Avant toute chose, merci infiniment à Babelio et aux éditions Black Ink pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Il y a des bouquins qui en imposent.
I put a spell on you est définitivement de ceux-là, et pas seulement à cause de sa taille (ses 645 pages moyen format en font une sacrée brique, poignets musclés recommandés) : avec sa très belle couverture qui cache des en-tête et fins de chapitres filigranés, il s'agit réellement d'un superbe objet-livre. Et c'est à peine si une petite poignée de coquilles (sur plus de 600 pages, rappelons-le) vient ternir le tableau. Bref, on sent une vraie volonté de faire du beau travail éditorial, autant en parler.
Mais qu'y-a-t-il véritablement dans ce si bel écrin : toc ou joyau ? Pour être honnête, mon avis sur la question n'a cessé d'évoluer au cours de ma lecture...
Vous vous souvenez de Charmed ? Vous avez aimé ? Espérons-le car il y a quand même une grosse, grosse influence par moments et celle-ci est particulièrement perceptible au début. Peut-on considérer ça comme un mauvais point ? Pas forcément parce que non seulement l'auteur s'est tout de même suffisamment détaché du socle commun aux deux histoires, mais aussi parce qu'il s'agit d'une *bonne* source d'inspiration. A moins que ça ne soit la nostalgie qui parle, allez savoir...
D'autre part, parce que toujours au début, il y a d'autres points sur lesquels grincer. La plume encore un peu maladroite. Les répétitions, tantôt dans les formulations, tantôt dans les idées, au point de râler mentalement un « oui, c'est bon, on a compris ! » plus d'une fois. Mais surtout, les prises de bec entre les personnages principaux qui semblent incroyablement artificielles. On n'y croit pas une seconde, ni à leur animosité, ni à leur prétendue attirance. Sans parler de leur rapprochement qui sort de complètement nulle part...
Pourtant, à partir de là, ça devient franchement meilleur et même carrément bon : Rosena et Alistair tentent de découvrir l'origine de leurs problèmes tout en gérant l'évolution de leurs sentiments, et celle-ci, à contre-courant du reste, s'avère extrêmement naturelle, d'une simple attraction à l'amour le plus profond, quand bien même le contexte ne s'y prête pas. La recette fonctionne diablement bien, et même si finalement il n'y a pas tant de rebondissements que ça, on se laisse happer par leur quête de réponses. La partie romance est indéniablement ce qu'il y a de meilleur dans
I put a spell on you, et on pardonne finalement sans difficulté son démarrage un peu bancal.
Et puis soudain, patatras. On est à environ 80% du roman, les révélations tombent comme un cheveu sur la soupe et dans une avalanche de clichés qui viennent tout gâcher, scène d'action hyper confuse à l'appui. COMME PAR HASARD pas de hasard, tout est lié (c'est si pratique !) : Rosena et Alistair n'évoluent plus dans un monde, c'est celui-ci qui évolue autour de leurs petites personnes. Et puis autant rajouter une histoire de fin du monde, on est plus à ça près question surenchère. Oh, et pourquoi ne pas conférer la connaissance ultime à un des personnages tant qu'on y est, ça permettra de boucher tous les trous de l'histoire sans se poser de questions.
Je veux bien être très bon public, en particulier en paranormal romance (c'est mon gros kif après tout), mais tout ça, ça fait beaucoup. Beaucoup *trop*. Beaucoup trop de facilités, beaucoup trop de clichés, beaucoup trop de maladresses, ça torpille une histoire qui jusque-là ne faisait pourtant que se bonifier.
Et même en admettant que vous parveniez à passer outre, vous risquez de subir la déception puisque les descriptions très sommaires peinent à dépeindre le pur chaos auquel on est censés assister. Pif, paf, pouf, en un petit chapitre, c'est réglé. On te parle d'une puissance « supérieure à une bombe atomique » mais les dégâts ne s'étendent pas au delà de Central Park. Il en va de même du manque cruel d'émotions dans certains moments... Il faut dire que les personnages secondaires sont tellement à l'arrière-plan que l'on ne peut pas vraiment s'attacher à eux. Notons tout de même la présence appréciable de gays et d'une lesbienne, c'est discret mais c'est là, et c'est cool. Quant à Alistair, il glisse dangereusement vers un comportement de pur c***d sur la fin ; être amoureux ne justifie pas tout.
Bref, ça partait moyennement avant de devenir sympa voire très sympa, puis hélas retomber comme un soufflé et enfin, autant dire les choses comme elles sont, magistralement se planter. Dans l'ensemble, on ne peut pas à proprement parler de mauvaise lecture, pas quand le plaisir est tout de même là du quart aux trois-quarts de l'histoire. Mais de bonne ? Non plus. Gros bof.