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EAN : 978B003X83GPC
EDITONS MARABOUT COLLECTION BIBLIOTHEQUE N°483 (01/01/1974)
3.83/5   12 notes
Résumé :
Un savant - plutôt fantasque - découvre le moyen de dilater ou de comprimer les atomes - ce qui lui permet de faire varier les dimensions des organismes vivants et, en particulier, des hommes.
Ses premières expériences, il les réalise sur des nains...et avec succès !
Aussi, le jour où éclate une guerre européenne, la défense nationale se tourne-t-elle naturellement vers lui. Afin qu'il réduise 7000 hommes à cinq centimètres de hauteur...
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"L'homme élastique" ou comment la science devient-elle un effroyable instrument de pouvoir et de domination militaire, économique et sociale. le pouvoir de transformer la nature humaine mais à quel prix ?

Jacques Spitz nous sert un récit audacieux, d'une intelligence remarquable, tant pour son esprit d'anticipation que pour son esprit visionnaire car ne l'oublions pas ce roman a été publié pour la première fois en 1938. Un récit qui nous est narré en deux parties, incluant une double narration des plus pertinente qui nous apporte ainsi deux points de vue sur l'histoire. La première partie est rédigée sous la forme d'un journal, celui du Docteur Flohr (notre personnage principal) et la deuxième, sous la forme de mémoires, celles de sa fille Ethel.

Un scientifique qui répond au nom de Docteur Flohr, Docteur ès sciences s'il vous plaît, n'exerçant plus la médecine mais continuant d'officier dans un des laboratoires de la Faculté de Paris - curieux personnage que ce génie de la physique quantique en proie à la misanthropie et au cynisme - fait une découverte qui va révolutionner le monde : il découvre le moyen de dilater ou comprimer les atomes, offrant ainsi à l'humanité la capacité de redimensionner à volonté n'importe quel organisme, vivant ou non. de l'infiniment petit à l'infiniment grand, il n'y a qu'un pas pour le Docteur Flohr.

Nous sommes dès les premières pages intrigués, il règne un climat d'étrangeté, un je-ne-sais-quoi qui nous laisse supposer que cette découverte ne va pas être utilisée qu'à bon escient. Quoi qu'il en soit notre étrange docteur prend ses cliques et ses claques et part s'installer loin de Paris en rase campagne à Chantambre avec pour seule compagnie son chien, son chauffeur et la bonne. Il installe son laboratoire dans une des granges attenantes à la propriété dans laquelle il réside.

C'est donc par le biais d'un journal intime que nous prenons part, étape par étape, jour après jour, à cette expérience hors du commun alors que la deuxième guerre éclate, le 14 juillet, guerre dont le Docteur Flohr se soucie peu (pour le moment seulement) enfermé dans son laboratoire avec ses premiers cobayes : plantes, fleurs, légumes, lapins, poules, tout y passe... Jusqu'au 17 juillet, date à laquelle il parvient à redimensionner avec succès un homme atteint de nanisme, le gratifiant au passage d'une quarantaine de centimètres supplémentaires.

Puis tout s'accélère, le 29 juillet, exalté par les résultats probants de la dilatation de l'atome, il part pour Paris soumettre sa découverte au Ministère de la guerre dans le but de la mettre au service de la Défense nationale. 7000 hommes, des divisions entières, des bataillons, sont redimensionnés à la taille de lilliputiens de 5 centimètres, je vous laisse imaginer la guerre revue et corrigée par Jacques Spitz alors qu'elle n'a pas encore eu lieu (très fort !). le monde entre alors dans une ère nouvelle, l'ère de la "flohrisation", dans les rues, partout à travers le monde, géants et lilliputiens se côtoient sans que personne ne s'en offusque, on se "flohrise" sur un coup de tête, pour un oui ou pour un non, pour améliorer ses conditions de travail, pour pimenter sa vie ou pour se débarrasser d'un vilain complexe, stupéfiant !

J'ai retrouvé dans ce roman l'écriture qui caractérise l'auteur, une écriture acérée, sans fioriture, avec ce savant mélange d'humour noir et de cynisme que j'affectionne tant. Jaques Spitz nous dresse le portrait édifiant d'un homme méprisant et méprisable, prêt à tout pour servir son art, entre raison et déraison, qui offre à l'humanité le moyen de corriger les défauts de la nature humaine en la rendant encore plus monstrueuse qu'elle ne l'est déjà.

Alors pour l'homme élastique, un poème élastique de Carl Norac :

Je
t'écris
un poème
qui va grandir
s'allonger d'un pied
à chaque vers tracé
sans plus jamais s'arrêter
jusqu'à remplir tout L Univers
(peux-tu m'aider à le rétrécir Docteur Flohr ?)
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Jacques Spitz. Malheureusement (scandaleusement) oublié ; et pourtant, à mon avis un des pères de la science-fiction française, vingt ans avant Barjavel. Jacques Spitz, ingénieur formé à Polytechnique ne lésine pas ici sur la partie technique de la découverte du Docteur Flohr, un savant un peu fou, quelque peu cynique et beaucoup misanthrope.
Tout commence en pleine campagne où le Docteur Flohr a installé son laboratoire pour confirmer, renforcer et développer sa découverte : la possibilité de réduire ou de gonfler la taille des atomes, permettant ainsi de modifier les proportions de toute chose ; et même de l'humain...
Nous assistons à l'installation des appareils d'expansion-réduction pas à pas à travers le journal de l'homme de Science... Mais les menaces de guerre se précisent à l'Est... La guerre est déclarée et l'armée va s'emparer de l'invention du fameux Docteur : une division de sept mille hommes va être transformée pour partir en première ligne...
La guerre treminée, le succès de la technique qui permet entre autre aux humains de ne pas être atteints d'infections virales ou bactériennes, se confirme et s'étend au monde entier. La flohrisation fait florès !

Un petit opus qui, outre l'attachement qu'on peut ressentir pour le génial savant fou, apporte une foule d'interrogations sur la place de la science dans le progrès social ; les relations entre science et armée ; la science et l'éthique ; la science et le pouvoir...
Bref, un roman de science-fiction comme je les aime : une histoire bien menée qui ouvre la réflexion sur le monde dans lequel nous vivons et celle sur le monde tel que nous le bâtissons ; et ce malgré une deuxième partie un peu faible et comme bâclée si on considère le nombre de voies de réflexion à peine ébauchées...
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Le professeur Flohr est un savant de premier ordre mais il n'aime pas le genre humain. L'humanité, pour lui, n'est qu'une bande "d'enfant terribles" dont l'agitation empêche tout progrès. Même sa fille Ethel ne trouve pas grâce à ses yeux et n'est, au fond, qu'un obstacle à ses recherches.
Le savant écrit, jour après jour, un journal et c'est celui-ci que Jacques Spitz nous propose de découvrir.
Jacques Spitz est un des précurseurs de la science-fiction moderne française, mais c'est, ici, plus une oeuvre d'anticipation qu'il nous offre avec "l'homme élastique".
Le professeur a découvert une technique pour étirer ou ramasser sur lui même l'atome qui compose toute matière. Mais il manque de sujets d'expérimentation car Atlas, le nain sur la taille duquel il travaillait, a disparu.
Heureusement, la guerre s'annonce comme un coup de tonnerre. Dans les villages l'ordre de mobilisation est placardé et le tocsin sonne annonçant le conflit qui s'avance.
Le professeur s'adresse, alors, à l'armée qui lui fournit, dans un premier temps, Lagrue, un criminel condamné à mort puis, devant le succès de l'expérimentation, amorce la miniaturisation de plusieurs divisions de combattants d'élite....
Là où s'arrête le journal du savant, débute celui de sa fille.
Publié en 1938, ce petit livre, assez réussi, est écrit sur un ton ironique mais au final désabusé.
L'auteur fustige son époque. Il en profite pour y afficher un certain pacifisme et son dédain, entre autres, pour la bêtise de certains militaire, pour le parlementarisme vain et pour les églises s'opposant au progrès du monde .
Mais le propos principal est la question que pose l'éthique et la vraie place de la science dans la société.
Et Jacques Spitz réussit, là où il a échoué dans certains autres livres, nous offrir un récit de SF intéressant et intelligent.
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Quel magnifique moment passé en lisant ce livre. À lire absolument !!!
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Un livre de genre, court et direct, plutôt bien écrit, le bon portrait d'un personnage blasé et une vision un peu désenchantée des sujets abordés. Une lecture très plaisante.

Le billet complet sur mon blog.
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Voici l'exemple de la famille Randon. Une famille d'honnêtes ouvriers, c'est-à-dire qui furent honnêtes avant la mise en pratique de la flohrisation. Depuis que s'est-il passé ? Le père pour gagner sa vie dans la mécanique de précision a dû accepter de réduire sa taille à 24 centimètres. Sa fille aînée Flora, pour suivre une mode imbécile, qu'elle a encore exagérée comme tous les faibles d'esprit, s'est fait développer jusqu'à 2,60 mètres. Le second fils, né bossu, dans l'espoir de faire oublier son infirmité en grandissant artificiellement, a poussé le traitement jusqu'à 3,20 mètres, sans autre résultat que de ressembler à un immense polichinelle. La mère a voulu suivre son mari dans la direction du nanisme, mais sans courage pour aller jusqu'au bout elle est restée à 53 centimètres. Enfin dans une crise d'amour maternel, mal compris naturellement, pour pouvoir continuer à dorloter et serrer dans ses bras son dernier-né, son Benjamin, elle l'a fait diminuer jusqu'à 12 centimètres.

"Je vous demande, messieurs, d'imaginer ce que peut-être le spectacle de ces gens réunis autour de la table familiale. Quelle unité, quel amour, quelle entente peuvent régner entre des êtres dont la taille s'échelonne entre 10 cm et 3 mètres et plus ? De quelle autorité peut jouir un père haut comme un tire-bottes devant ses grands dépendeurs d'andouilles d'enfants ?"
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Après des études minutieuses et approfondies faites dans les laboratoires du Reich sous la direction du ministère de l'Amélioration de la Race, le gouvernement décide que la race germanique s'étendra sur toute la gamme des tailles rendues possibles par l'élasticité de l'atome. Les dimensions adoptées devront être strictement conformes aux tailles prévues dans le barème suivant :

》ART. I - Le Führer Chancelier aura six mètres de haut.

》ART . II - Les ministres en exercices, le général commandant en chef des armées du Reich, le chef des Sections d'Assaut, les ambassadeurs, auront quatre mètres.

》ART . III - Tout citoyen allemand, atteignant sa majorité, sera porté à deux mètres cinquante, la taille allemande.

》ART . IV - Par dérogation, et dans un but d'apaisement religieux, les catholiques pourront conserver leur taille.

》ART . V - Aucun juif ne pourra dépasser dix centimètres.

》ART . VI - Un corps spécial de police, dit police de la Mensuration, et un ministère de la Taille dirigée veilleront à l'observation des dispositions de la présente loi.
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La guerre ! Ainsi toutes les inquiétudes dont témoignaient les gens durant ces derniers temps n'étaient pas sans fondement. Je ne peux m'empêcher de penser qu'ils ont enfin obtenu ce qu'ils voulaient : cette espèce d'excitation collective qui semble nécessaire de temps à autre aux organismes sociaux, comme un stimulant est parfois nécessaire à l'individu. Il ne leur faut rien moins que la perspective d'un massacre général pour les sortir de leur torpeur habituelle.
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A cinq heures, l'aube a commencé, l'horizon était vide, très légèrement brumeux, d'un gris sale et triste : un vrai temps pour mourir.
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Je n'aurais jamais cru qu'il fut possible de faire quelque chose, même la guerre, dans un pareil désordre. Au reste, on n'y faisait rien.
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