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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les tribulations d'une Marocaine et de son fils.
Elle se prostitue, son fils baignant dans cette atmosphère se fait pourvoyeur de « clients ».
L'un d'entre eux, militaire déserteur, bouleversera involontairement leur vie en disparaissant.
Elle qui en chemin découvre la foi et la paix, lui en rencontrant un jeune garçon qui le trouble sentimentalement au point de l'entrainer vers le gouffre.
Un parcours dramatique, violent et sinueux mêlant la prostitution, l'amour, l'homosexualité, la foi en l'islam pour s'achever dans un imaginaire fantasmatique de l'au-delà…
Un livre parfois dérangeant servi par la plume percutante et éblouissante d'Abdallah Taïa.
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« Personne ne viendra, maman.

Tu le sais, maman. C'est trop tard. Ou bien trop tôt. Ils ne viennent plus ici, les hommes. Tu le sais. Tu le sais. N'est-ce pas que tu le sais ? N'insiste pas. Je ne veux plus. Je ne veux plus de ce rituel ».

Jallal veille sur sa mère, prostituée marocaine. Il ne la juge pas, l'entoure de son amour, la protège, ils forment une entité d'amour silencieuse où chacun est enfermé. Abdellah Taïa fait alterner les chapitres de la mère et du fils pour mieux le souligner.

Attention, à la base, Slima n'est pas une prostituée. Elle est Introductrice, comme sa mère adoptive avant elle. Elle est présente au soir de la noce pour aider les époux. « Tu feras du bien ma fille. Ils te donneront de l'argent et te souriront, et, dès que tu seras partie, ils te maudiront ». Oui, mais voilà, ce métier n'existe plus alors, elle est une simple prostituée.

Un peu de bonheur arrive par le soldat déserteur qui, à chaque visite apporte son soleil, avec, entre autre, Marilyn Monroe et sa chanson, La rivière sans retour. Cette relation vaudra des années d'emprisonnement à Slima avec tous les sévices qu'un tortionnaire peut faire à une prostituée.

Jallal, dans sa chambre, devant la télé, écoute les bruits dans la chambre de sa mère, mais pour lui, ce n'est pas sale, c'est le métier de sa mère. « Je suis devant la télévision. Je dévore les images de ce film. Ma mère Slima travaille. Je l'entends dans la chambre d'à côté. »

La mère et le fils sont côte-à-côte, mais sont-ils ensemble, traversés par leurs solitudes, leurs silences ?

« J'ai l'âge d'homme. Je sais parler. Négocier. Trafiquer. Les embobiner. Les charmer. Détourner leur attention. Les voler. Les sucer, peut-être. Leur donner mon derrière parfois s'il le faut. Cacher ma pureté, mon Dieu. Taire notre lien secret. Qui tu es. Qui je suis. Notre chemin dans l'ombre. Notre projet. le voyage nocturne. » Quelle phrase dure sortie de la bouche d'un gamin de dix ans

Le livre est scindée en quatre chapitres principaux qui permet de suivre le chemin de la mère et du fils ; chemin qui les mène à un islam différent. Elle découvre la paix, pratique l'ascèse, jusqu'à en perdre la vie à La Mecque et le fils, pour l'amour d'un garçon radicalisé, va vers l'impensable.

Un livre transgressif, fort, est un cri muet, fort à s'en boucher les oreilles. La mère et le fils ont une vie semée de violences. Leur parcours est bien une rivière sans retour où se jettent la méchanceté des hommes. Abdellah Taïa parle de la condition des femmes au Maroc, la prostitution, la religion musulmane et de la vie au Maroc. J'ai aimé l'écriture à la fois crue et poétique de l'auteur.

Une belle découverte.
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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Slima est marocaine elle est la maman du jeune Jallal, mère et fils vivent une relation fusionnelle, ils sont tout l'un pour l'autre. Slima est aussi une prostituée qui reçoit ses clients, souvent des soldats de la base militaire, chez elle. Jallal l'aide à trouver des clients en les suivant dans les hammams de la ville. Grâce à un client de Slima, ils vont découvrir ensemble Marylin Monroe qui devient pour eux une véritable icône. Slima et Jallal vont se partager l'amour d'un soldat, qui deviendra à la fois le père, l'amant tant idéalisé. Mais celui-ci va les quitter pour partir au front. Slima et Jallal déjà mis au ban de la société vont dès lors vivre le déchirement, la séparation, l'absence et l'emprisonnement. Slima va croupir pendant des années dans les geôles marocaines tandis que son fils va vivre loin d'elle. Chacun va redécouvrir à sa manière l'Islam qui va les mener vers leur chemin ultime...

MON AVIS :" Infidèles " pour moi un ovni dans cette rentrée littéraire. L'écriture d'Abdellah Taïa est aussi magnifique que déroutante. Dans le premier chapitre du livre, le style est court, direct, comme des coups de poignard, il est presque violent et on y ressent de la colère. Les morts sont martelés, comme pour bien faire comprendre au lecteur l'âpreté de la vie de ces exclus que sont Slima et Jallal. Et puis, il y à comme une rupture et le livre s'envole, le style est plus délié... La suite sur www.meellylit.com
Lien : http://www.meellylit.com/
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Nous faisons la connaissance de Slima, prostituée marocaine, dont la mère sur son lit de mort, lui livre les secrets de son métier : introductrice. Cela consiste, lors de la nuit de noces, à accompagner les jeunes mariés stressés à s'unir comme la nature l'a pensé. L'introductrice excite le mari, cajole et au besoin force un peu l'épouse, introduit le membre de l'homme dans la bonne cavité et, si besoin, trouve du sang pour étaler sur les draps. Si j'ai bien suivi, Slima ne sera que prostituée, les bons vieux métiers semblent se perdre inexorablement...
Slima aura un fils, Jallal, qui sera bercé toute son enfance par les bruits de l'amour provenant de la chambre de sa mère et par la vision enchanteresque de Marilyn Monroe dans "Rivière sans retour". Ce fils, après la mort de sa mère totalement confite de religion, se retrouvera auprès d'un jeune terroriste islamiste.
En quelques longs chapitres, nous suivons leurs destinées, pour le moins atypiques. Cette prostituée est très croyante mais veut vivre un Islam réinterprété selon ses goûts. La croyance est dans son âme mais en aucun cas sclérosante ou fermée. Jallal ne pense pas trop à la religion. Orphelin désorienté, il rencontrera un être aux apparences douces qui se révélera être un terroriste islamiste.
Alors, finalement, bonne ou mauvaise pioche ce roman ?
Malgré un manque d'unité stylistique (ça commence comme du Christine Angot, avec des phrases courtes, très courtes, pour terminer de manière plus fluide ou classique) et cette idée, par forcément mauvaise, de changer de narrateur à chaque chapitre, mais obligeant le lecteur à s'interroger sur l'identité de la personne qui parle, au lieu de se laisser prendre par le texte, je ne regrette nullement cette lecture.
Roman un tantinet transgressif, ce qui n'est pas pour me déplaire, tout en restant empreint de religiosité, je crois avoir perçu dans le propos d'Abdellah Taïa une proposition d'idées nouvelles à tous les manifestants des révolutions arabes. Ce roman est une bulle de liberté lancée au dessus du monde musulman dans l'espoir que cet automne islamique se transforme en réel printemps arabe.
Un peu plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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