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3,84

sur 1531 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
New York. Saul Karoo est un écrivain d'un genre particulier : il réécrit des scénarii de films d'auteurs pour en faire des "navets" grand public en les faisant rentrer dans le moule des canons hollywoodiens. Ecrivain raté, incapable d'autre chose que de mutiler le travail des autres, il traîne plusieurs tares physiques et émotionnelles : grand fumeur et grand buveur (mais incapable d'éprouver de l'ivresse), menteur pathologique, instable dans ses opinions, il ne peut s'empêcher de faire du mal aux gens qui l'aiment... notamment son fils adoptif qu'il esquive à chaque fois que celui-ci tente de se rapprocher de lui.

Lorsqu'il rencontre, au détour d'un scénario, la mère biologique de son fils adoptif, Saul Karoo se met en tête de se racheter... Mais son aura destructrice ne se dissipera pas si facilement.

C'est l'histoire d'une chute, d'une désintégration. C'est caustique, très fin psychologiquement. Magistral. Un roman culte.
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Génialissime: un drôle de titre, un drôle de couverture, j'ai ouvert le livre sans trop savoir à quoi m'attendre, je ne l'ai plus lâché. on se croit à Hollywood, dans l'univers des strass et des paillettes et c'est en fait une tragédie grecque que l'auteur ne invite à lire...surprenant, inattendu, dérangeant, addictif...
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Une pépite, carrément !
Embarquée dans cette aventure américaine d’environ 600 pages tout de même, je n’ai pas vu le temps passer. C’est dire combien l’histoire m’a parue palpitante. J’attendais la baisse de régime, le coup de mou…et bien non, même la chute finale est imprévisible, maitrisée.
Ce roman original - un scénario peut-être - est très bien construit, entièrement narré par un héros à bout de souffle, en pleine crise de la cinquantaine, qui finit presque par devenir sympathique alors qu’il a vraiment tout pour inspirer le rejet. Il faut dire que l’auteur, Steve Tesich, décédé en 1996, peu après avoir achevé ce roman, a été scénariste, ce qui explique sans doute l’efficacité du récit et de son écriture. Je tiens d’ailleurs à souligner que la traduction doit être remarquable, tant la lecture est fluide.

1991, entre New-York, L.A. et Pittsburgh, j’ai donc suivi sans trop le lâcher, un « script doctor » à succès d’Hollywood, Saul Karoo, la cinquantaine friquée, alcoolique, sans scrupule, perpétuellement en instance de divorce, un fils adoptif délaissé, et un nombre incalculable de névroses, maladies. Bref, l’homme instable à fuir, d’où probablement son vide affectif chronique.
Le roman démarre sur un constat : quelque soit la quantité d’alcool ingurgitée, il lui est devenu impossible de s’enivrer, lui, l’alcolo notoire. Il ne supporte plus non plus aucune forme d’intimité. C’est sûr, il file un très mauvais coton et…il le sait parfaitement.

Entre fuites en avant permanentes et tentatives de rédemption, Saul Karoo va tenter tant bien que mal de sortir de l’impasse où son mode de vie l’a mené.
C’est cynique, incisif, souvent drôle et extravagant, fort intéressant aussi car sous les excès pointent des bribes de réflexion et de sagesse inattendues.
Pour moi, c’est évident, Steve Tesich avait « le talent et l'élan créateur pour devenir écrivain ».  
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"Karoo" est un roman chaudement recommandé par tous les libraires, mais c'est avant tout une odyssée hors normes. Saul Karoo est un être détestable dont le destin va dérouter toutes ses croyances et ses convictions. L'homme qui ne porte aucun intérêt à autrui, qui subit quotidiennement les relations et les échanges avec le monde qui l'entoure, va prendre concience de la relative importance des autres dans son existence. Jusque là, rien ne semblait pouvoir l'atteindre, et pourtant des évènements vont foncièrement modifier son rapport à la vie.
Les trois quarts du roman, à la 1ère personne, nous font découvrir Saul Karoo, homme antipathique, de par sa richesse quasi illimitée, son égoisme permanent, son hypocrisie pleine de lâcheté, sa méchanceté gratuite et son royal "jemenfoutisme". Mais malgré ce portrait chargé de défauts, le suivre dans ses déambulations, a été une expérience réellement jubilatoire. Je me suis vraiment amusé avec un plaisir coupable. La dernière partie, à la 3ème personne, est beaucoup plus philosophique, avec une pincée de bons sentiments qui tranche , peut être un peu trop, avec le personnage Karoo et éteint sur la fin l'attachement malsain que l'on avait jusque là.
Bon moment de lecture immoral un peu terni par les 100 dernières pages.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Ah! cette peur qu'ont tous les lecteurs boulimiques de passer à côté de chefs d'œuvre, cette rage de ne pouvoir absorber qu'une infime partie de ce qui a, est et sera écrit. Mais le roman définitif a été publié qui rend désormais inutile toute lecture future.
Donc Karoo le livre ultime. Par lequel tout est dit. Roman du langage qui affirme que tout a déjà été écrit et que cela l'a été en pure perte.
Je serais prof de linguistique je mettrais ce bouquin au programme. L'essentiel y est consacré à la fonction la plus triviale de la communication: en gros, je cause, tu causes et rien de ce que nous disons n'a d'importance. Avec sa femme, ses collègues, sa mère, Karoo n'a pas d'autres échanges que cette parole apte à maintenir tout rapport humain dans la superficialité et le refus de l'intimité. Mais la fonction la plus haute de la communication est aussi au cœur de l'histoire: celle qui consiste à transformer le langage en art - et, faute d'en être capable, Karoo l'écrivaillon se réfugie dans le cynisme verbeux.
Tesich aussi d'ailleurs. Comme son héros il travaille à partir d'œuvres dont il n'est pas l'auteur, qu'il glose et paraphrase. Le bouquin est gorgé de références, pas une page sans qu'on se dise "Ah ouais Shakespeare /Waught /Maupassant / Proust / Orwell*..." (*Rayez les mentions inutiles pour ce paragraphe).
Plus la peine donc de surcharger sa bibliothèque. "Presque tout avait déjà été utilisé, c'était le prix de la traversée de cette partie du XX* siècle. "
Je ne sais pas si Tesich connaissait le célèbre passage de Sartre sur le garçon de café qui joue le rôle d'un garçon de café (car chacun d'entre nous a besoin de se montrer tel que les autres veulent le voir) mais peu importe; toujours est-il qu'il donne l'impression qu'aucun livre ne saurait désormais être davantage que la réorganisation d'ouvrages antérieurs (Comme Karoo fait son film en déconstruisant et remontant le chef d'œuvre qu'on lui a confié.)
Tout a déjà été dit et aucun roman ne pourra en dire plus que ce qui se trouve déjà chez Homère ou Sophocle.
Ou dans la Bible. Karoo est Saul, un Saul qui voudrait bien devenir Paul mais qui en fait de conversion sur le chemin de Damas n'obtiendra que la mort sur la route de Pittsburgh. A la toute fin, il découvrira que Dieu n'est que l'autre nom du néant. Mais la même image s'était présentée à Karoo lors de sa dernière rencontre avec Cromwell. "Saul comprit finalement avec qui ill traitait en la personne de Jay Cromwell. Le Néant. Le Néant lui-même. " En fait, comme le confirment ses initiales, Jay Cromwell est un avatar de Jésus Christ.
Dans ce monde sans transcendance, l'art n'a aucun intérêt.
Il ne sert à rien. Il ne donne pas de modèle à suivre: Leila a beau vouloir lire madame Bovary ou Anna Karenine, elle trompera quand même l'homme avec qui elle vit. Il ne donne pas davantage de mode d'emploi puisque Karoo sera incapable d'être le deus ex machina des gens qu'il aime. Il n'anoblit pas non plus ceux qui le pratiquent et le vieil homme mettra Karoo a la porte tandis que Cromwell n'aurait pas été plus ignoble s'il avait été inculte. Et surtout, surtout, il ne console pas: le chef d'œuvre de Houseman ne rend pas plus facile la perte de Leïla.
Toute vie commence par l'épopée avant de devenir tragique et de finir en farce. Alors vautrons-nous dans la farce nous dit Tesich, Elle est le seul et imparfait rempart contre le chagrin.

Bref ce roman est un tour de force mais il constate à défaut de la célébrer la mort de l'art. La mort de l'art et du sacré. Commencé dans l'alcool, il finit dans le sang: transsubstantiation sacrilège d'une société sans valeur que l'inceste lui-même ne fait plus frémir.

Alors pourquoi ne pas mettre une étoile supplémentaire à ce roman? Parce qu'il souligne et surligne tous ses effets et qu'on a trop souvent l'impression d'avoir pour le même prix le texte, le sous-texte et les notes explicatives en bas de page.
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Humour sarcastique, roman caustique, féroce.
L'histoire d'une déchéance, et une critique de la société américaine, drôlement menée.
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Il en est de la littérature comme de la conversation : certains sont plus doués que d'autres. On connaît ces champions des soirées entre amis qui accaparent l'attention quelque soit ce qu'ils vous racontent. Un talent de conteur. L'écriture peut donner lieu à ce phénomène : un don subtil pour captiver le lecteur. Steve Tesich est un magicien du genre. Plus de 600 pages pour un récit à la première personne pour une histoire qui pourrait tenir dans les quelques pages d'une nouvelle. Oui mais voilà, le narrateur donne rapidement l'impression de faire partie de la famille. Pas de forfanterie, ni de complaisance. Au contraire, Saul Karoo est suffisamment lucide pour dresser de lui-même un portrait au vitriol, qui le rend attendrissant. Il cultive l'autodérision à l'extrême. Quant aux portraits des relations de Karoo, ils sont dressés avec un sens aigu de l'observation, sans aucune méchanceté.

Le décor est essentiellement new-yorkais avec quelques incursions sur le reste du territoire américain, et les personnages évoluent dans le milieu du cinéma.

Karoo, persuadé de n'avoir aucun don de création réussit à merveille dans la correction de scénarios. Il est en train de divorcer et éprouve des difficultés pour prouver à son fils adoptif qu'il l'aime.
Si l'on ajoute à cela les soucis d'un corps malmené après quelques décennies d'excès en tout genre, la vie n'est pas une sinécure, le comble étant une soudaine insensibilité aux effets de l'alcool, qui lui interdit ce refuge de paradis artificiel. Jusqu'à ce qu'un film à édulcorer vienne bouleverser le destin de moultes personnes.

Cette intrigue cornélienne prend son temps. Elle se met en place peu à peu, on a le temps de voir arriver les drames qui se dessinent, tout en savourant le portrait doux-amer, avec quelques pointes d'une acidité grinçante

Finalement si l'on compare au dernier livre de James Salter, le thème et les personnages ne sont pas si différents et pourtant la lecture est infiniment plus séduisante ( à mon humble avis), que dans Et rien d'autre, qui n'avait pas réussi à me convaincre.

Un roman qui justifie le battage médiatique qu'avait occasionné sa sortie en France.


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un si bon livre. Les qualificatifs ne manquent pas, ce livre est vraiement excellent, magnifique, brillant et Steve Tesich avec son héro,cynique, pathétique, lâche, égoïste nous embarque dans une épopée moderne ou le lecteur/lectrice retrouvera tous les ingrédients d'une tragédie contemporaine.
Je le recommande vivement.
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J'ai lu les critiques. Tout y est.
J'ai lu les citations... et voilà ! Je replonge dans l'atmosphère, les pensées de Karoo, ce second degré si drôle. L'auteur si jeune et pourtant avec une telle maturité dans sa réflexion sur les méandres de l'âme.
Alors je clique : "j'apprécie" "j'apprécie" "j'apprécie" ...tellement de fois ! Ca n'a plus de sens. Karoo tu vas te moquer ! Alors je l'écris cette pensée. Tu m'as fait du bien, merci. Je trinque à la tienne !
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Saul Karoo est l'anti-héros dans toute sa splendeur ! On adore le détester, mais en même temps on aime suivre ses frasques !

Karoo est scénariste pour Hollywood, son surnom dans le métier : Doc. En effet c'est lui qui "répare" les scenarii, n'ayant pas reçu l'aval des grands producteurs. Bref c'est à lui qu'on doit tous ces films qui semblent être produit à la chaîne. Steve Tesich de son vivant était lui aussi scénariste pour le cinéma américain donc il est légitime de penser que ce qu'il décrit ici est malheureusement vrai : les auteurs, réalisateurs privés de leurs oeuvres, les acteurs que l'on fait espérer ... Un milieu plein de strass au premier abord mais qui s'avère plus glauque lorsqu'on regarde de près (rien qu'à penser au personnage du producteur Cromwell on a pas envie d'approcher ce monde).
Je ne veux pas trop développer l'intrigue ayant moi-même été spoilée lors d'une lecture d'un article (merci aux journalistes de révéler un point clé de l'intrigue !).

Karoo est un personnage qu'on a littéralement envie de secouer par moment ! Il est détestable dans ses rapports avec ses proches. Mais au fur et à mesure on est parfois attendri surtout dans la dernière partie du roman. Et c'est là qu'on voit le génie de Steve Tesich qui n'a malheureusement écrit que 2 romans, celui-ci étant publié à titre posthume. On est plein de sentiments contradictoires durant la lecture.

Merci aux éditions "Monsieur Toussaint Louverture" de faire traduire (brillamment qui plus est) des petites pépites comme cela, qui ont été un peu oubliées.
C'est une lecture que je recommande vivement à tous ceux qui (comme moi) aime la littérature américaine !

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