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EAN : 9782021002539
216 pages
Seuil (19/08/2010)
3.32/5   47 notes
Résumé :
Nous sommes en 1987. Dans un Maroc qui vit encore dans la peur, sur une route entre deux villes, Rabat et Salé, le Roi Hassan II va passer. Perdus au milieu de la foule, deux amis, Omar et Khalid, un pauvre et un riche, l’attendent. Le riche a été choisi pour aller baiser la main du souverain. L’autre est jaloux. La guerre des classes est déclarée. Elle se terminera au milieu de la forêt, dans le sang.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Tout d'abord un grand merci à libfly qui dans le cadre de l'opération un(e) mordu(e), une critique en collaboration des éditions Points, pour la découverte de ce livre et de son auteur.
Un roman qui navigue entre la réalité et le rêve. Il débute sur un rêve récurent : celui d'Omar, notre narrateur, et de son obsession du Roi Hassan II.
Ce qui frappe c'est l'écriture : sèche, saccadée, minimaliste. Son allure, est comme pulsée, rythmique, inéluctable. On la sent de plus en plus comme telle, jusqu'à un dénouement que l'on soupçonne assez vite peu favorable.
Ils sont amis, et même plus…une intimité qu'il ne fait pas bon révéler dans la société marocaine. Tout y est subtilement révélé d'ailleurs…
Khalid, et Omar….amis, et si dissemblables.
Omar et la dérive d'un adolescent épris de peurs et de vengeance. Omar qui se sent trahis et n'en remettra pas. Omar que l'on peine de plus en plus à comprendre. Omar l'abandonné ; Omar l'orphelin, le délaissé…

« J'étais jaloux. Oui, jaloux. Je me sentais trahi. Meurtri. Nié. Tué de mille coups de couteau. Khaled ne m'avait pas dit l'essentiel : il allait lui, pour de vrai, baiser les mains du roi Hassan II. Pas moi. »
Notez la frugalité du style ; les phrases d'un mot.
Je retrouve dans cette histoire, un peu particulière, il est vrai, toutes les contradictions d'une société dont les us et coutumes s'accommodent assez mal avec la transparence. Il est des choses que l'on fait, mais qu'il n'est pas encore de bon ton de dire. Les exigences religieuses "font mauvais ménage" avec l'expression et l'assouvissement-légitime- de ses propres envies. Je prends pour exemple la consommation d'alcool pour laquelle Omar reçoit "l'autorisation" de son père qui lui tient un langage de sincérité.
« le péché, c'est…c'est…c'est ne pas aimer la vie…C'est fuir la vie… C'est fuir, abandonner une famille…Fuir… »
Allusion à peine voilée à ce qui mine Omar et son père.
Le roman se termine comme il a commencé, dans le rêve…et je dirais même dans la confusion, sur une scène mi- réelle, mi- onirique, que j'ai, à vrai dire un peu de mal à interpréter.
Le jour du Roi est donc un ouvrage un peu spécial, sans doute dans la logique de ce qui fait la personnalité de l'auteur, mais un ouvrage à découvrir.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Deux garçons dans le Maroc d'Hassan II. Une amitié amoureuse, une jalousie sociale aux portes de la haine. Abdellah Taïa ne cache pas le militant qu'il est derrière l'écrivain, mais c'est ce dernier qui s'impose. le jour du roi est un roman court, rageur, qui dénude ses protagonistes au propre comme au figuré. Il est écrit dans un style saccadé, scandé, où les mots se répètent pour mieux enfoncer le clou. le regard sur la société marocaine de l'époque est terrible. En à peine plus de 200 pages, Taïa aborde une foule de thématiques : le pouvoir absolu et la soumission du peuple, l'émancipation des femmes, la transgression des interdits, la lutte des classes ... Entre réalisme cru et onirisme envoûtant et "oriental", le roman trouve sa voie, dans la violence et le trouble adolescents. Ce livre incandescent laisse comme des traces de brûlures sur les doigts.
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Deux garçons, deux amis qui partagent tout et qui vivent au Maroc, à Salé, au moment du règne d'Hassan II. L'un est riche, l'autre beaucoup moins, mais ce n'est pas l'argent, leurs conditions sociales différentes qui vont les faire courir à leur perte. Ce qui va faire basculer leurs vies c'est le Roi. Ce dernier passe à Salé, jusqu'ici, rien de bien dérangeant, au contraire. La vie s'arrête et les habitants n'attendent qu'une chose, voir le roi. Même les cours sont suspendus ce jour-là. Ce qui va venir faire toute la différence c'est la rencontre. En effet, Khalid remporte le droit de rencontrer le Roi. Omar ne lui pardonnera pas. L'auteur nous livre un récit cruel, une critique du culte de la personnalité institué autour de la figure du roi. Les phrases sont courtes, incisives et cela leur donne une force incroyable. On prend de plein fouet ce texte, rien n'est caché, tout est dit. L'auteur manipule les mots comme autant d'armes pour atteindre le lecteur. Lorsqu'on le fini on se dit que le mot liberté prend tout son sens, ou plutôt son non-sens dans le contexte de l'histoire. Avec ce livre j'ai découvert un auteur singulier qui n'hésite pas à livrer des histoires empruntent de vérité et de cruauté.
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Omar et Khalid ont quatorze ans et tout les oppose. L'un est riche, talentueux, admiré, l'autre est pauvre, abandonné par sa mère, invisible. Ce sont les meilleurs amis du monde et ils s'envient, se désirent, se déchirent...
Un texte qui ne cesse de monter en puissance jusqu'à son dénouement, inévitablement tragique.
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Quel roman si beau, poétique et mystérieux! Très belle écriture qui nous laisse accrochés jusqu'à la fin. L'histoire est sublime, avec des messages importants tels que l'injustice sociale et politique. Abdellah Taia encore une fois donne la parole aux êtres stigmatisés par la société, abattus par les verdicts sociaux comme Omar, un pauvre homosexuel aussi et à la fin du roman à Hadda, une Noire, descendante d'esclave, une putain. C'est intéressant de voir que au moins la littérature donne la parole aux stigmatisés.
J'aime beaucoup le contexte de ce roman car en effet il incarne une période importante dans L Histoire, civilisation marocaine. En effet on est à la fin des années 80, la fin pour les intellectuels, opposants marocains, tels que Ahmed Dlimi, Mehdi Ben Barka tués sous l'ordre du Roi!
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Ma mère m'avait vendue. Elle avait, depuis le jour de ma naissance passe un accord avec eux. Elle disait qu’on allait devenir riches, très riches. Elle a été gentille, elle m’a expliqué, elle m’a prise pour une idiote, une simplette. Il fallait accepter l’accord. Il était trop tard pour renoncer. Il fallait me sacrifier.

J’avais peur. J’ai cessé d’aimer ma mère. Je suis partie.
Je suis libre.
Je passe une maison à l’autre. Je fais la bonne. Je fais l’esclave. Je fais la putain.

Les autres, ils croient m’acheter en faisant de moi ce qu’ils veulent. Des ordres. Des insultes. Des mauvais regards. Des crachats. Des coups. Du sperme.

J’ai décidé: je fuls pour être lbre. Rester libre. Malgré les autres. Malgré la possession. Je pense à Hlima et je lutte. Je me dévergonde pour ne plus étre pure. J'espère qu'alnsi souillée, sale, ils ne voudront plus de moi. Ils renonceront. Ils finiront par m'oublier. lIs passeront à une autre.

J’attends. Je ne change pas de direction. Je ne fais que fuir. Depuis toute petite je suis sur les routes. Dans l’errance.
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Depuis le début tu n’es pas là, avec nous, avec moi. Dans ce monde. Mon monde Je croyais que tu étais avec moi, vraiment avec moi. Je te racontais tout. je te disais tout. Pour te plaire, entre autres, je l’admets. Je croyais. que tu faisais pareil avec moi. Pas seulement tout me raconter. J’espérais plus. La confiance totale. Le don. On a quand même tout fait ensemble depuis qu'on se connaît. Le sexe, les rêves, les films interdits, les sorciers, la plage de Salé en hiver, le vin bon marché en bouteille de plastique de couleur verte..Tout.. Tout.. Tout jusqu’à hier, le dernler jour au collège, le dernier jour dans le même monde scolaire, La fin, Khalid, tu l'as rendue moche, tu l’as bousillée par ton secret. Ton stupide secret royal.
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Coupe un peu de poils que tu as sur le torse, sur les bras, les jambes, les aisselles, autour du sexe, entre les fesses...Un peu de cheveux....un cil ou deux....N'oublie aucune partie de ton corps...Sois sérieux. Ne ris pas. Il faut que tu y croies....Bouhaydoura a beaucoup insisté sur ce point. Pas de moquerie. Pas de paroles impures. Sinon la protection ne viendra pas. Les saints et les djinns sont terribles...Sois sérieux, Khaleid. Va là-bas. Reste nu. Cache-toi et accomplis le rituel. Je t'attendrai ici, à côté de l'arbre coupé, nu moi aussi.
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J’ai tourné la tête vers lul. Mon ami. Khalid. Ses yeux étaient fermés. Son corps était raide, froid, détaché du mien. Son corps était redevenu orgueilleux. Égoïste. Il. avait rejoint son premier monde.

Et j’ai compris. Khalid était mon ennemi. J’étais son ennemi. C’était écrit. Rien ne pouvait plus changer cette fatalité. J'ai fermé les yeux, moi aussi. Pour mieux me préparer au dernier combat. Le dernier round. Le dernier chapitre. L'un contre L’autre. Ce qul allait suivre était justifié. Logique. C'est la loi, il n'y a toujours qu'un seul gagnant. Ce qui allalt venir, c’était de l'amour. L'amour aveugle, sans dieu ni mère pour le protéger. C’était de la guerre. Sans paroles. En dehors du monde. Au tout début. Au-dela de moi. Au-delà de Khalid. À travers nous deux, le combat primitif, innocent, sauvage, libre, recommençait.

Le Pont Cassé était notre théâtre. Sans spectateurs. Sans metteur en scène. Le mal nous avait repris. Les yeux fermés, chacun l’accueillait à sa manière.
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Nous avons repris notre voyage dans la forêt d’Aïn Houala. Sans but. Sans direction. Protégés par les arbres et les esprits. Cachés du reste du monde. Un couple retrouvé, en fuite.

Je n’en voulais plus à Khalid. J’avais oublié son mensonge, sa trahison. Nos différences. Le noir de la forêt et le rituel que nous venions d’accomplir nous portaient loin des rancœurs et des disputes. Momentanément, Hassan 2, la peur et la méfiance avaient disparu.

Khalid n’était plus un riche.
Je n’étais plus un pauvre.
Nous étions tous les deux ailleurs, ensemble dans le même sentiment. Le bonheur ? Sur le même tapis d’herbes vertes et jaunes. En train d’admirer le ciel. Deux garçons portant des slips qui marchaient vers leur destin.

une falaise les attendait.
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