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EAN : 9782757808191
153 pages
Points (06/03/2008)
3.59/5   92 notes
Résumé :

Dans la maison où il est né, au Maroc, le père a sa chambre, le frère aîné la sienne. Lui dort avec sa mère et ses sœurs. Cocon familial chaleureux et sensuel. Les enfants savent tout des amours de leurs parents. Mais, par pudeur, on n'en parle pas.Il est adolescent lorsque son grand frère l'emmène à Tanger. Premier voyage qui lui révèle la vraie nature de ses désirs. Il se prend de pas... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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On ne peut comprendre le pourquoi et le comment de ce court roman si l'on n'a pas à l'esprit ces mots :
-" le pain nu de Mohamed Choukri, qui m'a révélé à la littérature, c'est lui. Qui d'autre chez nous, sinon Abdelkébir, aurait pu acheter un livre pareil et, parce qu'il était interdit à l'époque, lui enlever sa couverture et le cacher, sous la bibliothèque, au milieu de ses slips tâchés de sperme ? J'ai lu et relu sans m'en lasser ce roman de la vie dure et terrible de Mohamed Choukri à Tanger."
Ces mots écrits par Abdellah Taïa disent tout de la raison pour laquelle il a écrit - L'armée du salut -, ainsi que comment et pourquoi son livre autobiographique a pu voir le jour, vivre sa vie littéraire sans être inquiété par la censure.
Mohamed Choukri, l'illustre référence avait déblayé le chemin, fait sauter les verrous de l'inquisition marocaine et détabouisé pour partie la sexualité et ses multiples composantes tels l'inceste et l'homosexualité ; il était devenu possible ( est-ce toujours le cas ? ) grâce à son roman - le pain nu -, que les plumes puissent se délier et que les auteurs abordent sans crainte des sujets jusque-là voués aux gémonies, à l'ostracisme, voire pire encore !!!...
À présent je suis perplexe car habitué à essayer de faire des présentations qui disent certaines choses, qui achalandent ou pas des lecteurs, vous révéler ne serait-ce qu'une infime partie de cette oeuvre très courte, n'est-ce pas priver le lecteur d'un peu ( mais ce peu est peut-être déjà trop ...) du plaisir auquel il a droit en acquérant ce livre sans savoir ce que disent les mots qu'Abdellah Taïa a confiés à chacune de ses pages et qui en constituent le sel de ce que sera votre découverte ?
Sachez néanmoins que le roman est en deux parties.
La première traite de l'enfance de l'auteur, son quotidien au sein d'une famille "aux liens très, très étroits", avec des parents et une fratrie très "typés"...
Ses relations de grande proximité de cadet avec son frère aîné.
Sa sexualité dans un contexte où le sexe est vécu d'une certaine façon.
Son adolescence et son homosexualité assumée.
La seconde relate un séjour en Suisse où l'auteur a obtenu une bourse pour parfaire ses études littéraires.
Son ami et amant devait l'attendre ; il n'est pas au rendez-vous.
Quelles vont être les conséquences pour ce Marocain de cette défection ?
C'est à vous de le découvrir.
Après la tempête Choukri, nous sommes dans des eaux qui peuvent paraître troubles... mais de l'eau a coulé sous les ponts du Maroc et d'ailleurs.
J'ai aimé lire les deux parties.
Celle marocaine est plus excitante, plus romanesque, peut-être parce que anthropologiquement, sociologiquement et culturellement plus exotique.
Mais la seconde a peu à lui envier, sinon le fait d'être un peu moins riche... un peu plus "européanisée" ou européanisante.
En conclusion, je vous conseille de lire d'abord - le pain nu - avant de vous attaquer aux sandwichs au gruyère de - L'armée du salut -
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Ce récit autobiographique est très touchant. L'auteur se dévoile, nous partageant des souvenirs intimes, des sentiments, des expériences, mais tout en pudeur. J'ai beaucoup apprécié sa plume qui est belle et douce, ainsi que le rythme qu'il a donné au récit, entremêlant des époques et des souvenirs.
J'ai été quelque peu étonné par autant de franchise et par la façon dont il évoque des sujets "tabous", notamment l'amour excessif qu'il porte à son grand-frère (que l'on pourrait considérer comme de l'inceste), et l'homosexualité qui est encore un sujet sensible au Maroc. Ce jeune homme découvre la vie, il aime la littérature et désire aller vivre à Paris, mais il se rend compte que cela ne se passe pas toujours comme nous le souhaitons. Il aime un homme qu'il ne comprend pas toujours, et se retrouve un peu perdu loin de chez lui et de sa mère.
J'ai été un peu étonnée par cette franchise quelque peu glaçante parfois, notamment concernant le regard que l'auteur porte sur certain(e)s de ses compatriotes prêts à tout pour quitter le pays (comprenez par là mettre le grapin sur un Occidental).
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Ce livre est clairement un récit autobiographique plus qu'un roman, l'auteur est cité par son propre nom et visiblement tout ce qu'il raconte est très proche de la réalité.
J'ai beaucoup aimé la prose de l'auteur, la sensualité évidente de sa plume, et sa façon qu'il a a de décrire, par petites touches impressionnistes ses sentiments avec naturel et délicatesse. L'auteur est animé d'une vrai plan de carrière et ne doute pas de ses aspirations, mais il va s'aperçoit que la vie décide différemment... le romancier fait montre de beaucoup de pudeur et de tact pour aborder des sujets aussi délicats que l'inseste ou l'homosexualité dans une culture qui a beaucoup de mal à l'accepter. Sans jamais tomber dans les clichés, le livre véhicule aussi un amour pour la littérature et la liberté d'assumer ses choix qui fait plaisir à lire !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ce livre m'a beaucoup touché dans ce qu'il sous entend de l'amour équivoque mais, surtout de respect pour ce grand frère porteur de tous les espoirs d'une famille. Mais également, car bien que non musulman, j'ai reçu une culture assez proche. Un garçon est fait pour se marier et fonder sa propre famille, car sans elle, point d'existence propre.

La lucidité qu'il porte sur les européens venant en vacances dans son pays pour comme il le dit : "... Se faire de petits marocains..." est sans appel. Il est conscient de l'image que les jeunes avides de quitter leur pays pour l'Europe, renvoient à tort ou a raison, mais lorsqu'il est pris pour un de ceux-là, aucun colère, aucune rancune, seulement de la tristesse et de la honte. Car on lui déni en tant que jeune homosexuel marocain, le droit d'avoir des sentiments vrais, non calculés.

Quant à son attente désespérée, d'un soi-disant ami, à son arrivée en Suisse, elle est éloquente de ce que pense d'eux ceux qui viennent pour faire dans un pays étranger ce qu'ils ne pourraient se permettre chez eux...des jouets, des gosselines dont on se débarrasse lorsque ils ont fini de plaire.

Ce livre est magnifique, plein de sensualité, d'émotions mais également de couleurs, de senteurs fortes rappelant que la plupart de l'histoire se déroule dans un pays du soleil ou tout est exacerbé.
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𝐿'𝐴𝑟𝑚é𝑒 𝑑𝑢 𝑆𝑎𝑙𝑢𝑡 aux éditions du Seuil est un récit autobiographique intime en trois parties. L'enfance, à Salé avec ses parents à l'histoire d'amour complexe, ses frères et ses soeurs. L'adolescence au Maroc, les premiers émois, les premières émotions, et l'augmentation du désir pour son frère ainé qui devient un modèle. Sa vie de jeune adulte, son arrivée en Europe rempli d'espoirs et de rêves afin d'intégrer l'université de Genève pour poursuivre ses études de Lettres. Cette arrivée commence à l'Armée du Salut. Dans les pissotières Suisses, il découvre ces hommes qui se matent, se désirent, se touchent…

Ce livre m'a beaucoup touché et bouleversé. Il permet de comprendre certains éléments des récits plus récents. L'écriture est franche, délicate, touchante, pudique. de nombreuses questions se posent. L'une d'entre elles transpercent cet ouvrage : Que signifie être libre ?
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
-Et qu'il vous dit que c'est entre les mains de votre mère que se trouve votre bonheur?
-Simplement sa présence. Être avec elle, savoir qu'elle est là, pas loin. Cela rassure, même si on n'y pense pas.
-Le sevrage est dur au début, c'est bien connu. On s'habitue après, on s'habitue, on s'habitue à tout.
-Je ne suis pas d'accord...
-Ce n'est pas important que vous soyez toujours d'accord avec moi.
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elle oublia le mal qu'on lui avait fait, elle essaya d'oublier la capacité des autres à pratiquer le mal facilement et sans remords.
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Je changeais de vie. J'allais devenir quelqu'un d'autre que je ne connaissais pas encore, j'allais rire, pleurer, m'instruire, aimer, décevoir les autres, me décevoir, commettre des erreurs, avancer malgré tout, construire quelque chose pour moi, rien que pour moi et plus tard pour ma famille, chanter, danser, être seul, être avec des gens nouveaux, paniquer, crier, faire l'amour, courir, mourir un petit peu, tomber, me relever, dormir, me réveiller, avoir très froid, attendre le retour du soleil, voir enfin la neige.
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Mon frère, c'était toute ma vie quand j'étais au Maroc.
il m'a aidé à faire des phrases, à écrire des lettres. J'ai pleuré avec ses mots, en pensant à lui. Il m'a acheté un billet d'avion, un beignet au sucre un soir à la médina de Rabat, une brosse à dents bleue, un slip de bain blanc et un manteau d'hiver vert que je porte encore aujourd'hui.
Un jour il est parti. Il s'est marié. J'ai mis longtemps à m'habituer à son absence. Je ne m'y suis jamais habitué, en fait.
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Me construire dans le doute. Avancer seul. Être heureux seul. M'évanouir fréquemment. Décider de boire ou non du vin, de manger ou non du porc. Revoir petit à petit ma vision de la culture arabe, des traditions marocaines et de l'islam. Me perdre complètement pour mieux me retrouver. Constituer enfin, le matin d'un jour gris et de grand froid, une armée pour mon salut. Cela ne se ferait pas du jour au lendemain.
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