AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Juliane Nivelt (Traducteur)
EAN : 9782351782798
496 pages
Gallmeister (04/05/2023)
3.79/5   82 notes
Résumé :
En 1873, Samson, chasseur de bisons fraîchement immigré, parcourt les Grandes Plaines, plein d’optimisme devant son nouveau pays.
En 1975, Bea, adolescente enceinte et mutique, arpente le même paysage, et finit par atterrir dans une institution où un psychiatre s’efforce de déchiffrer ses dessins.
En 2027, après une série de tornades dévastatrices, un ingénieur abandonne son existence routinière pour concevoir une ville flottante sur le site de ce qu... >Voir plus
Que lire après Parcourir la terre disparueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 82 notes
5
10 avis
4
10 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
Je trouve qu'il souffle un vent de liberté dans la littérature anglo-saxonne post crise sanitaire de 2020. Comme une recherche d'un nouveau souffle, une envie d'ailleurs. Et la situation écologique ne fait que renforcer ce sentiment.

Prenez l'exemple frappant, marquant, du premier roman d'Erin Swan paru chez Gallmeister, en la suivant Parcourir la terre disparue. Un texte inclassable, atypique, ouvert sur le monde, l'univers, le passé, le futur. Pas un chemin simplement tracé.

D'une ambition folle, sans jamais perdre l'essence même du récit, son humanité. Il fallait oser imaginer une histoire se déroulant sur plusieurs siècles, débutant en 1873 dans l'Ouest américain pour pousser jusqu'en 2073 sur la planète Mars. Utilisant des chemins de traverse, avec les liens du sang comme ciment. Même s'il s'effrite souvent dangereusement.

L'auteure aurait pu rester dans la ligne du réel, elle y est presque. Elle choisit pourtant l'option dystopique, comme une légère discordance de la trace actuelle, à peine perceptible.

Ce récit suit une lignée multigénérationnelle loin d'être ordinaire, où chaque génération se pose des questions sur sa filiation. Ce n'est pourtant pas une histoire de famille comme on en lit beaucoup, mais bien des individualités qui vont de l'avant, avec ou malgré leur passé.

Ce n'est pas un hasard de voir débuter l'histoire dans les grands espaces américains, à une époque où ils restaient encore tout à défricher. Pour la voir ensuite se développer sur d'autres terres en friche, plus étonnantes les unes que les autres. L'histoire de la colonisation par les américains est là aussi, en filigrane.

Quel roman, aussi étrange que fascinant ! Où la créativité, l'inventivité, sont mises au service d'une lignée de personnages très marqués. Par la vie et leurs épreuves, autant que par leurs caractères forts. Des portraits inoubliables, même quand ils ne traversent le livre que durant quelques dizaines de pages.

Les époques s'enchaînent comme autant de novellas presque indépendantes, mais toutes liées par des fils plus ou moins visibles. La lecture devient intemporelle, mais pas moins ancrée dans des sujets bien terre à terre.

Comme des traits poétiques agrippés aux réflexions climatiques ou familiales. Avec l'héritage qui façonne le rêve, consciemment ou non, même à travers le traumatisme.

Des histoires de femmes surtout (mais pas que), qui questionnent le sort des mères et de leurs enfants, dans une quête vers un autre part. A la fois roman de l'intime et récit universel, questionnant ce que nous créons. Et aussi porteur d'espoir, même dans les conditions les plus extrêmes.

Oui, ce livre peut être qualifié de science-fiction, et alors ? Ce n'est qu'un moyen et non une fin qui mérite que tous les lecteurs tentent de s'échapper de leur zone de confort. Pour en ressortir enrichi.

L'écrivaine a une capacité exceptionnelle à nous faire entrer immédiatement dans l'action et l'environnement de chaque partie du livre. Avec une élégance de tous les instants. C'est un plaisir inouï de se laisser porter sans jamais réussir à anticiper ce qu'il adviendra.

Et Erin Swan est apparue pour Parcourir la terre disparue. Avec un roman qui marque, autant spéculatif que vibrant et vivant, par la grâce de personnages forts, aux destinées étonnantes. Un roman palpitant d'humanité, d'une belle inventivité. Un vrai lâcher prise littéraire, sombre mais porteur d'espoir.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
Commenter  J’apprécie          393
Le pari d'Erin Swan est ambitieux : construire, en moins de 500 pages, une saga familiale, qui débute en 1873 dans les grandes plaines du Kansas avec Samson le chasseur de buffles, qui se poursuit avec un nouveau personnage par génération et qui se termine en 2073 avec Moon sur Mars.
Tous les 20 ans donc apparaît un(e) descendant (e) de Samson, et ces apparitions peuvent sembler chaotiques dans la mesure où elles ne sont pas guidées par la chronologie. C'est donc au lecteur de découvrir le personnage et de le situer dans la descendance. Mais l'autrice fournit tous les indices nécessaires pour donner une cohérence à la trame narrative.

En fait, l'histoire est originale et captivante. L'autrice crée des personnages si pleinement vivants , avec tant de détails et de personnalité qu'on croirait les suivre depuis longtemps. Alors qu'ils nous sont présentés à des moments bien précis de leur vie, cette impression de familiarité tient au talent de Swan qui cisele des dialogues percutants et des situations pleines de révélation.
La particularité des membres de ces sept générations, c'est que chacun d'entre eux est animé par le désir de bien faire et, surtout, que leurs propres enfants fassent de grandes et belles choses .
Ainsi ils projettent leurs espoirs et leurs rêves, mais aussi leurs cauchemars et leurs defaillances sur les générations futures.

Ce roman questionne notre héritage en tant qu'individu mais aussi notre place sur Terre en tant que citoyen.
L'autrice imagine une catastrophe écologique en 2017, catastrophe tout à fait crédible, au cours de laquelle les tornades se multiplient et la montée des eaux touche les États-Unis.
C'est ici que débute le roman dystopique avec la création de communautés de survivants ou de villes flottantes comme celle conçue par Paul et dans laquelle il vit avec sa fille Kaiser.
"Un ouragan. Deux. Trois. Quatre. Des orages plus intenses que jamais. Plus violents. Pendant que Paul dormait, la forme des continents a changé. New York a subi la transformation la plus remarquable. Chennai au sud de l'Inde. Les Maldives. La Nouvelle-Orléans. Personne ne parle de perte. L'événement est trop soudain, trop inconcevable. Les présentateurs n'évoquent pas l'Apocalypse. Ils refusent de prononcer ce mot, préférant parler de survie. On s'en remettra, affirment-ils. Les gouvernements envoient des provisions. de la nourriture. Des bandages. Des bateaux. Les marées reflueront. Les villes seront sauvées. La civilisation perdurera. "

Si les personnages féminins sont particulièrement forts et combatifs, Paul, l'architecte du futur, est lui aussi très touchant. Il est le fils de Bea, une jeune femme découverte dans les années 75 sous-alimentée, enceinte, muette et traumatisée.
Placé en orphelinat, il devient un homme de petite taille avec des rêves de géants qu'il ne pourra réaliser qu'à partir de la catastrophe. Amputé des jambes, il acquiert un charisme tel que sa propre fille s'étonne de voir "à quel point il paraissait grand" alors que pendant toute son enfance ses camarades s'étaient toujours moqués de la taille de son père.

Si les femmes de cet arbre généalogique sont si importantes, c'est que chacune d'entre elles incarne la continuité de la lignée et va accéder à la maternité de différentes manières – par la force, le choix, le hasard et la coercition – et pourtant elles doivent toutes en assumer les conséquences de la même manière. Ce n'est pas une mince affaire de porter un enfant et cette expérience, indispensable à la survie de l'humanité, du moins jusqu'aux limites du roman, sera déterminante.
Les expériences génétiques menées sur Mars en 2046 sont extrêmement éprouvantes. Les quatre cobayes, dont Penelope la mère de Moon, vomissent du sang et deux d'entre elles ont le corps déchiqueté par la naissance. Mais la fierté d'accomplir une mission utile à l'humanité est plus forte que la peur.

Moon, qui est l'arrière-arrière-arrière-arrière-petite-fille de Samson, cherche à comprendre ce qu'est une mère.
" Une mère est une bassine, dis-je. On la remplit d'eau et ensuite, on la vide."
Elle n'a pas connu sa mère et déambule sur Mars avec deux êtres qu'elle appelle Oncle Un et Oncle Deux. Ils ne sont pas entièrement humains (ils se nourrissent de poussière et communiquent par télépathie ), mais ce qu'ils sont exactement reste flou. Moon ne sait rien du monde au-delà de Mars, se fiant aux histoires que ses oncles racontent sur la Terre, un endroit autrefois regorgeant de vie aujourd'hui réduit à néant. Les quatorze premières années de la vie de Moon se déroulent ainsi, marchant à travers les dunes rouges apparemment sans fin. Sans fin, jusqu'à ce qu'ils atteignent « le dôme », une structure qui aurait vu naître Moon et qui impliquerait que des recherches ont été menées pour créer sur Mars une planète habitable par les humains.

S'étendant sur des centaines d'années et voyageant des décennies dans le futur, l'histoire de cette famille est riche, troublante mais aussi pleine d'espoir. Certes l'héritage familial est souvent lourd à porter et il est difficile de se mettre à distance de certains traumatismes, d'autant plus lorsqu'il faut en même temps s'adapter à la dégradation de l'environnement. Autour de la famille, la terre change, l'environnement devient hostile à cause de ceux qui en ont abusé et des fragments de l'histoire de l'humanité transparaissent. Les buffles d'Amérique sont écorchés, leurs langues retirées et leur viande laissée pourrir alors qu'en 2046 manger la chair d'un cochon d'Inde est un luxe réservé aux futures mères.
Malgré cela, l'autrice nous montre que des solutions existent et que l'humanité s'adapte, ne serait-ce que dans le désir de toujours se reproduire.
"N'importe quelle mère comprendrait. Nous donnons la main au destin et nous nous jetons dans le vide. Nous ne pouvons prédire l'histoire que racontera notre enfant."




Commenter  J’apprécie          223
Le réchauffement climatique... c'est glaçant.
Si vous avez peur du changement global, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur des chasseurs, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur des orages, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur des rêves, des visions et des malédictions, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur des inondations, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur des sécheresses, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur de la fonte des glaces et de la montée des océans, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur de l'Effondrement, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur de devoir fuir en pantalon de yoga une ville en flammes, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur de l'univers de Damasio, ne lisez pas ce livre.
Si vous avez peur des délires d'Elon Musk (et vous auriez raison), ne lisez pas ce livre.
Dans tous les autres cas, lisez-le, lisez ce roman exceptionnel.

Traduction parfaite de Juliane Nivelt.

Challenge ABC 2023-2024
Challenge USA : un livre, un État (Kansas)
LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"
Commenter  J’apprécie          3631
1873, le jeune Samson fraîchement immigré aux Etats-Unis découvre un pays de cocagne où le gibier abonde et où la chasse aux bisons va sans doute le rendre riche. 1975, Béa, adolescente enceinte, entreprend une quête vers le Nord entre nature hostile et villes qui la rejettent. 2037, tornades et ouragans se multiplient, la Nouvelle Orléans est sous l'eau et une petite communauté tente d'y survivre. 2073, Moon est seule sur Mars avec ses "oncles" et ne sait rien de cette vieille planète nommée Terre. Ces destins au fil des siècles vont s'entrecroiser et se répondre comme un long cheminement sur une terre qui disparaît.

Ce roman m'a intriguée par son pitch énigmatique et sa promesse d'une sorte de saga familiale à la mode science fiction / apocalyptique donnant à voir (ce que je supposais être) la conséquence de nos actes sur la planète qui nous héberge. L'auteure instaure dès les premiers pages une ambiance lourde et mystérieuse, on sent bien que quelque chose cloche mais on ne comprend pas encore ce qui nous a menés là. D'un côté, Moon, une jeune enfant, parcourt la surface martienne avec ses étranges oncles pas tout à fait humains, se nourrit de poussière et découvre avec ébahissement ce qui reste de ce qui fut sans doute une station spatiale, maintenant inhabitée. Dans un autre chapitre c'est Béa, adolescente mutique qui semble traumatisée, qui fuit la compagnie des hommes, erre dans des Etats-Unis qui ressemblent aux nôtre mais qui paraissent aussi éminemment hostiles et en proie à une menace diffuse. Les premiers chapitres ont donc tenu leurs promesses avec ce côté très étrange, cette sensation d'une catastrophe passée qu'on cherche à comprendre et les liens entre les époques et les personnages qui s'éclaircissent petit à petit.

Hélas j'ai trouvé que le roman perdait petit à petit de sa force et de son intérêt au fur et à mesure que tout s'expliquait et que la généalogie des personnages devenait évidente. D'un mystère diffus on est passé très vite à des péripéties et relations ultra-prévisibles, permettant rapidement de relier tous les personnages de manière assez triviale. A partir de là j'ai eu l'impression d'énormes longueurs, certaines parties du roman étant assez peu intéressantes ou palpitantes et n'apportant pas grand chose de neuf. L'auteure brasse malheureusement un certain nombre de clichés et de passages obligés vus et revus dans des récits du même genre, que ce soit cette communauté de survivants récupérant tout ce qui peut encore servir et recréant un monde avec peu ou encore pire cet espèce de faux suspens archi éculé dans le récit de la mission sur Mars qui tourne mal. C'est vrai que j'ai lu récemment un certain nombre de romans (souvent américains et écrits par des autrices d'ailleurs...) sur le thème de l'écologie, de la fin du monde tel que nous le connaissons et j'ai eu l'impression de retrouver ici un espèce de "digest" comme si Erin Swan s'était sentie obligée de cocher toutes les cases sans rien apporter de vraiment nouveau. Et en même temps, malgré cette prévisibilité constante au fil des chapitres, j'ai regretté que les mystères qui faisaient la force du roman au début ne trouvent pas vraiment d'explications : l'auteure ne cherche absolument pas à expliciter les visions ou la prescience que pouvait avoir Bea de ce qui attendait sa descendance, comme si c'était juste un pouvoir magique banal, ce qui pour moi affaiblit encore un peu son histoire.

Bref je ne ressors pas vraiment convaincue de cette lecture, avec un roman qui est vite devenu assez fastidieux à lire tant il part dans tous les sens sans raconter grand chose de neuf, voire même franchement agaçant quand il tombe dans tous les chausse-trappe des clichés attendus ! Dommage car il m'en reste quelques images très fortes avec de beaux passages ou des scènes marquantes, l'auteure ayant malgré tout un vrai talent pour instaurer une atmosphère étrange. Pour moi, il aurait fallu un scenario plus consistant et plus abouti pour que ce roman tienne toutes les promesses qu'il avait fait naître.
Commenter  J’apprécie          212
« Parcourir la terre disparue » de Erin Swan est un remarquable premier roman, commencé en 2014. Il est sorti aux États-Unis en mai 2022 sous le titre « Walk the vanished earth ». Il est aujourd'hui publié en France aux éditions Gallmeister. Il aura donc fallu six ans à Erin Swan pour écrire, puis peaufiner ce récit en parallèle de son travail de professeur. Six ans pour construire un roman d'une densité exceptionnelle, porté par des personnages tous issus de la même lignée. « Parcourir la terre disparue » s'étend sur deux siècles et met en scène sept générations, des États-Unis à la planète Mars. L'écrivaine a fait le choix de planter le décor uniquement aux États-Unis, car le rêve américain n'est plus tout à fait ce qu'il était. Roman dystopique, « Parcourir la terre disparue » navigue dans les temporalités et les lieux, principalement des plaines du Kansas à La Nouvelle-Orléans pour nous amener au projet « Étoile Rouge », la colonisation de la planète Mars.

Résumer ce roman est un exercice un peu compliqué, mais je peux vous donner quelques clés, au moins sur les temporalités et les personnages phares rencontrés.

En 1873, Samson, chasseur de bisons, parcourt les plaines du Kansas.

En 1975, Bea parcourt les mêmes plaines que son ancêtre.

En 2027, Paul construit une ville flottante après de nombreuses tempêtes ravageuses sur les côtes américaines. Il est accompagné de sa fille Kay.

En 2073, Moon vit sur Mars avec deux oncles, elle n'a jamais connu la vie sur Terre. Elle vient d'avoir 14 ans et comprend qu'une grande mission l'attend.

Dans « Parcourir la terre disparue », la Terre telle que nous la connaissons est sous l'eau. Dans l'esprit de Erin Swan, tout a commencé par l'ouragan Katrina qui l'a fortement marquée. Elle a perçu cette catastrophe comme un avertissement. La terre avait décidé de se débarrasser de ses habitants. Dans son roman, elle utilise des faits réels comme cet ouragan ou encore les feux qui ont détruit la ville de Paradise en Californie pour axer son intrigue sur le changement climatique, et le futur qui attend la nouvelle génération.

La fin du monde c'est-à-dire la fin de la planète Terre telle que nous la connaissons est proche. Dans « Parcourir la terre disparue », l'auteure centre son récit aux États-Unis, en plongeant par exemple certains territoires sous l'eau. « La Floride n'est plus. Un tsunami l'a submergée il y a deux ans. de Miami à Jacksonville. Pensa-cola. L'État tout entier. », « Tout a été emporté. (…) La Nouvelle-Orléans a été noyée. Ce n'est pas comme Katrina. C'est définitif. », « La côte est aussi, malheureusement. L'ouest a tout de suite été ravagé. ». Elle explique que les États-Unis ont une grosse part de responsabilités dans la colonisation des territoires pour en tirer toujours plus de profit, et dénonce l'exagération de l'utilisation des ressources à outrance sans se soucier le moins du monde d'écologie. (ceux qui ont vécu aux États-Unis savent de quoi je parle : sprinklers – système d'arrose automatique des pelouses- allumés alors qu'il pleut des cordes, climatisation qui fonctionne quand les portes sont ouvertes vers l'extérieur, conduite de véhicules énormes et très polluants, maisons illuminées la nuit, etc.) La nouvelle génération est bien plus soucieuse de l'environnement, et Erin Swan l'a bien compris puisqu'elle met en scène des personnages qui héritent d'un lourd passif et doivent composer avec celui-ci pour construire leur futur.

Cette construction du futur se fait par étapes, et c'est en naviguant à travers les époques que le lecteur peut prendre toute la mesure des actions menées. Par exemple, la création d'une ville flottante pour lutter contre les inondations perpétuelles est la résultante d'une façon différente de penser l'avenir. Elle est également le fruit d'une réflexion précise et pertinente d'une situation à un instant T, quand certains ne croient plus en ce que racontent les médias. « Un ouragan. Deux. Trois. Quatre. Des orages plus intenses que jamais. Plus violents. Pendant que Paul dormait, la forme des continents a changé. New York a subi la transformation la plus remarquable. Chennai au sud de l'Inde. Les Maldives. La Nouvelle-Orléans. Personne ne parle de perte. L'événement est trop soudain, trop inconcevable. Les présentateurs n'évoquent pas l'Apocalypse. Ils refusent de prononcer ce mot, préférant parler de survie. On s'en remettra, affirment-ils. Les gouvernements envoient des provisions. de la nourriture. Des bandages. Des bateaux. Les marées reflueront. Les villes seront sauvées. La civilisation perdurera. »

Lorsque l'épopée de « Parcourir la terre disparue » arrive à son terme, que les conclusions terribles apparaissent, il devient évident pour certains qu'il faut coloniser d'autres planètes et y créer la vie. le lecteur voyage non seulement dans le temps, mais aussi dans l'espace. Je vous laisse découvrir la vie sur Mars, le projet un peu fou de certains. J'ai aimé la façon dont l'auteur traite le sujet de la vie sur Mars, à la fois comme un espoir que cela fonctionne pour permettre à l'humanité de continuer, mais aussi une forme d'espérance que la colonisation échoue. L'Humanité mérite-t-elle une seconde chance ? À n'importe quel prix ? En faisant fi de toute morale ? En plaçant tous ses espoirs sur les épaules d'une seule personne ?

« Parcourir la terre disparue » est un roman intimiste et introspectif où les femmes ont une place prépondérante. Elles sont les utérus du monde de demain. Pouvoir ou malédiction ? Dans ce voyage épique, les liens entre les personnages se cherchent, ils ne sont pas donnés sur un plateau. le roman nécessite un minimum d'implication pour comprendre la mécanique et la façon dont il est construit. Rassurez-vous, ce n'est pas mission impossible ! Erin Swan a apporté une attention particulière à la construction pour que tout fasse sens. « Parcourir la terre disparue », traite de l'évolution de la civilisation, et du futur de l'humanité. Chaque personnage apporte une pierre importante à l'édifice de l'histoire, et le lecteur s'attache à chacun. Découvrir peu à peu les liens entre ascendance et descendance est tout à fait réjouissant. Dans cette saga familiale, l'héritage donné a une importance particulière pour les générations futures. Il en est de même pour les traumatismes. Évidemment, « Parcourir la terre disparue » traite majoritairement d'environnement, de catastrophes environnementales, de réchauffement climatique et de ses conséquences, de montées des eaux. Et c'est à cause des problèmes écologiques rencontrés par l'humanité, que l'auteur a pu imaginer la création de la vie ailleurs. La boucle est bouclée.

J'ai trouvé ce récit absolument passionnant. D'abord, dans sa construction un peu mystérieuse au début, puis dans la force de ses personnages, enfin dans les thématiques qui y sont abordées. C'est typiquement un roman ancré dans notre époque, même s'il est dystopique. L'auteure a puisé dans les peurs de toute une génération sur des questions d'avenir. La partie sur Mars est tout à fait fascinante, lorsque l'on comprend ce qui se joue sur cette planète, notamment à travers le personnage de Moon. « Parcourir la terre disparue » n'est pas un roman catastrophiste, il est chargé de beaucoup d'espoirs malgré l'inhumanité de l'humanité et le peu de respect que l'homme accorde à la terre qui le porte. J'aime particulièrement les pensées de Samson qui vit dans les grandes plaines du Kansas de 1873 à 1925 au regard de notre situation actuelle : « Il est traversé par la même pensée qu'alors : combien ce pays est bon et bienveillant. Cette nouvelle nation, si généreuse avec ses richesses. Elle vous donnerait les étoiles si vous les lui réclamiez. Elle vous donnerait la lune. ». Ce roman est un petit bijou d'intelligence, de pertinence et d'émotions. Coup de coeur ! Lisez-le, vous verrez…

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          170


critiques presse (1)
LaCroix
19 juin 2023
L’Américaine Erin Swan suit plusieurs générations d’une même famille luttant contre les effets du réchauffement climatique. Une fresque dystopique peuplée d’êtres attachants.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Hormis son don pour les maths et sa capacité à construire des tours minuscules, son seul talent consistait à deviner la personnalité des habitants d'une maison à l'odeur de soupe Campbell qui flottait dans l'air : nouilles-poulet signifiait bienveillant ; légume, surprotecteur ; tomates, colérique.
Commenter  J’apprécie          120
- Hé, Pa.
- Hé.
Un échange qui signifiait amour. J’allai à l’intérieur et cachai mes pages blanches sous mon tapis de sol. J’enfilai mes bottes, la violette ainsi que l’autre, celle qui était trop grande. Ensuite, je soulevai Pa et l’installai dans mon sac à dos, le sanglant de sorte qu’il ne glisse pas lorsque je franchirais les ponts ou que je m’accrocherais aux câbles, aux endroits où les ponts semblaient trop timorés. À l’instar de la plupart des habitants de la Ville Flottante, nous possédions une barque, un kayak et un canoë. Néanmoins, Pa et moi préférions voler que ramer.
Après l’avoir solidement arrimé, je le hissai sur mes épaules et il m’enlaça le cou. Malgré moi, je pensai à ma mère. Puis je retournai sur le balcon et agrippai la corde suspendue à la rambarde Nous étions partis.
Commenter  J’apprécie          30
Paul envisage un avenir où les hommes s'adapteraient à leur environnement, au lieu du contraire. L'histoire de l'Amérique, avec ses massacres d'animaux et d'autochtones, sa lutte perpétuelle contre la nature, n'a jamais connu pareil lieu.
Commenter  J’apprécie          94
Il aurait dû se rendre compte que l'histoire ne pouvait se rédiger au présent. Il fallait connaître la fin pour savoir où se trouvait le début.
Commenter  J’apprécie          110
Sa mère est tapie dans les ombres. Il l’entend marmonner sans parvenir à distinguer ses paroles. Elle tousse de nouveau, et les pulsations derrière les yeux de Paul reprennent, rythmiques et insistantes.
- S’il te plaît, articule-t-il à travers la douleur, puis : Maman.
Un terme que, jusqu’ici, il employait uniquement dans sa tête. Prononcé à voix haute, il semble stupide, trop formel pour le sens qu’il recouvre. Paul se met à pleurer d’une manière qu’il ne reconnaît pas. Des sanglots bruyants, dépourvus de mélodie, entrecoupés d’inspirations suffocantes. Si seulement il avait son cahier ainsi qu’un crayon taillé à la perfection. Si seulement il avait une équation à résoudre, une tour à dessiner, une suite de molécules à assembler.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Erin Swan (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erin Swan
À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Erin Swan vous présente son ouvrage "Parcourir la Terre disparue" aux éditions Gallmeister.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2815644/erin-swan-parcourir-la-terre-disparue
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : dystopieVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus

Lecteurs (342) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4894 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..