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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chantal Thomas nage. Et elle invite ses lecteurs à la suivre dans les ondes méditerranéennes, à Nice, où elle éprouve toutes le sensations du plaisir de la nage, de la détente du corps dans une eau plutôt fraîche, au mois de juin, qui bouge au gré de vagues quelquefois tumultueuses.

Elle pratique la nage et non la natation, précision importante pour comprendre son cheminement aquatique. Celui-ci elle le parcourt en compagnie de ses auteurs, Roland Barthes, William Finnegan, Hugo, Kafka, Paul Morand, Charles Sprawson et d'autres. Quelques extraits de leurs oeuvres vienent ponctuer sa réflexion personnelle, au fil de ses rencontres ou observations sur la plage ou dans les rochers, le tout soigneusement sélectionné.

Elle distille ses perceptions sur l'état changeant de la mer, sa couleur, son mouvement, ses reflets avec un style qui coule, aussi paisiblement que les eaux de la Seine, car son livre comporte un petit intermède parisien et même vénitien où l'on voit des nageurs le long de la Seine sur des dizaines de kilomètres ou à travers la lagune de Venise.

Son livre a le format idéal, 140 pages à peine comprenant quelques illustrations dont la dernière, au Japon, présente un détail d'un panneau de Kitagawa Utamaro, avec deux femmes l'une pointant son doigt vers les poissons, l'autre ses seins, avec une jambe dans l'eau. Cette ultime image figure parfaitement le plaisir aquatique évoqué par Chantal Thomas au fil de ce joli livre.
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Ce journal est composé de quatre parties disparates dont l'unité est cependant assurée par le recours aux circonvolutions, à sauts et à gambades, dirait le Montaigne. La première partie est une évocation du premier confinement, avec comme fil littéraire le journal de Kafka et son goût pour le chlore des piscines. Car de nage, il ne peut être question alors que les corps sont contraints à l'inactivité. Quelques moments de cette période hors du temps sont évoqués notamment par le biais du retour du sauvage dans les villes, les incursions animalières, le langage Covid qui a structuré nos comportements parfois erratiques comme celui de cette pharmacienne qui conseille le port de trois couches de sac d'aspirateurs en guise de masque, puisque « des masques, il n'y en aura plus », dit elle à l'autrice à une date où ils n'étaient pas encore préconisés …

Deux autres paries sont centrées sur Nice et encadrent une courte incursion à Paris, Paris plage, où les contrastes urbains se rattachent à à la sauvagerie du début : les dealers et les sans abris se côtoyant sous les affiches des cinémas MKZ. Notamment celle du mépris de Godard où le corps de Bardot étale la rondeur parfaite de ses fesses sous le regard de Piccoli. Crise existentielle dans un vaste appartement de Rome, autre hors du temps …

Le journal de nage est surtout celui du retour aux sensations lors de cet été déconfiné, en ce lieu, Nice, qui rattache l'autrice à la figure de sa mère, Jacky. Autour de ce point d'ancrage, l'autrice vagabonde autour de la plage et des scènes quotidiennes qui n'ont l'air de rien. Elle y lie quelques figures littéraires, Hugo Pratt, Barthes, Casanova qui situait la dernière journée heureuse de sa vie sur une terrasse que la nageuse aperçoit entre deux vagues. La Méditerranée l'entraine à Corfou, où entre deux souvenirs autobiographiques, Casanova manque une entreprise de séduction à cause d'une histoire de gants et de moiteurs …

Sensations d'eau qui glissent d'une histoire à l'autre : un nageur qui fait sa Castafiore, un aria horizontal applaudi par les quelques plagistes matinaux. Souvent, ce sont des enfants ou des vieilles dames qui retiennent son regard, des moments fragiles : une nageuse d'un âge certain qui l'année d'avant encore laissait sa canne sur la plage pour entrer dans l'eau, et qui ne le peut plus et reste sur le rivage, un garçon qui fait prendre une douche à son épuisette toute neuve, lorsqu'il réalise qu'il n'y pas une seule crevette à attraper sur une plage lisse de rochers …

Les aller et retours peuvent se faire burlesques avec par exemple le goût de la nage qui pris les aristocrates anglais au XIX ème siècle. Une grenouille dans une vasque sur le tapis en guise de professeur et dont il imitaient les mouvements perchés à l'horizontale sur des tabourets de salon …

Ce que je retiens de ce journal est la capacité de l'autrice à glaner l'air du temps, à faire d'une succession de riens le récit d'une journée d'exception, ce formidable recours aux sensations pour capter l'anecdotique et en faire une joie. Ces moments de vacance dont nous ne faisons rien, elle en suggère l'enchantement fugace, comme un bain de petites bulles égrainées et mélancoliques.
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Chantal Thomas débute cet ouvrage alors que le monde est au coeur de la pandémie de Covid-19, confiné, mais aussi au moment où la nature semble parfois reprendre ses droits, où les rivières redeviennent claires, transparentes et où la faune s'aventure dans nos villes. Puis vient le moment de la liberté en partie retrouvée et des déplacements que l'on peut effectuer « presque sans entraves » et donc le temps des retrouvailles avec l'eau en général et la mer en particulier. L'auteure nous entraîne dans ces différents endroits qu'elle affectionne et dans lesquels l'élément liquide joue un rôle déterminant.
Il est difficile de résumer un « journal » car sa forme même en fait le contenant d'une multitude de petits récits aussi différents qu'indépendants les uns des autres. Pourtant, tout au long de ces pages, une constante subsiste. Celle de la fluidité de l'écriture et de la beauté de la plume qui nous permettrait presque de ressentir la fraîcheur, la douceur et la quasi sensualité de l'eau qui nous effleure.

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Ce journal de nage est lumineux, baigné de soleil même quand il décrit un ciel gris. L'autrice partage avec nous ces petits instants de bonheur, à la fois semblables et toujours légèrement différents, en invoquant Kafka, sa mère, et d'autres personnalités, amis ou inconnus croisés sur une plage.
Un livre comme un rayon de soleil fugace sur la peau.
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A l'été 2021, Chantal Thomas tient le journal de son séjour à Nice, mêlant le récit de ses bains de mer quotidiens (sauf mer trop agitée) et ses réflexions autour de la nage en eaux libres (par opposition à la nage en piscine ou sportive). Au fil de la lecture, on ressent le plaisir qu'éprouve l'auteure, après un an de covid et deux confinements, à retrouver ce lien fort qu'elle entretient avec l'élément liquide. La construction sous forme de journal garde le côté spontané des pensées parfois un peu désordonnées. A la lecture de ce livre, je retrouve la sensation éprouvée en marchant, cette divagation de l'esprit tandis que le corps est occupé par le mouvement régulier.
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Après l'expérience du confinement, le retour à la mer est d'autant plus salvateur qu'attendu par l'auteure. Nager est à chaque fois un plaisir retrouvé et une expérience singulière.
Dans chaque variation se niche la possibilité d'une réflexion, d'une sensation, d'une émotion.
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Quel délice que cette lecture !
Elle est tombée à point nommé pour conclure l'été, faire perdurer le goût du temps libre donné au corps comme à l'esprit.
Ce que partage l'auteure est à la fois personnel et universel.
Pour moi cela a été comme un cadeau, la dernière caresse des vacances et une promesse de retrouvailles.
Lien : https://luparju.com
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