En 1963, cela fait donc 2 ans que Marvel a lancé une importante galerie de personnages aux supers pouvoirs concurrençant son grand rival DC. Les héros imaginés par
Stan Lee sont plus ancrés dans le réel et ont une vie privée dont l'histoire peut parfois prendre le dessus sur les aventures superhéroïques.
Toutefois dans ce recueil qui regroupe l'intégralité des aventures du quatuor le plus célèbre de l'époque, moins de problèmes personnels et privés.
Ce sont sans doute les comics les plus vendus aux États-Unis pendant les sixties. Dans la critique de
Fantastic Four - Intégrale, tome 1 : 1961-1962 , je disais déjà que cette série a révolutionné le genre (au même titre que Spider-man, au même moment) mais que sa lecture pouvait causer un choc. En effet, le retour en arrière au niveau des intrigues et des dessins est plutôt violent.
Il faut s'imaginer en plein guerre froide dans une Amérique paternaliste et un peu (beaucoup ?) misogyne. Les héros qui constituent ce groupe ont reçus des super-pouvoirs suite à une exposition aux rayons cosmiques (voir l'intégrale précédent). Johnny Storm est devenu la torche, Ben Grimm, la chose, Jane Storm, la femme invisible et Monsieur fantastique est devenu élastique. Toutefois le pouvoir le plus utilisé de Red Richards (monsieur Fantastique) est son intelligence pratiquement sans limite.
Dans ce recueil, les FF (Fantastic Four en anglais) affrontent des ennemis récurrents comme Namor, pour le moment leur Némésis et dont les sentiments pour Jane Storm en font un être plus complexe que les autres méchants de l'époque. Un autre personnage commence toutefois à prendre de l'importance et va devenir un des grands super-vilains des histoires Marvel, c'est le docteur Fatalis, autre génie de la science, dirigeant d'un État d'Europe de l'Est (tiens tiens, serait-il le symbole d'un dictateur communiste ?).
D'autres font alors leur apparition, promis à un « grand » avenir, comme Kang le conquérant (alors encore le pharaon Rama-Tut) ou le super Skrull. D'autres sont très oubliables (l'homme impossible). Une petite mention pour l'apparition de Hulk qui vient d'être créé par
Stan Lee et qui a besoin d'un coup de pouce en apparaissant dans la série phare du moment.
Les histoires sont évidemment très naïves, sentent bien l'anticommunisme primaire et la gloire de l'Amérique, de son armée et de son mode de vie, mais, en lisant ces intégrales, on ne pouvait pas s'attendre à autre chose et cet arrière plan ne prend pas le dessus sur les affrontements parfois musclés entre héros et vilains.
Jane Storm est toujours sous-utilisée et reste le maillon faible du groupe parce que c'est une femme. Monsieur Fantastique est toujours un insupportable monsieur Je sais tout, mais la chose est un personnage plus ambiguë et intéressant. Il devient d'ailleurs le plus populaire chez les lecteurs à l'époque.
Les dessins de Kirby sont toujours aussi grossiers. Il possède un fan club très nombreux, mais en 1963, ce n'est pas encore impressionnant. Surtout quand on a l'habitude de lire des BD contemporaine.
Ce recueil est donc encore une fois une petite madeleine de
Proust a déguster par petite bouchée pour éviter l'indigestion, mais qui se lit toutefois sans déplaisir.