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sur 890 notes
Pour permettre à sa famille de survivre, une petite fille est vendue comme épouse à un scribe. Celui-ci l'instruit. Mais un jour il est attaqué et égorgé devant son épouse. Celle-ci est vendue comme esclave. Elle réussit à s'enfuir en compagnie d'un petit garçon noir. Ils trouvent refuge sur un bateau aux milieux des dunes. Commence alors leur lutte pour la survie. Pour adoucir leur quotidien elle lui raconte des histoires tirées du Coran et de l'Ancien Testament. Un jour, pourtant, elle ne revient pas d'une de ses expéditions vers les caravanes.
Una bande dessinée comme seul sait les écrire Thompson, dans la lignée des Mille et une nuits, dans un Orient oscillant entre archaïsme mythique et ce que la modernité fait de pire.

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Habibi, est un conte monstrueux de par son nombre de pages, inspiré par la rencontre de Zam petit garçon noir de trois ans et de Dodola, une fillette de 12 ans.
Leur mésaventure dans un univers « tour à tour onirique, érudit et sensuel, dans une capiteuse atmosphère orientale digne des Mille et Une Nuits » nous est livrée avec forces détails, et mille « réminiscences issues des traditions sacrées chrétiennes et musulmanes ».
Pour qui se passionne ou s'intéresse un minimum aux écritures sacrées et à leurs libres interprétations graphiques, l'intérêt de ce roman graphique doit être important mais pour moi qui rejette avec répulsion tout ce qui parle de soi disant sacré … c'est vraiment trop. J'ai tourné les pages rapidement absolument pas sensible à la beauté.
L'illustration est très travaillée, très sophistiquée mais pendant plus de six cent cinquante pages ça devient vite très lourd trop lourd.
D'autre part je partage avec Svecs son analyse
« Sous les beaux atours d'une histoire d'amour teintée de spiritualité, il dévient un monde où les hommes dominent les femmes, les asservissent sexuellement. »
Et sa conclusion
« renvoie à une vision de la reproduction comme seule finalité du sexe ».
Le monde est ce qu'il est mais ne laissons pas croire à quiconque que l'amouuur est ce qui mène le monde, et qu'il suffisse pour que tout aille bien que les princesses attendent tranquillement leurs princes charmants !
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Un chef-d'oeuvre que ce roman graphique. Hallucinant, halluciné. Un imaginaire, une culture, un univers graphique foisonnants. Tous les temps, toutes les époques sont convoqués : mythiques, modernes et se font écho, comme se font écho les références graphiques et culturelles. Beauté des textes, des écritures (calligraphie arable), des dessins qui s'entremêlent. Les blancs aussi jouent leur rôle, les ellipses.
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Habibi (« bien-aimé » en arabe) est un coup de poing. C'est le genre de livre pour lesquels on est un peu sonné quand la dernière page est lue et dont on ressort hanté par les personnages.

L'histoire se passe dans un pays arabe indéterminé. C'est la sécheresse. Dodola, une petite fille de neuf ans, est vendue par son père à un scribe d'une quarantaine d'année.
« Quelle horreur ! » dira-t-on.
Mais l'homme est tendre avec sa toute nouvelle compagne, et pour la consoler de sa récente séparation (et de la pénibilité de son devoir conjugal...), il lui raconte des histoires et lui apprend les rudiments de l'écriture.
« Ouf… » s'est dit la lectrice que j'étais.
C'est alors que des brigands s'introduisent chez le scribe pour lui voler sa femme et le tuer. Abuser d'elle ? Non, mieux vaut la vendre au plus offrant. Dodola, reconvertie en marchandise, croise la route d'un bébé noir, visiblement orphelin. Prise d'affection, elle le prend sous son aile, parvient à s'enfuir avec lui et trouve refuge dans le désert. Les années passent. Ils vivent du passage des caravanes, qui leur laissent des denrées alimentaires.
« Bon, alors ça va pour eux, non ? »
Jusqu'au jour où, victime de sa réputation de sorcière, elle se fait enlever pour servir les appétits sexuels d'un sultan.

C'est une histoire terrible et triste, mais aussi très belle et poétique. Je suis infiniment admirative du travail de Craig Thompson, qui mêle à ses dessins moult calligraphies arabes – extraits de Coran, de poèmes, des citations… Les traductions sont en fin d'ouvrage. Je ne suis pas fan de son coup de crayon. Mais je suis tombée des nues quand j'ai vu la finesse des détails, deviné les heures, les jours et les semaines d'études que ça a impliqué.

Les personnages sont hypnotisants. La jeune femme qu'est devenue Dodola est un être fort, volontaire, capable de se sacrifier pour protéger Zam, le bébé noir. C'est aussi quelqu'un de profondément bon et droit. Mais une femme indépendante dans une société aussi machiste en bave, et j'ai été scandalisée à plus d'un titre.


Et pour finir, j'ai été extrêmement touchée par les messages que véhicule ce roman. Le gaspillage, la pollution, l'industrialisation sont la face cachée des grandes villes modernes. Et ce sont les petits villages qui en pâtissent. L'égoïsme et l'ennui sont le pendant de l'excès de pouvoir, et conduisent à des dérives terrifiantes. C'est ainsi que le sultan, lassé de son harem, décide de tuer arbitrairement la moitié de ses concubines pour « refaire son stock ».
Comprenez-le, il avait besoin de nouveauté…

Ce qui nous engage sur le terrain de la condition féminine ! C'est simple : les femmes sont des marchandises. Leur corps est particulièrement convoité par les mâles ; Dodola, qui est jeune et belle et qui n'a pas de mari, est constamment obligée de louvoyer, de ruser pour tirer son épingle du jeu. Se faire passer pour une sorcière. Changer une cruche d'eau en or. S'enfuir au moment opportun. Vendre son corps contre de la nourriture.
En revanche, pour une fois, la honte change de camp. Les choses sont expliquées ainsi : ce sont les djinns qui instillent le désir dans le coeur des hommes – comme le dit le Coran. Les hommes sont faibles et manipulables, ils sont esclaves de leurs pulsions. Et c'est leur faiblesse qui condamne les femmes à devenir des objets.
Ça ferait presque plaisir à entendre si ce n'était pas si vrai.

Pour résumer, Habibi m'a profondément marquée. J'ai été choquée, heureuse, horrifiée et soulagée. J'ai ri, j'ai frissonné, et tout simplement j'ai aimé.
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Quel plaisir de se plonger dans le monde digne d'une fable et pourtant si réel d'Habibi, très belle bande dessinée au graphisme enchanteur et fouillé et au scenario riche et complexe!
La maternité, l'amitié, le corps, la religion, le langage, le désir, la douleur, l'amour dans tous ses états... Les thèmes évoqués par Craig Thompson dans ce splendide roman graphique sont si nombreux qu'une critique ne suffirait pas à en faire le tour, et tous sont abordés sous un angle original et intelligent qui invite à réfléchir, souvent, et à rêver, parfois.
Grâce à son dessin somptueux et à son récit d'une grande richesse "Habibi" laissera à coup sûr une trace durable dans ma mémoire littéraire...
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Très bien dessiné très dépaysant... A chaque fois que j'ouvrais ce livre je savais que je partais pour un voyage où mon quotidien allait s'effacer pour quelques minutes de pur régal. Merci à l'auteur :-)
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Ce récit âpre et prenant vous emporte dans un monde oriental : là où Dodola et Habibi (celui-qui-trouve-l'eau) tentent de survivre malgré la dureté de leur existence. Tous deux habitent un bateau, abandonné dans le désert. le noir sert à merveille le récit qui ne cesse de fouiller les profondeurs les plus ténébreuses des hommes. Les arabesques du Coran sont mêlées sur certaines pages au récit, quand Dodola raconte à Habibi des histoires anciennes. D'autres pages, au plein coeur de l'action, explosent et de diffractent pour faire ressentir la confusion, telle la magnifique scène de fuite au cours de laquelle l'héroïne sauve Habibi enfant. La prostituée du désert, réputée sorcière, deviendra la favorite du harem un temps, et devra accomplir des miracles. Mais ce n'est pas dans les ouvrages d'alchimie, mais grâce à sa ruse qu'elle y parviendra. Habibi (Zam), de son côté erre et ne doit sa survie qu'à un groupe d'eunuque. Il suivra leur voie, tant pour survivre, que par répulsion pour son propre désir envers celle qui l'a élevé. Récit biblique et vie quotidienne sont sans cesse entrelacés et se répondent. Dodola est une conteuse qui fait prendre sens à tout. La fin est magnifique et se termine sur une ouverture que le ton très noir du récit ne faisait pas escompter. Une oeuvre à découvrir absolument.
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On comprend très vite pourquoi Craig Thompson a eu besoin d'une gestation de 7 ans. Chaque page fourmille de minutieux détails graphiques.
L'histoire mêle contes et légendes bibliques, bribes du Coran, calligraphie arabe et alterne avec le récit de Zam et Dodola (les personnages en couverture).
Tout comme dans les mille et une nuits, Dodola raconte des histoires à Zam pour l'aider à s'endormir puis au sultan qui l'a prise dans son harem...On est complètement hors du temps. On part des marchands d'esclaves dans le désert pour arriver dans une ville noyée sous les déchets, en manque d'eau.
L'intrigue est tellement dense que je ne chercherai pas à la raconter. En tout cas, c'est un album qui nous parle de la condition des femmes et de l'Humanité en général.
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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Craig Thompson s'est fait connaître au grand public français avec des romans graphiques (parmi les premiers) plutôt autobiographiques : Blankets et sa suite Manteau de neige, et Un américain en balade.
Habibi est résolument différent par son propos sur la civilisation maghrébine : la mystique et les légendes musulmanes entrent en dialogue avec une histoire d'amour impossible, qui se déploie lentement pour mettre en avant un certain nombre de caractères communs ou de différences philosophiques entre les religions des livres, judaïsme, islam et christianisme. Il décrit aussi les interpénétrations entre la religion musulmane et la civilisation locale (on imagine que l'histoire se déroule entre le Maroc, l'Algérie ou la Tunisie) avec une visée universelle : la symbolique omniprésente, les accommodements paradoxaux entre les pratiques et l'éthique (esclavagisme, harems) mais aussi le choc entre la tradition et l'évolution vers une modernité "rouleau-compresseur" (la ville bétonnée au milieu du désert, les gratte-ciel écrasant la misère à leurs pieds)
Le travail sur la calligraphie et la symbolique (parfois un peu trop : la fin est sur la page 666...) est impressionnant et montre que Craig Thompson atteint une maturité graphique digne des plus grands auteurs de BD.
Bref c'est pour moi le choc de début d'année en BD.

Je signale tout de même que l'édition française dans la collection Écritures chez Casterman est pitoyable :
- la maquette est considérablement appauvrie par rapport à l'édition originale
- la quatrième de couverture est consternante de pauvreté : "Un récit onirique, érudit et sensuel à l'atmosphère orientale digne des Mille et Une Nuits." C'est à se demander si l'éditeur l'a réellement lu. Là encore l'édition originale est beaucoup plus riche.

La taille du livre ainsi que le sujet pourront en rebuter certains : il est clair que cette oeuvre n'est pas destinée aux lecteurs de BD débutants. Par contre les amateurs de romans graphiques n'hésiteront pas à s'y plonger.
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Ouvrage emprunté à la médiathèque, j'ai été attiré par la couverture, très belle.
L'histoire est touchante, j'ai dévoré l'album (pourtant bien épais!)
Et le dessin est somptueux.
Les calligraphies sont tellement belles qu'on pourrait toutes les encadrer.
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