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EAN : 9782234076280
216 pages
Stock (21/08/2014)
3.25/5   14 notes
Résumé :
Le monde n’a pas de fin est une ode à Karachi, l’hommage d’un « écrivain dans la ville » qui ne veut pas qu’elle soit réduite à sa violence. Il en rassemble les fragments pour voir au-delà des apparences et faire surgir le monde fascinant d’avant l’islamisation forcenée, d’avant les bombes. Dans le bus qui mène du centre ville à la mer, se croisent ainsi trois générations de personnages qui racontent leur histoire : le père magicien, l’écolier repenti, le Camarade p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Karachi, capitale économique et financière du Pakistan, est une mégalopole de 20 millions d'habitants. C'est aussi un port et la mer joue un rôle important dans la vie de ses habitants comme le rappelle Bilal Tanweer dans son premier roman, le monde n'a pas de fin. A première vue, on serait plutôt tenté de l'appeler recueil de nouvelles puisqu'il est constitué d'une suite d'histoires mais celles-ci sont interconnectées autour d'un événement tragique : l'explosion d'une bombe. Roman choral donc, avec des styles de narration très différents selon les récits, élément perturbant pour le lecteur qui ne reste cependant pas perdu très longtemps. Tanweer réussit à capter les pulsations de la ville en dessinant subtilement des portraits de personnages attachants dont la vie est peu ou prou influencée par la violence endémique de Karachi. La mosaïque qu'il compose est marqué par la relation qu'entretiennent les résidents avec cette atmosphère de danger permanent. Et aussi l'impossibilité de faire son deuil des évènements dramatiques puisque l'horreur ne s'arrête jamais et que le pire est toujours à venir. L'auteur, qui exprime ses intentions sur certaines pages, ne croit pas aux histoires linéaires et préfère s'attacher à des fragments. le tableau général n'en est que plus saisissant. Mais aussi tendre, nostalgique et vibrant.
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A Karachi, vivre malgré la violence...


Le narrateur, l'« écrivain dans la ville », le double littéraire de l'auteur ne veut que sa ville soit réduite à sa violence. En effet, cette ville, Karachi, nous ne la connaissons que pour sa violence quotidienne, ses attentats, sa corruption qui nous sont régulièrement distillés aux informations.

Ce roman est construit tel un kaléidoscope constitué de vignettes, d'histoires qui convergent vers un événement tragique : l'explosion d'une bombe au début des années 2000, en plein milieu de Karachi, non loin de la station Cannt, une des plus fréquentée. Il rassemble des fragments de vie de trois générations : des jeunes qui s'apprêtent à découvrir l'océan pour la première fois, des adolescentes qui tombent amoureuses, un diseur de mauvaise aventure, un récupérateur de voitures dont le leasing n'est pas payé

Tous connaissent ou rencontrent un vieux fou, poète et communiste. Par leurs récits, ils montrent que la vie quotidienne -les premiers émois amoureux, la lutte, la politique, les religions, la mythologie, les relations fraternelles, la filiation, le fossé générationnel- continue malgré le contexte de danger permanent.

Le lecteur est comme ensorcelé par la voix des différents personnages qui l'emmènent à la découverte de leurs vies et de leur ville.
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Une bombe explose dans le bus alors qu'il atteint l'arrêt très fréquenté de Cantonment Railway Station à Karachi. Quarante morts, de nombreux blessés, des débris redoutables projetés dans un large rayon alentour.

Cela pourrait n'être que le résumé d'un article de la presse pakistanaise, d'une violence choquante dans sa sécheresse.
C'est aussi le sujet du roman de BilalTanweer : « Le monde n'a pas de fin. ». Et la violence se transforme en une longue et poétique méditation sur la mort qui fit son entrée dans cette ville de Karachi, capitale animée à tous moments, bruyante, foisonnante de vie et de couleurs. Une ville animée et fascinante dans sa joie. Avant. Et puis l'islamisation radicale est apparue et avec elle la folie de tuer.
Comme beaucoup de citadins, les habitants de Karachi cherchent l'évasion du côté de la mer et pour la rejoindre, ils empruntent ces autobus surchargés, qui ne s'arrêtent pas pour qu'on y monte ou qu'on en descende, sauf si on est une dame âgée. Respect des vieillards oblige. Il faut tambouriner sur la cloison derrière le conducteur si on veut faire arrêter le véhicule.

Ce jour-là, l'autobus transporte des passagers de tous âges que nous suivons et qui ont des liens entre eux. Qui va mourir ? L'écolier qui fait l'école buissonnière ? le couple d'amoureux qui se câline loin des yeux des adultes ? Sukhanza, le camarade communiste poète qui a empoisonné la vie de sa famille avec ses obligations politiques ? Sadeq, le voyou amoureux qui trafique des voitures ?
D'autres seront des victimes « collatérales » comme on dit cyniquement...

Et qui sont ces frères vêtus d'une cape rose, à la langue pendante, crâne chauve et peau foncée ? S'agit-il de Gog et Magog, anges de la Mort, annonciateurs de l'Apocalyse ? L'écrivain-journaliste va rejoindre dans son repaire celui des frères qui a une relation étroite avec Dieu, lui qui est enfermé des épaules aux pieds dans une boîte de bois, paraplégique.

Nous suivons les personnages, le poète dans sa ville, l'écrivain qui retranscrit les histoires vécues par ses frères citadins de Karachi et nous découvrons, intrigués, fascinés, déconcertés, l'histoire de cette ville. Avant.

Comme l'auteur, nous regardons le monde au travers d'un pare-brise d'autobus étoilé parles impacts de balles : le regard se fait plus acéré au travers de ce trou, les chemins qui se dessinent sont multiples, chacun trace un itinéraire nouveau, encore inexpérimenté : l'avenir de Karachi ?
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Karachi, ville considérée comme l'une des plus dangereuses du monde. Ville grouillante, bruyante, odorante.
Bilal Tanweer nous fait prendre l'un des bus de la ville, il faut s'accrocher et on fait des rencontres intéressantes et très surprenantes. Deux gamins en école buissonnière qui prennent ce bus pour aller faire un tour à la mer ; Un père, poète, qui lui, emmène son jeune fils à la mer, aussi. Un jeune homme, collecteur d'impayés et un peu voyou, qui tombe amoureux de la jeune fille logée chez sa voisine.
A plusieurs voix, l'auteur tisse le portrait de cette ville : on entend le vacarme de la foule, on sent les arômes des vendeurs ambulants, on voit les couleurs multicolores.
L'auteur nous parle aussi du Pakistan et de son histoire. Il parle avec nostalgie et poésie de cette ville avant l'islamisation forcenée du pays et l'engrenage qui a conduit à ce chaos. A la lecture de ce texte, on retrouve le bruit, les odeurs de ces villes qui ont grandis trop vite et subissent la modernité de plein fouet en tendant à préserver leurs traditions. Ainsi sur une même voie rapide, circulent des voitures modernes, des 4/4 rutilants, des bus communaux bondés, vrombissant où il faut s'accrocher pour monter et s'accrocher, des rickshaws, des petits vendeurs ambulants, de journaux et des nouvelles du jour, de noix de coco et autres produits alimentaires.
L'auteur mêle la vie réelle des rues de Karachi et des moments de poésie avec des références à ces contes et légendes et aussi des moments fantastiques, avec le monde des saltimbanques, magiciens, cartomanciens.
Un univers poétique, violent, humain. à l'image de cette ville grouillante de couleurs, de bruits et d'odeurs.
Les éditions Stock ont changé la couleur de leur collection mais toujours des textes de qualité, même si je suis un peu nostalgique des couvertures de couleur rose.
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Karachi, la mégalopole du Pakistan, a une population disparate, avec des (très) riches et des (très) pauvres, et même une classe moyenne. Tout ce monde essaie de vivre du mieux qu'il peut, avec toutes les contraintes sociales et religieuses et dans les ennuis de la vie urbaine. L'auteur écrit par exemple: « Si tu veux t'en sortir dans cette ville, il faut apprendre à ne pas se faire baiser et, si tu en as l'occasion, il faut niquer l'autre en premier »... Mais il y a aussi la violence qui frappe aveuglément. Des groupes islamistes terrorisent la population par des attentats; l'un d'entre eux, particulièrement sanglant, est évoqué maintes fois, dans toute son horreur.
Le livre est une fresque constituée de textes courts, reliés entre eux d'une manière lâche, qui dépeint des épisodes de la vie d'habitants de cette ville qui, pour la plupart, semblent appartenir à la classe moyenne. C'est une sorte d'inventaire à la Prévert de ce peuple que les Français connaissent vraiment mal (ou seulement à travers de clichés, comme le fanatisme des fous d'Allah). Je crois que l'auteur a une visée réaliste. Mais, en fait, cette réalité m'a semblé assez insaisissable et, finalement, je suis resté très étranger à ce monde. Et il m'a semblé difficile de pénétrer vraiment dans la mentalité des personnes mises en scène. Un livre à lire quand même, si on s'intéresse vraiment au Pakistan.
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critiques presse (1)
LesEchos
29 octobre 2014
Recueil de nouvelles ou roman, comme on voudra, « Le monde n’a pas de fin » se lit comme une ode superbe, acerbe, à Karachi : « Si tu veux t’en sortir dans cette ville, il faut apprendre à ne pas se faire baiser et, si tu en as l’occasion, il faut niquer l’autre en premier. »
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"Tu as déjà vu l'impact d'une balle sur un pare-brise ? À partir du trou central s'étend une toile nette et précise saturée de minuscules cristaux. C'est une parfaite métaphore de mon monde, de ma ville : disloquée, belle, née d'une violence inouïe."
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L'amour n'a rien à voir avec la destruction ; l'amour, c'est se toucher comme elle le faisait, ce n'est pas déchirer ou arracher, mais c'est donner, offrir ce dont tu as du mal à te séparer car tu sais qu'ensuite tu te retrouveras bredouille, tu sais que l'autre prendra sans même savoir quoi. Et ça te tue parce que c'est tout ce que tu possèdes.
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Cette idée terrifiante te frappe de plein fouet : oui, ton père a écrit de la poésie pour trouver un langage capable de dire ses blessures.
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Je suis sans doute trop jeune pour le comprendre, mais ma relation avec la ville est déjà établie : c'est celle d'un deuil perpétuel.
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Tout dépende de la façon dont tu regardes une ville [...]. Il faut apprendre à l'observer de différentes manières. Comme ça, quand ce que tu vois te blesse, tu peux toujours adopter un autre point de vue. Il faut aimer la ville en toute circonstance.
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Video de Bilal Tanweer (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bilal Tanweer

Rentrée Littéraire Stock - Bilal Tanweer
Le monde n'a pas de fin, de Bilal Tanweer Présentation du livre par Emmanuelle Heurtebize, directrice éditoriale de littérature étrangère. Institut du Monde Arabe, juin 2014 En savoir...
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