AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,12

sur 57 notes
Nous sommes fin 2014, la narratrice doit se résoudre à vendre la maison familiale. Pour elle c'est un crève-coeur. C'est la maison de ses grands-parents. Elle y a passé de nombreuses vacances durant son enfance. C'est un lieu chargé de souvenirs, bon et moins bons, mais souvenirs malgré tout. Ses enfants ainés y ont aussi grandi.

Début 2015, ce sont les attentats ; et puis elle s'apprête à donner la vie….

A la fin le silence n'a pas d'histoire à proprement dit. Il est plutôt le recueil de réflexions, d'état d'âme d'une femme qui est à la croisée des chemins, qui perd ses repères à la fois intimes, et civils. Laurence Tardieu navigue entre les tourments d'une nation qui retient son souffle face à la barbarie en cours, et les tourments intérieurs. Si c'est l'écrivain qui exprime les blessures collectives, c'est la femme qui dit la douleur du détachement de l'enfance, elle qui porte la vie dans ce contexte de mort et de violence.

C'est à la fois doux, rude, émouvant, sensible, ….
Laurence Tardieu écrit l'intime avec simplicité et retenue, mais avec une sincérité désarmante.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          40
J'avais vu passer ce roman lors de sa sortie mais je n'avais pas eu l'occasion de le lire. Grâce à lecteurs.com, j'ai enfin pu le découvrir. Je vous le dit d'emblée, ce fut une petite déception ! J'ai passé un bon moment de lecture et l'écriture est très belle mais il m'a manqué quelque chose. Je rédige cette chronique plusieurs jours après ma lecture et force est de constater qu'il ne va pas laisser une impression pérenne dans mon esprit, j'ai déjà tendance à en oublier le contenu.

Mais, revenons d'abord à la forme. D'un roman, il s'agit en fait d'un récit dans lequel l'autrice alterne entre deux sujets : la vente de la maison familiale et les attentats de 2015. Elle s'attarde très peu sur les faits mais nous fait part de ses ressentis, de ce poids qui lui est tombé sur les épaules. C'est une introspection très intime de la part de l'autrice. On se retrouve littéralement dans sa tête et on comprend à quel point la vente de la maison de son enfance est un déchirement pour elle. Elle revient ainsi sur les moments passés dans cette bâtisse entourée des siens. Vient alors se greffer le choc des attentats. J'ai eu l'impression que ce récit autobiographique devait tourner autour de son enfance au début puis lorsque les attentats sont survenus dans l'écriture, l'autrice n'a pas pu s'empêcher d'être bousculée par les événements et d'en parler également. On passe donc sans cesse d'un sujet à l'autre dans les pensées de l'autrice avant d'aborder un troisième événement important : sa grossesse. Ce qui m'a marquée le plus c'est le rapport au corps qui est omniprésent tout au long du livre. Comme je l'ai déjà dit plus haut, le reste ne m'a pas marqué et s'efface déjà de ma mémoire. En revanche, j'ai trouvé l'écriture magnifique. On avait l'impression de ressentir les émotions avec l'autrice et de vivre ses hauts et ses bas.

Bref, j'ai lu ce court roman avec plaisir mais il ne me marquera pas. J'ai eu l'impression que le sujet des attentats tombait un peu comme un cheveu dans la soupe et je ne sais pas s'il était nécessaire de le traiter ou alors il aurait pu faire l'objet d'un livre différent de celui sur son enfance. Je ne sais pas, je suis un peu partagée mais pour sa plume vive et maîtrisée, je ne manquerai pas d'essayer un autre roman de l'autrice.
Commenter  J’apprécie          20
Laurence Tardieu, mère de deux enfants et enceinte du troisième, nous raconte en parallèle ses impressions sur la maison de son enfance qui va bientôt été vendue, et son ressenti sur les attentats de janvier 2015.

Parisienne, elle habite à quelque rues des locaux de Charlie hebdo. Quand elle entend le bruit des ambulances, elle pense à un incendie. En effet inimaginable en janvier 2015 de penser à un tel bain de sang à Paris.

Elle nous dit sans fard sa peur panique de ces trois jours : Une réaction très forte à ces attentats peut être amplifiée par le fait qu'elle soit enceinte (dans quel monde vont grandir nos enfants ?). L'attentat d'une part puis la prise d'otage dans la supérette juste ensuite : ses enfants sont dans un collège et école non loin de là : le voyage en métro (trois stations) le plus long de sa vie…

Avec l'arrivée de l'enfant, Lautence Tardieu fait une pause dans l'écriture , elle reprend son texte suite aux attentats de novembre 2015 ….

Les chapitres sur les souvenirs de la maison de famille sont plus légers forcément et j'ai vraiment eu l'impression que la maison respirait et avait une âme. Cybele est la maison de ses grands parents, émigrés italiens, qui s'installent à Nice…. Nice qui le 14 juillet 2016 sera endeuillée à son tour par un attentat horrible (le livre imprimé fin 2015 n'en parle pas bien sûr)

Un livre émouvant qui mélange réflexion sur l'enfance, le passé, le futur, futur qui s'assombrit ……Une réflexion sur le deuil aussi (deuil de l'enfance via la maison qui va être vendue), de sa mère disparue il y a une quinzaine d'année, et deuil aussi d'un sentiment de sécurité en France…
Commenter  J’apprécie          20
Ce que j'avais écrit octroierait à la maison une présence éternelle.
C'était le seul livre que je voulais écrire. Il n'en avait pas d'autre à ce point nécessaire.
Et puis, il y a eu la journée du mercredi 7 janvier. En quelques minutes, tout a été pulvérisé.
J'ai voulu croire, au cours des jours qui ont suivi, que je pourrais continuer à écrire sur la maison.
Il m'a fallu plusieurs semaines pour comprendre que mon projet ne tenait plus face à ce qui s'était passé. Plus grand-chose ne tenait, à vrai dire. Quelque chose c'était désagrégé pour toujours : depuis le 7 janvier, j'ai perdu le sentiment jusque-là évident d'une ligne de démarcation nette, étanche, entre l'intérieur et l'extérieur. Depuis le 7 janvier, tout est devenu poreux, l'effondrement s'est infiltré jusque sous ma peau. le monde m'est rentré sous la peau.
Perdre notre maison de Nice, son histoire, ma mémoire – et l'écrire : le sentiment de nécessité ne tenait plus. C'est la première fois que la sensation de dissolution du monde outrepasse celle de mon monde intime. C'est la première fois qu'écrire sur le dehors s'impose, renversant mon écriture. Comment écrire sur la maison de mon enfance, après ça ?

Alors qu'elle a commencé à écrire un livre sur la maison familiale de ses grands-parents qui représente beaucoup pour elle "je ne saurais dire quand la maison a cessé d'être un simple lieu pour moi, à quel moment elle est devenue un corps. (…) Ses fondations sont devenues une part de mon ossature. J'y ai construit mon espace de sécurité intérieure", Laurence Tardieu est confrontée comme nous tous aux attentats de janvier 2015. Enceinte, elle habite non loin de l'attaque parisienne du 9 janvier. Il y a la peur pour ses filles, les pensées qui sans arrêt tournent en boucle sur l'innommable (avec ce besoin d'entendre une voix rassurante) et "cette sensation qu'une partie de mon corps avait été pris, lui aussi, dans les attentats."
Le temps s'écoule et sa famille lui conseille d'aller de l'avant, "de se projeter vers l'avenir" car la maison sera vendue, car désormais pour la plupart des gens la vie a repris son cours. Mais "perdre la maison, ce n'était pas seulement perdre le lieu où j'avais des souvenirs heureux, des racines, à présent. C'est également perdre l'unique élément de ma vie qui m'offrait le réconfort de la permanence." Elle oscille, balance en permanence entre ses sentiments engendrés par la perte imminente de la maison, de fissuration du monde extérieur et de son intimité "ce qui se passait en dehors de moi pouvait se distordre jusqu'à envahir mon espace intime et l'envahir".

Suivront les attentats de novembre "La peur était entrée dans ma vie, et l'imprévisible, et le sentiment du désordre du monde, de son unité perdue." Mais l'imprévisible fait partie de la vie sous diverses formes : on grandit, on peut tomber ou pire. D'où la nécessité de se remettre en mouvement, "plus que jamais de se relever" et de retrouver "les unités perdues".
Comment retrouver "le sentiment de joie intérieure" qu'elle a perdu et cherché depuis le 7 janvier ?

Avec une écriture profonde, Laurence Tardieu nous restitue avec justesse et sensibilité une partie de notre Histoire récente. Intercalant les moments de quiétude passés à Nice et donc l'histoire de la maison familiale et ceux vécus depuis les attentats, il n' y a pas de place pour le sensationnel ou du pathos.
Un livre en très grande partie miroir (il résonne, réveille nos propres souvenirs et sensations ) dont je suis sortie apaisée et grandie. Cette lecture est comme une main tendue et chacun y puisera beaucoup.
Ce billet comporte beaucoup d'extraits parce que je m'y suis retrouvée énormément avec de très, très fortes émotions. C'est bien plus qu'un coup de coeur.

"L'imprévisible était entré dans nos vies ."(cette phrase aussi je me la suis dite et répétée tout comme je me sentais en mille morceaux, fragmentée et poreuse)


Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
Commenter  J’apprécie          20
Quel beau livre, dense, prenant, aux paragraphes monolithiques où les pensées et les émotions s'enchevêtrent pour décrire la fin d'un monde et la quête d'une éternité. Nous sommes plongés au coeur de la vie de la narratrice qui doit dire adieu à une maison aimée depuis l'enfance, dire adieu aussi au monde du prévisible pour faire place à l'imprévisible depuis que Paris a vécu ses trois attentats. Il n'y a pas toujours de points pour nous aider à reprendre notre souffle, mais des virgules pour ponctuer la fébrilité de la narratrice. C'est que sa vie vacille et qu'elle cherche dans le tumulte quelque chose à quoi se raccrocher. Et nous, avides, éperdus, nous la suivons dans ses moindres retranchements et dans sa vibrante recherche de sens.
Commenter  J’apprécie          10
« Ils sont entrés dans la salle de rédaction et ont tués 11 personnes ». A partir de ce 7 janvier et les trois jours qui suivirent, la vie de l'auteure et de bien d'autres personnes sera chamboulée. Charlie Hebdo et la traque des tueurs, tous ces évènements la déstabilisent, elle a peur pour ses filles, pour elle-même, dans la rue, le métro. Elle rêve de fuir Paris et de se réfugier à Nice, dans la maison de son enfance qui domine la mer, pleine de tendresse, de souvenirs et d'insouciance. Mais, elle doit, faute d'argent, s'en séparer bientôt. Elle est enceinte et en avril de cette année 2015, elle accouche d'un merveilleux petit garçon, calme et heureux. Mais en septembre, il y a la tuerie de l'hypermarché casher. Pour évacuer ses peurs et ses cauchemars elle pense à la maison blanche et à la mer, cette maison qu'elle va perdre mais qui devient son espace mental. Des chapitres cours qui nous permettent de respirer. Par ce roman, elle se libère un peu mais n'a aucune illusion sur l'avenir. « J'aimerais retrouver le monde d'avant midi dix du 7 janvier ». JB
Commenter  J’apprécie          10
Avis de Scarlett :

Écrit avec des chapitres de deux à trois pages, l'auteur nous décrit dans ce roman tour à tour deux moments et évènements émotionnellement intenses et essentiels de sa vie.

Tout d'abord, la Cybèle, cette maison du sud de la France qui englobe toute une partie de l'enfance de Laurence Tardieu. Une maison refuge, doudou qui reflète cet état bienheureux de certains moments de la toute première jeunesse. Cette maison que sa famille veut vendre et qu'elle, a peur de perdre.

Ensuite , les attentats qui ont frappé la France début 2015 en créant une vague de stupeur, d'effroi et de chagrin qui résonne encore maintenant. L'auteur est enceinte au moment de ces tragédies et elle vit ces évènements avec des sensations exacerbées. Pour beaucoup d'entre nous ; qui jusqu'à présent et ce depuis plus de soixante-dix ans vivaient sur une terre pacifiée ; le choc de ces attaques a été violent, brutal et perdure, tout d'abord du fait de l'horreur, de la gratuité de ces assassinats et aussi parce que cela remet en question la tranquillité, la confiance dans notre environnement jusqu'alors paisible. Parce qu'au-delà de l'absurde et terrible disparition d'êtres humains qu'ont engendré ces actes barbares, ils nous ramènent à ce que l'auteur appelle « l'imprévisibilité » de chaque vie et ce dès notre naissance.

Laurence Tardieu décrit avec ses mots les sentiments que chaque lecteur peut avoir éprouvé devant les attentats tragiques et qui ont laissé des traces indélébiles de peur, de confusion, d'incompréhension. Elle nous parle avec justesse aussi, de ce qu'un refuge d'enfant a de précieux ; que ce soit un lieu, un doudou, un être vivant, la plupart d'entre nous avons eu besoin d'un sanctuaire qui assure la permanence, et la perte de celui-ci peut être un moment délicat à gérer dans une vie. Et la perte d'un refuge, c'est aussi entre autres, le sentiment qu'ont engendré les assassinats de ces derniers mois.

Comme toujours, les mots de l'auteur sont du domaine des sensations, de la résonance en soi des évènements extérieurs. Et elle sait parfaitement poser sur le papier ce qui relève de l'intime, du très intime, c'est ce qui fait ses fêlures, sa fragilité et sa force d'écrivain aussi. Sa prose nous amène à réfléchir sur notre vie, son coté imprévisible, sur la non-permanence des choses, sur notre propre non-permanence mais aussi et surtout sur le « il faut vivre au contraire, il faut continuer à vivre, il faut savoir plus que jamais la jouissance d'être vivant, la beauté d'être vivant ».

Le livre de Laurence Tardieu est à la fois une trace à la mémoire de la Cybèle et aussi sa « trace » des instants de Janvier 2015 , de pendant et d'après…
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          10
On a plus l'impression d'être un psychologue qu'un lecteur. Je suis passée à coté de ce livre bien écrit mais dont je n'ai pas partagé l'approche.
Commenter  J’apprécie          10
Elle, Laurence Tardieu, est enceinte de 5 mois quand se passent les attentats de Charlie Hebdo. Cet évènement dramatique bouleverse son quotidien, lui fait perdre ses repères. Dans sa tête il y aura un avant et un après.
Ce drame intervient alors qu'elle est en train, avec sa famille, de vendre la maison de son enfance. La maison de ses grands-parents maternels. Ses racines. Son refuge.
A la fin le silence est le récit de ces deux traumatismes simultanés, l'un intime et l'autre mondial. Et c'est là toute la force de cette autofiction, ce mouvement de l'intérieur vers l'extérieur, de l'extérieur vers l'intérieur.
Le besoin de se reconstruire quand tout s'effondre. Reconstruire pour soi mais aussi pour celui qui va venir au monde.
C'est un récit lucide, sincère, bouleversant.
Commenter  J’apprécie          10
Laurence Tardieu que j'ai rencontrée, écrit avec cette sensibilité qui lui est propre. La narratrice (dont la vie ressemble beaucoup à l'auteure) exprime toutes les émotions qui la traverse depuis les attentats de Charlie Hebdo. Sa vie est bouleversée et le monde lui paraît dangereux et très différent. Elle alterne son récit avec la description de la maison de sa grand-mère qui va être vendue et qui lui renvoie les images de son enfance avec nostalgie. Elle attend son troisième enfant durant les violences terroristes, ce qui décuple ses émotions. Un roman/récit émouvant écrit d'une plume sensible où la narratrice tente de retrouver sa joie intérieure.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (122) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}