thèmes similaires. Il n'a provoqué chez moi ni choc, ni émotion notable. J'en reconnais la facture maîtrisée et son intérêt, mais, voilà, c'est tout.
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A la différence de Caryl Férey qui, dans ses romans, parvient à ancrer une réelle intrigue dans un environnement social et historique, J'ai cru qu'ils enlevaient toute trace de toi se réduit à son contexte historique avec un scénario qui ne parvient pas à prendre le devant sur L Histoire. Peut-être que le génocide des Tutsis est tellement abominable qu'il étouffe n'importe quelle tentative de fiction ?

J'ai tout de même été touchée par le récit, prise par l'histoire que j'ai lue en quelques jours, mais ce n'est pas grâce à la qualité de la fiction ou grâce à la plume de l'auteur ; c'est la lourdeur du génocide rwandais qui nous happe.

Le rythme du récit est plutôt saccadé car il alterne entre une variété de formats avec une qualité d'écriture fluctuante : la narration, des descriptions socio-historiques et des lettres-témoignage. Les personnages sont chacun un peu caricaturaux et le scénario m'a semblé sans grand intérêt. La force du récit émerge de sa documentation très informative et des lettres : une jeune femme, muette, retrace à son mari, tel un journal intime, le Rwanda de son enfance jusqu'aux semaines violentes de guerre civile. Ce témoignage, très chargé émotionnellement, à un certain point insoutenable à lire, finit par démontrer, dans une dernière lettre éblouissante, la possibilité d'une reconstruction après de telles atrocités.

Finalement en un livre plutôt court, Yoan Smadja nous fait évoluer parmi les pires atrocités d'une guerre particulièrement barbare et mutilante, et l'une des forces humaines les plus époustouflantes : la résilience.
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Un roman sur le génocide des Tutsis est trop rare et toujours nécessaire pour le critiquer.

La structure narrative fonctionne bien en faisant alterner la voix de Sacha, correspondante de guerre témoin des événements, et celle de Rose, une jeune femme Tutsi muette qui subit de plein fouet la violence des Hutus. le désengagement des Etats est très bien traitée, criant d'injustice.

Malgré tous ces bons points, j'avoue avoir été gênée par certains passages de ce livre, notamment ceux concernant Rose. Il y a trop de douleur autour d'elle, même avant le début du génocide, même dans les scènes d'amour entre Daniel et elle. Comme si toute cette violence était un état de fait, inéluctable. de ce fait, j'ai du mal avec la fin de l'histoire…

Quoi qu'il en soit, je conseille à tout le monde de lire ce roman pour se faire sa propre opinion et ne surtout pas oublier ce qui s'est passé au Rwanda.
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