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sur 244 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Joy Sorman a passé une année au plus près des fous, chaque mercredi à l'unité 4B d'un hôpital psychiatrique. Ce livre est formidable car Joy, avec beaucoup de bienveillance et d'empathie, humanise toutes les folies, du schizophrène au mélancolique, elle s'attarde à comprendre les profondeurs d'un royaume parallèle. Oui la folie est un royaume car pour Franck, Maria, Jessica et les autres, la folie est un rempart à la réalité qui pour certains êtres fragiles ou fragilisés se montre glaçante et douloureuse. Joy Sorman nous parle de ces êtres aux identités troubles, ces marginaux incapables de vivre dans notre société où la règle première est : la normalité. À la folie renverse les vérités, les préjugés abscons.

« Quand je lui demande qui est fou, le médecin répond le fou est celui qui se prend la réalité en pleine gueule. »

Tout est fluide dans ce livre, visuel aussi avec des scènes qui permettent de visualiser les réflexions émotionnelles et philosophiques de Joy. Un livre pertinent à tous points de vue et qui par moment, déculpabilise d'être défaillant. de nombreux passages font sens, sont parfois douloureux car pour certains, il est de meilleur augure d'être bipolaire que dépressif, schizophrène que mélancolique.

Folie passagère, folie chronique, souffrance ou folie créatrice, ces 274 pages, on les pleure et on les aime à la folie. Tout le monde n'a pas la chance d'être heureux, d'avoir grandi dans du satin, la vie est parfois bien cruelle et certains ne s'en relèveront pas.

Merci Joy d'avoir écouté ces fous, ces malheureux, de les avoir un peu compris, d'avoir eu du coeur quand chimie et temps sont souvent bien insuffisants.
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Ni anthropologue, ni touriste,.. mais en ce lieu : voyageuse et journaliste.
Une frontière : celle que la société érige entre un monde normé, normatif, et cet autre monde, une terre inconnue, la folie. Mais qu'est ce que la folie lorsqu'elle est isolée, incarcérée, contenue dans une camisole chimique.Confinée. Une île singulière. faite de singuliers, un aggloméra de singularités, qui forme pour le monde de l'entour un pluriel devenu pour l'imaginaire collectif une entité : l'hôpital psychiatrique. Une trop simple unité.
Voyage, jour de bord d'une actualité. Ni une descente, ni une entrée en enfer. Juste une écoute, un regard. Que se passe-t-il derrière ces grilles, ces portes, ces fenêtres ?
Privation de la liberté d'être fous pour les uns, privations de moyens d'exercer pour les autres. Gardés, gardiens. Peur, danger, abyme, vertige, espace, questionnement, doute.
Le malheur est-il le facteur déclenchant de la folie, ou la folie engendre-t- elle le malheur ?
Qui de l'oeuf ou de la poule ? Causes et conséquences se livrent entre les murs une bataille parfois délirante.
La psychiatrie si elle n'est pas vérité, et elle ne l'est pas, n'est donc pas une science, Et peut-on dire d'une science qu'elle est vérité ?...Il faudrait être un savant fou pour croire qu'une science soit toute vérité. Une science est une recherche de vérité. Constante recherche de preuves.
Reportons nous à l'analyse de Jean-Noël HALLET ( Science et vérité), biologiste :
« La recherche scientifique apporte chaque jour son lot de découvertes sur la nature de l'univers et sur les mécanismes de la vie. Elle ne prétend pas à l'établissement d'une vérité définitive mais le fait scientifique est digne de confiance. Parce qu'il a été démontré par une méthode rigoureuse d'exploration du monde physique basée sur la preuve expérimentale et la réfutabilité, il se distingue des opinions et des croyances qui ne lui sont pas opposables. Il convient de le réaffirmer à l'ère de la post-vérité et des fake news. Mais il convient aussi de garantir que l'expertise scientifique soit indépendante et à l'abri des conflits d'intérêt. » .
Entre les murs, nulle vérité. Si ce n'est le constat d'une souffrance... sufferre « supporter ». sufferentia.. « action de supporter; résignation; attente patiente »
Alors quel est aujourd'hui cette mise en souffrance de la psychiatrie ?
Si être fou ce n'est pas être malade, alors que font les fous à l'hôpital ?.. Prévention ? Sauvegarde ? Rétention ? ...En ces lieux la folie trouve asile. « asylum », refuge.
Qui sont ces « prisonniers sociaux » ?
Une représentation condensée, exacerbée du monde extérieur ? le miroir de toutes nos peurs.
Psychoses, névroses. Peur de décrocher,de dévisser, de tomber, de glisser, de plonger, de ne pas convenir, de ne pas intégrer…

On efface la folie de la rue, comme on efface les mendiants, le handicap, la vieillesse, comme on chasse les virus on hygiéniste tout. Ne pas être contaminé par la folie. On enferme, si il le faut, on si on le doit : on dénonce. Qui décide, qui prononce, qui juge ? Quelle est la solidité des garde-fous que nous établissons aux fenêtres, aux portes de notre société ?
Plus de déraisonnable. Qu'est ce que perdre la raison ? Un drame ? Une échappée ? Un acte de survie ? Qui la perd, qui la retrouve, la raison des uns ne fait-il pas souvent le désespoir des autres ?
Allez, à la folie. Rendez-vous entre les pages de ce journal. Il vous fera comprendre la réalité d'une institution en souffrance, comme l'est l'ensemble du milieu hospitalier aujourd'hui. Comme l'est tout notre système de santé. Ceci de concerne pas que les fous, mais nous regardent toutes et tous.
Nous concernent. concernere « mélanger, mêler, unir ». Dissocier pour ne pas associer….
Associer cette folie à ce qui se vit, se joue en chacun de nous, et en l'ensemble de tous.
L'histoire de la folie, de la tolérance que nous manifestons à son égard , l'espace que nous lui concédons, la nécessité ou le danger que nous lui reconnaissons, c'est là l'histoire d'une société. La marge corrige. La marge ajoute, précise. Que devient un monde sans marge ? Qui sont celles et sont qui sont mis à la marge, cette marge qui tend à disparaître.
Pas de vérité, mais une multitude de possibles, une foule de questions.
Le sens de la parole, la nécessité du silence, la charge et la décharge des mots.
Miracle...hallucination...prophétie...délire…à chaque époque ses croyances….

Le geste, le regard, le corps, les émotions, les colères, la détresse, la douleur.

Pas de vérité, dans un monde qui oscille, qui tempête, qui murmure, qui rugit, qui tord les mots, les aiguisent, les éclatent, les révèlent. Pas de vérité dans une totale humanité.
Pas de vérité dans ce monde sismique à qui l'on demande de produire un tracé droit, une ligne plate.
Très belles pages de Joy Sorman, qui en nous invitant à nous déplacer nous placent.
C'est une des plus grande vertu de la littérature. La littérature n'est pas là pour détendre, aplanir, faire du tendre, du joli, faire de l'explicatif. La littérature est peinture. Elle nous replace. Face à l'obscurité, face à la lumière, face aux silences, face à la profondeur, ou à l'effacement des distances, face à ce qui nous formulons et à la nudité de la réalité, aussi belle et/ou épouvantable soit elle.
Être journaliste c'est écrire un journal.
Et lorsqu'un journal a la qualité de cet écrit, on parle de littérature.
Comme Kessel en son temps. Comme Duras. Comme Angela Carter . Comme Florence Aubenas. Comme Albert Camus.
On voudrait avoir plus de Kessel, de Duras, d'Aubenas, de Carter, de Camus, ou de Sorman dans les journaux quotidiens.
Mais pour notre bonheur, il y a les livres. Toujours. Encore. Cet essentiel.
Lisez « à la folie », c'est une invitation.
Un regard d'une brûlante actualité.
Ce qui est convenable aujourd'hui sera-t-il encore concevable demain ?
Qui peut se dire gardien de toutes nos certitudes ?...
"​Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux". Marcel Proust.
Astrid Shriqui Garain
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Tout d'abord merci et bravo à l'auteure qui, sans aller chercher bien loin, a eu bien du courage, de l'abnégation et de la résistance face à son année aux côtés des malades de deux HP (Hôpital Psychiatrique).
Il s'agit pour la plupart de psychotiques, mais aussi des dépressifs, des abouliques, des suicidaires.
Ce livre est dur, rapeux, écorchant les yeux et l'âme de chacun de nous.
Le constat est amer, triste, pessimiste.
On ne sort pas de ce livre tout à fait indemne.
L'auteure n'y va pas quatre chemins et laisse la langue de bois aux politiciens.
La psychiatrie, notre psychiatrie est mise à mal.
Ce que j'ai retenu de ce merveilleux livre (si, si) ?
Quantité de choses.
Debord que la plupart des psychiatres décident de tout, arbitrairement et sans états d'âme. C'est eux qui prescrivent les médicaments (camisole chimique), qui autorisent ou pas les sorties au cinéma, les randonnées, les menus plaisir de ces pauvres hères...
Ils sont dédaigneux, au pire méprisant, fort de leur pouvoir.
Il existe des chambres d'isolement, pour les malades trop agités, ou bien pour les punir.
On infantilise ces patients, tout le temps, pour tout.
Heureusement il existe des intervenants, ou des figures importantes comme le magnifique portrait d'Adrienne, qui n'est là que pour donner un peu de plaisir aux malades.
Il y a Franck, Robert, Youcef, Jules, Maria, et tant d'autres psychotiques qui, une fois sortis, (on ne guérit pas la maladie mentale), se retrouvent seuls avec leur liste interminable de médocs, à qui on a retiré leur(s) délire (s) et qui en sont privés, désemplit d'eux-mêmes, vide comme une coquille de noix, et qui préfèrent le suicide à la vacuité.
J'ai beaucoup aimé le chapitre sur la vision de la maladie mentale; la plupart du temps, par ignorance principalement, mais également par peur ou indifférence, les gens craignent la maladie mentale, la folie et les fous. On les met de côté, il ne faudrait pas qu'ils dérangent.....
Ah l'empathie !! Quel mot bidon dans cette situation, car elle n'existe pas l'empathie, sinon on ne les ferait pas disparaître en HP.
Ils sont enfermés comme des criminels, en PO (Placement d'Office) alors qu'ils n'ont commis aucun délit.
Et on les abrutit de médicaments et puis, oui, il y a l'ergothérapie, les électrochocs pour les plus atteints, à la rigueur la parole libérée, lors d'une psychothérapie, mais c'est tout et c'est bien peu.
Redonnons aux malades mentaux une place, une vraie, une stable.
On les met au rebut pour les cacher, pour ne plus les voir.
Beaucoup de portraits sont magnifiques, et la plupart des malades du service sont délirants, le délire pour échapper au réel, réalité effroyable à leurs yeux, à la suite d'un ou de plusieurs traumatismes infantiles.
Voilà.
Un livre finalement assez pessimiste.
Bravo sincèrement pour ce livre-témoignage superbe, avec une belle plume et un style parfois quasiment poétique.
Cette auteure a une acuité et un courage formidables, ce n'est pas à la portée de chacun de vouloir s'immiscer dans l'antre des "fous".
Une antre, hélas, qui, il me semble, n'est pas prête à soigner efficacement et à reconnaître l'humanité de ces malades.
"Ça ne meurt jamais" écrit l'auteure à un moment donné du livre.
Je suis d'accord.
Oui, effectivement, ça ne meurt jamais......


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Une véritable pépite d'intelligence et d'humanité que cet ouvrage pris en coup de vent sur le présentoir des nouveautés. Une ouverture d'esprit et une très grande sensibilité et un respect total des pensionnaires décrits avec beaucoup d'empathie et d'amour.
Un superbe plaidoyer pour la différence et la "folie" ordinaire ou bien moins...
Profond respect pour cette auteure que je découvre avec grand plaisir et dont j'aimerai également lire "L'inhabitable", hormis qu'actuellement il n'est disponible dans aucune des médiathèques où j'ai mes entrées ;_)
Un superbe roman / essai sur le monde de la psychiatrie, transcrit avec une grande lucidité et objectivité. Nullement déçue par cet ouvrage qui pour moi devrait être un incontournable de ce siècle !!!
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Rencontres dans un service de psychiatrie.
Rencontre avec les patients.
Rencontre avec les soignants.
Rencontre avec les réalités… Réalité de chaque patient, réalités différentes où trônent le délire…
Réalité de l'institution qui réduit les moyens financiers, donc humains tout en demandant un accompagnement plus performant… Réalité où règne la procédure qui rend toute décision complexe et longue…
Rencontre avec un monde qui oublie parfois que la bienveillance ne se chiffre pas…
Rencontre avec la folie… Celle des patients… Celle de l'institution psychiatrique…
Rencontre sans jugement ni pathos…
Rencontres nécessaires pour rappeler qu'en dehors des disciplines économiquement juteuses et narcissiquement influentes, le monde médical souffre… Certaines spécialités sont en voie de disparition et avec elles, ou plutôt sans elles, l'avenir des patients s'assombrit…
Un Livre nécessaire, humain, sincère et sensible, parfait reflet de la réalité.
Un livre d'actualité en cette dernière journée des Assises de la Psychiatrie… en espérant que les choses changent enfin de façon positive…
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« À l'hôpital psychiatrique, une grande part du temps infirmier est pourtant un temps informel – on s'assoit et on parle –, la bienveillance ne se chiffre pas, le plus efficace peut être imperceptible, non quantifiable. Tous le disent, on manque de soignants et les soignants manquent de temps, car ils le perdent à des tâches administratives toujours plus nombreuses, des tâches comptables qui rassurent sans doute les gestionnaires déconcertés par les pratiques incertaines de la psychiatrie, rétives à toute culture du résultat. »

Une citation parmi tant d'autres relevées, qui résume à merveille la démarche de ce livre singulier de Joy Sorman, dans lequel elle observe pendant une période un service de psychiatrie.

L'autrice ne tombe pas dans le piège du misérabilisme ni du sensationnalisme au gré des rencontres et des observations et elle restitue très bien l'atmosphère d'un service en psy. Elle prend le temps de décrire des patient.e.s et des soignant.e.s, le tout avec beaucoup de justesse et de pudeur. le lecteur découvre de sacrés parcours de vie et des réflexions qui font vaciller la frontière entre le normal et le pathologique. Des réflexions qui font réfléchir sur la stigmatisation que subissent ces malades et plus largement l'institution psychiatrique. Quelques éléments théoriques et historiques complètent très bien les récits et les descriptions.

Un livre poignant sur la psychiatrie, sur son état actuel (dégradé et délaissé par les pouvoirs publics) et plus largement sur tous les questionnements que cette branche de la médecine soulève.

Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Après avoir passé un an dans le pavillon d'un hôpital psychiatrique pour enquêter et révéler ce qui s'y joue, l'auteure donne sa voix aux "fous", terme qui désigne commodément tous ceux qui souffrent dans leur psyché, inadaptés à vivre en société, que celle-ci rejette parfois, mais aussi à ceux qui les soignent et les assistent au quotidien. Prosaïsme des jours rythmés par les repas, la prise de psychotropes, la salle télé, l'isolement en chambres, les pauses cigarettes, à peine troublé par les parades de corps cassés, les interjections de voix ou les crises clastiques. Au delà des tableaux cliniques des patients, les suivant jusqu'en rendez-vous avec le psychiatre qui, en suivant l'évolution de pathologies parfois très lourdes, doit juger de l'adéquation du bon protocole médicamenteux avec les troubles mentaux (la dernière édition du DSM 5, le manuel diagnostique, en dénombre 450) , l'auteure décèle toute l'humanité et la fragilité des vies trop difficiles à supporter au dehors et parfois enfermées là de leur plein grée, par sécurité. Ce récit prend toute sa mesure à la lumière de l'évolution de la psychiatrie en France rappelée dans ce livre, des lacunes de prise en charge par les autorités de santé pour une meilleure autonomie des malades, et du dialogue avec les personnels de santé qui malgré le manque de moyen et la technocratisation des soins, étonnent par leur professionnalisme et détermination. Par son récit captivant, à force d'observation et de dialogue intelligents, l'auteure nous incite à poser un regard nouveau sur la maladie mentale. Chapeau !
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Ode aux fous*.
Observation tendre et bienveillante de l'intérieur de la structure de l'hôpital psychiatrique. Les patients et les travailleurs du pavillon 4B nous sont présentés, avec leurs défauts, leurs côtés touchants, leurs faiblesses et leurs forces.
Joy Sorman se rend chaque mercredi pendant une année dans ce pavillon aux patients si particuliers. Elle écoute, observe, se garde d'intervenir, elle se fait anthropologue des personnes atteintes de désordres mentaux le temps d'un essai. A la folie ne donne aucune réponse et pose mille questions : Qui sont-ils ? Mais qui sommes-nous ? Quand bascule-t-on de l'autre côté ? C'est quoi “normal”, vient-on ici sous la contrainte ? Par désespoir d'un ailleurs insupportable, par réconfort ? On nous tire dedans, on nous tire dehors. Patients privés de liberté ou protégés du monde extérieur, des autres ou d'eux-mêmes. Patients doux, dangereux, explosifs, léthargiques, humains abîmés.
D'un autre temps on enfermait pour diverses raisons et aujourd'hui ? Pourquoi ? Comment se retrouve-t-on dans cet asile ; lieu inviolable où l'on se réfugie, lieu de calme et de paix. Asile, endroit où on recueille les plus faibles, institution créée pour contenir et soigner les fous à court ou éternel terme.
Joy Sorman dénonce, les tactiques passées, abusives, brutales, la déshumanisation actuelle, la modernisation par l'informatique, la complexitude médicamenteuse et la rentabilité et le décervelage des protocoles. Au final, tout le monde est en souffrance, les patients, les familles, les soignants.

J'ai récemment lu le Bal des Folles de Victoria Mas sur les malades de la Salpêtrière et La Salle de Bal d'Hanna Hope sur l'asile d'aliénés de Sharston dans le Yorkshire des années 10, deux romans qui m'ont énormément touché. La recherche sur le traitement des troubles mentaux, les expérimentations et l'enfermement arbitraire s'y rapportant sont des sujets qui m'intéressent fortement.
Je vous recommande vivement de lire cet essai et de réfléchir à toutes ces questions.

“Pour éradiquer toute démence hormonale, on lui aurait ablaté le clitoris, l'utérus ou les ovaires, ou peut-être posée une plaque en métal entre les cuisses, ou, mieux encore, un compresseur ovarien - comme une ceinture de chasteté munie à hauteur de l'aine d'un tournevis s'achevant par une boule métallique. Si Frank avait été une femme qui se refuse à son mari, qui aime un homme de vingt ans son cadet ou, pire encore, une autre femme, on l'aurait interné sans sommations et plongé dans une baignoire givrée pour calmer son hystérie et lui faire avouer sa folie.”

“Oh tu sais, y en a qui sont traumatisés à vie par une broutille, une main au cul dans le bus, et d'autres qui se remettent des pires drames, leur père a assassiné leur mère puis s'est tiré une balle dans la tête et ils pètent la forme.”

“Viviane est joyeuse, avenante, bruyante, exaltée. (...), mise à distance de l'interlocuteur par une politesse excessive mêlée de réticence, une agressivité ouverte ou déguisée, psychorigidité, autoritarisme, hypertrophie du moi, intolérance et despotisme. N'en jetez plus. Viviane a été emmenée au pavillon 4B il y a quelques jours par sa tante, en pleine phase maniaque, envahie par les serpents.”

*Le terme folie n'est plus employé à des fins diagnostiques en psychiatrie. On lui préfère les formulations troubles psychiques ou troubles mentaux (tels que: schizophrénie, trouble bipolaire, paranoïa, catatonie , etc.), qui sont l'objet d'étude de la psychopathologie » et donnent lieu à différents classements. WIKIPEDIA
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Paie ta chronique.
En voici une immersion au coeur de la folie. L'autrice nous embarque en immersion dans des unités psychiatriques et on comprend vite que la frontière entre la démence et la "normalité" psychique est très faible. Que les fous sont bien plus lucides qu'ils n'y paraissent sur leur état. Que le personnel est au bout du roll pour cause de : manque de moyens, politiques délétères, déconnexion des grands pontes versus le "petit personnel" qui oeuvre au quotidien.

L'enlisement de la société vers une aliénation n'est pas tant personnelle, liée à l'individuel, mais bel et bien politique.
L'autrice fait la comparaison avec la prison. Et clairement pour avoir un peu étudié la question en Belgique francophone, la politique carcérale, même si elle est revue régulièrement est aussi une politique souffrant du manque de moyens. Car en effet, un détenu ou un patient psychiatrique est une personne qui coûte cher à la société, surtout si on cherche à la réintégrer à la société.

Mais ne serait-ce pas la société justement qui perdrait la boule à vouloir systématiquement mettre au banc celleux qui sont différents ?
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Bonjour à toutes et tous, aujourd'hui je vous parle de À la folie de Joy Sorman édité en poche au éditions j'ai lu.
Gratitude immense à Delphine pour avoir mit ce livre entre mes mains !

Moi qui adore tout ce qui touche à la psychologie, j'ai été admirablement bien servie avec cette lecture choc, enrichissante et hyper intéressante ! L'autrice à passée un an auprès de personnes considérées comme fous et de leur soignants en hôpital psychiatrique. le résultat ? Un livre que tout le monde devrait avoir dans sa bibliothèque !


Un livre qui donne la parole à ceux qui vivent l'enfermement au quotidien. Des personnages que vous ne pourrez sans doute pas oublier. Une vraie dénonciation sur l'abus de médicalisation, sur le point de la médication a outrance, une immersion totale dans cet univers, pour ma part, passionnant.


Fait récurrent: la différence fait peur, la différence dérange. Ces gens sont-ils réellement malade ou est-ce la société qui collent toujours plus d'étiquettes ? Cette société qui prend le pouvoir petit à petit sans que le monde ne s'y oppose puisque pas informé, manipulé.


Sans en dire davantage, vous l'aurez compris, une lecture essentielle, une lecture pleine d'humanité et bouleversante que je vous recommande.
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