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3,1

sur 1112 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fable démoniaque inspirée de faits véritables survenus au XVIe siècle à Strasbourg.
La pauvreté, la famine et la maladie entraînent les misérables, affamés, désespérés, dans une farandole infernale, grotesque et contagieuse. Pendant ce temps les hommes d'Église s'empiffrent avec les conserves amassées dans leurs greniers. de la médecine et de la religion, aucun ne trouve de remède efficace.

Folie des croyances, folie des hommes, ignorance savamment orchestrée pour une sarabande de la misère. Quand on ne peut plus crier alors on danse. On danse son désespoir jusqu'à la folie, jusqu'à la mort. Les corps s'abandonnent, les âmes gesticulent, désarticulées. Ils risquent ainsi l'enfer promis par le clergé, mais pour eux, les gueux, l'enfer est sur terre.

Une écriture jubilatoire pour des faits sordides, un petit moment de lecture plein de pirouettes. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur cette terrifiante sarabande.
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Epidémies, canicule, famine, menace d'invasion, le sort s'acharne sur Strasbourg en cet été 1518, et voici qu'une jeune mère infanticide se met à danser son désespoir, bientôt rejointe par une foule de danseurs et de danseuses.
Et c'est une nouvelle épidémie qui touche la ville au grand dam des autorités locales, empêtrées dans des querelles internes.
Gouaille, humour noir, quelques belles formules, esprit décalé, parfois un peu provocateur ; pas de doute c'est du Teulé !
Je me demande qui d'autre, saurait placer, mine de rien, une phrase d'une chanson de C Jérôme dans un drame historique…
Une lecture sympathique, même si j'ai préféré "Je François Villon".
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Un fait divers bizarre : beaucoup se mirent à danser jusqu'à épuisement dans la ville de Strasbourg au 16e siècle.

Une étrange maladie qui frappe la population, dans un court roman historique, traité avec humour et anachronismes.

Mais ne vous y trompez pas, c'est aussi horriblement brutal, avec infanticide et cannibalisme! On y décrit une époque terrible, de famine et de désespoir.

Il n'y a que le noble évêque dont les réserves de nourriture sont pleines et il fait encore payer les miséreux à demi morts de faim pour les envoyer au ciel… À moins que la crainte de voir les fidèles se tourner vers les disciples de Luther pourrait adoucir le coeur du riche prélat?

Une danse macabre, un rigodon cynique qui ferait pleurer sur le sort des pauvres gens…
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Il y a plusieurs siècles, durant une période de famine épouvantable, dans la ville de Strasbourg, des habitant.e.s se mettent à danser jusqu'à ce que mort s'ensuive (pour certain.e.s).
Jean Teulé s'attache à nous narrer les faits par le menu , sans omettre le moindre détail et en insistant sur l'égoïsme du clergé (alors que la Réforme protestante est à sa porte et l'on comprend son succès) et l'irresponsabilité des dirigeants de la cité (qui essaient en vain des remèdes tous plus inefficaces si ce n'est nocifs les uns que les autres).
Ce récit, extrêmement bien documenté, empreint de l'humour noir dont l'auteur est coutumier, donnant des leçons d'histoire et de morale sans en avoir l'air et approfondissant son thème de prédilection - à savoir la mort (avec d'ailleurs quelques illustrations de danses macabres) m' a semblé plus intéressant que "Le magasin des suicides", un peu trop loufoque à mon gré.
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Ce Teulé là est vraiment gratiné !

Pour l'apprécier, il vaut mieux ranger au placard pudibonderie, piété et délicatesse et revêtir une armure prête à encaisser horreur, inhumanité et fléau.
Et bien sûr, s'armer d'un humour noir bien décapant.
Une fois parés, on peut y aller joyeusement et entrer dans la danse infernale que subirent des milliers de Strasbourgeois lors d'un été caniculaire du début du XVI ème siècle.
Et si au passage, on peut s'en donner à coeur joie pour dénigrer et accabler la Sainte Église Apostolique, ne nous gênons pas !

Bref, ce roman, il n'y a pas de doute, c'est du Teulé dans toute sa splendeur.
Après avoir lu La danse des damnées, roman sorti récemment et évoquant ce même sujet, je voulais avoir un autre aperçu de cette histoire surprenante. J'ai été servie ! Merci !
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« Il faut qu'un livre fasse rire, peur, bander »*

Jean Teulé refait encore une fois l'histoire, à sa manière décalée, délirante, débridée.
Il n'y a que lui pour imaginer une danse macabre dans des temps d'épidémies et de famine qui induisent infanticides et cannibalisme. Folie et sorcellerie virevoltent en sarabande contagieuse, mettant les édiles de la ville sous pression, et l'évêque en état d'Inquisition, agrippé à ses richesses.

Le décor du Strasbourg de 1518 est planté, guère éloigné de la réalité du temps (difficultés climatiques, disettes, émergence de la doctrine de Luther, peur de l'invasion turque) et cette fameuse farandole a bien été documentée par l'Histoire.

On plonge en plein Teulé: ça pue, ça grivoise, ça perd fluides et humeurs corporelles. C'est scatologiquement repoussant! L'auteur s'est lâché comme jamais dans le sordide tout en produisant une charge satirique décomplexée envers l'Eglise et le pouvoir civil. Mieux vaut se boucher le nez et prendre cette gaudriole comme elle vient.

On retrouve la plume inimitable de l'auteur, alliant vieux langage populaire et humour/sarcasme d'argot contemporain, un anachronisme amusant et vivifiant qu'il maîtrise parfaitement. Se nichent même parfois au sein de la prose des pieds d'alexandrins.

Si on sait à quoi s'attendre avec la bibliographie du plus irrévérencieux des auteurs, cette dernière fantaisie jubilatoire de « l'historien » Teulé est donc de bonne facture, déjantée et lyrique. Un plaisant moment littéraire qu'il ne faut pas prendre au sérieux mais que j'hésite pourtant à recommander car « ça passe ou ça casse »...

* Propos de Jean Teulé / Journal le Soir du 19 février 2018
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Le 12 juillet 1518, Strasbourg se met à danser. Et ne s'arrête pas pendant des semaines. Personne ne sait d'où vient cette frénésie de mouvement qui s'empare tout autant des pauvres que des bourgeois. Est-ce une épidémie, une malédiction ? Pendant un moment, on en vient à oublier la famine et la menace turque et on ne parle que de ces exaltés qui dansent jusqu'à l'épuisement, puis reviennent sur la place publique pour se trémousser encore et encore. « Celui-là, à terre, ne danse plus. Il est guéri ? / Non, il est mort. » (p. 19) C'est à croire que rien ne sera épargné à la ville : ni les maladies, ni les catastrophes naturelles, ni les scandales d'anthropophagie. « Ah, l'Enfer est ici. L'autre me fait moins peur. » (p. 18) Les religieux, les savants et les astrologues ne savent que faire. le maitre et l'évêque se refilent le bébé et, dans une querelle où n'auraient pas démérité Peppone et Camillo, ils tentent tout pour que ces foutus Strasbourgeois arrêtent de se déhancher. « Je me demande ce qui pourrait nous sauver et le sentiment de mon impuissance m'écrase. Tout va mal et le niveau risque encore de tomber. » (p. 57)

À partir d'un fait divers que la quatrième de couverture résume tout entier, Jean Teulé reconstruit une époque et y plonge le lecteur. Et toujours avec cette verve et cette langue verte et polissonne qui se foutent de la bienséance. « Strasbourg sans une goutte de bière donne une idée de l'Enfer. » (p. 85) C'est une façon de dépoussiérer l'histoire et de l'épicer un peu. C'est comme ça qu'on aurait aimé l'apprendre à l'école. Franchement moins chiante et carrément plus vivante ! « Cette année ne se révèle pas avare de malheurs de plus en plus dingues... » (p. 23) Et surtout, Entrez dans la danse donne envie d'entrer dans une bibliothèque ou une librairie et de rafler tout ce qui existe sur le sujet. Enfin, même si le rapprochement peut sembler audacieux, ce roman m'a beaucoup rappelé On achève bien les chevaux d'Horace Mac Coy : c'est la même misère hagarde et désespérée qui se retrouve sur la piste de danse. Parce que quitte à crever, autant le faire en tapant des pieds.
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C'est la famine à Strasbourg, et les barrières morales tombent les unes après les autres. Une mère, après avoir jeté son nouveau-né dans la rivière la plus proche (ce qui démontre un amour maternelle prononcé, car d'autres enfants du même âge ont déjà été mangés), se met à danser. de désespoir peut-être, ou alors parce qu'il n'y a plus grand-chose d'autre à faire. La contagion prend, d'autres désespérés entrent dans la danse, et comme le désespoir est la seule denrée à ne pas se faire rare, la ville se retrouve après quelque temps avec une bonne centaine de danseurs à gérer.

Le livre nous offre un curieux voyage dans une humanité poussée dans ses derniers retranchements. Les grands pouvoirs du monde (la médecine, la religion, la politique, …) se cassent misérablement les dents sur ce qui paraît un des problèmes les plus basiques de notre espèce : se nourrir quand on a faim. Les plus grandes thèses médicales, les sermons les plus menaçants, les édits les plus sévères font bien pâle figure quand les gens ont renoncé à former une société.

L'écriture soutient merveilleusement bien le thème, avec un humour féroce mêlé à un vocabulaire curieusement moderne. Peut-être habituel de l'auteur, mais je le découvrais avec ce livre et j'ai été agréablement surpris.

Un peu soulagé de pouvoir le refermer tout de même, car ce livre est une petite claque assez sèche.
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Je poursuis peu à peu ma découverte de l'oeuvre de Teulé, que j'avais tant apprécié dans le magasin des suicides. Ici, direction Strasbourg, où un mal étranger semble posséder les habitants. En effet, les villageois ne peuvent s'empêcher de danser... jusqu'à la mort, parfois. le côté historique du bouquin est bien fouillé. L'auteur nous propose même des insertions d'image qui illustre à merveille ce qui se passa en 1518. le bémol, parce qu'il y en a un, c'est que le bouquin fait un peu désordre. J'ai eu quelques fois l'impression de me perdre, comme si un fil conducteur manquait. Mais c'est une impression... et quelques passages n'étaient franchement pas nécessaire. Bref, une bonne lecture, mais dont je ne suis pas si certaine qu'elle me restera en mémoire très longtemps.
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*** ♫ ♫ Un Flashmob géant au 16ème siècle ! ...♫ ♫


Le roman historique de Jean Teulé - Entrez dans la danse - me concerne indirectement car cette histoire horrifique du 16ème siècle, fait partie de l'histoire de l'Alsace, région d'où je suis native.

Ainsi, c'est avec grand intérêt que je me suis plongée dans ce roman historique (sur des faits réels) qui traite de l'épidémie sur la danse de Saint Guy.

En 1510, Strasbourg est une ville fortifiée dirigée mollement par le Maire et par une poigne de fer par le Clergé.
Les habitants souffrent d'une grande misère et surtout de famine au point que des familles mangent les nouveaux-nés. Chiens, rats, vaches ... tous ont disparu ! Canicules a répétition, sécheresse et problème de climat (déjà à l'époque !) sont les causes désastreuses des récoltes inexistantes.
Seul le Clergé est riche de nourriture, de vin et s'en régal de leur côté, avec les hommes importants de la ville, à condition qu'ils soient en accord avec les religieux.

Un jour, Emmeline revient de la rivière. Elle a noyé son nouveau-né, pour éviter l'envie de cannibalisme. Puis elle s'est mise à danser dans la rue, prise d'une frénésie, sans pouvoir s'arrêter. Puis, d'autres habitants se joignent à elle, puis d'autres et encore d'autres ! ... Ils dansent, sans pouvoir se contenir jusqu'à l'épuisement total, jusqu'à la mort ...
Le Maire est dépassé par les événements, seul le Clergé qui hurle au satanisme trouve la solution : emmener les habitants à la maladrerie à l'extérieur de la ville afin de les mettre en quarantaine ...


Bien sûr en 1510, les gens étaient encore ignorants concernant certaines pathologies médicales, ils étaient loin de se douter que cette danse n'était rien d'autre qu'une épidémie venant de l'ergot de seigle (moisissures) provoquant une hystérie totale, une épilepsie commune. Les contaminés n'arrivaient plus du tout à contenir leurs mouvements bien qu'ils essayaient d'arrêter ...
D'un point de vue de l'Eglise, Satan était là pour punir les mécréants ...


Premier roman pour moi de Jean Teulé, une belle découverte qui ne va pas s'arrêter en si bon chemin littéraire.


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