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EAN : 9781095718377
192 pages
Agullo (22/02/2018)
3.82/5   11 notes
Résumé :
" Le troisième mandat avait été le plus terrible... Après ça, tout était allé de soi. Il était devenu dictateur. "
Cloîtré dans une serre au verre sali par la pluie, d'où il dirige la Roumanie d'une main de fer depuis plus d'un demi-siècle, le dictateur s'apprête à lancer son grand défi à l'Histoire. Pour échapper à l'érosion du temps, il a fait construire en secret un portail entre présent et passé, capable de ramener les morts. Et demain, il ramènera le plu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ma connaissance de la Roumanie et de sa littérature se limitant jusqu'ici à Vlad Tepes - alias Dracula - et Virgil Gheorghiu (pour son chef d'oeuvre La Vingt-cinquième heure), je n'ai pas résisté à l'attrait du quatrième de couverture intriguant de ce roman nouvellement paru de Bogdan Teodorescu : « Cloîtré dans une serre au verre sali par la pluie, d'où il dirige la Roumanie d'une main de fer depuis plus d'un demi-siècle, le dictateur s'apprête à lancer son grand défi à l'Histoire. Pour échapper à l'érosion du temps, il a fait construire en secret un portail entre présent et passé, capable de ramener les morts. Et demain, il ramènera le plus illustre d'entre eux : un grand homme, un grand guerrier, un grand patriote… Michel le Brave. Mais quand le leader d'une époque où empaler ses adversaires était pratique courante débarque dans notre réalité, les réactions en chaîne sont pour le moins imprévisibles… ».

Le Dictateur qui ne voulait pas mourir est un livre à la fois très roumain et très universel. D'un côté l'histoire roumaine, les boïers et autres voïvodes, les provinces de Transylvanie, de Valachie et de Moldavie, les voisins ennemis Ottomans et Hongrois, l'occupation Russe et tous les personnages historiques rassemblés dans un petit glossaire en fin d‘ouvrage. de l'autre, des réflexions universelles, intelligentes et poussées sur la politique par tous les temps, les mécanismes et les acteurs du pouvoir, la place du peuple et les enjeux des systèmes.

Il était une fois un vieux dictateur qui, sous couvert de « Je veux offrir encore plus à ma nation », mit en place un projet pour vaincre la mort. Ainsi, « lorsqu'il ne serait plus, quelqu'un pourrait le faire revenir pour une vie sans fin ».

Bogdan Teodorescu, en un roman choral à la construction impeccable, interroge tous les acteurs de cette intrigue. le bras droit, l'adversaire politique, le subalterne, l'idéaliste, le parvenu. Et c'est passionnant. Les rouages du pouvoir, chacun à son niveau qui croit tirer les ficelles mais se retrouve le pantin d'un autre, ceux qui vendraient père et mère pour une miette de pouvoir… « La tentation de l'excès est énorme. Quoi de plus agréable que de grimper sur les dos courbés devant vous ? »

L'ensemble est cynique, érudit, d'un humour féroce, l'intrigue part complètement en vrilles d'une manière jubilatoire. Une seule chose je crois m'a agacée pendant cette lecture : la place ridicule accordée aux femmes. Eternelles subalternes, épouses ou assistantes. La Roumanie serait-elle donc vraiment une pure nation de machos ? En même temps, tout le monde dans le Dictateur qui ne voulait pas mourir en prend vraiment pour son grade… des tas de dents ont dû grincer en Roumanie quand le roman est sorti !

Le Dictateur qui ne voulait pas mourir a vraiment été une excellente surprise. Une fable politique surprenante, une satire habile déguisée en dystopie.

« Comment leur expliquer la peur de la mort, pas celle qui est générée par le phénomène biologique, mais par le phénomène social ? La peur de penser que tout ce qu'il sait, tout ce qu'il a pu représenter, tout ce qu'il a construit peut disparaitre avec ce vieux corps presque impuissant. »

Un grand merci aux Éditions Agullo et à Babelio pour l'envoi !
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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L'avantage des gens morts, c'est que vous pouvez les faire parler sans qu'ils puissent jamais vous contredire. Raison pour laquelle toute cause finit systématiquement par s'attacher les services d'un personnage ou d'un événement historique, pour s'approprier son éclat, sans devoir répondre à des questions gênantes.

Le président de Roumanie, qui règne paisiblement en dictateur sur le pays depuis des décennies, est pourtant décidé à remettre en cause ce principe de précaution : son pays vient en effet d'acquérir la technologie permettant d'amener dans le présent des hommes du passé. Une bonne occasion de montrer au monde entier que la Roumanie a compté dans l'histoire du monde, et que les autres nations feraient bien de ne plus la snober de façon aussi méprisante. Et, accessoirement, une façon de devenir immortel, en demandant à quelques fidèles terrorisés de rappeler leur président du passé à chaque mort.

Le roman est difficilement classable, mais je le rangerais dans les satires politiques. L'auteur démontre en effet les mécanismes qui permettent à une dictature de s'installer : idéalisme, lâcheté, trahisons, … et jusqu'où un homme est capable de s'abaisser pour s'approprier une miette de pouvoir fragile. L'humour à ce sujet est assez féroce, et même si je connais très peu l'histoire de Roumanie, j'imagine que certaines personnalités en prennent pour leur grade.

Un excellent roman à conseiller à tous les cyniques et les misanthropes. Même s'il parle principalement de la Roumanie, on peut facilement transposer la situation à tous les pays. J'assisterais d'ailleurs avec grand plaisir aux débats sur la question « Quel grand personnage national faut-il faire revenir du passé ? » dans le mien !
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Avant de commenter ce livre, il me semble approprié de vous présenter rapidement les éditions Agullo.

Il s'agit d'un éditeur bordelais qui a deux particularités importantes. La première tient à ses couvertures, qui ont longtemps été faites par rayographie. Il s'agit d'un procédé par lequel on dépose un objet sur un papier imprégné de produit photosensible dans une chambre noire comme celles qu'utilisaient les photographes. On allume ensuite la lumière un bref instant. Les contours de l'objet sont ainsi marqués sur le papier. Ce procédé n'est cependant plus vraiment pratiqué par Agullo, qui depuis quelques temps s'est trouvé une nouvelle identité visuelle qui ne nécessite pas de matériel coûteux comme une chambre noire ou du papier photosensible.

Le deuxième particularité des éditions Agullo, c'est qu'il s'agit d'un éditeur qui publie des traductions d'oeuvres de littérature étrangère (le plus souvent d'Europe de l'est) généralement accessibles et surtout peu voire pas connues en France. le livre dont nous allons parler, par exemple, a été écrit par un auteur roumain.

Ce livre nous conte l'histoire d'un président roumain qui souhaite utiliser la technologie roumaine de pointe afin de faire un portail spatiotemporel et d'y faire passer un ancien personnage historique roumain. L'idée est de prouver la supériorité des ingénieurs roumains sur ceux des autres pays mais également d'utiliser ce portail afin de pouvoir aller dans le futur et continuer à gouverner la Roumanie après sa mort.

Ce qui est intéressant dans ce livre, avant tout, c'est la forme. le récit se forme par de multiples parties où l'on part du point de vue de divers personnages (le président, son conseiller, le pape, etc.). Ce système a néanmoins tendance à créer quelques confusions pendant la lecture. La lecture est néanmoins grandement facilitée par l'éditeur, qui a notamment mis un lexique dans lequel on peut découvrir à qui correspondent les nombreux noms de personnages historiques roumains qui sont abordés au fil du livre.

On peut voir dans l'image politique de la Roumanie dans le livre une référence à la dictature communiste qui a pris le contrôle du pays de 1947 à 1989, sous l'impulsion russe. Certains éléments du récit font d'ailleurs penser à la période de la révolution roumaine de 1989.

Ce livre doit donc être lu en connaissance de l'histoire roumaine du XX° siècle, mais également des figures historiques roumaines. Il n'en est pas moins que c'est une excellente lecture, qui m'a permis d'en découvrir un peu plus sur l'histoire d'un pays dont je me suis aperçu que je ne sais pas grand chose.
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C'est un nouveau titre à ne pas manquer qui vient s'ajouter au catalogue des éditions Agullo. le dictateur qui ne voulait pas mourir est le dernier roman de Bogdan Teodorescu, bien connu dans les librairies françaises depuis Spada paru en 2016 et finaliste du Prix du livre européen la même année. Que donne donc cette nouvelle parution offerte par l'auteur d'origine roumaine ? Lettres it be vous dit tout dans les lignes qui suivent !


# La bande-annonce


Cloîtré dans une serre au verre sali par la pluie, d'où il dirige la Roumanie d'une main de fer depuis plus d'un demi-siècle, le dictateur s'apprête à lancer son grand défi à l'Histoire. Pour échapper à l'érosion du temps, il a fait construire en secret un portail entre présent et passé, capable de ramener les morts. Et demain, il ramènera le plus illustre d'entre eux : un grand homme, un grand guerrier, un grand patriote... Michel le Brave.


Mais quand le leader d'une époque où empaler ses adversaires était pratique courante débarque dans notre réalité, les réactions en chaîne sont pour le moins imprévisibles...


Dans ce roman énigmatique, Bogdan Teodorescu nous confronte à un passé qui vient rappeler que l'homme reste un loup pour l'homme.


# L'avis de Lettres it be


« […] le porte-voix d'auteurs d'ici et d'ailleurs qui expriment et partagent leurs histoires, leur culture, leurs joies, leurs espoirs et par-dessus tout, leur humanité. » C'est ni plus ni moins le leitmotiv des éditions Agullo qui assurent la parution de ce dernier roman de Bogdan Teodorescu. L'auteur roumain revient dans le catalogue de cette maison d'édition en pleine expansion, pour notre plus grand plaisir, et propose cette fois une fiction sur les derniers temps d'un dictateur en mal de popularité. Mais loin de n'offrir qu'une rêverie politico-sociale, l'auteur également journaliste et professeur de marketing politique et électoral met à notre disposition une véritable réflexion sur notre Histoire proche et les temps qui nous attendent.


Au coeur d'une Roumanie de quasi-fiction, un simili-dictateur rêve de faire revenir les héros du passé pour mieux régner et attiser les passions populaires pour les grandes figures en assurant par la même occasion sa pérennité. C'est le point de départ choisi par l'auteur pour proposer un roman qui se situe à la frontière de nombreux genres, de nombreuses classifications. Difficile en effet de s'arrêter sur un qualificatif pour ce Dictateur qui ne voulait pas mourir. D'un humour assumé, on passé sans coup férir à une réflexion sur nos systèmes politiques bien actuels et passés, voire à une mise en lumière des diverses manipulations politiciennes que nous pouvons avoir à subir ces temps-ci. En effet, la résurgence des figures du passé, l'appropriation des tranches d'Histoire pour tenter d'éclair le présent, tout cela et bien d'autres choses encore sont autant de situations que l'on retrouve dans nos sociétés, à regret. Et Bogdan Teodorescu s'en amuse, pour notre plus grand plaisir !


Après le témoignage poignant de Marion le Roy Dagent dans L'enfant et le dictateur qui nous amenait à vivre au côté d'une enfant meurtrie dans les derniers jours du règne du dictateur roumain Nicolae Ceaucescu, Bogdan Teodorescu allège les débats et propose une saillie politique qui oscille entre humour féroce et réflexion profonde. Une lecture surprenante, inclassable, globalement bien construite, et qui confirme tout le bien que l'on pouvait penser jusqu'alors au sujet d'un auteur qui devrait nous offrir de nouveaux coups de collier politico-socio-romanesques dans les années à venir.


Découvrez la chronique en intégralité sur Lettres it be
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Nous sommes plongés au coeur de la Roumanie actuelle, le pays est dirigé par un homme qui fut élu président une première fois, une seconde fois puis plus difficilement une troisième fois. Et afin d'éviter toute déconvenue il décide de transformer sa présidence en dictature. Il dirige la Roumanie depuis une serre salie par la pluie dont il ne sort jamais, le peuple n'a plus vu son président depuis plusieurs années mais ne semble pas être mécontent de la situation. Après un demi-siècle de pouvoir ce dernier se voit vieillir mais ne veut pas pour autant renoncer à son statut. Il lui vient alors une idée qui permettrait d'abord de montrer au monde, qui sous-estime grandement son pays, que la Roumanie est dotée de ressources insoupçonnée et dans le même temps de devenir immortel, il veut faire revenir du passé un des grands hommes qui a fait l'histoire de la Roumanie.

Depuis quelques temps se construit donc une machine qui servira de portail entre le présent et le passé, capable de ramener les morts… le Président sait déjà quelle personnalité il veut faire revenir dans le présent, mais consulte quand même ses hommes afin d'avoir leur avis. Ce sera l'occasion d'une réflexion sur l'histoire de leur pays afin de déterminer quel homme est le plus légitime et digne à représenter la Roumanie. Ce sera Michel le Brave, un grand homme mais surtout un grand guerrier, alors tout va-t-il se dérouler selon le plan ?

Ce roman est composé de plusieurs parties, chacune se focalisant sur les hommes qui gravitent autour du Président pour connaître leurs réactions face à l'événement qui se prépare. Il y a d'abord son conseiller, un homme intelligent qui dirige les hommes du pouvoir par le chantage et la menace, puis un académicien ou encore le Capitaine, un ancien adversaire du Président qui cultive l'idée d'une revanche.

L'idée de Bogdan Teodorescu est très originale et permet de traverser à la fois l'histoire ancienne de la Roumanie tout en proposant une critique de son histoire plus récente, celle de la dictature sous Ceausescu mais surtout celle des hommes politiques qui ne consacrent aucune importance à leur peuple et qui sont prêts à tout pour accéder au pouvoir et surtout le garder. Ce roman nous offre aussi une histoire captivante, pleine de rebondissements avec différents univers. Je trouve seulement dommage que la partie historique de la Roumanie soit si courte, seulement quelques pages y sont consacrées dans lesquelles les hommes qui on fait ce pays sont cités et il faut se reporter au glossaire à la fin du livre pour en savoir plus sur leurs vies.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Beau garçon, très beau même, de bonne famille, le Premier ministre portait un nom à résonance culturelle ; il avait réussi ses études en entretenant les soupirs d'amour d'une professeure nettement plus âgée et plus épaisse que lui, était entré en politique sous les jupons d'une dame moins jeune aussi, mais fortement désireuse de s'assurer la vigueur de jeunes et puissants rejetons ; il avait joué le rôle de conseiller d'un homme politique rongé par une longue maladie, qu'il avait vendu au moment opportun ; il avait posé au jeune premier bardé de valeurs culturelles, s'était construit une relation avec une vedette de cinéma dont il avait discrètement distillé les détails dans la presse, avait publié plusieurs livres écrits par d'autres – par des étudiants en histoire pauvres –, et c'est ainsi que, passant d'un bord à l'autre, flattant dès qu'il fallait flatter et où il le fallait, dénonçant tout ce qui pouvait l'être, tout à tout digne, européen et cultivé, il s'était retrouvé Premier ministre. Salué par la presse intellectuelle comme une belle victoire de la classe politique autochtone.
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Quand on se cache derrière les livres, derrière les mots, derrière les concepts lancés par les autres, on ne vit pas soi-même. On est trop occupé à apprendre, à lire, à étudier les idées d'autrui, à remplir le vide de son esprit avec l'enseignement des maîtres. Ce vide ne se remplira jamais, jamais on ne pourra assimiler entièrement l'enseignement des autres. Mais ce qu'on aurait pu vivre et accomplir soi-même est perdu. Tout ça pour avoir eu peur, dans sa jeunesse, de choisir sa voie ; on devient un homme de culture, on suit le chemin ouvert par ceux qui nous ont précédé. Ce genre d'hommes ne doit pas durer. Ils sont utiles pour leur propre génération, pour leur propre vie et ils doivent finir avec elle.
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Les gens sont petits, monsieur le Président. Ils ont une petite vie, de petits désirs, de petits moyens, de petits problèmes qu'ils passent toute une vie à tenter de dépasser en se débattant. Les gens sont petits et ils n'ont que rarement, très rarement, de grandes idées. C'est tout. Ne vous faites pas d'illusions : votre appareil à promener nos souverains dans le temps n'est pas une grande idée. Les grandes idées rendent la vie des petites gens plus facile à manipuler.
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Comment leur expliquer la peur de la mort, pas celle qui est générée par le phénomène biologique, mais par le phénomène social ? La peur de penser que tout ce qu’il sait, tout ce qu’il a pu représenter, tout ce qu’il a construit peut disparaître avec ce vieux corps presque impuissant.
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La plus douce des dictatures est la démocratie. C’est la dictature de la loi. Et la plus difficile… Il faut bien comprendre, à tout instant, que si l’on peut faire tout ce que l’on veut, si le système accepte dans le principe même tous vos excès, en réalité, vous ne pouvez pas faire grand-chose. Or la tentation de l’excès est énorme. Quoi de plus agréable que de grimper sur les dos courbés devant vous ?
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