Pottsville, 1 280 Habitants

Pottsville 1280 habitants de Jim Thompson
Nick Corey est le shérif de la plus petite ville du Texas, pour être tranquille il ne fait rien mais il commence à avoir des problèmes. Un de ceux ci c'est sa femme Myra et le frère de celle ci, Lennie, attardé mental. Un matin il a pris une décision, il ne sait pas quoi faire!! Il décide alors d'aller voir Ken, shérif de deux comtés, qui l'a déjà utilement conseillé. Estimant que son problème avec Myra était personnel il lui parle des deux souteneurs qui gèrent le bordel de Pottsville et se moquent ouvertement de lui. Ken lui conseille de leur faire deux fois plus mal que ce qu'il a subi. En rentrant à Pottsville, Nick tue les deux maquereaux! C'est bientôt les élections pour le poste de shérif il n'a pas de programme mais fatigué de se faire bousculer et maltraiter il va faire le ménage profitant du fait que tous le prennent pour un lâche, ce qu'il fût, bien sûr. Après avoir éliminé les types du bordel, il va commencer par s'intéresser à Lennie, le frère de Myra, car ainsi que lui a fait remarquer Ken, ils ne se ressemblent pas beaucoup comme frère et soeur, puis il va s'occuper de Tom le mari ivrogne de sa maîtresse qui la bat tous les jours et puis…
On va suivre Nick Corey dans sa préparation des élections, lâche dans son discours et ses excuses pour en faire le moins possible, mais est il bien ce qu'il parait être et ce que tout le mode colporte…
Magnifique roman noir, ma première lecture de Jim Thompson, un humour décapant et une écriture singulière.

Ce polar assez court vaut probablement autant par son contenu que par son destin, qui en fait une sorte de curiosité.

Parlons d'abord du contenu : le shérif minable d'un patelin encore plus minable, las des humiliations à répétition qu'il subit jusque sous son propre toit, se lance, sur une sorte d'inspiration "divine", dans une entreprise de, disons, nettoyage dudit patelin, en commençant naturellement par ses tourmenteurs. C'est assez déjanté, surtout lorsque le shérif entreprend de se justifier, pour lui-même, pour son lecteur, auquel il s'adresse sans arrêt, et enfin pour les autres protagonistes. C'est à la fois amusant et déroutant, et on se laissera tenter par curiosité, curiosité en partie motivée par le destin de ce petit bouquin.

Venons-en donc au destin : traduit une première fois en français par Marcel Duhamel (créateur de la célèbre collection "Série Noire"), il est publié dans une version tronquée sous le titre "1275 âmes", alors que le titre original est "Pop. 1280". Cette bizarre soustraction ira jusqu'à inspirer Jean-Bernard Pouy, qui en tirera en 2000 "1280 âmes", dans lequel Pierre de Gondol, libraire bibliophile qui deviendra un de ses personnages récurrents, va mener l'enquête sur les cinq disparus. le livre original retrouvera son titre et une traduction complète (de Jean-Paul Gratias) en 2016 chez Rivages/Noir, il s'agit de la version que j'ai lue. Enfin, est-il besoin de rappeler l'adaptation filmée de Bertrand Tavernier en 1981, sous le titre "Coup de torchon", avec une distribution comme on n'en fait plus ? (Philippe Noiret, Stéphane Audran, Isabelle Huppert, Eddy Mitchell, Jean-Pierre Marielle, Guy Marchand...). Tavernier déplace le contexte (Afrique-Occidentale française 1938 au lieu de Texas 1917) mais reste par ailleurs très fidèle au livre.

Pour conclure, le Jean-Bernard Pouy est sur ma pile, et le film de Tavernier va très probablement me faire abandonner la lecture le temps d'une soirée prochainement.

Nick Corey, shérif de la petite bourgade de Pottsville vit des jours heureux et paisibles aux côtés de sa femme, de sa maîtresse, les habitants sont tranquilles, le climat social est agréable, peu d'administrés atterrissent dans son bureau. Il se satisfait à être présent, la couverture reflète d'ailleurs à la perfection sa vie.

Nick est le narrateur, il paraît au début du livre être un shérif un peu naïf, voire simplet, un brin menteur, cocufié à ses dépend, humilié publiquement…

Il n'est pas très serein pour sa réélection…
Il décide donc d'agir…
Mais à sa manière…
Peu conventionnelle…

Je découvre ici l'auteur, je suis devenue une « aficionado » du roman sombre dont la force et l'inclusion sont l'atmosphère et les personnages
Et là, je suis servie…
Ce Nick, qu'on peut presque traiter de débile, ce révèle être machiavélique, démoniaque et pernicieux.
Le langage vulgaire des personnages peut être dérangeant, l'animosité contre les Noirs (dixit le livre), leur condition à cette époque, les préjugés sont gênants, en ce début du XXème siècle.
L'humour noir est décapant
Les personnages sont taillés dans la pierre, c'est du brut et tellement « natures »
On ne joue pas dans la tendresse ici et pourtant les personnages sont presque attendrissants ils ne trichent pas
Mais qu'est-ce que j'aime ça…

Je ne vais rien vous cacher, c'est le style de livre qui m'a fait remettre le pied à l'étrier de mes lectures,
Ce livre me restera sûrement longtemps en tête et fera partie de mes références du roman noir

Petite info: Bernard Tavernier a scenarisé ce livre avec le film « coup de torchon »avec Philippe Noiret, Stephane Audran et Isabelle Huppert

Délicieusement acerbe, savoureusement indécent, ou agréablement effrayant, faîtes votre choix. Dans tous les cas, Pottsville est l'un des meilleurs romans que j'ai eu le loisir de découvrir.
Au premier abord, on a toute l'empathie du monde pour le Shérif Nick Corey. le bougre est moqué par ses administrés. Alors qu'il ne fait rien pour ça...mais alors RIEN DU TOUT. Sorte de figure hilarante d'un mal planqué derrière une tonne de cynisme et d'hypocrisie réjouissante, Corey est un pur délice d'humour. Imaginez donc le voir prendre les choses en main quand sa place de Shérif est menacée par un concurrent bien plus compétent.
Jim Thompson déroule un univers d'une richesse tout bonnement incroyable. En 250 pages, il dresse un des plus grands polars jamais écrits: noir comme l'enfer, drôle comme pas deux, et surtout avant-gardiste. Narrateur désopilant, Nick Corey préfigurait certains personnages qu'on retrouverait plus tard chez James Ellroy (cf Un Tueur sur la Route).