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Michel Delon (Préfacier, etc.)
EAN : 9782904227097
96 pages
Les Editions Desjonquères (22/02/1996)
3.94/5   8 notes
Résumé :
Texte intégral conforme à l'édition de 1735
Présentation de Michel Delon

Madame de Tencin aurait pu se contenter de faire de sa vie un roman : le scandale, l'ambition et l'intrigue en auraient constitué les ingrédients.
Or en 1735 elle fait paraître un des textes les plus sensibles du XVIIIe siècle : mémoires du Comte de Comminge, court roman dont la trame évoque l'aventure de Roméo et Juliette.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Très forte personnalité, Madame de Tencin a marqué son époque, collectionnant les amants, gagnant des grosses sommes dans les affaires, dont certaines très douteuses, mais aussi en tenant un remarquable salon, et en écrivant des romans célèbres en son temps, et qui ont été imités. Les mémoires du comte de Comminge, paru en 1735 est le premier d'entre eux.

Il s'agit du récit d'un amour malheureux. le comte de Comminge tombe amoureux de sa cousine, Adélaïde. Malheureusement, les pères des jeunes gens sont brouillés, et le père du comte est même sur le point de faire un procès au père d'Adélaïde. Il refuse donc l'idée d'un mariage entre les deux cousins, et veut même faire épouser à son fils une autre jeune fille. Devant le refus du,comte il l'enferme dans une sorte de cachot. Pour le faire libérer, Adélaïde accepte d'épouser un autre homme, le prétendant le plus désagréable parmi ceux qui se sont présentés. le comte est libéré par son père, et il n'a de cesse que de revoir sa bien-aimée. Il parvient à entrer chez elle déguisé en peintre. Mais les choses tournent mal, le mari surprend sa femme avec le comte, et ce dernier le blesse en se défendant. Il doit s'enfuir, et se réfugie dans un couvent, où il apprend la mort d'Adélaïde, brimée par son époux. Il prononce ses voeux pour lutter contre ses souffrances, mais un dénouement inattendu termine le roman.

Là encore nous sommes dans un roman qui rappelle la princesse de Clèves, et cela d'une manière encore plus marquée que chez Madame de Genlis. Il y a en effet le triangle amoureux, entre le mari, la femme et le bien-aimé. Mais de différences notables existent entre les deux romans. Chez Madame de Tencin, c'est le père du comte qui empêche le bonheur des deux jeunes gens, en dépit du bon sens, d'une manière tyrannique et abusive. Chez Madame de Lafayette, c'est le sens du devoir, le sentiment de ce que l'on doit aux autres et à soi-même qui ne permet pas la réalisation de la passion amoureuse. le conflit intérieur déchire l'héroïne, alors que les personnages de Madame de Tencin ne doivent leurs souffrances qu'aux autres. Il y a donc tout une série d'événements, de coups de théâtre, assez mélodramatiques parfois, et dont on a la sensation qu'ils anticipent sur le roman gothique (l'enfermement dans le donjon, le refuge dans le cloître, les déguisements des personnages etc) voire sur le roman romantique, avec un amour absolu qui refuse les règles sociales en vigueur, et qui est indépassable. Une sorte de passion, presque obsessionnelle semble animer le héros, qui ne semble plus pouvoir exister en dehors d'elle, menant les deux amoureux à leur perte. La sensibilité domine entièrement la raison, il n'est pas possible de la dompter, le héros perd la maîtrise de lui-même et ne peut que suivre sa passion là où elle le mène, c'est à dire à sa perte. Rien d'autre n'existe pour lui.


Madame de Tencin semble avoir traduit au goût de son époque la tradition littéraire de l'amour passion fatale. Certains aspects peuvent apparaître datés, mais le roman est intéressant, en faisant le lien entre une conception classique, et une conception romantique qui émergera un peu plus tard.
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On peut trouver les prémices du roman gothique dans la première moitié du dix-huitième siècle, plus précisément à Paris chez Mme de Tencin (1682-1749) dans le court roman que voici.

Mère de Jean d'Alembert et célèbre salonnière comme Claire de Duras après elle, elle n'avait pas vraiment une vocation d'auteur. Après vingt-deux ans passés au couvent contre son gré, elle s'était installée à Paris depuis 1711 où elle ouvrait un salon tout d'abord consacré à la politique et aux finances, et plus tard à la littérature, fréquenté par Marivaux, l'abbé Prévost, Montesquieu, etc.

Dans 'Les mémoires du comte de Comminge', nouvelle écrite dans la belle langue pure et soutenue du dix-huitième siècle, nous trouvons déjà toute cette exaltation de l'époque romantique d'un amour obsessionnel que deux amants se vouent et qui traversent la terre aride semée de toutes sortes d'obstacles sans que leur passion ne s'éteigne. Éloignements, humiliations, enfermement dans une tour, ensevelissement chez les Trappistes, rien n'y fait, Adélaïde et le comte de Comminge n'arrêteront jamais de s'aimer. Adélaïde ira même jusqu'à se déguiser en homme afin de rejoindre le comte de Comminge qui, la croyant morte, s'était réfugié au Monastère de la Trappe.

Le succès de cette nouvelle était tel que Baculard d'Arnaud (1718-1805) en avait fait un drame qui avait connu également un grand succès, ensuite les peintres romantiques se sont accaparés du thème.

Précurseur des romantiques et le goût pour le noir et le lugubre, Baculard d'Arnaud avait déjà écrit dans sa préface au drame du Comte de Comminge combien le pathétique et le suspense ont un pouvoir indéniable sur les hommes.
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Le fils du Comte de Comminge tombe amoureux de la seule personne qu'il ne doit pas. Adélaide de Lussan est la fille du plus grand ennemi de son père. Les deux pères séparent les jeunes amoureux, Adélaide est mariée et personne ne sait où elle est partie. Il fera tout pour la retrouver jusqu'à avoir un duel avec son mari, mais la perdra quand même.
Un récit court sur un amour impossible que j'ai lu avec un intérêt mitigé.
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Et encore un classique que j'ajoute à cette communauté de lecteurs, un. Roman court, proprement écrit, mais aux personnages un brin horripilants.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je ne me trompais pas : les lettres que je reçus par cet homme, qui venait effectivement pour moi, m'apprirent que mon père n'avait voulu entendre aucun accomodement ; et pour mettre le comble à mon infortune, j'appris encore que mon mariage était arrêté avec une fille de la Maison de Foix, que la noce devait se faire dans le lieu où j'étais, que mon père viendrait lui-même dans peu de temps pour me préparer à ce qu'il désirait de moi.
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Je me pressai de lui dire que le mari de mademoiselle de N… avait du mérite, de la naissance, qu’il tenait un rang considérable dans le monde, et qu’il y avait apparence que sa fortune deviendrait encore plus considérable. Vous vous trompez, me répondit-elle, si vous croyez que tous ces avantages la rendent heureuse ; rien ne peut remplacer la perte de ce qu’on aime. C’est une cruelle chose, ajouta-t-elle, quand il faut mettre toujours le devoir à la place de l’inclination. (Mercure, p.72)
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Si elle m’aime, disais-je, elle saura quelque jour le sacrifice que je lui ai fait ; mais je le lui laisserai toujours ignorer, si je ne puis toucher son cœur. Que ferais-je d’une reconnaissance qu’on serait fâché de me devoir ? Je veux qu’Adélaïde m’aime, et je ne veux pas qu’elle me soit obligée. (Mercure, p.25)
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Il ne chercha point à me consoler par ses discours, il me montra seulement de la sensibilité pour mes peines.
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Quand on est bien malheureux, on sent toutes ces petites choses, qui échappent dans le bonheur ; le cœur dans le besoin qu’il a de consolation, n’en laisse perdre aucune. (Mercure, p.52)
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