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Ludovic Florin (Traducteur)
EAN : 9782810707317
300 pages
Pu Midi (29/04/2021)
4/5   1 notes
Résumé :
The Art Ensemble of Chicago est le premier livre sur ce groupe, l'un des plus influents du jazz et de la musique expérimentale. Il offre une histoire détaillée de l'Art Ensemble, depuis sa fondation en 1966 dans le quartier sud de Chicago jusqu'à ses représentations de la fin des années 2010. À cette contribution essentielle s'ajoutent ses analyses des performances de l'Art Ensemble. Par ce biais, The Art Ensemble of Chicago propose une nouvelle théorie de l'improvi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les livres sur l'Art Ensemble of Chicago se comptent sur les doigts d'une main. Dans sa préface très complète, Ludovic Florin, traducteur de cet ouvrage, le confirme à ceux que le sujet intéresse. En langue française, cette traduction est le seul ouvrage, en anglais on en compte deux autres. Hormis donc les entrées des dictionnaires de Jazz, et un chapitre du livre Free Jazz de Ekkehard Jost, ceux qui aimeraient en savoir plus sur ce groupe ont bien peu de littérature pour satisfaire leur curiosité. En langue anglaise existent quelques monographies sur cette association de Chicago, l'AACM (Association for Advancement of Creative Musicians) dont l'Art Ensemble est la plus célèbre émanation (avec peut-être Anthony Braxton). En dehors de cela, il faut dépouiller les nombreuses revues de Jazz et de musicologie qui ont diffracté l'aura de ces musiciens singuliers.
Autant dire que cette initiative de traduction sera précieuse à ceux qui nourrissent une réflexion sur la place et les enjeux de la musique dans la vie sociale, le monde économique, la religion et comment la musique travaille dans ses tensions la communauté des hommes.
Trop souvent réduite à une portée politique et révolutionnaire (Free Jazz, Black Power) la démarche de l'Art Ensemble of Chicago est bien plus subtile que cela. La groupe récuse le terme de Jazz pour promouvoir la Grand Musique Noire, The Great Black Music. le concept est problématique car on peut y projeter une racialisation de la pratique musicale. Mais même s'il est clair qu'à l'origine de la fondation de l'AACM à Chicago au début des années 60 il y avait une volonté de se prémunir contre la domination sociale blanche dans la vie musicale aux Etats-unis (nous sommes dans le contexte de la lutte pour les droits civiques), au final il fut reproché à l'Art Ensemble d'avoir capté un public majoritairement blanc (on trouvera dans ce livre des arguments pour nuancer cette opinion).
Sur la base de nombreuses interviews collectées dans les revues ou réalisées par l'auteur Paul Steinbeck, ce livre nous raconte l'histoire de ce groupe de musiciens, leurs origines, comment ils se sont rencontrés, l'émergence de leur esthétique, leur souci de se démarquer de l'étiquette jazz, leur conception d'un art total où par la théâtralisation et l'action poétique, ils tentent de dépasser l'idée même de concert musical pour se placer dans une démarche située entre la performance et la liturgie. On apprendra comment le groupe n'a pu vraiment percer que grâce à l'audace de Lester Bowie qui eut l'intuition qu'en émigrant en France à la fin des années 60, ils atteindraient un rayonnement international alors que leur notoriété restait très confidentielle à Chicago (où avec 4 concerts par ans, ils ne pouvaient vivre de leur musique sans travailler à côté).
C'est à Paris que le quintet se réalisa pleinement jusqu'à trouver son nom définitif : Art Ensemble of Chicago. Avant leur départ en 1969, il existait en réalité deux Art ensemble ; celui du chicagoan Roscoe Mitchell et celui de l'autre Chicagoan Joseph Jarman. le contrebassiste Malachi Favors, chicagoan lui aussi, jouait dans le groupe de Mitchell mais tous se connaissaient et s'étaient trouvé de profondes affinités au sein de l'AACM. Lester Bowie entra dans l'association après avoir quitté Saint-Louis dont il est originaire pour s'installer à Chicago avec son épouse la chanteuse de soul Fontella Bass qui connaissait un grand succès avec son tube Rescue Me. Lester Bowie était l'homme d'affaires de la bande. L'équipe doit son succès aux intuitions de son génie commercial qu'il a mis au service de l'exigence esthétique du groupe. C'est en France que les quatre musiciens trouveront leur percussionniste en la personne du batteur Don Moye qui tournait alors seul en Europe. L'Art Ensemble était en gestation à Chicago mais on peut dire qu'il est né en France où très rapidement les propositions de concerts et d'enregistrements se sont multipliées grâce au producteur/batteur français (et co fondateur de la revue Actuel) Claude Delcloo qui, dès les premiers mois leur ouvrit la porte des studios pour enregistrer sous son label BYG dévolu au free jazz alors en pleine vogue.

Il est inutile de résumer la carrière du groupe que ce livre décrit fort bien pour convaincre de l'intérêt de cette lecture (qui, par exemple, donne des éclairages passionnants sur la période ECM). Ce qui ajoute à cet intérêt anecdotique, c'est que l'anecdote est ici au service de l'histoire d'une esthétique ; trois chapitres du livre sont dédiés à l'analyse d'un album et de deux concerts (les références du livre vous permettent de retrouver ceux-ci pour les visionner).
Cette esthétique n'est pas une sorte d'art pour l'art détaché des réalités sociales et politiques. Paul Steinbeck nuance cependant ce dernier aspect en soulignant combien la réception française du groupe a excessivement politisé la démarche du quintet ; les maquillages de scènes de Don Moye, Malachi Favors et Joseph Jarman ne sont pas des peintures de guerre. Leurs instruments ne sont pas des “machines guns'. La musique de l'Art Ensemble tient plus de la liturgie (une liturgie où la poésie et l'humour sont à l'honneur) que de l'assaut guerrier avec lequel la critique française l'a souvent confondue.
Enfin, le travail de Paul Steinbeck fait découvrir un modèle économique original construit par le groupe. Ce modèle est fondé sur le partage égalitaire et un mode de vie communautaire.
On est cependant loin d'une microstructure totalitaire car leur succès grandissant, chaque musicien était encouragé à développer des projets hors Art Ensemble : l'un des plus connus est le Lester Bowie Brass Fantasy. Un projet de Joseph Jarman, beaucoup moins connu a été la retraite monastique de celui-ci, devenu moine bouddhiste pendant une dizaine d'années avant de réintégrer le groupe.

Vous aurez compris que le ton de l'ouvrage est universitaire et qu'il s'adresse à un public motivé. Mais il ne fait guère de doute que ceux pour qui la musique de l'Art Ensemble of Chicago compte la motivation sera là.
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Je remercie Babelio de m'avoir transmis ce livre pour l'opération Masse Critique. C'est un livre somme, de grande qualité, sur ce groupe hors du commun, qu'est The Art Ensemble of Chicago, un groupe proche de l'art total.

L'ouvrage est assez didactique, avec une approche universitaire, cela permet de naviguer facilement dans le livre. J'ai apprécié les citations des membres, ce qui m'a permis de retracer un peu plus leurs parcours et leurs visions.
Cela donne envie de réécouter les albums et revisionner leurs concerts.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le festival Actuel se tint sous un énorme chapiteau, assez grand pour acceuillir tous les participants et une scène extra-large. La scène était divisée en deux, avec les groupes de rock d'un côté et ceux de free jazz de l'autre, peut-être pour des raisons logistiques.
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En octobre 1969, l'Art Ensemble se rendit à Amougies, en Belgique, pour se produire au festival Actuel. C'était la première fois que le groupe se produisait hors de la France, après quatre mois de concerts presque exclusivement à Paris.
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L'Art Ensemble resta aux États-Unis pendant quelques années, et les années 1970 apparaissent comme une période charnière pour les membres du groupe, tout comme leur séjour en Europe.
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Pour Bowie et l'Art Ensemble, la destination la plus prometteuse était Paris.
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Durant les week-ends, Jarman développa ses talents d'improvisateur en jouant dans les jam-sessions jazz qui se tenaient près de Munich.
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