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sur 451 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 21 °°°

Le roman est vraiment étonnant. Il démarre de façon très classique par le récit de l'exil forcé en 1912 au Canada Edwin, jeune aristocrate anglais qui ne rentre pas dans le rang, donnant peu idée de l'étrangeté à venir. Et puis Emily St. John Mandel change radicalement son braquet temporel avec des chapitres sis en 2020, 2203 et 2401, et surprend en faisant intervenir des personnages de ces précédents romans, Station Eleven et L'Hôtel de verre, sans faire de son roman une suite, plutôt une extension. Et surprend encore avec ses tropes SF ( colonies lunaires avec dômes climatisés et champs robotisés, voyage dans le temps ).

Oui, Emily St. John Mandel s'est bien emparée du genre SF. Mais ici, pas de monde à sauver ou de grosse machinerie de cet ordre. Plutôt que d'encombrer son intrigue d'avancées technologiques et gadgets geek, l'autrice se concentre sur les drames intimes qui secouent ses personnages et l'évolution de leur psyché. Sur un tempo limpide et apaisant, elle croise les différents arcs narratifs temporels en imaginant un superbe meta fil conducteur :

« Il titube péniblement entre les arbres et, quelques instants plus tard, Edwin se retrouve seul à scruter les branches. Il s'avance … et l'obscurité s'abat, comme provoquée par une cécité ou une éclipse. Il a l'impression de se trouver dans un intérieur caverneux, genre garde de chemin de fer ou cathédrale, il entend des accords de violon, il y a des gens autour de lui, puis un son impossible à identifier … »

Cette expérience paranormale est vécue de la même façon par les principaux protagonistes à des siècles d'intervalle, créant ainsi un suspense fragmenté qui se diffuse lentement, puis se déploie pour revisiter ce que l'on savait des personnages, permettant au lecteur de découvrir ce qui leur est arrivé dans les silences interstitiels et ce qui aurait pu leur arriver, jusqu'à ce que toutes les pièces du puzzle se mettent à leur place et donnent sens.

Même si la résolution en elle-même n'a rien de révolutionnaire, on est happé jusqu'à la fin, hypnotisé par l'élégance stylistique d'une écrivaine dentellière , par la beauté élégiaque et poétique qui se dégage d'un texte qui se fait méditation philosophique sur le temps, la solitude, ainsi que le libre-arbitre et les choix d'une vie dont on recherche le sens, inlassablement, douloureusement.

« Je pense que, en tant qu'espèce, nous avons le désir de croire que nous vivons le point culminant de l'histoire humaine. C'est une forme de narcissisme. Nous voulons croire que nous avons une importance unique, que nous vivons le dénouement de l'intrigue, que maintenant, après des millénaires de fausses alertes, arrive enfin le pire qui soit jamais arrivé : nous avons enfin atteint la fin des temps. (…) Et si c'était toujours la fin du monde ? (…) Parce que nous pourrions raisonnablement considérer la fin du monde comme un processus continu et sans fin. »

Un beau roman empreint de mélancolie, très inspiré.
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Variation du très exploré voyage dans le temps d'une manière unique, poétique et ludique…

Ce livre est un livre très agréable à lire, et qui happe son lecteur immédiatement. Il démarre en 1912. Edwin, jeune homme de la bourgeoisie anglaise, venu chercher un sens à sa vie aux Etats-Unis, arrive sur l'île de Vancouver. En s'enfonçant dans la forêt de Caiette, il entend tout à coup une musique, des accords de violon très exactement, suivi d'un bruit étrange impossible à identifier tout en ayant la sensation d'être dans une sorte de caverne très sombre. Cela ne dure que quelques secondes, mais le jeune homme en reste pétrifié et profondément bouleversé, ce d'autant plus qu'il fait la rencontre, dans cette même forêt d'un étrange personnage, un homme d'église, comme surgi d'on ne sait où…En 2020, Paul Smith et sa soeur Vincent, que nous avions rencontrés dans le précédent livre de l'auteure, L'hôtel de verre, puis en 2203, Olive Llewellyn, double de l'auteure qui vient de publier un roman post-apocalyptique situé pendant une pandémie et le confinement consécutif, vont vivre ou relater la même chose. En 2401 l'institut du Temps veille à la cohésion temporelle de l'univers et Zoey, brillante physicienne, s'interrogent sur ces anomalies qui la perturbent, bien trop de personnages ont vécu ce phénomène mystérieux qui semble traverser ainsi le temps et les époques. Que signifient-ils ?

Une théorie a émergé chez les transhumanistes de la Silicon Valley, théorie avec laquelle Emily St. John Mandel va s'amuser : Alors que vous êtes sur Babélio, sur votre ordinateur ou sur votre téléphone, que vous lisez ces lignes, puis que vous comptez aller vous reposer, ou préparer le repas, sortir le chien ou aller travailler, imaginez deux secondes, que vous ne soyez que le simple fruit d'une programmation informatique dans une sorte de vaste simulateur. Oui, et si nous vivions dans une simulation ? Qu'est-ce que l'existence dans ce cas ? Serait-ce si grave de vivre une pseudo vie dans une simulation si nous n'en sommes pas conscient ? « Si nous vivons dans une simulation, comment saurions-nous qu'il s'agit d'une simulation ? » Et comment vivre dans ces conditions si nous en avons l'intuition ?

L'auteure, d'une manière facétieuse, propose, pour répondre à cette question, d'éclater le monde en mille morceaux, de déchirer l'espace-temps, de croiser les histoires possibles avec grâce et poésie en une construction brillante mais sans rigueur et questionnement scientifique, d'où quelques facilités par moment qui peuvent faire tiquer le lecteur en quête d'explications plus poussées, je pense notamment aux plus férus de SF…C'est davantage un univers dans lequel nous invite Mandel que dans une quête de sens rationnel, la science-fiction n'est qu'un moyen mais pas une fin en soi. Ainsi voyons-nous des capsules lunaires dans lesquelles le ciel terrestre est reproduit, des forêts sur l'île de Vancouver dans lesquelles de drôles de personnages s'égarent, des périodes de confinement analysés de façon troublante…C'est un livre empreint d'une belle mélancolie et je dois dire que cela apporte beaucoup de charme venant compenser grandement la petite frustration éprouvée par les facilités scénaristiques que j'ai parfois pu ressentir.


Oui, nous sentons que Mandel a mis son propre vécu dans ce livre au travers du personnage d'Olive. Sur une colonie lunaire, en l'an 2203 cette écrivaine est connue pour avoir écrit un roman se déroulant après une pandémie. Elle est en tournée promotionnelle lorsqu'une véritable pandémie se déclenche, menant à des confinements. Troublant lorsque nous savons que Emily St. John Mandel, a écrit un roman post-apocalyptique quelques années avant une véritable pandémie et des confinements…De fait, Olive incarne à la fois la réalité de l'auteure (livre écrit certainement pendant le confinement quelques années après Station Eleven), son autobiographie (de nombreuses questions sur le pourquoi et le comment des romans post-apocalyptique , si nombreux, jalonnent le texte et nous sentons que ce sont des questions qui taraudent Mandel et dans ce livre elle donne des réponses et se confie. Elle fait même dire à Olive que les récits sur les voyages dans le temps est un thème rabattu, comme pour s'excuser d'en faire un nouveau) et la science-fiction qui est le thème de prédilection de l'auteure (l'histoire d'un voyage dans le temps que Mandel nous propose selon sa vision à elle, plus poétique que scientifique, plus ludique que sérieuse) qui se mélangent.

« Je suis convaincue que si nous nous tournons vers la fiction post-apocalyptique, ce n'est pas parce que nous sommes attirés par le désastre en soi, mais parce que nous sommes attirés par ce qui, dans notre esprit, risque fort de se produire. Nous aspirons en secret à un monde moins technologique ».

Lire L'hôtel de verre avant de lire ce livre-là n'est pas une condition nécessaire mais comme il est plaisant de retrouver les personnages de ce précédent livre lorsque nous les connaissons ! C'est un plus indéniable.
Bien sûr, qui dit voyage dans le temps dit modification, ou pas, de l'histoire, éternelle et passionnante question. de nombreuses questions métaphysiques, celles relatives au voyage dans le temps mais d'autres aussi, sont abordées avec pertinence.

« Il y a toujours quelque chose. Je pense que, en tant qu'espèce, nous avons le désir de croire que nous vivons le point culminant de l'histoire humaine. C'est une forme de narcissisme. Nous voulons croire que nous avons une importance unique, que nous vivons le dénouement de l'intrigue, que maintenant, après des millénaires de fausses alertes, arrive enfin le pire qui soit jamais arrivé : nous avons enfin atteint la fin des temps ».


L'auteure renouvelle donc le thème très classique du voyage dans le temps à sa manière unique, dans une histoire envoûtante qui entremêle époques et personnages, jusqu'au vertige. C'est beau, mélancolique, haletant, c'est une façon vraiment singulière d'approcher ce thème récurrent de la Science-Fiction. Si certaines facilités ont quelque peu, par moment, tempéré mon enthousiasme heureusement il a été également bien nourri par le charme réel du livre. Je l'ai lu d'une traite avec grand plaisir et c'est un livre de science-fiction accessible au plus grand nombre qui ne peut laisser indifférent.

« Aucune étoile ne brûle éternellement ».

Un grand merci à Stéphane ( @Lenocherdeslivres ) à qui je dois la lecture des deux livres de cette auteure, j'ai suivi ses conseils, excellents, en lisant d'abord L'hôtel de verre puis La mer de la tranquillité.

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Je lis les chroniques de tout le monde qui glorifie ce roman, et je me demande pourquoi, moi je ne ressens pas la même chose.
Pourtant, à la lecture de ce récit, je pensais à deux films que j'adore énormément : La Jetée de Chris Marker et l'Armée des 12 singes de Terry Gilliam, notamment avec tous ses passages où Gaspery apparaît dans la vie de certains à différents moments de leur existence (les fillettes, le pont, un meurtre). Parce qu'il y a des fuites dans le passé pour ne pas revenir, parce qu'on peut se faire arrêter si on ne respecte pas la ligne du temps, parce qu'il y a des histoires du virus… Alors, j'aurais dû apprécier ce roman.
Le mystère qui entoure cette rupture du temps à Caiette sous l'érable avec la berceuse au violon et le son de l'aéronef, poésie auditive transmis par l'écrit, aurait également dû me plaire, me fasciner…
Parce que ses histoires de la vie sur La Lune sous les dômes, avec ses lumières éteintes et sans ses sons de la Terre, étaient le reflet d'une vie terrifiante pour ceux qui connaissent le chant des oiseaux et les belles lumières que l'on peut voir sur Terre par exemple, lorsque les nuages sont rose et orange au levée du Soleil…
Parce que j'adore les romans qui parlent de Voyage dans le temps. Mes préférés étant le Grand Livre de Connie Willis, Terminus de Sweterlitsch, Destination Fin du monde de Silverberg, Flashforward de Robert J.Sawyer, La Brèche de Lambert…
Tout était présent pour apprécier ce roman. J'adore son écriture, j'ai adoré Station Eleven et L'Hôtel de Verre… Et toutes ses belles citations qu'elle nous transmet, ses belles réflexions qu'elle nous évoque…

Mais alors,
Alors pourquoi me suis-je tant ennuyée pendant ma lecture ? La fatigue ? Suis-je devenue blasée par des lectures similaires ? J'espère bien que non. Ce serait plus que triste. Alors, je souhaite que ce ne soit que la fatigue et que dans quelques années, je me projette à penser, à un voyage dans le temps vers le futur, dans lequel j'ouvrirais de nouveaux les pages de la Mer de la Tranquillité, pour mieux l'apprécier cette fois-ci.
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De la friture sur l'horloge.
Avec toutes ces histoires de machines à voyager dans le temps, de fantasmes uchroniques et d'altérations inopinées du passé, on peut se demander ce qu'attend la science pour se mettre au diapason de la littérature depuis le roman d'H.G Wells en 1895. Chercheurs, arrêtez de chercher, garez la DeLorean en double file et essayez de trouver de temps en temps, nom de Zeus ! Il suffirait de transformer nos rêves en équation.
Comme la logistique a donc du mal à suivre, Emilie St John Mandel science-frictionne à son tour sur ce marronnier de campeurs de la Lune, sans se focaliser sur le mode d'emploi des treks temporels. Lors d'une croisière, on ne visite pas la salle des machines. Elle s'intéresse aux émotions de ses personnages et aux passions qui tatouent la mémoire. Les personnages ont des brèches dans lesquelles le temps se faufilent.
En 1912, un jeune anglais oisif qui se cherche s'exile sur l'île de Vancouver et il est témoin d'un phénomène étrange dans une forêt : écran noir, notes de violon et vrombissement d'une machine inconnue. Encore plus bizarre que de tomber sur quelques illuminés qui font des câlins aux arbres avec leur Sylvothérapeute à polaire parce qu'ils n'ont personne pour leur gratter le dos à la maison. Bégaiement du coucou ? Interférences entre l'heure d'hiver et l'heure d'été ? Overdose de cèpes ?
En 2020, Mirella, veuve depuis « l'Hôtel de Verre », ce personnage secondaire du précédent roman d'Emilie StJohn Mandel, dont je vous conseille la lecture, assiste à la projection d'une vidéo lors d'un concert expérimental mettant en scène une amie disparue qui témoigne du même phénomène. L'hallucination ne peut pas être collective et ce n'est pas non plus une intoxication avec le jus de cèleri et l'émulsion de fèves du tonka servis pendant l'entracte pour la faune culturelle citadine. J'extrapole.
Cet arrêt sur image fait l'objet également d'une description dans le roman d'une certaine Olive Llewellyn, écrivaine d'une colonie lunaire venue promouvoir son livre sur terre en 2203, en pleine pandémie. Nouvelle référence à un précédent ouvrage de l'auteure : le magistral « Station Eleven ».
Un personnage mystérieux, Gaspery Roberts, vacataire du futur à l'Institut du temps, enquête sur cette anomalie et s'invite dans les trois époques incognito pour comprendre l'origine du bug.
La manie de vouloir réécrire l'histoire ne date pas de nos petits déboulonneurs de statues mais ce récit est bien plus intéressant que ces moralisateurs du passé car il interroge la réalité du monde et l'incapacité à être heureux dans le moment présent.
Pour les cinéphiles, l'atmosphère du roman est plus proche de « l'année dernière à Marienbad » d'Alain Resnais que de Matrix. Emilie St John Mandel (on dirait un nom de personnage de la série policière en charentaise « Barnaby ») nous épargne les effets spéciaux de manche mais elle structure son roman comme une succession d'illusions pour des personnages qui ne recherchent plus le temps perdu, étouffés par des madeleines au goût amer. Perso, je préfère les Figolus.
J'ai apprécié la construction du récit et le dénouement donne presque envie de reprendre les premiers chapitres pour revisiter l'histoire avec toutes les clés de compréhension.
Je trouve aussi que la science-fiction sied (ODP, tu m'as scié, arrêtes de lire des classiques, tu écris comme un mort) plutôt bien au style évanescent et froid d'Emily St.John Mandel.
Je ne savais pas que la mer de la tranquillité est une mer lunaire située sur la face de la lune qui montre ses fesses à la Terre. Pensez à mettre vos tongs la prochaine fois que vous serez dans la lune.
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Mélancolie intemporelle

Un phénomène surnaturel survient toujours de la même façon à différentes époques.
Une expérience intense et intrigante pour ceux qui la vivent. Une berceuse jouée au violon suivie d'un bruit très étrange qui pourrait être celui d'un engin spacial qui décolle.
Peu évident pour Edwin, l'exilé anglais, qui en 1912 va vivre un moment absolument hallucinant au pied d'un érable d'une forêt de l'île de Vancouver. Tout cela n'est qu'un début car Emily St John Mandel va nous faire voyager sur un axe temporel qui va nous mener jusqu'en 2401, sur une colonie lunaire.
En cette année très lointaine, l'institut du temps détecte une anomalie qui vient perturber la cohésion temporelle de l'univers. Zoey, une brillante physicienne s'interroge sur la reproduction de ce phénomène et laisse alors partir à regret son frère mener une enquête à travers différentes époques...

Si j'ai trouvé la partie historique intéressante, la partie contemporaine ne m'a pas vraiment transporté. Tout a réellement décollé pour moi lorsque l'on est passé dans le futur. Une dimension où Emily St John Mandel excelle avec maestria.
Boucles temporelles, anomalies, simulations, colonies lunaires technologies avancées, l'auteure nous suggère des univers très évocateurs et nous promène avec aisance sur l'axe du temps.
Mais attention, ici la science-fiction est un moyen et non une fin. Les adeptes des voyages temporels risquent la déception. Ce roman aborde avant tout des questions métaphysiques. Quelles répercussions peuvent avoir nos choix sur nos existences ? Les traces que nous laissons peuvent elles avoir un impact sur l'avenir ?
Et surtout, des sentiments qui modèlent à eux seuls une belle histoire mystérieusement fantastique.

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« J'ai été déroutée par votre livre, lui dit une femme à Dallas. Il y avait tous ces fils narratifs, tous ces personnages, et j'attendais plus ou moins qu'ils finissent par se rejoindre, mais non. le roman se terminait, point final. » ● 1912. Edwin St. John St. Andrew, le cadet d'une famille d'aristocrates anglais, met les pieds dans le plat au milieu d'un dîner rassemblant sa famille et des amis : il dénonce la colonisation britannique en Inde, alors que ses parents sont liés au Raj, qui est un sujet de nostalgie infinie pour sa mère, et injurie son ancêtre Guillaume le Conquérant en le traitant de bâtard viking. La sanction est immédiate : il est condamné à l'exil par son père : il devra aller au Canada pour y faire ce qu'il voudra, aidé par une petite rente pour subvenir à ses besoins. ● J'ai résumé les premières pages du roman, mais elles ne sont pas tellement représentatives, car très vite on part vers les XXIe, XXIIIe et XXVe siècles dans ce qui semble d'abord être des nouvelles, avant qu'on se rende compte que les personnages de ces récits sont bien liés entre eux. ● C'est le premier livre que je lis d'Emily St. John Mandel, et en lisant d'autres critiques je me suis rendu compte qu'elle y reprenait des personnages et des lieux de son précédent roman L'Hôtel de verre. Cependant, il est tout à fait possible de lire La Mer de la tranquillité de façon indépendante comme je l'ai fait. ● L'intrigue est complexe, il y a en effet plusieurs « fils narratifs » et beaucoup de personnages, mais contrairement à la citation que j'ai mise en exergue, ils finissent bel et bien par se rejoindre, et la construction du récit est brillante. ● Mais, passionné des voyages dans le temps, je dois dire que je n'ai pas trouvé mon compte dans cet ouvrage ; je n'ai pas été emporté par le récit, qui est trop complexe, je n'ai pas vibré comme avec d'autres récits de voyages temporels. Ici, le voyage dans le temps est institutionnalisé et strictement réglementé ; le récit tout entier est fondé sur un seul paradoxe temporel (peu original) qui revient comme un motif obsessionnel dans toutes les parties ; le roman est très cérébral et manque de charme et de cette capacité à fabriquer du rêve chez le lecteur à partir de cette thématique pourtant si propice.
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Ici dans ma critique, pas d'explosion !
Nous ne sommes pas dans une de ces fables à gros budget de ce Monsieur de la Fontaine.
C'est que paraît-il, il avait l'oreille du roi et les faveurs de la Cour !
Pourtant comme cette grenouille qui voulait se faire aussi grosse qu'un boeuf, - quelle idée saugrenue ! - ce livre, de chroniques élogieuses en critiques rutilantes, a vu sa réputation enfler, enfler et encore, et encore ... jusqu'à ce que Perrette qui l'avait emprunté au fils du laboureur, ne finisse par me le céder avec moult recommandations de lecture.
Elle est comme ça Perrette, elle est un peu trouble-fête, divulgâcheuse et rabat joie.
Mais on l'aime comme elle est !
Et puis depuis sa sortie de route avec son camion de lait, elle tient parfois de drôles de propos ...
Le retour dans l'ombre après une telle starisation n'est pas toujours si facile !
Enfin ...
"La mer de la tranquillité" est un roman de science-fiction d'Emily St. John Mandel.
Il a été publié en août 2023 aux éditions "Payot & Rivages".
Je n'ai pas aimé ce roman.
La première partie m'a semblé s'ouvrir comme un atelier d'écriture ni convainquant, ni convaincu.
Edwin St John St Andrews a dix-huit ans et pas grand chose à faire dans la vie.
Après une énième provocation familiale, ni une ni deux, il est bon pour une longue errance vers le Canada ...
Cette première partie n'éveille vraiment pas l'intérêt mais, par un épilogue très "vu-à-la-télé-dans-ma-série-préférée", la curiosité et le rebond semblaient devoir être au rendez-vous d'une deuxième partie qui a "slidé" plus de cent ans dans un avenir qui est maintenant notre plus proche passé ...
Et si, voyage dans le temps il doit y avoir, c'est à un fac-similé un peu loupé de la revue "Fiction" qu'il semble mener ...
Je me suis laissé emmener dans ce récit, sans surprises, sans réel plaisir de lecture avec l'envie toujours déçue d'être surpris.
Pourtant, ce roman a remporté un certain succès et un succès certain.
Et l'on ne peut pas toujours avoir raison contre toutes et tous !
Se pourrait-il que je sois passé à côté par manque d'adaptabilité de lecture ?
Très récemment, une nouvelle science-fiction est apparue, plus sensible, plus fine mais aussi moins définie et plus difficile à saisir.
Se pourrait-il que trop gorgé de la science-fiction de papa et de grand-papa, je sois un peu inadapté à ce nouveau genre de ma littérature de genre ?
Me faudra-t-il une cure de désintoxication ?
Y arriverai-je un jour ?
Suis-je un cas perdu dont Perrette se détournera fatalement un jour ?
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J'aime entrevoir un avenir supposé, si lointain que je ne le connaîtrai pas !

Mais avant de plonger vers l'avant, Emily nous ramène en 1912, en Colombie britannique. Edwin y est exilé, mais finit par y trouver sa place. Une balade en forêt donne lieu a un curieux phénomène. À la limite de l'onirisme.

Saut dans le temps en 2020, puis en 2203 et 2401 : qu'est-ce qui relie ces époques ? Qui est ce personnage récurrent qui semble défier le temps ?

C'est un roman vertigineux, de la science fiction sur le thème du voyage dans le temps avec ses paradoxes et ses lois. Pas de développement technique, c'est juste possible et c'est tout. Cependant, l'impact potentiel sur le monde politique est tel que le secret est bien gardé et nécessite de ne pas enfreindre elles règles .

C'est passionnant, inventif, et superbement écrit.

Shakespeare n'est pas oublié dans l'histoire, pour créer un lien avec Station eleven


Grand moment de plaisir pour cette lecture

30 pages Payot et rivages 23 août 2023
Traducteur (Anglais): Gérard de Chargé
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Emily St. John Mandel est un bon exemple pour montrer que la littérature de l'Imaginaire peut (doit) toucher tous les lecteurs et ne pas se cantonner à un cercle restreint « d'initiés ». Sorti en 2014, son roman Station Eleven, racontant un monde post-apocalyptique décimé par un virus, bien avant la COVID, a rencontré un succès colossal. Autant auprès des professionnels (prix Arthur C. Clarke du meilleur roman de science-fiction de l'année) que du grand public.

Les pays anglo-saxons se posent moins la question de la catégorisation d'un roman, et j'aime cette ouverture d'esprit !

En parlant d'ouverture sur le monde, je fais un rapprochement entre ce nouveau roman et Parcourir la terre disparue d'Erin Swan. Non pas qu'ils parlent de la même chose, mais c'est le même vent de liberté littéraire qui y souffle, à la recherche d'un ailleurs face à notre monde de plus en plus étouffant.

La mer de la tranquillité se décompose également en parties bien distinctes, comme autant de sauts dans le temps, passé et futur. Des histoires dans l'histoire, que l'autrice liera sur la fin.

Des époques si différentes, et pourtant… le même phénomène étrange s'y déroule, vécu par une poignée de personnes. C'est depuis l'année 2401 que viendra l'explication.

Un futur où la lune et d'autres planètes sont colonisées, ce qui a permis à la terre de ne pas s'épuiser complètement. La lune est même devenue une sorte de banlieue, avec l'un des quartiers sous dôme qui se dégrade de la même manière que nos ZUP.

Cette lecture m'a laissé un sentiment étrange. de bonnes d'idées, d'autres déjà vues, que l'écrivaine ne fait souvent qu'effleurer. Des concepts qui affleurent à la surface du récit, sans être poussés très loin. Ce qui explique que le livre ne fait que 300 pages.

Et pourtant, j'ai aimé m'immerger dans cette histoire à travers le temps. Même avec cette impression de déjà-vu, même si j'aurais aimé davantage d'approfondissement, le propos a globalement touché la cible.

Il faut dire que l'autrice préfère s'appuyer sur les personnages plutôt que sur les péripéties de l'intrigue. Avec un style qui n'en fait jamais trop, toujours dans la retenue.

Clairement, ce nouveau roman n'invente rien, mais il se lit vraiment avec plaisir et curiosité. Sans prise de tête conceptuelle, sans perdre le lecteur dans les méandres du temps, jusqu'à un final clair, logique et bien pensé.

Emily St. John Mandel se comporte comme une sorte de vulgarisatrice. Un roman qui une fois encore peut toucher le plus grand nombre, et des amorces de réflexions qui provoquent des questionnements intéressants. Davantage que des réponses, c'est sans doute aussi ce qui donne cette impression d'un récit nous parle.

A l'image des scènes mettant en avant son personnage d'écrivaine de romans de l'Imaginaire, en 2401, qui partage des réflexions lors de ses rencontres littéraires sur le pourquoi de l'appétence des lecteurs pour les romans post-apocalyptiques.

La mer de la tranquillité confirme la capacité d'Emily St. John Mandel à parler au plus grand nombre et à démocratiser des concepts de science-fiction. Pour un nouveau roman divertissant et qui porte aussi quelques réflexions intéressantes.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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« On ne sait jamais ce que le passé nous réserve, », Françoise Sagan

On ne sait jamais trop ce qu'un roman nous réserve.
Un titre apaisant, une couverture lunaire, un moment suspendu.
J'avais lu « Station Eleven » aussi j'avais tout de même une petite idée de là où je m'aventurais ; dans un univers propice à la réflexion, l'évasion, la fascination, la poésie des mots.

Sait-on ce que l'avenir nous réserve ?
On se pose toujours la question alors que... « Nous savions que ça allait arriver ».
On attend d'être sur le bord, funambules aveugles, comme si un miracle pouvait freiner le temps, le faire revenir en arrière, y faire des sauts, le réinventer.
On pourrait faire comme si la réalité était une simulation, comme si nous vivions dans un ordinateur.
« … À qui est cet ordinateur ? ».
À un illuminé, à un génie glacial ou, à Personne ?

« Aucune étoile ne brûle éternellement. » et en même temps… :

"Irgendwie fangt irgendwann
N'importe comment, n'importe quand,
Irgendwo die Zukunft an.
N'importe où commence l'avenir. ", Nena (Feuer und Flamme).

Merci Romane (Korrigan) pour ce cadeau de Noël, qui m'a fait voguer un instant d'éternité sur La mer de la tranquillité;)
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