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sur 82 notes
Roman constitué de 4 lettres : 1°) celle de Ahmed à Malika (sa mère) - 2°) Vincent à Ahmed (un amour court et fort) - 3°) Ahmed à Emmanuel (son amant de longue date) - 4°) Lahbib (ami d'enfance) à Ahmed.
Au travers de ces lettres nous apprenons, peu à peu, la vie de Ahmed, jeune marocain pauvre et homosexuel. Comment il s'est fait séduire, à 15 ans, par un français, comment en est-il arrivé à occulter son pays, comment en est-il arrivé à s'oublier.
L'écriture est fluide, le sujet intéressant, la construction est bien menée. le tout en fait un bon roman de cette rentrée 2017, tout en sensibilité et révolte.
J'apprends que « Abdellah Taïa a grandi dans un quartier populaire entre Salé et Rabat où son père est employé dans une bibliothèque, mais sa mère ne sait ni lire ni écrire. » Sans commentaire !
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Sonnée.
Ce roman m'a sonnée.
Aussi court que puissant. Aussi puissant que violent.
« Un bon gros uppercut dans ta face ! », comme dirait un ami.
Et on sent dans chacune des lettres le besoin urgent, quasi vital de les avoir écrites.
Ca transpire, ça prend toute la place.
Du coup, on les lit presque avec cette même urgence, cet empressement affamé.
On découvre cette mère tyrannique et obscène. Cet amoureux blessé. Cet Emmanuel qui a fait de lui un gentil et docile petit parisien, l'étouffant, le colonisant.
On découvre aussi cet ami d'enfance, avec son lot de blessures et de cris silencieux.
A la fin du livre, on aimerait tellement le retenir, le prendre dans nos bras.
Prendre aussi dans nos bras Ahmed/Abdellah. Ahmed enfant, Ahmed adulte.
Lui dire que non, l'amour ce n'est pas cela.
L'amour, ce n'est pas souffrir et faire souffrir pour se venger.
Magistral !
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Elle est cruelle la vie d'Ahmed, jeune Marocain homosexuel élu ou dragué (les deux à la fois) par un intellectuel parisien qui le ramène en France et sera pour un temps son amant et son protecteur.
Dans ce roman épistolaire, le narrateur exprime de la rancune, de la révolte envers son environnement. Mais au fond c'est la vie qu'il a choisie et qui lui a tout de même permis d'être éduqué et de sortir de la pauvreté à laquelle son milieu familial l'aurait contraint.
Est-il vraiment honnête en reportant sur les autres son malaise intérieur ?


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Le récit est constitué de quatre lettres, trois sont écrites, la dernière ne le fut pas mais elle reflète la pensée de son auteur. Quatre lettres qui nous font remonter dans le temps ( août 2015, juillet 2010, Juillet 2005, Mai 1990) et nous donnent à comprendre le mal être d'Ahmed.

Ahmed a quinze ans en 1990, il vit à Salé dans un milieu pauvre. Sa mère voulait le tuer dans son ventre craignant d'enfanter une nouvelle fille. C'est la prémonition du frère aîné, le préféré qui l'arrêta. Est-ce pour cette raison qu'il sera homosexuel?
Un jeune garçon homosexuel au Maroc rêve de rencontrer un riche français qui le sortira de sa misère. Pour Ahmed, ce sera Emmanuel. Emmanuel qui va le « coloniser« , l'éduquer, l'amener à effacer toutes ses racines, à renier son identité.

La première lettre est celle d'Ahmed à Malika, sa mère morte en 2010. C'est une lettre de haine et de reproche.
» J'ai 40 ans et je suis devenu un jaloux calculateur et froid. »
Pour l'adulte blessé qu'il est devenu, Malika n'était qu'une femme cruelle, autoritaire qui usait de ses charmes pour assujettir son mari, un brave homme ensorcelé par le sexe prêt à tout accepter pour un regard de sa femme.
» Et malheureusement pour moi, je suis comme toi…Je suis froid et tranchant comme toi. Malin, calculateur, terrifiant parfois. Dans le cri, dans le pouvoir, dans la domination. Exactement comme toi. »

La seconde lettre est celle d'un amant à Ahmed. Vincent vient de découvrir ses racines marocaines. Dans le métro parisien, il tombe sous le charme d'Ahmed. Ahmed, l'homme qui emmènerai Les lettres portugaises dans la mort, un livre qui parle d'amour et d'abandon. Sombre prémonition.

Vient ensuite une lettre de rupture adressée à Emmanuel écrite en juillet 2005 par Ahmed. En treize ans de vie commune, Emmanuel a sorti Ahmed de son village, de son pays, il a fait son éducation mais il l'a aussi débaptisé, contraint à renier ses origines, à oublier sa culture. Comment ne pas faire le parallèle entre cet homme et le pays?
» Confronté, tu ne cessais de te dérober, Emmanuel. Tu n'es ni un raciste ni un conservateur, tu votes toujours à gauche et tu ne caches rien aux impôts. Pourtant, tu n'as eu aucun scrupule à reproduire sur moi, dans mon corps, dans mon coeur, tout ce que la France refuse de voir : du néo-colonialisme. »

La dernière partie est sans aucun doute la poignante confession qui aide à comprendre le comportement torturé d'Ahmed.

Ce récit fortement inspiré de l'histoire de l'auteur est fort et violent parce que le jeune Ahmed est à ce point de révolte où il ne supporte plus cette liberté acquise, ne supporte plus ce que l'on a fait de lui. Avec des phrases simples de l'écriture épistolaire et les mots crus, Abdellah Taïa fait parfaitement ressentir la complexité de son personnage. Ahmed a cru en la liberté offerte grâce à l'attention de ce riche parisien, il a profité de cette aubaine se soumettant à la fois par amour et par intérêt. Avec le décès de sa mère, il perd son assurance, se rappelle comment les techniques de séduction, de possession de Malika ont causé le malheur de son père.
Ce roman est un cri de révolte mais aussi une façon de montrer comment un homme peut perdre sa dignité en acceptant de renier ses racines pour s'intégrer dans un autre monde.
» Non seulement il faut s'intégrer de force dans la société française, mais si, en plus, on réussissait à faire oublier notre peau, notre origine, ça serait parfait. »

Style, construction, sujet, je recommande cette lecture.
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Ce court roman est en réalité la succession de quatre lettres d'inégales longueur, et présentées à rebours sur le plan chronologique. Elles sont à la fois des lettres reçues, et envoyées.
Bien sûr, on devine le caractère autobiographique de ce roman épistolaire. L'auteur, dit à la fois la difficulté d'être homosexuel, aujourd'hui dans les pays du Maghreb, celle de se soustraire à l'emprise maternelle, et de se construire sans se déconstruire …

La structure de ce roman rend à ce dernier les respirations nécessaires alors qu'à contrario l'écriture porte toute la révolte intérieure de son auteur, et sa détresse. Les phrases sont courtes et tranchantes. Abdellah Taïa utilise un vocabulaire cru. Son propos qui est rythmé laisse peu de répit à son lecteur ; un style qui perdrait sans aucun doute son intérêt sur la longueur, mais qui dans un format court va droit au but.

Je retrouve dans cet ouvrage le caractère un peu spécial qui m'avait interpellé lors de la lecture de "Le jour du Roi". Son oeuvre reflète une personnalité malmenée, tiraillée entre ce qu'elle est et ce que sa famille a souhaité pour lui , une personnalité complexe qui semble toujours en bagarre contre lui et son environnement.

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Abdallah (permettez-moi, je vous en prie, cette forme de familiarité),

J'avais envie de renouer avec votre plume, dont la beauté envoûtante m'avait saisie le corps et l'esprit. J'avais envie de cette vie lente, de laisser votre langue s'enrouler autour de la mienne, de laisser votre souffle échauder ma nuque, et d'abandonner mon ventre à la torpeur de votre encre. Il ne m'a pas fallu deux lignes pour retomber sous votre joug, Abdallah, pour m'abandonner entièrement à la prose qui est la vôtre et qui est devenue mienne.

Et maintenant, je me noie deux fois par jour dans les eaux sales d'une piscine quelconque à la recherche de mon moi intérieur, celui qui a été sali, celui qui détruit. J'ai envie de vous regarder dormir en vous écrivant une lettre de rupture, j'ai envie de vous attendre à l'ombre d'un café parisien, de boire du thé noir et de crier vos ténèbres.

C'est vous qui m'avez colonisée. Vous avez fait de moi une mère toxique, un amant déchu, un frère détesté. Je suis gay depuis vous, je suis un homme, je suis une femme, je ne sais plus, et je n'en reviens toujours pas de cette nuit fulgurante que nous avons passée ensemble par lecture interposée, Abdallah. Je n'ai désormais plus qu'un souhait : celui de vous retrouver encore pour une nuit d'amour et de rupture, et de pouvoir, encore un peu, vivre à votre lumière car, désormais, je sais que, moi aussi, je suis digne d'être aimée.
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Et si vous voulez me déclarer votre flamme, rendez-vous aussi sur Instagram :
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Quatre lettres.
Quatre lettres pour se raconter.
Quatre lettres qui interrogent la notion de l'amour dans ses différents degrés.
Quatre lettres qui racontent les émotions, les sensibilités, la vie d'Ahmed un marocain pauvre, homosexuel.
Quatre lettres qui permettent de comprendre la construction d'un individu. Il se nomme Ahmed. Il a fuit son pays pour pouvoir se construire et vivre pleinement. Pourtant Ahmed se perd et n'arrive à pas à devenir lui-même.

J'ai beaucoup aimé et suis heureux de découvrir cet auteur. Sa plume d'écriture ne me laisse pas insensible. Un roman épistolaire particulièrement émouvant et bouleversant.
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Quatre lettres, de la plus récente à la plus ancienne.
En 2015, Ahmed écrit à sa mère décédée depuis cinq ans, lui parle de son homosexualité, de leurs ressemblances, de sa conscience de n'avoir été rien pour elle.
En 2010, Vincent écrit à Ahmed pour lui rappeler ces 24 heures passées ensemble il y trois ans, son coup de foudre immédiat, sa difficulté à se remettre de ce qu'il ressent comme un abandon. Et lui proposer de se revoir.
En 2005, Ahmed écrit une lettre de rupture à Emmanuel, le Français qui l'a pris son sous aile et a fait du pauvre gosse marocain un intellectuel parisien.
En 1990, Lahbib écrit une dernière lettre à Ahmed et lui demande de se venger.

C'est sans doute cette dernière lettre qui donne la clé de lecture de ce court roman épistolaire. « Se venger » : est-ce là le sens qu'Ahmed a donné à sa vie ? Se venger de sa mère qui a failli le tuer avant même sa naissance ? Se venger des hommes français, forcément sûrs de leur supériorité sur les Marocains, les utiliser avant qu'ils l'utilisent ? Les détruire parce que d'autres ont détruit ?

Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne compréhension de ce roman, mais c'est la seule que je trouve.
C'est la deuxième lettre, celle de Vincent, qui m'a vraiment touchée et qui m'a permis de rentrer dans la lecture, car la première était un peu absconse.
J'ai également compris le parallèle entre le paternalisme d'Emmanuel envers Ahmed et une forme de néo-colonialisme : Ahmed s'occidentalise, peut vivre son homosexualité au grand jour, mais en y perdant sa langue et sa culture.

Ce roman n'est pas inintéressant, loin de là, mais il ne m'a pas vraiment emportée avec lui.
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Voici un petit volume que j'ai mis moins de temps à lire qu'à chroniquer. C'est pour vous dire à quel point mon avis est partagé.
Ahmed règle ses comptes affectifs par écrit, à sa mère morte d'abord, puis à Emmanuel, sa passion ravageuse. Entre lettres envoyées et reçues, entre passé marocain pauvre et présent parisien cultivé, on parle de colonialisme amoureux, de désamour maternel, d'homosexualité, de langue et d'identité.
Mon bémol en quelques mots : le style l'emporte sur l'histoire. le soin apporté à la langue dépasse de loin celui apporté à la trame. Si j'ai vraiment apprécié ces belles lignes de l'intime, l'unité du tout m'a manqué. Un liant ou un fil rouge, quelque chose de plus adhérant pour souder ces petits bouts de vie joliment décrits. C'est donc pour moi un livre inabouti et éclaté. de la poésie pas finie...
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