Je n'ai pas de projet professionnel

Je n'ai pas de projet professionnel se veut être une ode à l'anticonformisme en se lançant dans une analyse de la musique punk et grunge : tout le milieu que je n'apprécie pas trop. J'aime le commercial c'est-à-dire la musique compatible au plus grand nombre et qui fait danser la planète dans la joie et la bonne humeur dans une mélodie qui n'est pas une insulte aux oreilles. Il y a certes une critique de ce milieu hard rock qui possède ses propres codes mais qui s'enterre également dans ses propres contradictions en irrigant des dogmes sectaires.

Le dessin me fait penser aux fameuses têtes hideuses que dessine cet auteur italien du nom de Gipi que je n'arrive pas à vénérer. C'est typiquement underground à souhait et même assez souvent très vulgaire dans le vocabulaire employé. Par ailleurs, toutes ces réflexions m'ont paru assez soporifiques. Visiblement, cela appartient à une autre planète que la mienne ce que je respecte. Cependant, respecter ne veut pas dire aimer. Tout dans cette bd me rebute que cela soit le graphisme ou le scénario d'ailleurs inexistant. Il est vrai que ma note reflète le plaisir de lecture.

Je ne doute pas qu'une personne ayant partagé les mêmes expériences dans ce domaine particulier puisse trouver cette lecture assez intéressante. En ce qui me concerne, je n'ai rien trouvé.

Rockeur et dessinateur de BD, deux passions, deux activités que conjugue avec talent David Snug et qu'il semble mener avec la même envie, celle de tout faire ou presque en mode DIY. le « Do It Yourself », un concept, vous l'aurez compris si vous avez fait anglais première langue, qui consiste à tout faire soit même ou presque et à dépendre le moins possible des autres. Bref, la liberté totale ! Et depuis tout bien longtemps David Snug cultive ce goût pour la liberté et l'autonomie, lui qui n'a jamais voulu devenir musicien professionnel.
Dans les années 90, étudiant sans grande conviction en arts plastiques, il enchaine les petits boulots et tente de monter des groupes d'abord chez lui à Bayeux au lycée – pas facile de percer à Bayeux, surtout quand on n'écoute pas Bob Marley ou Pearl Jam – puis à Caen où il va étudier à la fac tout en jouant ici ou là, lui, le fan absolu de Sabadoh et de Pavement.

A travers ce livre autobiographique, l'auteur de la vie est trop Kurt nous raconte son parcours avec beaucoup d'humour et de lucidité. Il revient sur son adolescence à Bayeux, sur sa découverte du milieu du rock, ce petit monde de la musique indé, la religion du DIY, mais aussi les SMAC et les groupes de plus en plus formatés qui gravitent autour de ces nouvelles scènes régionales.
David Snug évoque aussi la façon dont il conçoit aujourd'hui la musique avec son groupe Trotski Nautique, privilégiant l'autogestion, loin du business de plus en plus présent dans le rock indé actuel avec les producteurs et les tourneurs à l'affut du moindre groupe capable de faire trois bonnes chansons… à l'image des recruteurs dans le foot, scrutant aux quatre coins du monde les petits prodiges et peut-être futures stars de demain.

Bien conscient de son statut précaire de musicien en décalage avec son époque, mais sans aigreur et plutôt heureux de ne pas faire comme tout le monde, David Snug dit les choses de manière directe dans un livre drôle, instructif, et qui donne envie d'aller écouter un disque de Trotski Nautique ou, mieux encore, d'aller voir le groupe en concert et pourquoi pas de boire un verre avec le barbu à lunettes.
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