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3,77

sur 82 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce court roman est en réalité la succession de quatre lettres d'inégales longueur, et présentées à rebours sur le plan chronologique. Elles sont à la fois des lettres reçues, et envoyées.
Bien sûr, on devine le caractère autobiographique de ce roman épistolaire. L'auteur, dit à la fois la difficulté d'être homosexuel, aujourd'hui dans les pays du Maghreb, celle de se soustraire à l'emprise maternelle, et de se construire sans se déconstruire …

La structure de ce roman rend à ce dernier les respirations nécessaires alors qu'à contrario l'écriture porte toute la révolte intérieure de son auteur, et sa détresse. Les phrases sont courtes et tranchantes. Abdellah Taïa utilise un vocabulaire cru. Son propos qui est rythmé laisse peu de répit à son lecteur ; un style qui perdrait sans aucun doute son intérêt sur la longueur, mais qui dans un format court va droit au but.

Je retrouve dans cet ouvrage le caractère un peu spécial qui m'avait interpellé lors de la lecture de "Le jour du Roi". Son oeuvre reflète une personnalité malmenée, tiraillée entre ce qu'elle est et ce que sa famille a souhaité pour lui , une personnalité complexe qui semble toujours en bagarre contre lui et son environnement.

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Quatre lettres, de la plus récente à la plus ancienne.
En 2015, Ahmed écrit à sa mère décédée depuis cinq ans, lui parle de son homosexualité, de leurs ressemblances, de sa conscience de n'avoir été rien pour elle.
En 2010, Vincent écrit à Ahmed pour lui rappeler ces 24 heures passées ensemble il y trois ans, son coup de foudre immédiat, sa difficulté à se remettre de ce qu'il ressent comme un abandon. Et lui proposer de se revoir.
En 2005, Ahmed écrit une lettre de rupture à Emmanuel, le Français qui l'a pris son sous aile et a fait du pauvre gosse marocain un intellectuel parisien.
En 1990, Lahbib écrit une dernière lettre à Ahmed et lui demande de se venger.

C'est sans doute cette dernière lettre qui donne la clé de lecture de ce court roman épistolaire. « Se venger » : est-ce là le sens qu'Ahmed a donné à sa vie ? Se venger de sa mère qui a failli le tuer avant même sa naissance ? Se venger des hommes français, forcément sûrs de leur supériorité sur les Marocains, les utiliser avant qu'ils l'utilisent ? Les détruire parce que d'autres ont détruit ?

Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne compréhension de ce roman, mais c'est la seule que je trouve.
C'est la deuxième lettre, celle de Vincent, qui m'a vraiment touchée et qui m'a permis de rentrer dans la lecture, car la première était un peu absconse.
J'ai également compris le parallèle entre le paternalisme d'Emmanuel envers Ahmed et une forme de néo-colonialisme : Ahmed s'occidentalise, peut vivre son homosexualité au grand jour, mais en y perdant sa langue et sa culture.

Ce roman n'est pas inintéressant, loin de là, mais il ne m'a pas vraiment emportée avec lui.
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Abdellah Taïa n'en finit pas de ressasser son passé d'enfant pauvre dans un quartier populaire de Salé. de son homosexualité en marge dans un pays ou la religion est au coeur de la Société et la dirige, ou le seul espoir de d'améliorer sa vie est de s'exiler, en Europe !

Dans ce livre nous découvrons la vie d'Ahmed au travers de quatre lettres s'échelonnant dans le temps :

Une écrite à sa mère avec qui il règle les comptes douloureux du passé, Une seconde de Vincent, un homme qu'il a dragué au point de le rendre fou amoureux de lui et, qui l'a attendu en vain durant toute une journée dans un café de Belleville, une troisième, mais celle-ci de rupture, à Emmanuel l'homme qu'il a aimé ? et qui a changé son existence en le ramenant en France, une dernière que lui adresse son ami d'enfance, son presque frère Lahib, juste avant de se suicider.

J'ai beaucoup aimé ce livre, mais je n'y ai pas forcément vu les mêmes choses que l'auteur quand il reproche à sa mère, sa dureté, sa mise à l'écart du père et sa prise de pouvoir à sa mort.

Mais, n'est-ce pas une revanche sur une vie imposée par la société ou la religion est très présente, ou les lois sont faites par les hommes, pour les hommes ? Son seul pouvoir pour exister se situait dans la chambre à coucher conjugale, elle l'a utilisé dès que cela lui a été possible ! Quant à sa dureté, sans doute provenait-elle d'une vie qu'elle n'avait pas choisie : Un époux porté sur le sexe (c'est Ahmed qui le dit) qui lui fait neuf enfants, l'a fait vivre dans la pauvreté, dans un minuscule appartement d'un quartier populaire de Salé quel espoir avait-elle ? Comment ne pas être aigrie de tant d'injustices ?

Quant à lui, Ahmed, avant dernier fils non désiré d'une fratrie donc seul l'ainé est choyé, homosexuel de surcroit, conscient avec toute sa sensibilité propre qu'il lui faut s'en sortir pour ne pas « mourir » et qui pour cela, est prêt à tout ! Son innocence il y a longtemps qu'il l'a perdu et lorsqu'un qu'un européen lui demande son chemin sous un prétexte fallacieux, il comprend. Il comprend et saisi sa chance pour sortir de cette pauvreté tant matérielle qu'intellectuelle. Nulle tromperie d'un côté ou de l'autre. L'Européen voulait un jeune homme pour satisfaire ses appétits, le jeune homme voulait l'Européen pour exister, fuir cette misère sociale. Chacun, un temps, y a trouvé son compte.

Ahmed plus jeune a suivi les conseils d'un homme, plus mûr, pour évoluer dans la Société. Il s'est construit à son contact au point d'avoir à se renier. L'homme a fait ce qui fallait pour lui tant que leur histoire a durée, tant qu'Ahmed avait la jeunesse puis, l'un et l'autre se sont éloignés. Ahmed parce qu'il avait perdu son identité, l'homme parce qu'il avait déjà remplacé Ahmed en pensée par un autre marocain plus jeune.

Quant à la rencontre de Ahmed avec Vincent, et ce qui en a suivi, je l'ai pris pour une revanche, la vengeance d'un humilié, envers un innocent qui avait pour seul tort d'être européen. Symbole d'un pays colonisateur avec sa force économique et intellectuelle envers un pays qui a été colonisé et qui peine à panser ses plaies, et revanche de celui-ci qui a la jeunesse et la sensualité qui manque à l'autre.

La relation d'Ahmed avec Lahib et sans doute la plus sincère, il est son ami, son frère, à qui il dit tout, avec qui il peut tout partager sans honte, celui qui lui raconte sa vie avec Gérard. le pourquoi il ne pouvait revenir en arrière, le poids trop fort des traditions, cette pauvreté (et non misère) qui colle à la peau et le fait surtout d'avoir été pris et jeté comme on le ferait d'un objet trop usé et abusé.

En substance comment se construire sans se déconstruire question ouverte ! L'homosexualité ne suffit pas pour faire de nous des égaux et ce quel que soit le pays d'où nous venons…

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C'est le premier roman d'Abdellah Taïa que je lis. J'ai apprécié ma lecture mais je n'ai pas été entièrement convaincue. Je ne pensais pas avoir affaire à un roman épistolaire et j'ai bien aimé le choix de cette forme. Je trouve que c'est intéressant de découvrir un personnage par ses lettres mais aussi par les lettres qui lui sont destinées. Cela nous permet de l'observer sous différents angles, différents points de vue. J'ai trouvé la lettre de Vincent particulièrement touchante. Il n'a pas peur de se mettre à nu, de dévoiler ses sentiments en prenant le risque du rejet et de l'abandon.

Ce qui m'a manqué dans cette lecture, c'est de l'empathie. Ahmed n'est pas antipathique et son histoire familiale peut expliquer sa façon d'être actuelle, notamment en amour. Pourtant, je ne me suis pas attachée au personnage. Vincent et Lahbib ont bénéficié d'un capital sympathie bien plus important !

Toutefois, ce roman était intéressant. le personnage d'Ahmed permet à Abdellah Taïa d'aborder des thématiques différentes : l'exil, l'acceptation de soi, l'importance de nos racines et de la famille, le couple… Ces lettres se lisent d'une traite avec beaucoup de fluidité.
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