Un roman épique époustouflant ! Une fresque monumentale en bordure de Fjord !
Remontons bien loin dans le temps, dans la Norvège du millénaire passé. Reiar, un mystérieux Viking, retourne dans le village côtier d'Yr pour y reconquérir un amour perdu. Très vite, il se rend compte des menaces qui pèsent sur la communauté villageoise : le chef du village est louche, des assassins rôdent dans les hauteurs et des chrétiens veulent convertir tout le monde par la force. Ajoutez à cela une inquiétante chamane qui prédit un destin fait de « terrains brûlés », de « langues d'éclairs », de « morts dans des torsions funèbres »… Il y a du suspens, de nombreuses péripéties, du sexe, de la violence… Game of Thrones ? Un peu mais… en mieux !
C'est une histoire portée par le souffle puissant de l'alexandrin et je vous invite à mettre de côté vos éventuels préjugés pour plonger dans la poésie de
Thomas Stalens. Sur les conseils de ce dernier, j'ai d'ailleurs laissé « les poétiques vers s'écouler l'un après l'autre » pour voir s'ouvrir devant moi un univers fabuleux, grandiose et tragique. Des images hallucinantes ont émergé de ma lecture et provoqué des émotions intenses : dans « Yr », les flots « ondoient comme un pelage », le vent « imite la lame d'un couteau coupant le bleu des veines », « les voix coulent comme un torrent de lave »… Eh oui, les Vikings, ce n'étaient pas des bisounours et c'est ainsi que métaphores, comparaisons, antithèses se succèdent et nous immergent dans un univers héroïque, cruel, sensuel et incroyablement poétique !
Certains passages sont empreints d'une beauté tragique stupéfiante. Je pense notamment à l'enterrement d'un héros viking ou encore, à la bataille d'Yr. Je vous conseille même de lire ces extraits à voix haute pour vous laisser emporter par le rythme, par les mots qui roulent ou s'entrechoquent, par ces sons gutturaux, rugueux issus de la langue nordique : berserker, jarl, Ragnarök… Sans compter ce mélange assez savoureux du français : on parle d' « aquilon », de « horion », de « vésanie » mais aussi de « missile » ou encore de « robotique » ! En effet, « Yr », ce n'est pas un vieux manuscrit mais l'oeuvre d'un scalde des temps modernes !
J'ai trouvé cette épopée non seulement passionnante mais aussi très instructive. Personnellement, mes connaissances de l'univers viking se limitaient à « Astérix et les Normands » (et un peu Thorgal). Or, le roman fourmille de détails sur l'univers nordique, son artisanat, sa mythologie, sa cosmogonie.
Enfin, les personnages féminins tiennent un rôle et une place de choix : les femmes ont le « regard aussi perçant qu'un dard », sont « un feu concupiscent », ont « le courage et le front haut de la Valkyrie ». Ce sont des caractères bien trempés qui provoquent les hommes en combat singulier, manient la hache, participent aux batailles…
Si vous rêvez de lire une histoire palpitante dans une baie où mouillent des drakkars ; si vous aimez les récits teintés de complots, d'érotisme bouillonnant, d'affrontements héroïques sur Terre et dans les Cieux, foncez sur « Yr » !