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sur 6062 notes
Dracula, célébrissime roman de Bram Stoker, est un avertissement sang frais !

Bienvenue à la source vermeille du mythe du vampire (bien que ce ne fût pas le premier roman à mettre en scène un vampire ). Est-il besoin de présenter le synopsis ? Jonathan Harker, notaire de son état, doit se rendre dans les Carpates, afin de finaliser l'achat, par le mystérieux comte Dracula, d'une demeure en Angleterre. D'abord intrigué, voir fasciné, par le charismatique personnage, il comprend, petit à petit, qu'il est son prisonnier. Ne manquant néanmoins pas de ressources, il parvient finalement à s'échapper, à peu près au moment ou le comte choisit, lui aussi, de se rendre en Angleterre, voyage qu'il a soigneusement préparé...Après une série d'événements, tout aussi mystérieux que sordides, un ensemble de personnages, sous l'autorité du célèbre professeur Abraham van Helsing, se trouvera réunie dans le but de mettre un terme à la menace que représente le séculaire vampire.

J'ai globalement apprécié ce roman, et ce pour plusieurs raisons :

-indéniablement c'est un classique, qui sut imposer le "décorum" de la figure du vampire, voir qui fit du vampire une figure littéraire : l'ail, le pieu dans le coeur, les métamorphoses, la soif de sang inextinguible, le rapport au soleil, l'immortalité, la malédiction (et, tel un virus, sa propagation par la morsure), le lien entre proie et prédateur sont autant d'éléments devenus incontournables (bien aidés par les précoces adaptations cinématographiques) qui servent, encore aujourd'hui, de mètre étalon pour tout auteur désirant se frotter au vampire. On peut faire avec ou contre mais on ne peut pas faire sans.

-le personnage de Dracula est admirable et sa mise en scène remarquable. Il interroge sans cesse la notion de limite : entre le raffinement et la bestialité, l'intelligence et l'immaturité, le bien et le mal, la mort et la vie...Par ailleurs il n'apparaît que très peu, tout au long de l'histoire, et plane, telle une insaisissable menace. L'aspect épistolaire du roman est, pour moi, une tentative, sans cesse mise à mal, de circonscrire l'indéfinissable de l'horreur à l'état pur. Dracula est un prédateur, mais qui apprécie particulièrement les femmes, symbolisant ainsi l'ambivalence de la pulsion sexuelle, son côté sombre en quelque sorte.

-son opposition avec van Helsing est l'occasion pour l'auteur d'adresser un avertissement au paradigme dominant de l'époque, à savoir le progrès galopant, basé sur la science, et faisant table rase du passé. En effet si van Helsing, Harker et les autres arrivent à vaincre l'immortel adversaire c'est, en grande partie, grâce à l'emploie de techniques de pointe (pour l'époque) : le train, le télégraphe, le phonographe, la machine à écrire...Pourtant rien n'aurait été possible sans l'ouverture d'esprit de van Helsing qui, bien que médecin rompu aux méthodes modernes (la transfusion sanguine, par exemple), n'en dédaigne pas, pour autant, les vieilles superstitions et admet bien volontiers une réalité possible à l'inexplicable. Il ne manque pas, d'ailleurs, de souligner que le scepticisme des sages est un des meilleur allié de Dracula. Leur affrontement est donc le symbole de la mort d'une époque (pré-révolution industrielle) au profit d'une autre. van Helsing nous avertit néanmoins, malgré les bienfait indéniables du progrès, de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.

Sinon, au niveau de la narration et des personnages, certaines choses m'ont un peu agacé :

-passé une magistrale première partie, qui distille une ambiance sombre, en même temps que nous découvrons le château du comte et que l'angoisse va crescendo, des longueurs s'installent, alimentant un faux rythme, avant que l'action ne démarre (enfin) avec l'arrivée de van Helsing.

-les personnages masculins (Harker, Seward, Morris et lord Godalming) sont, pendant les trois-quarts du roman, assez interchangeables, en apparence, archétypes du gentleman anglais, avant que des différences émergent, les rendant plus identifiables et crédibles. Enfin, une certaine misogynie, surtout visible dans le traitement réservé à Mina Harker (cette femme qui possède "l'intelligence d'un homme") m'a gonflé, mais je suppose que c'est imputable à l'époque de la rédaction du livre.

En résumé, Dracula est un classique, assez remarquable par la confrontation entre van Helsing et le célèbre comte, personnage sophistiqué, qui imposa la figure du vampire dans la littérature. Il serait dommage de s'en privé pour les quelques défauts mentionnés précédemment.
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Roman qui a engendré un mythe, "Dracula" me semble passablement inspiré du roman gothique (Matthew Lewis, Jacques Cazotte, Ann Radcliffe) et aussi en maîtriser ses codes, quoique la succession de journaux intimes et mémorandums me paraisse un peu artificielle à la fin. On y retrouve donc également la jeune fille à la recherche de la sexualité (avec Lucy et Mina, cela en fait même deux) pour adopter l'interprétation psychanalytique du gothique. Ce qui me semble faire l'efficacité, c'est plutôt le suspense, qui tient effectivement en haleine, en tout cas en anglais, je ne sais pas trop ce qu'a donné la traduction. L'auteur est irlandais et je pense que Dracula, à la force herculéenne tient un peu des géants mythiques Fionna Mc Cullhain et Cuchulain. Mais cela s'arrête là et pour le reste, le roman est essentiellement anglais: une large partie de l'action s'y déroule. Pour la Roumanie, enfin la Transylvanie, c'est de l'ordre du décor, et encore: Dracula est censé être, si j'ai bien compris, le prince Vlad Țepeș et... un Sicule ! L'opinion véhiculée sur le pays est peu flatteuse: les Transylvains, bien que superstitieux et a priori fort experts en vampires, ont tout de même besoin des Anglais, unis aux Américains (la nationalité de Quincey Morris, qui se sacrifie, n'est pas un hasard) pour faire le ménage chez eux en deux temps deux mouvements. Leur image reste assez caricaturale, un peu comme les considérations du docteur van Helsing, qui me semble bien influencé par les pseudosciences de l'époque, comme la physiognomonie. On peut même lire le roman comme la victoire de la foi, voire de la superstition, sur la science, ce qui lui donne quelque chose de décourageant. Les rapports des personnages tiennent beaucoup des clichés les plus simplistes: le mari aime la femme, et réciproquement, le vampire est anormal, religieusement parlant, et dès lors condamné et tout cela ne varie jamais. Cela étant, on reste bien au-dessus de certaines productions à succès du passé et du présent.
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Si on examine les nombreuses critiques suscitées par Dracula de Bram Stoker sur Babelio, on distingue entre autres des réactions plutôt polarisées: on adhère ou on abandonne. J'ai pour ma part adhéré, non sans un certain travail. Ce qui m'a le plus irritée - l'image de la femme, stéréotypée -, m'a aussi intéressée en tant que représentation des conventions de l'époque, où les désirs se devaient d'être refoulés, et des caractéristiques mêmes du roman gothique, où des jeunes filles innocentes se doivent d'être sous l'emprise d'hommes malveillants. Bien qu'il prête son nom au titre, et du fait de la forme épistolaire du roman, Dracula reste une figure en filigrane, à part pour quelques scènes, mais sa présence dangereuse se fait elle constamment ressentir, ce qui distille une certaine angoisse. Quant au dénouement de la traque du vampire, que je ne dévoilerai pas bien sûr, j'en ai été déçue sur le coup, mais à la réflexion, j'en apprécie le réalisme.
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On ne présente plus Dracula. Il fait partie de l'imaginaire collectif désormais. J'insisterai simplement sur l'intérêt de le lire, et pas seulement d'en avoir vu les meilleures adaptations cinématographiques. Seul le Nosferatu de Mornau me semble rendre toute la force psychologique du roman.
Pour ma part, j'ai eu la chance, il y a longtemps, de le lire en version originale, chez Puffin Classics. La langue de Bram Stoker y est remarquable. Au delà du suspense, qui tient en haleine de bout en bout, Bram Stoker dresse progressivement le portrait de ce personnage complexe, incarnation de nombreux thèmes psychanalytiques. Sa date de parution (1897) est d'ailleurs parfaitement contemporaine. C'est donc un livre de son temps, un véritable témoignage des goûts et préoccupations de cette angleterre triomphante entrant dans le XXème siècle. Van Helsing, scientifique moderne, y affronte le Comte Drakul, alchimiste du passé. C'est aussi un vrai roman psychologique, puisqu'au delà de la fascination de la peur et du rapport thanatos / eros (roman érotique, bien sûr...pour son époque..), il met aussi en valeur les limites et blocages sociaux entre humains, sans lequel le buveur de sang n'aurait aucune chance de s'imposer. Il n'existe donc que par la faiblesse des hommes...
Enfin, dans le style, on pourra apprécier, je pense, l'aspect "gothique" originel, tant copié de nos jours, présent aussi chez Mary Shelley ou Meyrink (Le Golem).
On ne présente plus Dracula... mais il faut continuer de le lire ou relire, car il y a plus qu'un excellent roman d'épouvante...
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Vous connaissez tous Dracula! A travers les films van Helsing ou la mythique saga de Castlevania par exemple! Mais connaissez-vous l'origine du mythe? C'est CE roman de Bram Stoker qui posa en premier les bases de Dracula et de la condition vampirique du "non-mort" ou encore "nosferatu". Retour aux origines d'un mythe, donc! Allant de victimes en victimes (Jonathan, Lucy, Mina...) le comte Dracula les transforme en créatures abominables, la mort leur est donc un doux repos... Métaphore ou pas faut-il y voir?! Je ne vous dirais pas si la fin est heureuse ou pas.:) J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre, peut-être pas aussi bon qu'à l'époque d'Oscar Wilde qui l'a reconnu comme son livre préféré, peut-être est-il un peu moins bon qu'à cette époque, car de nos jours les bons romans pullulent et le mode de narration (extraits de journaux intimes, lettres papiers, faxs...) concerne la vieille génération, il faudrait, et je suis sûr que quelqu'un l'a fait, refaire de ce mythe une histoire moderne incluant les smartphones. Mais il n'a pas tant vieilli que ça! Cela reste un livre agréable à lire. A noter pour l'anecdote que j'ai confondu "phonographique" avec "pornographique" x)... Il n'y a donc rien de pornographique dans ce livre! Mais bien phonographiques hééh... Une très bonne lecture de ce grand classique qu'il est bien d'avoir lu une fois dans sa vie pour connaitre les racines du mythe du vampire. le meilleur passage est celui où van Helsing fait la description des forces et des faiblesses des êtres de la nuit;), on a là tout un tas de bases qui sont posées comme le fait qu'ils leur faille une invitation pour entrer ou qu'ils puissent rapetisser, etc... Merci Bram Stoker pour ce monument de la littérature, qui n'est pas très moderne mais reste très bon si on arrive à apprécier les vieux livres;)...
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Comme nous nous sentons malheureux de découvrir qu'Abraham "Bram" STOKER (1847-1912) ne fut pas un grand écrivain... D'ailleurs qu'est-ce qu'un "grand écrivain", au fond ? Un créateur qui saurait aller à "son" essentiel, ne délayerait jamais, ne "sentimentaliserait" qu'exceptionnellement (ou pas du tout) et ne décrédibiliserait pour rien au monde la fragile existence de ses personnages en leur "offrant" des dialogues et des psychés schématiques, voire interchangeables...

Un créateur de mythes n'est donc pas forcément un "grand écrivain" : avec l'exemple-phare du Grand Escogriffe de Providence (Howard-Phillips LOVECRAFT, 1890-1937), nous devrions nous le tenir pour dit...

"Dracula" (1897) sera donc un long roman-feuilleton aux Grands Débuts flamboyants tels ce grand long voyage au terme transylvanien si inquiétant de Jonathan Harker, le festin des loups, ce départ très reptilien du Comte Dracula à la verticale des murailles de son "Schloss" si kafkaïen, la vampirisation de la passive Lucy à l'ombre des ruines de l'abbaye de Whitby, la pâle figure qui surplombe la jeune somnambule appétissante à la clarté de la lune, l'Odyssée cauchemardesque du navire "Demeter" parti de Varna...

Avouons qu'au-delà d'un premier "Gros-Tiers" du roman, les prolongements se révéleront bien incertains. L'auteur s'oublie, se néglige, s'amateurise dramatiquement et nous décourage au fil des pages...

Le "pudding stokérien" est fort heureusement truffé de beaux & entiers Morceaux de "Fruit Défendu" ou plutôt ponctué de "Vrais Clous de Cercueil" : tels de "Vrais Morceaux de la Vraie Croix" (prête -à-porter pour son lecteur)...

Bram STOKER semble connaître si peu l'art de la Sainte-Ellipse (et pourtant... ce passionnant "journal de bord du Demeter" si suggestif, tous ces "faux articles" de journaux, magnifiquement inquiétants...) : il répugne si souvent à élaguer son texte, à écrémer impitoyablement ses péripéties, à ne pas nous dévoiler son "making off", ses arrière-cuisines narratives, faisant répéter à l'excès les mêmes arguments et sursauts de conscience au fil des "Journaux intimes" entremêlés, les faisant reprendre en échos infinis par ses "petits personnages" sans individualité bien dessinée...

Une conception purement "mécaniste" des personnages, donc ; le système narratif des journaux partagés entre les différents personnages se retourne fatalement assez vite contre l'écrivain qui n'arrive plus à "en sortir", nous ennuyant de détails oiseux (sans réel intérêt, y compris pour faire avancer son besogneux récit) ; les personnages adoptent par ailleurs insidieusement tous le même mode bondieusard-et-geignard de penser, de raconter ce qui leur arrive, de recourir aux "clichés" de leur religiosité niaise : tout cela susceptible de lasser son lecteur le plus bienveillant...

Personnages effectivement "presque tous" schématiques, tristement superposables et sans substance, perdus dans leurs damnés BAVARDAGES DE REMPLISSAGE, êtres de pacotille sans ressource autre que leurs petites réserves sanguines, au fond... en dehors de l'exception notable de "Monsieur le Comte" qui semble les avoir vampirisés tous, en cette passionnante fiction !

Car la complexité biologique du "comte Dracula" est heureusement le vrai "sujet" du roman : vieux de plusieurs siècles telle une Légende increvable, il est une passionnante ramification du personnage historique de Vlad Țepeș — bougre d'autocrate et sombre baderne sanguinaire considérée comme "héros national" par les Roumains — avec son côté protéiforme (brouillard, loup, chauve-souris gigantesque) et sa très haute contagiosité...

Son "ennemi juré" (et trop exact opposé manichéen), le Professeur Abraham van Helsing sent, quant à lui, terriblement son eau bénite - bien que farouche protestant [ainsi que vient de nous le rappeler notre lecteur si attentif Bobby The Rasta Lama... ] et ne possède nullement le talent ni la force de conviction de l'acteur Peter Cushing dans le notable "Horror of Dracula" ("Le Cauchemar de Dracula", 1958) de Terence FISHER puis en ses rocambolesques "sequels" des so british (and so cheap) "Hammer Films"...

Le personnage de Jonathan Harker est, quant à lui, peu à peu sacrifié (plein de promesses au début, le personnage s'étiole en pâle époux de Wilhelmina "Mina" vampirisée... ) : il n'arrive guère à nous intéresser et on se souvient, en regard, de la complexité que lui donnait le jeu de Bruno GANZ dans le "Nosferatu, Phantom der Nacht" (1979) de Werner HERZOG...

Les deux personnages féminins (Miss Lucy Westenra, Miss Wilhelmina Murray bientôt "Mrs Harker") semblent faits d'une matière sentimentale inepte : passifs et soumis, leurs psychés si improbables nous semblent aujourd'hui bien ridicules...

Sir Arthur Holmwood (bientôt "Lord Godalming") : inepte...

Quincey Morris : figure d'Américain (Texan) "typique" sans consistance (à tel point qu'on jurerait un personnage amélie-nothombien... ) : pourtant féru de schématismes "nationaux", un romancier comme Jules VERNE l'aurait rendu 1.000 fois plus complexe !

Le Docteur John Seward, psychiatre et lui aussi ex-amoureux transi de Miss Lucy (n'ayant pas eu davantage de chance que ses deux compères cits plus haut, puisque c'est au final "Monsieur le Comte D." qui remportera la mise) : regrettons simplement que l'auteur écossais n'en ait pas fait quelque être d'un peu plus "entre-deux" et jekyllien, évidemment plus intéressant...

Le "fou" Renfield (en fieffé avaleur de mouches et d'araignées) est une autre figure complexe : mais n'est-ce pas, au fond, une simple tentacule psychique (toute lovecraftienne) du Comte ?

Pour nous [et qu'on veuille bien nous pardonner ici l'expression d'une opinion toute personnelle, simple fruit d'une expérience très humble et très minoritaire de lecteur... ], quels sont les tout premiers critères de "réussite" d'une authentique oeuvre d'art littéraire ?

[a] En tout premier lieu, l'originalité et les harmoniques d'un STYLE, cette "musique" si personnelle appartenant à un créateur et dont les tonalités et les rythmes nous sont reconnaissables et familiers entre tous (un peu comme "L'Adagio" d'Albinoni ou la "Pavane pour une Infante Défunte" de Maurice Ravel).

[b] En second lieu, la "force", la densité et la crédibilité (soit une matière psychologique complexe) des PERSONNAGES créés, et leur validité à tout instant du récit...

[c] Enfin (et vraiment), en toute dernière position, la trame, l'argument, "l'histoire", le "De-quoi-ça-cause"...

Ici - en cet épais roman qu'est "Dracula" — "l'argument", le récit ou — comme on dit — la "diégèse" (qui est cet "espace-temps dans lequel se déroule l'histoire proposée par la fiction d'un récit, d'un film") EST une matière constamment passionnante et riche de ses mille promesses...

Quand tout le reste nous semble sacrifié...

La traduction française réalisée en 1978 par Lucienne Molitor pour les Nouvelles Editions Marabout (reprise pour cette réédition de 1993, éd. "J'ai Lu", coll. Fantastique", 576 pages — ici complétée par l'excellente nouvelle "L'invité de Dracula" et une passionnante NOTICE BIOGRAPHIQUE due à Barbara Sadoul) nous a semblé estimable, bien que sans invention : sans doute fort respectueuse du texte anglais...

Le plus délectable de "Dracula", peut-être ? Outre son premier tiers (évoqué ci-dessus), sa très riche descendance...

Occupant la première place, le formidable film "expressionniste" (voire "expressionniste-germaniste" ?) de Friedrich Wilhelm MURNAU, surgi en 1922 : son "Nosferatu" est une merveille — désormais légendaire — toute en concision et d'une incroyable force visuelle... L'acteur Max SCHRECK (magnifiquement maquillé et éclairé) y compose une silhouette à l'étrangeté inoubliable : un mythe vivant encore par quelque sombre magie, flamboyant toujours depuis sa pellicule nitrate...

Soyons donc tous TRES patients et indulgents envers le sentimentalisme éhonté baignant de sa clarté laiteuse et diluant le magistral "Dracula" du génial "Créateur de Mythes" (et très regretté) Bram STOKER ! :-)
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J'ajoute humblement ma critique à l'édifice car "Dracula" de Bram Stocker est un des romans qui a marqué mon adolescence.
Bien avant que les vampires ne deviennent des beaux gosses ténébreux au brushing impeccable prêts à renier leur goût du sang pour les beaux yeux d'une séduisante humaine, il y avait le comte Dracula de Bram Stocker. Lui aussi, pour ma part, exerce un certain charme mais dans un style très différent des éphèbes de Twilight et compagnie. Retour aux origines…

Jonathan Harker, notaire, se rend en Transylvanie dans le cadre de son travail pour régler une question immobilière avec le comte Dracula. La découverte d'une région inhospitalière et quelques péripéties assez angoissantes au cours de son trajet ne le mettent guère en confiance. Il va en plus bien vite découvrir que son hôte est une créature surnaturelle. Emprisonné dans le château du comte, Jonathan parvient à se libérer mais il est déjà trop tard. le comte Dracula est en route pour Londres…

Classique de la littérature fantastique, « Dracula » est pour moi LE roman sur le vampire le plus célèbre du monde. Atmosphère mystérieuse, événements angoissants voire terrifiants, légendes et superstitions, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman au style gothique une bonne histoire surnaturelle. Les autres thèmes fédérateurs comme l'amour et l'amitié en font également un bon roman d'aventure. le fait que le personnage principal, Dracula, soit finalement peu présent au cours de l'histoire, ajoute au suspense. L'imagination de chacun agit pour interpréter tout événement étrange comme une marque des agissements du terrible comte. Invisible mais omniprésent…
Le style épistolaire utilisé pour nous faire partager les pensées et actions de chaque personnage est également bien mis en oeuvre. On suit l'évolution de chacun jusqu'au dénouement… assez prévisible. Quelques longueurs freinent le récit mais l'ensemble demeure assez fascinant pour maintenir le lecteur en haleine.
Pour ceux qui pensent tout savoir sur les vampires après avoir lu « Twilight », plongez-vous dans « Dracula » ! C'est tout de même l'oeuvre originelle sur les vampires...
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L'oeuvre littéraire classique "Dracula" de Bram Stoker, parue en 1897, demeure pour moi l'une des oeuvres importantes du genre gothique et de la littérature d'horreur. À travers son récit envoûtant, l'auteure a créé un personnage emblématique qui a su s'immiscer dans l'imaginaire collectif et dans la culture populaire, allant de la littérature au cinéma en passant par le fameux déguisement populaire d'Halloween. "Dracula" ne se contente pas seulement d'offrir une intrigue intéressante, il a également joué un rôle majeur dans la construction du mythe du vampire au travers des années et dans la réflexion sur les peurs et les désirs humains.

Bram Stoker donne vie au personnage du comte Dracula, un vampire immortel originaire de Transylvanie, et met en scène son voyage vers Londres pour semer la terreur et faire siennes de nouvelles proies humaines. L'aspect épistolaire du roman, basé sur les journaux intimes, lettres et témoignages des différents personnages, donne une dimension réaliste à l'histoire, renforçant le sentiment de proximité avec les personnages et les événements. J'ai envie de dire que nous sommes un peu destinataires de ces lettres, avide de curiosité.

La complexité de Dracula en tant qu'antagoniste est fascinante. Il incarne à la fois ce côté séduction, mais aussi le pouvoir obscur, symbolisant ainsi les désirs refoulés et les pulsions inconscientes. La dualité entre l'attirance et la répulsion qu'il suscite chez les personnages et les lecteurs reflète les angoisses et les tentations profondes qui résident en chacun de nous. La lecture est plus profonde, dans une société pour l'époque prude.

Cependant, l'importance de Dracula ne s'arrête pas à sa trame narrative. le roman a donné naissance à un mythe culturel qui a perduré au fil des générations. le vampirisme, depuis sa création, a évolué pour devenir un symbole de sensualité, d'immortalité et d'obscurité, en plus de cette vision dangereuse, emprunte de troubles et de perdition. Il a influencé une multitude de représentations artistiques, de films à la littérature contemporaine, en passant par la musique et la mode. le mythe de Dracula continue de nourrir notre imagination et de refléter nos préoccupations les plus profondes. Comment ne pas citer « Entretien avec un Vampire », ou « La Reine des Damnés », « Twilight » et plus encore.

D'un point de vue sociétal, Dracula résonne avec les peurs et les tabous de son époque : comment ? Vous osez parler de désir, corps, volupté charnelle ? L'intrigue se déroulant à l'apogée de la société victorienne, le roman explore des thèmes tels que la sexualité réprimée, la menace de l'invasion étrangère et la peur de l'inconnu, cette dernière qui attire comme elle repousse. Dracula, en tant qu'ennemi étranger et séducteur, incarne ces craintes et offre un miroir déformé des angoisses de la société de l'époque.

En bref : Dracula de Bram Stoker reste pour moi une oeuvre emblématique qui transcende les frontières du temps et de la culture. Son influence continue de se faire sentir dans la littérature, le cinéma et la culture populaire encore de nos jours. Au-delà de l'histoire captivante du vampire immortel, le roman explore les facettes les plus sombres de l'âme humaine et interroge les tabous et les peurs de la société victorienne, mais j'irai plus loin en disant qu'il interroge encore aujourd'hui, à une époque pourtant plus « libre ». Dracula est non seulement une épopée ténébreuse, mais aussi un monument littéraire qui résonne dans les esprits et dans les coeurs depuis plus d'un siècle. Un classique que j'adore !
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Un style d'écriture fait pour les aventures.

Pour bien débuter de mon année 2013, je me suis dit que j'allais l'entamer sur une valeur sûre. Vous savez tous ce que c'est : lendemain de soirée du Nouvel An (finie à 6 heures du mat, réveillée à 9…) Il arrive à un moment où l'on s'isole un peu tous. Et si vous avez des super amis, tout le monde prend un livre pendant que l'on met une bonne musique. Mon choix a été Dracula. Et j'ai pu voyager dans cet état de cottonnade caractéristique des lendemains de soirée, ce qui m'a permis de commencer la nouvelle année le sourire aux lèvres.

Alors je sais ce que vous allez me dire : c'est un classique, la comédie musicale, c'est quand même vachement plus vivant… Vade Retro Satanas, mettez votre nez dedans plutôt ! le style de ce roman est vraiment propice à l'aventure car on lit des comptes rendus et des journaux intimes. Aussi, l'auteur ne s'embarrasse pas du tout de descriptions sauf si cela devient nécessaire à l'intrigue. Vous avez là le point de vue de Six aventuriers qui sont obligés par le sort de poursuivre et de tuer un vampire. Et ceci de Londres en Transylvanie. Ne me dites pas que vous allez vous ennuyer maintenant.




Bram Stocker, ou le mythe du vampire est né.

Vous connaissez tous ma passion du vampire ? C'est bien. Parce que vous allez en souper mais d'une force ^^. Dracula de Coppola a été une pierre angulaire dans la filmographie du vampire car il a incarné le vampire romantique. Vous le savez, on vous le répète tout le temps. Mais qu'en est-il du livre ? Et bien Dracula de Bram Stocker et le premier à faire un vampire civilisé. En espérant ne pas vous avoir totalement perdu. Mais avant, nous avions des créatures qui étaient sommes toutes solitaires, ne cherchant pas autant que cela à avoir une certaine emprise sur la ville. Et leur liste de pouvoirs était plutôt limitée.

Concernant Dracula, nous avons une liste de pouvoirs bien définie et limitée, une liste de ce qu'il a envie (on le devine puisque à un aucun moment, nous n'avons son point de vue) et surtout … Je dirai, une volonté de s'adapter à la civilisation qu'il veut approcher. En fin de compte, s'il n'était pas vampire, Dracula aurait très bien pu faire un lord érudit et féru d'habiter Londres pour accroître ses connaissances sur le monde occidental. Or, c'est un vampire. Mais nous voyons qu'il maintient un peuple sous son emprise (les tziganes) et qu'il est en Transylvanie depuis suffisamment longtemps pour avoir trois maîtresses et une légende locale.

En fin de compte, c'est la première créature humaine et totalement spectaculaire que nous avons là. Il a ses qualités mais aussi ses défauts. Et quant à ses chasseurs, ce ne sont pas des dévots complètement allumés qui sont investis d'une mission. Ce sont des érudits particulièrement organisés qui vont méthodiquement aboutir à la méthode de destruction du vampire. Et c'est très important de souligner ce point-là car en fin de compte, toute une série de sagas de chasseurs de vampires viennent de là. Tout simplement. D'habitude, dans les romans de vampire classique, on ne s'attache uniquement qu'au damné, jamais vraiment à son chasseur qui n'est qu'une victime parmi tant d'autres. Là, nous avons une véritable équipe de choc ! Et dedans, nous avons une femme : Mina. (Ne Souriez pas, pour l'époque, c'est du modernisme)

En bref, un roman dont je ne me lasse pas de le relire (est-ce bien français ce que j'ai écrit là ?) et j'ai eu plaisir non seulement de le relire pour vous en faire ma petite chronique mais aussi et surtout pour commencer ma nouvelle année. Il est et restera mon coup de coeur de chaque année. Alors Bonne année 2013 à vous tous avec Dracula
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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J'ai pu lire ce fascinant récit grâce à une lecture commune sur le roman Dracula.
Je ne l'ai pas lu dans la belle version Tibert, comme prévu mais je l'ai écouté sur le web (attention 18h de lecture), je pense me faire offrir la version papier citée.
Merci aux babelpotes : NicolaK, Patlancien, Yaena pour les succulentes discussions et les papotages constructifs sur ce roman à l'hémoglobine.
Dracula est un roman du genre fantastique écrit sous la forme d'un récit épistolaire.
Il n'est bien sûr plus à faire connaitre mais mérite d'être lu car c'est un récit fabuleux raconté avec art et talent, j'ai été immédiatement prise dans le récit sans pouvoir le lâcher, la première partie m'a beaucoup plu. le narrateur fait durer le suspense, le mystère est épais.
On entre dans les Carpates grâce au narrateur, Jonathan Harker.
Dès le départ le fantastique s'installe le narrateur est perdu commence à ne plus distinguer le réel des hallucinations et du rêve, il voyage entre veille et sommeil.
Par ailleurs, La superstition et la religion sont mises en scène et se disputent.
La région des Carpates est un lieu de superstition dont le narrateur se délecte au départ, il a une attitude plutôt moqueuse face à ses comportements désuets : des crucifix sont brandis, les gens se signent, on le protège contre le mauvais oeil.
Les tenanciers qui l'accueillent mettent Jonathan en garde lorsqu'ils apprennent le projet du narrateur, rencontrer le Comte Dracula ; une atmosphère de peur d'angoisse se met progressivement en place.
Mais le narrateur « innocent » poursuit son projet, déterminé à aller jusqu'au bout de son voyage.
Le récit de Dracula serait le symbole de la guerre et de la dictature, je veux bien le croire, plusieurs éléments renvoient à cette idée.
Tout d'abord, Les descriptions du paysage et de la faune puis l'atmosphère régnant dans Les Carpates en première partie du récit accentuent la tension dramatique et l'angoisse du lecteur ; les multiples couleurs symboliques du sang et de la mort sont évoquées (mélange de nuit, de soleil couchant, d'obscurité, de grisaille). S'ensuivent des pentes abruptes, des monts, des hurlements de chiens féroces et des loups, des montagnes qui emprisonnent et encerclent le narrateur oppressé, les flammes, le feu sont évoquées hautement symboliques de l'enfer, la guerre et l'enfermement.
Puis il arrive devant l'étrange château fermé du comte Dracula.
A ce moment du récit, le personnage est vieil homme effrayant mais courtois, tout en noir, le narrateur éprouve des sensations étranges face à la force et la froideur de la main de l'hôte (la mort encore et toujours).
Dracula est dans un premier temps un hôte courtois qui vit dans le luxe et la beauté.
Le personnage de Dracula corrobore et ce qui l'entoure cette idée de symbolique guerrière, de mort et d'enfer
car c'est un fou sanguinaire, d'une cruauté sans pareille, il fait couler le sang partout où il passe en mordant, il vide les êtres de leur substance vitale, nul ne saurait se mesurer à lui, il a une force et des pouvoirs hors du commun.
Ses victimes sont souvent des femmes, qui une fois mordues deviennent elles-mêmes des bourreaux, un processus de guerre bien connu.
C'est un personnage à la fois fascinant et repoussant qui est construit à merveille. Bram Stocker pose la caractérisation du personnage du vampire.
Son portrait physique est celui du Malin, visage aquilin, bouche cruelle, dents acérées, pâleur du visage, ongles longs taillés en pointe…Un vampire quoi une vision diabolique de l'être nous est donnée à voir !
Par ailleurs, Dracula le noble, le riche, le cultivé, le propriétaire de terres ici et ailleurs, le conquérant des terres et des femmes, le prédateur, le dompteur de loups, le presque nazie, il est fier de sa race, le fanatique, celui qui raconte des récits épiques, l'invisible parfois, le solitaire, le lézard, le mort-vivant, le Nosferatu (il concentre les pouvoirs et l'étrangeté entre ses mains) ne recherche pas le bonheur, il aime l'ombre et les ténèbres pas le soleil ni la lumière.
Il n'est pas loin de me rappeler un certain V… P…. actuel ou d'autres agissements de dictateurs du passé et du présent.
Au départ, seule la religion (crucifix) parfois la superstition (l'ail) protège les victimes potentielles, le narrateur, certaines femmes.
Les failles de la science, de la raison, la rationalité face aux phénomènes inconnus et à l'étrangeté, à la folie émergent (décortiquée de manière clinique voir le personnage de Renfield), ce sont les problématiques de l'époque.
Le narrateur principal, Jonathan, désormais symbole du prisonnier et proche de la folie, élément récurrent dans tout le récit, en plein dans le doute, se posent des questions quant à sa situation, il devra faire appel à son intelligence pour se libérer du joug de Dracula et cette existence nocturne dans ce château inaccessible au commun des mortels.
C'est aussi un roman dans lequel le narrateur doit développer des stratégies pour s'enfuir mais il est terrorisé, dans le château, seul face à l'ennemi.
L'amour, le réel, celui de sa fiancée Mina, tantôt victime de Dracula, tantôt forte pourrait bien le sauver.
C'est alors la lutte du bien contre le mal, de manière manichéenne qui s'engage par la suite aidée par la médecine.
La raison, l'ordre, la science, l'amour veulent triompher du mal, en se libérant des pièges et des appâts (parfois le désir est stimulé, c'est la pomme tentatrice ? La chute ?) que celui-ci met sur la route des personnages. C'est une guerre qui se met en route, une tragédie menée par un criminel hors du commun qui questionne incessamment.
Ce roman polyphonique sous forme de journal est une oeuvre de qualité tant par sa symbolique que par la construction du personnage du vampire, par sa scénarisation, et la qualité de l'intrigue prenante, l'écriture aussi.
Il est une vision tragique de la condition humaine.








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