Seyvoz

Petit roman sans vraiment de début et encore moins de fin. Il m'a laissé l'impression que rien n'était abouti dans cette écriture à deux mains et les errements de l'ingénieur chargé de réaliser des contrôles sur un barrage gigantesque ne m'ont vraiment pas emporté.

Il erre durant trois journées et nuits interminables pour lui, ce pauvre garçon, il est sans doute victime d'hallucinations nocturnes et diurnes mais le fantastique qui veut rejoindre une réalité diffuse ne favorise pas une accroche solide à ses préoccupations.

Les quelques rencontres qu'il réalise demeurent vides à la fois de sens et de densité. Il reste l'ambiance de montagne qui aurait pu être rendue par une écriture plus percutante.

Pour moi, le seul intérêt a résidé dans l'histoire vécue par les habitants lors de la destruction de leur village pour la mise en eau du barrage et l'épisode sur les cloches peut être assez prenant.

Pour le reste, c'est donc plutôt une déception d'autant que j'ai apprécié dans d'autres textes l'écriture de Joy Sorman et de Maylis de Kerangal.

Tom Motz a roulé sept heures de Paris pour arriver à 15.00 sur le barrage Seyvox, à la suite d'un micro texto de Bressonne, « maintien des installations ». Il est ingénieur chez Voltang, l'entreprise qui a conçu le barrage dans les années cinquante, et responsable de la création du lac qui a englouti un village. Seulement voilà, Bressonne ne viendra pas, lui annonce la conductrice d'une clio rouge qui s'évapore aussi rapidement qu'elle est apparue. D'autres indices indiquent que la réalité donne des signaux de faiblesse. Son portable ne capte plus, le plus grand barrage électrique de France serait situé dans une zone blanche, l'aiguille de sa montre ne bouge plus et l'hôtel de la ville de Faucelle, où il a une chambre réservée est désert, seul un un post-it l'attend.

Commence alors trois jours d'attente ponctués par d'étranges rencontres, une barmaid sirène, un groupe de bergers sortis du brouillard, mais toujours pas de mission attribuée et pas de Brissonne. Alors, il mâche des nicorettes, relit L'éducation sentimentale, le moment du départ de Frédéric plus particulièrement … » Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues.
Il revint. »

Tom, lui, ne comprend toujours pas ce qu'il est venu faire dans cet endroit, sinistre, et où le barrage semble fonctionner parfaitement, et il faut bien l'avouer, le lecteur non plus ne voit pas le sens de ses ronds dans l'eau …

Sous l'eau, il y a les ruines du village et quelques passages racontent l'effacement des huit siècles d'histoire durant lesquels les hommes et les bêtes s'y étaient reproduits … Une bien triste destinée pour ces gens qui ont dû descendre de leur clocher les trois cloches qui avaient rythmé leur vie, permis des sauvetages et célébrer des mariages. Sûrement, c'est triste d'être sacrifié à l'autel du progrès mais l'eau monte …. Même de ce côté là du récit, rien ne palpite.

Tom finit par plonger dans les eaux du lac, acheter une statuette magique sur le site en ligne de Drouot, et ma foi, on le laisse bien volontiers patauger dans l'insipide.
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